Quatrième journée du championnat du monde de division I, groupe A.

Pour ce match plus que pour tout autre, les entraîneurs français ne doivent pas avoir la partie facile pour dissuader leurs joueurs de laisser divaguer leurs pensées en direction du match contre l'Allemagne. On le sent avec deux lancers israéliens dans les premières minutes, alors que cette équipe n'avait pas tiré une seule fois au but en vingt minutes contre l'Allemagne. Après une crosse haute de Belo, un lancer de la bleue de Stéphane Barin est dévié par la jambière de Gusin sur son poteau. Le rebond est pris par Olivier Coqueux alors que le vieux gardien n'a pas esquissé le moindre geste pour se relever (1-0 à 03'45"). Marcos est pénalisé pour accrocher, mais Lussier déborde en puissance pendant l'infériorité. Guillaume Karrer, qui a peu vu la glace dans ce Mondial, est dans l'alignement ce soir pour ménager le genou de Bonnard, et il prend un lancer bien capté par Gusin sur un service de François Rozenthal.

La France dort un peu et Belo donne un palet à Sergei Frenkel seul près de la cage. Heureusement, il reste Antoine Lussier dont le travail ne peut être remis en question. Il mobilise les défenseurs, tous venus dans sa moitié de la glace, et ouvre la voie à la reprise de Kévin Hecquefeuille (2-0 à 11'34"). Après deux passes rapides en zone neutre, c'est encore Lussier qui décale du revers Coqueux pour un doublé du Rouennais (3-0 à 18'32"). La quatrième ligne fait tourner son compteur, et elle le mérite pour son implication depuis le début du tournoi.

Il ne s'agit pas de se compliquer la vie ou de tergiverser. C'est avec des actions directes que les Français peuvent le mieux perforer la défense et préparer la confrontation de demain. Exemple avec cette passe levée de Mortas pour un tir direct de François Rozenthal sur le poteau. S'ils ont du mal à maintenir seuls le rythme, les Bleus évitent maintenant les trous d'air puisque le seul tir sur Ferhi est tenté en zone neutre par Berman. À la mi-match, Coqueux s'ouvre le nez en passant près de la crosse levée de Korotin et la France joue à cinq contre trois. Pourtant, c'est Oren Eizenman qui s'échappe sur l'engagement, et Barin est même obligé de plonger pour contrer le tir avec sa crosse ! Les 2'+2' seront quand même utilisées pour marquer au moins un but. Alors qu'il y a embouteillage devant la cage de Gusin, Laurent Meunier volleye un palet aérien (4-0 à 33'18"). Anthony Mortas charge Soreanu contre la bande, et à sa sortie de prison, il reçoit une passe de Coqueux et feinte Gusin (5-0 à 35'39").

La constance retrouvée de la France a usé les Israéliens. Les 38 ans de Gusin sont ainsi ménagés par Perron dans la perspective du match de demain contre les Britanniques, décisif - même si l'espoir est faible - pour le maintien. Après quelques tirs pour se chauffer, le second gardien Boris Amromin, masqué, est battu par un tir du poignet de la ligne bleue de Hecquefeuille (6-0 à 43'27"). Dans la foulée, Laurent Gras accélère sur l'aile droite et passe en retrait à Luc Tardif qui marque avant que le gardien ait pu se déplacer (7-0 à 44'03"). Pendant une prison de Meunier, Spivak perd un palet à la bleue , Maurice Rozenthal fonce et transperce la garde d'Amromin au niveau de son bras droit (8-0 à 50'24"). Un coup de coude de Marcos trompe un peu l'ennui de Ferhi, mais c'est encore la France qui marque sur l'infériorité. Gras fait le tour derrière la cage, sa première passe en retrait est contrée par le gardien, mais la seconde trouve Laurent Meunier (9-0 à 57'10").

En ce jour historique de création d'une Fédération Française de Hockey sur Glace indépendante, les Bleus n'ont pas commis de fausse note, après leurs relâchements défensifs du premier tiers-temps. Ils ont creusé un écart sans doute suffisant pour devancer la Hongrie à la différence de buts au terme du tournoi. Le contrat est rempli, reste maintenant à relever le défi allemand.

Désignés meilleurs joueurs du match : Olivier Coqueux pour la France et Evgueni Gussin pour Israël.

Compte-rendu signé Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Dave Henderson (entraîneur de la France) : "Aux deux premiers tiers, nous n'avons pas utilisé notre vitesse. On voulait le blanchissage, obtenu malgré des frayeurs au premier tiers. Contre l'Allemagne, nous avons des atouts à faire valoir. Mes joueurs vont tout donner, nous ferons les comptes à la fin. Nos atouts sont la vitesse, la volonté et notre solidité défensive tout au long du tournoi. Bonnard a remplacé Barin au troisième tiers afin de faire tourner tout le monde."

Jean Perron (entraîneur d'Israël) : "On pensait aussi au match de demain, mais il ne fallait pas venir relax, il fallait jouer au maximum. On savait la France rapide. Nous avons connu de belles séquences en première période, mais nos défenseurs ont encaissé trois buts identiques avant de s'améliorer au deuxième tiers. Il fallait ne pas lâcher pour préparer le match de demain, mais c'est l'Everest qui nous attend. Le jeu anglais peut nous convenir car notre style s'apparente au leur, en moins physique. À la différence de la culture nord-américaine où l'on essaie d'humilier l'adversaire, je crois que Dave nous a laissés des chances en fin de match."

France - Israël 9-0 (3-0, 2-0, 4-0)

Samedi 29 avril 2006 à 16h30 au Coliséum d'Amiens. 3048 spectateurs.

Arbitrage de Rudolf Lauff (SVK) assisté de Christian Gamper (ITA) et Sebastian Molenda (POL).

Pénalités : France 12' (2', 6', 4'), Israël 16' (2', 10', 4').

Tirs : France 55 (20, 20, 15), Israël 9 (7, 2, 0).

Évolution du score :

1-0 à 03'45" : Coqueux assisté de Barin (sup. num.)

2-0 à 11'34" : Hecquefeuille assisté de Coqueux et Lussier

3-0 à 18'32" : Coqueux assisté de Lussier et Hecquefeuille

4-0 à 33'18" : Meunier assisté de Coqueux (sup. num.)

5-0 à 35'39" : Mortas assisté de Karrer

6-0 à 43'27" : Hecquefeuille assisté de Coqueux

7-0 à 44'03" : Tardif assisté de Gras et Bachet

8-0 à 50'24" : M. Rozenthal assisté de Karrer et Desrosiers (inf. num.)

9-0 à 57'10" : Meunier assisté de Gras et Amar (inf. num.)

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Baptiste Amar - Nicolas Besch ; Vincent Bachet (A) - Guillaume Karrer ; Stéphane Barin puis Jean-François Bonnard à 40'00" - Simon Bachelet.

Attaquants : Luc Tardif Jr - Laurent Gras - Laurent Meunier (C) ; Maurice Rozenthal - Julien Desrosiers - Sébastien Subit ; Julian Marcos - Anthony Mortas - François Rozenthal ; Antoine Lussier - Olivier Coqueux - Kevin Hecquefeuille ; Brice Chauvel.

Remplaçant : Fabrice Lhenry (G).

Gardiens : Yevgeny Gusin puis Boris Amromin à 40'00".

Défenseurs : Daniel Spivak - Daniel Buchner ; Ron Soreanu - Ron Berman ; Artium Korotin.

Attaquants : Erez Eizenman - Oren Eizenman (A) - Alon Eizenman ; Sergei Frenkel - Sergei Belo (C) - Edouard Ravniaga (A) ; Ely Oosterhouse - Izhak Levy - Yoni Knitter ; Avishai Geller - Marek Lebedev.

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