Suisse - Slovaquie (28 avril 2006)

 

Match amical.

La sélection nationale suisse poursuit sa préparation pour le mondial de Riga en accueillant, pour son ultime prestation sur son territoire, la toujours redoutable Slovaquie. Pas spécialement dans les meilleures conditions puisque, outre ses joueurs de NHL mobilisés par les playoffs de la NHL (David Aebischer et Mark Streit avec Montréal et Martin Gerber qui leur est opposé avec ses Hurricanes de la Caroline), de nombreux cadres font défaut à la Nati. Nonobstant le cas toujours spécial de l'indésirable Reto von Arx, avec les blessés (Flavien Conne, Steve Hirschi et tout dernièrement Thomas Ziegler), les retraités internationaux (comme le Bâlois Olivier Keller ou le petit naturalisé Paul DiPietro), ceux qui ont décliné la sélection (Patrick Fischer, Marcel Jenni) et ceux qui sont gardés en réserve de la république (Adrian Wichser), la Suisse devrait présenter un visage plutôt inédit en Lettonie. Une véritable hécatombe de forfaits en tous genre alors que Thierry Paterlini demeurait toujours incertain avant ce match en raison d'une épaule toujours récalcitrante.

Dans ces conditions, le sélectionneur national Ralph Krueger s'est vu contraint de procéder à une large revue d'effectif pour les premiers matchs préparatoires face à l'Allemagne et la Norvège et à même dû se charger de rappeler des joueurs écartés en cours de route. C'est le cas des deux Romands Thibault Monnet (Berne) et Alain Demuth (Ambrì-Piotta), retranchés à l'issue des deux victoires face aux Norvégiens à Herisau (2-1) et Winterthur (6-3) et revenus dans le giron de la Nati par la force des choses. Du côté slovaque, l'entraîneur en chef František Hossa a mis sur pied une sélection 100% européenne en l'absence des joueurs de NHL. Parmi ce groupe, quelques belles pointures comme le duo de gardiens Karol Krizan (MoDo, Suède) - Ján Lašák (Pardubice, TCH), le grand espoir défensif Dominik Granák (Slavia Prague, TCH) ou encore Ivan Ciernik (Cologne, DEL).

Les joueurs à la croix blanche démarrent la partie tambour battant et signent leurs premières incursions en zone slovaque. Ainsi, Sandy Jeannin intercepte une sortie de zone adverse à hauteur de la ligne bleue offensive et trouve le relais de Raffaele Sannitz dont la passe transversale crée un décalage exploité par Romano Lemm pour tromper Karol Krizan au second poteau (1-0 à 00'55"). Le ton du match est donné. La Nati, idéalement lancée, tente bien de poursuivre sur un rythme élevé mais les Slovaques, pris à froid, réagissent en contres et posent leurs premières banderilles sur un Jonas Hiller préféré ce soir au régional de l'étape Daniel Manzato (non sans quelques grognements de la population autochtone, peu ravie de voir son chouchou faire banquette pour l'occasion). Hiller lui n'en a cure et se met une première fois en évidence devant Miroslav Kovácik (4e) et Peter Húzevka dans son angle gauche (04'41"). Le gardien du HC Davos se voit mis à contribution durant cette bonne séquence slovaque et signe un joli arrêt-reflexe sur une reprise instantanée de Gabriel Špilár à la suite d'un face-off remporté en zone défensive suisse (5e).

Ce bel élan slovaque se voit cependant freiné par la première pénalité du match, écopée par Richard Kapuš pour une interférence (7'18"). Guère dangereux dans ce premier avantage numérique, le powerplay helvétique laisse même filer le redoutable Ivan Ciernik sur le flanc droit mais le chasseur de buts des Kölner Haie voit son slap être capté avec brio par un Jonas Hiller toujours aussi impeccable (8'47"). Sitôt passées ces premières minutes en désavantage numérique, les hommes de František Hossa reprennent les choses en main et causent les pires tourments à une défense suisse parfois prise de panique devant la mobilité et la rapidité d'exécution slave. Heureusement, Jonas Hiller ne baisse pas sa garde et s'applique à repousser inlassablement les lancers de Lubomír Vaic (13'24") et consorts. Proposant un jeu propre et cohérent, les Slovaques démontrent toutefois une certaine maladresse dans la zone de vérité et ce malgré l'énorme abattage d'un Ciernik pesant de tout son talent et tout le long du match à proximité de la cage helvète. Le début de match met lui en exergue côté suisse une certaine impuissance en powerplay car la crosse haute de Rastislav Pavlikovský (13'45") n'inquiète pas outre mesure Karol Krizan et sa bande. Ce serait même plutôt Krizan qui tenterait à faire peur à ses coéquipiers comme sur cette sortie vraiment hasardeuse le long de la ligne de fond où le gardien de MoDo perd le palet et regarde, impuissant, Marc Reichert posté dans le coin ne pas pouvoir cadrer une tentative complètement excentrée (16'15").

La mécanique de Ralph Krueger, partie à cent à l'heure dans les premières minutes, éprouve quelques petites difficultés à contenir les assauts slovaques mais s'en tire bien avec un Hiller très sûr devant son filet. Une dernière sanction slovaque (19'16") permet même aux locaux de finir le tiers en supériorité numérique et l'infernal duo Rüthemann - Plüss manque d'un rien de doubler la mise mais la déviation du Bernois sur la passe latérale de Martin Plüss ne peut surprendre un Karol Krizan impérial sur ce coup (20e).

Toujours en supériorité pour débuter la deuxième période, les Helvètes osent devant un Krizan repoussant sans coup férir les rafales des Seger (20'30") et autres Plüss (21'10") et poussent encore les Slovaques à la faute. Cette fois-ci, l'attaquant de Södertälje Miroslav Zálešák est coupable d'un faire-trébucher (21'40"). Malgré de très bonnes situations, comme celle où le vif Martin Plüss se voit idéalement servi près du gardien par Daniel Steiner (24e) ou encore cette reprise à bout portant non cadrée d'Alain Demuth (25e), les Suisses n'ont toujours pas les faveurs de dame réussite. Réduits au silence depuis la reprise des débats, les Slovaques ne se montrent eux toujours pas capables de convertir leurs contre-attaques à l'image de Kovácik loupant la cage en dépit d'un bon service de Pavlikovský côté gauche (25e). Les hommes de Ralph Krueger, épargnés jusqu'alors par le trio arbitral, se voient une première fois invités à visiter le cachot (25'57") et à subir le jeu de puissance de Slovaques appliqués et ordonnés. Parfois même un peu trop car leur manque de spontanéité et de prises de risques, malgré de bonnes déviations dans l'enclave d'Hiller, empêche ces réservistes (la grosse majorité d'entre eux n'a été convoquée que pour cette phase de préparation, les joueurs de NHL reprenant vraisemblablement leur place pour le Mondial) de faire mouche. La pression slave fait effet et la défensive à la croix blanche cède à la panique. Le Genevois John Gobbi interfère (28'56") mais ne pénalise pas outre mesure ses coéquipiers qui gèrent cette fois-ci la situation mais retombent presque aussitôt dans l'indiscipline, par le Zurichois Daniel Steiner (32'48").

Soumis aux lancers et à la présence embarrassante du trio Ciernik - Kapuš - Zálešák, le plus remuant du match, Jonas Hiller tient la baraque et met une nouvelle fois en échec les tentatives slovaques. La situation fut pressante au cours de ces dernière minutes mais la tendance fini tout doucement par s'inverser. Deux pénalités écopées coup sur coup par la Slovaquie va permettre à la Nati d'obtenir sa première situation de double avantage numérique de la soirée. L'occasion rêvée pour créer un break face à des Slovaques pas résignés. Ménagé la veille à Bienne, Martin Plüss chauffe dans un premier temps la mitaine de Krizan (36'13") avant de perforer la garde du cerbère slovaque d'un slap précis de la ligne bleue (2-0 à 36'56"). Le réalisme suisse a encore payé...

Entre deux formations proches, le spectacle proposé est assez agréable à suivre et les Suisses, pour leur dernière prestation sur leurs terres, font une belle impression à la petite affluence bâloise, qui bénéficie d'une première opportunité de superviser sa nouvelle recrue, Patric Della Rossa. L'attaquant défensif de Zoug a signé avec le club rhénan il y a déjà quelques semaines et prend ses marques dans son désormais nouvel écrin en signant la troisième réalisation de la soirée. À la base, cette bonne récupération de Severin Blindenbacher à la limite de la zone offensive et cette passe tendue du défenseur des ZSC Lions, coupée dans le slot par le néo-Bâlois. Le petit revers en déviation de Della Rossa n'a laissé aucune chance à Karol Krizan (3-0 à 42'57").

La Suisse a clairement pris une option décisive sur le gain du match mais les Slovaques tentent le tout pour le tout pour sauver l'honneur. Rien n'y fait, Jonas Hiller dresse une muraille devant son filet et repousse inlassablement les lancers adverses. Même ce contre mené côté droit par ce diable d'Ivan Ciernik trouvant Lubomír Vaic en déviation au deuxième poteau (46'57") et surtout cette combinaison Kapuš - Ciernik dont on ignore toujours comment le portier grison est parvenu à ses fins (55'20").

Hiller infranchissable, la Suisse ne peut plus être inquiétée au cours de dernières minutes marquées par les pénalités. Pourtant, les attaquants helvètes ne sont pas rassasiés, en particulier ce diablotin de Martin Plüss qui manque cependant une cage grande ouverte sur un service en profondeur de Daniel Steiner (55e). Servi par Andres Ambühl dans l'enclave, Raffaele Sannitz bute une dernière fois sur Krizan (55'44") avant qu'Alain Demuth, sur une action assez confuse, n'appose le point final à une convaincante victoire de la Nati. Si Karol Krizan a bien repoussé l'essai à bout portant de Martin Plüss, la rondelle file dans son dos, dans un trou de souris, et trouve le chemin des filets sur la pression orchestrée par l'attaquant d'Ambrì-Piotta (4-0 à 56'34").

Mais si la Slovaquie s'est crée les meilleures occasions franches durant ce match enlevé, la Suisse a su jouer avec intensité et faire preuve de réalisme. En balance avec Marco Bührer (aligné la veille à Bienne) et Daniel Manzato pour le poste de numéro un à Riga, Jonas Hiller a tout simplement livré le match parfait. Le Davosien a sauvé la patrie à de nombreuses reprises et a bien rattrapé la fébrilité occasionnelle de quelques-uns de ses défenseurs. En effet, quelques actions confuses et autres petites hésitations auraient pu, si les Slovaques ne s'étaient pas montrés si maladroits, changer la donne d'un match finalement assez bien géré. Disposant de solides fondations devant le filet (six buts seulement encaissés en autant de parties), les Suisses ont une nouvelle fois fait étalage de leur réalisme, une constante depuis l'ouverture de la campagne préparatoire. Par ce succès, la confiance refait tout doucement surface dans un camp helvète qui a procédé, à l'issue de la partie, à un ultime écrémage. Si le Bernois Thibault Monnet et le défenseur John Gobbi ne se faisaient guère d'illusions d'être retenus, le coup est dur à digérer pour Loïc Burkhalter (auteur d'un doublé contre la Norvège) et Félicien Du Bois, une nouvelle fois coupé si près du but. En revanche, le Servettien Thomas Déruns et le Bianconero Raffaele Sannitz participeront à leur premier grand tournoi avec leur sélection nationale.

Trop perfectionnistes et altruistes, les Slovaques n'ont pu concrétiser leur supériorité intrinsèque et ont cruellement manqué de réalisme. Ces réservistes n'ont pas démérité mais seront tombés sur un Hiller des grands soirs tout en développant un jeu agréable, avec du mouvement et une bonne circulation de palet. Le duo composé de Richard Kapuš et de l'un des buteurs les plus prolifiques de la DEL, Ivan Ciernik, aura semé une sacré pagaille dans la zone défensive helvétique ! Nul doute que ces deux-là devraient se retrouver en Lettonie, sûrement en compagnie des Granák, Štrbák, Krizan et autres Lašák.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Commentaires d'après-match (dans Le Matin) :

Loïc Burkhalter (attaquant de la Suisse) : "Quand il (Ralph Krueger) a voulu justifier ma mise à l'écart, il m'a dit que je n'avais pas assez de condition physique. C'est un peu léger comme motif, non ? (...) J'ai quand même l'impression que mon éviction manque de bon sens, mais bon, je l'accepte."

John Gobbi (défenseur de la Suisse) : "Je m'y attendais. J'ai appris beaucoup de choses pendant ce stage. J'espère avoir une nouvelle chance dans un an."

 

Suisse - Slovaquie 4-0 (1-0, 1-0, 2-0)

Vendredi 28 avril 2006 à la Sankt-Jakob Arena de Bâle. 2423 spectateurs.

Arbitrage de Brent Reiber (SUI/CAN) assisté de Paul Rebillard et Tobias Wehrli (SUI).

Pénalités : Suisse 12', Slovaquie 24'.

Tirs : Suisse 25 (8, 8, 9), Slovaquie 23 (11, 5, 7).

Évolution du score :

1-0 à 00'55" : Lemm assisté de Sannitz et Jeannin

2-0 à 36'56" : Plüss assisté de Rüthemann (double sup. num.)

3-0 à 42'57" : Della Rossa assisté de Blindenbacher

4-0 à 56'34" : Demuth assisté de Rüthemann et Plüss (sup. num.)

 

Suisse

Gardien : Jonas Hiller.

Défenseurs : Severin Blindenbacher - Goran Bezina ; Julien Vauclair - Martin Steinegger (A) ; Matthias Seger - Beat Forster ; John Gobbi - Reto Kobach ; Félicien Du Bois.

Attaquants : Daniel Steiner - Martin Plüss (A) - Patric Della Rossa ; Raffaele Sanitz - Sandy Jeannin - Romano Lemm ; Thierry Paterlini - Andres Ambühl - Ivo Rüthemann (C) ; Alain Demuth - Kevin Romy - Valentin Wirz ; Marc Reichert.

Remplaçant : Daniel Manzato (G). Absents : Marco Bührer, Beat Gerber, Thibault Monnet, Loïc Burkhalter, Thomas Déruns (surnuméraires).

Slovaquie

Gardien : Karol Krizan.

Défenseurs : Dominik Granák - Martin Štrbák ; Peter Podhradský - Stanislav Hudec ; Dušan Milo - René Vydarený ; Tomáš Harant - Richard Stehlík.

Attaquants : Lubomír Vaic - Rastislav Pavlikovský (C) - Miroslav Kovácik ; Ivan Ciernik - Richard Kapuš (A) - Miroslav Zálešák ; Peter Húzevka - Andrej Kollár - Martin Hujsa ; Gabriel Špilár - Michal Hreus - René Jarolín.

Remplaçant : Ján Lašák (G). Absent : Tomáš Malec.

 

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