Première journée du championnat du monde de division I, groupe A.

Un an après s'être affrontées dans la même compétition à Debrecen, la Hongrie et la Grande-Bretagne effectuent une entrée en scène déjà capitale pour les deux formations. Si les Hongrois sont de retour en France cinq ans après le tournoi inaugural de la patinoire grenobloise, théâtre de leur victoire surprise face aux Français, leur hockey s'est depuis émancipé sur la scène internationale, sous la houlette du club phare de Székesfehérvár, Alba Volán, qui a permis depuis une décennie de développer en province une discipline dont les titres étaient quasiment trustés par la capitale et son club historique de Ferencváros. Une victoire à domicile en 2002 face à ces mêmes Britanniques avait contribué à une belle deuxième place et à un certain engouement populaire autour de l'évènement.

En face, les Britanniques, qui avaient pris leur revanche sur leurs adversaires en 2005, débarquent avec une équipe composée de joueurs du championnat national, mis à part leurs deux gardiens expatriés, Stevie Lyle en Italie et Stephen Murphy en Suède, et déplorent l'absence sur blessure de leur capitaine habituel Ashley Tait.

Les Magyars, qui restent sur des matches de préparation encourageants face aux favoris allemands et en terre polonaise, sont les premiers à se mettre en évidence, forçant d'entrée Mike Ellis à la faute (0'50). Malgré un Gröschl à la manette, ils n'inquiètent vraiment leurs adversaires que sur une accélération de Krisztián Palkovics. Cependant, le jeu rude des Britanniques est de nouveau sanctionné (5'38) et Stephen Murphy doit opposer sa jambière au lancer rasant de Ladányi, avant que son capitaine Jonathan Weaver ne se couche au-devant de la tentative de Sille. Quant à Szuper, il est enfin mis à contribution par un tir puissant de Danny Meyers (8'11), avant d'assister de nouveau en spectateur à la domination de ses coéquipiers, il est vrai souvent en avantage numérique. La charge contre la bande de Mark Thomas offre en effet aux joueurs d'Europe centrale l'occasion d'ouvrir la marque. Si les deux premiers lancers puissants du fidèle défenseur de Dunaújváros, Viktor Tokaji, ne font pas mouche, il n'en est pas de même du travail de sape de Gábor Ocskay, qui trouve Tamás Gröschl seul devant le but pour l'ouverture du score (0-1, 9'47). Les Britanniques se doivent de réagir, et leur première supériorité numérique (9'57) leur facilite la tache. Colin Shields s'avance et place une première fois au ras du but, avant de se heurter à Szuper, encore décisif face au lancer frappé de Meyers. Les Hongrois sont alors moins précis, et seul un tir en hauteur de Tamás Sille vient quelque peu mettre Murphy à contribution sur une nouvelle infériorité (15'45). La même tentative se reproduit de l'autre côté, émanant cette fois de Weaver, sans plus de succès.

Le match s'est équilibré au cours du premier tiers, et l'entame de la période intermédiaire est dans la même lignée. La nouvelle accélération de Gábor Ocskay est ponctuée par un lancer puissant de Tamás Sille, mais Murphy oppose une nouvelle fois sa jambière au défenseur d'origine slovaque. En face, c'est Greg Owen qui repique vers le centre depuis l'aile gauche, mais Szuper veille, tout comme sur l'action en solitaire de Leigh Jamieson (20'59). Sur l'avantage numérique subséquent, l'omniprésent Shields déborde sur l'aile droite et trouve Clarke et Owen bien placés devant la cage, mais ils sont déjoués par un double arrêt étourdissant du portier d'Asiago. Ce dernier ne fait toutefois que retarder l'échéance, et si Matthew Myers temporise un moment, ne trouvant pas de partenaire démarqué, il prend subitement sa chance pour envoyer le palet sur la droite du gardien hongrois (1-1, 22'45). Les unités spéciales jouent décidément un rôle déterminant dans ce duel, c'est ce que doit se dire Weaver quand il est sanctionné (26'31). Peterdi, de la gauche, contraint en effet le portier à intervenir, avant que Márton Vas en toute fin de pénalité ne se montre trop juste pour dévier dans la cage la passe depuis l'aile gauche de Ladányi... mais les Britanniques ont tout juste le temps de revenir au complet que ce même Vas persévère pour trouver au centre un Csaba Kovács arrivé comme une bombe depuis le banc (1-2, 28'38). Weaver tente bien de se racheter, mais personne ne peut dévier son lancer haut depuis la ligne bleue, et quand son équipe parvient à cadrer ses tirs, Szuper est déterminant. L'ancien pensionnaire des ligues mineures américaines gagne une nouvelle fois son duel face aux duettistes Clarke et Owen, de manière très spectaculaire (33'31). Murphy n'est pas en reste, déjouant le lancer lointain de Viktor Szélig, et rattrapant les quelques erreurs de ses défenseurs, que Gergely Majoross se proposait de convertir en but. Le gardien de Björklöven est ensuite bien soutenu par ses équipiers quand Kyle Horne est puni (36'46), car aucun lancer magyar ne vient l'inquiéter, et c'est même un contre de Warren Tait qui n'est pas loin de permettre aux siens de revenir au score... Leur indiscipline permet enfin aux rouges de sortir l'artillerie lourde en fin de tiers, par l'intermédiaire des deux compères de Dunaújváros, Szélig et Tokaji.

Les Hongrois semblent plus offensifs, et tentent leur chance le plus souvent possible, et de n'importe quelle position, à l'image de Tokési. Leur obstination finit par payer, lorsque Tamás Sille transmet le disque à Gábor Ocskay seul, qui ne rate pas le coche (1-3, 44'44). Dans la foulée, c'est le pensionnaire du championnat autrichien Dániel Fekete qui n'est pas loin d'enfoncer le clou. L'équipe britannique semble à la dérive, et concède une nouvelle pénalité par Levers (46'04). C'est encore Ocskay qui allume la mèche, d'un lancer en force à mi-hauteur de la gauche, avant que le buteur d'Újpest, Balázs Ladányi, ne trouve Márton Vas qui reprend de volée une action rondement menée à l'initiative de Tokaji (1-4, 46'33). Les Britanniques sont loin d'être aussi tranchants, et même avec un homme de plus ils concèdent deux hors-jeu et ne se montrent dangereux que par une reprise devant le but de Owen, qui ne trouve que le casque de Szuper. Les Hongrois sont sereins, et nettement plus tranchants dans leurs attaques, comme l'indispensable Gábor Ocskay, qui voit son lancer à mi-hauteur finir sa course dans le gant de Murphy (49'58), ou Tokaji, de la ligne bleue, pour un même résultat. Les Britanniques patinent derrière un palet qui semble irrémédiablement les fuir et que les Magyars font tourner à merveille. On voit mal comment le cours du match pourrait s'inverser alors qu'il reste moins de cinq minutes à jouer. Même les plus farouches partisans pensent que l'obstruction de Bence Svasznek (55'41) n'aura aucune incidence sur le résultat final. Et pourtant...

Sur la mise au jeu, Jonathan Weaver place une mine, repoussée comme il le peut par Szuper, et si aucun attaquant ne peut reprendre, c'est tout simplement que les Hongrois emploient tous les moyens, y compris illégaux, pour les arrêter. Avec deux hommes de plus, Weaver inquiète encore le gardien, sauvé par son montant, avant que David Clarke ne trouve que le filet latéral. Avec le capitaine et Colin Shields aux commandes, le danger revient inexorablement devant la cage de Szuper, et si Ellis ne peut convertir la nouvelle inspiration de Weaver, Jonathan Phillips a bien suivi au second poteau (2-4, 56'50). Disposant toujours d'un avantage numérique, la Grande-Bretagne s'en remet cette fois au deuxième homme orchestre, à savoir Colin Shields. Le joueur de Belfast reprend depuis la ligne bleue la passe de Greg Owen depuis le coin gauche, surprenant Levente Szuper (3-4, 57'26). Les supporters, venus des différents coins du Royaume, retrouvent leur voix en cette fin de match, alors que leurs protégés sortent leur gardien. Cette prise de risque n'est pas loin de payer quand Jonathan Phillips trouve Owen devant le but, mais Szuper avait senti le coup, comme le feront ses équipiers pour intercepter la passe de Shields vers David Clarke, seul au centre, juste avant la sirène.

La Hongrie termine avec soulagement un match qu'elle avait maîtrisé, tirant profit de l'indiscipline britannique avant de se faire des frayeurs sur la fin.

Désignés meilleurs joueurs du match : Matthew Myers pour la Grande Bretagne et Gergely Majoross pour la Hongrie.

Compte-rendu signé Mathieu Hernaz

Commentaires d'après-match

Pat Cortina (entraîneur de la Hongrie) : "Les Britanniques se sont battus jusqu'à la fin du match, et auraient bien pu remonter au score alors que nous avions une avance de trois buts. Nous avons marqué des buts en avantage, eux aussi, évidemment les unités spéciales ont été déterminantes dans le résultat. Je ne suis pas trop content de la manière dont nous avons joué. Il faut jouer soixante minutes pour l'emporter, surtout au cours des championnats du monde. Nous avons fait du bon boulot à cinq contre cinq mais devons améliorer nos situations d'infériorité numérique. Nous devions jouer [contre Israël] demain, mais ce n'est pas aux Hongrois de décider, c'est aux organisateurs de le faire. Cela m'embêterait cependant de devoir disputer quatre matches en cinq soirs. Le groupe cette année est bien plus difficile que l'an dernier. Nous avons six nouveaux joueurs, et notre premier objectif est de nous maintenir. Avant tout, jouer soixante minutes est primordial."

Rick Strachan (entraîneur de la Grande-Bretagne) : "Bravo à Pat, ses joueurs ont fait un bon match. Nous savions les Hongrois dangereux sur leurs supériorités numériques, mais je suis satisfait des gars, qui ont su revenir. Sortir le gardien a failli payer. Je pense que nous pouvons nous améliorer. Demain sera un autre jour et nous serons prêts. Les décisions arbitrales ont été les mêmes des deux côtés, nous ne devons pas nous cacher derrière des excuses. Nous avons des joueurs d'un niveau intéressant, mais ce n'est pas leur travail de tuer les pénalités... La possibilité de monter dépend de leur volonté à chaque match."

Grande-Bretagne - Hongrie 3-4 (0-1, 1-1, 2-2)

Lundi 24 avril 2006 à 16h30 au Coliséum d'Amiens. 1373 spectateurs.

Arbitrage de Rudolf Lauff (SVK) assisté de Savice Fabre (FRA) et Damir Rakovic (SLO).

Pénalités : Grande-Bretagne 20' (8', 8', 4'), Hongrie 12' (2', 4', 6').

Tirs : Grande-Bretagne 26 (8, 8, 10), Hongrie 27 (11, 8, 8).

Évolution du score :

1-0 à 09'47" : Gröschl assisté de Ocskay et Palkovics (sup. num.)

1-1 à 22'45" : Myers assisté de Cowley (sup. num.)

1-2 à 28'38" : Kovács assisté de Vas

1-3 à 44'44" : Ocskay assisté de Palkovics et Sille

1-4 à 46'33" : Vas assisté de Ladanyi et Tokaji (sup. num.)

2-4 à 56'50" : J. Phillips assisté d'Ellis (sup. num.)

3-4 à 57'26" : Shields assisté d'Owen (sup. num.)

Gardien : Stephen Murphy (sorti de 58'29" à 59'18" et de 59'40" à 60'00").

Défenseurs : Danny Meyers - Kyle Horne ; David Phillips - Mark Thomas ; Leigh Jamieson - Jonathan Weaver (C).

Attaquants : Russell Cowley - Colin Shields - Mike Ellis ; Mark Richardson - Matthew Myers - Marc Levers ; David Clarke (A) - Greg Owen - Jonathan Phillips (A) ; Paul Moran - Warren Tait - Paul Sample.

Remplaçants : Stevie Lyle (G), Scott Moody.

Gardien : Levente Szuper.

Défenseurs : Viktor Szélig (A) - Tamás Sille ; Balázs Kangyal (C) - Bence Svasznek ; Viktor Tokaji - András Horváth ; Tamás Lencsés - Lajos Tokési.

Attaquants : Tamás Gröschl - Gábor Ocskay - Krisztián Palkovics ; Balázs Ladányi (A) - Marton Vas - Imre Peterdi ; Csaba Kovács - Gergely Majoross - Dániel Fekete ; Arnold Feil - Attila Hoffmann - Csaba Jánosi.

Remplaçant : Krisztián Budai (G).

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