Bâle - Berne (5 mars 2006)

 

Match comptant pour la quarante-quatrième et dernière journée du championnat de LNA.

Une victoire sans accrocs

Rencontre qui tend à s'apparenter à un match de gala en cet après-midi. Entre deux formations d'ores et déjà qualifiées pour les playoffs, cette partie sera surtout l'occasion de se rôder avant les séries qui débutent mardi. Toutefois, cette dernière journée de la saison régulière de LNA n'est pas exempte de tout enjeux. En effet, Bâle doit assurer son actuelle sixième place (ex-æquo avec Zoug) en cas de succès sur le leader bernois alors que le huitième strapontin reste encore à définir entre Kloten et les ZSC Lions.

Dans l'optique de la grande bagarre vers le sacre, le CP Berne a renforcé voilà quelques semaines un arsenal offensif déjà impressionnant en enrôlant l'ailier Pasi Saarela, un chasseur de but arraché à Lukko Rauma. Vainqueur émérite de la première confrontation en septembre dernier, l'EHC Bâle cherchera à s'offrir un doublé de prestige dans sa St.Jakob-Arena.

Retour vers le futur

Bâle entame donc cette partie le mors aux dents, bousculant des Bernois visiblement pas encore sortis des vestiaires, en témoigne ce jaillissement de Collenberg au nez et à la barbe de ses défenseurs pour servir Tschuor dont l'essai se voit stoppé en deux temps par Bührer (2'48"). Ne montrant pas le bout de leur museau, les Ours bernois laissent toutes les initiatives à leurs hôtes et ceux-ci, au contraire du match de vendredi face à Lugano, concrétisent rapidement, alors que leur gardien Daniel Manzato n'a pas encore eu à intervenir. Niklas Anger confirme sa bonne forme du moment en profitant du cafouillage généré par le lancer initial de Olivier Keller pour loger le puck hors de portée d'un Marco Bührer s'apprêtant à vivre une soirée fort délicate (1-0 à 3'07")...

La domination bâloise ne faiblit pas pour autant, d'autant plus que le CP Berne déjoue également lors de son premier avantage numérique de la soirée. Sortis sans dommages, il est vrai grâce à une défensive version "barbelés", les Bâlois poursuivent leur marche en avant. Steve Thornton, très en vue dans son association avec le remuant Niklas Anger, s'essaye du poignet avant de tenter sa chance, toujours en vain, en déviation (7e). Appliqués au possible et pleins d'entrains, les Rhénans vont eux se montrer plus entreprenants pour leur première supériorité numérique. Marco Bührer ne chôme donc pas et souffle de soulagement de voir le jeu à trois Bundi-Schnyder-Voegele terminer au-dessus (12e). Figurant toujours aux abonnés absents (ou alors n'étaient-ils pas motivés ?), les Oursons bernois et plus particulièrement leur Finlandais Kimmo Kuhta cumulent les pénalités. Sur la première de Kuhta, le jeu de puissance local trouve la faille à trois secondes du terme sur une remontée côté droit de Thomas Nüssli qui sert Stefan Voegele dans l'axe lequel ne tremble pas pour ajuster la lucarne bernoise (2-0 à 13'35").

Ivo Rüthemann tente bien de briser la léthargie de ses troupes mais sa déviation passe à côté de la cage de Manzato (15e) alors que l'essai de la bleue de Thomas Ziegler, dévié au passage, heurte pour sa part le haut de la barre transversale (16e). Timide réaction insuffisante pour insuffler le doute à des Bâlois mordant à pleines dents dans la partie à l'image de l'activité incessante (et habituelle) du trio Schnyder-Tschuor-Voegele. Kimmo Kuhta écope lui de sa troisième pénalité de la soirée pour une charge avec la crosse (16'54") et donne peut-être quelques regrets à son coach Alpo Suhonen de ne pas l'avoir laissé en position d'étranger surnuméraire comme c'était le cas vendredi soir. Quoiqu'il en soit, Bâle n'en fait pas cas et passe à un poteau près de tripler la mise, par Adrien Plavsic (18'08"). Malgré l'insipide impression laissée par le leader au cours de ce premier vingt, une triangulation entre Kuhta, Rüthemann et Bordeleau en supériorité numérique passe de peu à côté (20e).

Menant de deux unités, Bâle, intransigeant en défensive, a littéralement étouffé des Bernois à côté de leurs patins. D'ailleurs, ce scénario ressemble étrangement à celui vécu lors de ce fameux 30 septembre 2005, où la vaillance bâloise avait fini par décrocher le scalp des partenaires de Sébastien Bordeleau (victoire 4-3 en mort-subite après avoir mené 3-0)... On peut même dire que ce premier tiers en est la copie conforme !

La toile de Bührer

Alors que Berne débute le deuxième acte en supériorité numérique, la motivation des Ours semble transfigurée. Fini l'hibernation, les oreilles sont dressées, les crocs et les griffes affûtées... Thomas Ziegler a beau s'y reprendre à deux fois, en vain, pour tromper Manzato de près (22e), Berne ne baisse pas les bras et instaure une pression de tous les instants sur le fort gardé par Daniel Manzato. Thomas Ziegler s'y essaye à nouveau (26e) et un rebond pris par Éric Perrin sur un essai initial de Sébastien Bordeleau lobe tout le monde, y compris la barre transversale (27e). Bâle flirte donc avec le danger, surtout depuis cette incarcération de Bundi pour une charge par derrière (29'03") et cette déviation du nouveau venu Saarela déjouée par Manzato (30e). Mais patatras, une bourde que dis-je, une boulette monumentale du gardien international (et troisième cerbère de la Nati aux derniers JO) Marco Bührer va ruiner définitivement et le moral du CP Berne. Alors que les Ours jouent en supériorité numérique, la rondelle finit par revenir en direction de Bührer qui, inexplicablement, s'embrouille, panique et voit l'ailier Derek Bekar, parti forechecker, tirer les marrons du feu et glisser sous son nez un troisième palet dans la cage visiteuse (3-0 à 29'48"). Berne tente après coup de réagir positivement mais trouve toujours sur son chemin une muraille nommée Daniel Manzato. Au contraire de son collègue, fébrile et copieusement chambré par le kop ultra de l'EHC Bâle, Manzato ne lâche rien devant Kuhta (32'38"), Saarela (34'58") et l'ensemble du contingent offensif bernois.

En nette baisse d'intensité depuis "l'incident Bührer", le tiers médian se finit tranquillement et on voit assurément mal comment Bâle pourrait laisser filer son second succès de la saison face au leader de la LNA.

Défense d'entrer !

Pourtant, Éric Perrin est bien près de relancer ses couleurs mais manque deux grosses occasions coup sur coup dont une cage quasi-ouverte (42e). Mais si Berne tente malgré tout de sauver l'honneur, la défense rhénane ferme sa zone à double tour et empêche l'attaque bernoise de s'installer. Les rares incursions adverses parvenant à franchir ce rideau de fer se heurtant toujours à un Manzato vigilant et en pleine confiance, au contraire d'un Sébastien Bordeleau qui n'aura finalement jamais réglé sa ligne de mire (49e). Jouant par contres, l'EHC Bâle se montre donc ponctuellement dangereux en zone offensive et Niklas Anger, lancé dans le dos de la défense par Rob Zamuner, ne peut tromper Marco Bührer. Dans la foulée, la rondelle finit par revenir sur ce même Zamuner qui de la ligne bleue prend un lancer ras de glace que Bührer laisse filer entre ses bottes (4-0 à 49'24"). Il est grand temps que le match se termine pour le cerbère international de Berne !

Disposant d'un avantage plus que confortable, Bâle ne relâche pourtant pas la bride comme en témoigne ces incessants forechecks et autres récupérations en zone neutre. Étouffés, pris à la gorge, les Ours sont bien près de rendre leur dernier soupir mais rien n'y fait car la réussite les fuit encore et toujours comme sur ce contre de Bordeleau servant à sa gauche Perrin qui slape en pleine course mais trouve la transversale de Manzato (54'34"). Passées ces menues frayeurs, Bâle se charge de gérer la fin de match tout en faisant apprécier une dernière fois sa solidité défensive. Ce Bâle-là fait décidément plaisir à voir et quoi de mieux que cette éclatante victoire pour clore une saison régulière réussie au-delà de toutes espérances.

It's playoff time

Deux matchs et deux gains sur Berne cette saison à domicile. C'est ce qu'on appelle un bilan sans accrocs pour Kent Runhke et sa troupe. Avec, cerise sur la gâteau, un nouveau jeu blanc pour l'exceptionnel Daniel Manzato ! Gardien-révélation de LNA, l'ancien d'Ambrì-Piotta a complètement explosé sur la scène helvétique et porté sur ses épaules toute la dynamique bâloise. Combatifs, les Rhénans l'ont été au cours de ces derniers mois de compétitions et ils ont su trouver les ressources pour se ressaisir après quelques semaines hivernales bien délicates qui auront amené l'EHC Basel bien en dessous du "cut". Qu'importe, le nouvel an fut salutaire avec une entame en fanfare et un repositionnement définitif parmi les huit. Dorénavant, Bâle doit faire face à un nouveau défi. Le HC Davos, champion en titre et troisième de la saison régulière, se dresse sur le chemin des néo-promus. Mais comme on dit, à cœur vaillant rien d'impossible et ces Bâlois-là n'en manquent pas de vaillance !

Berne en revanche a terminé en roue libre par un non-match illustré par la performance d'un Marco Bührer en toute petite forme. Peu inspirés, les partenaires de Sébastien Bordeleau n'ont pas préparé de la meilleure des manières leur premier tour de playoffs qui va les opposer prochainement à Kloten, heureux lauréat du dernier strapontin malgré sa défaite à Fribourg-Gottéron (meilleur goal-average pour les Aviateurs).

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Bâle - Berne 4-0 (2-0, 1-0, 1-0)

Dimanche 5 mars 2006 à la St.Jakob-Arena. 3526 spectateurs.

Arbitrage de M. Stalder assisté de MM. Arm et Küng.

Pénalités : Bâle 12', Berne 14'.

Évolution du score :

1-0 à 03'07" : Anger assisté de Peltonen et Thornton

2-0 à 13'35" : Voegele assisté de Nüssli (sup. num.)

3-0 à 29'48" : Bekar (inf. num.)

4-0 à 49'24" : Zamuner assisté de Anger et Peltonen

 

Bâle

Gardien : Daniel Manzato.

Défenseurs : Gaétan Voisard - Adrien Plavsic ; Mark Astley - Olivier Keller (A) ; Ralf Bundi (A) - Markus Wüthrich ; Franco Collenberg - Rob Zamuner.

Attaquants : Derek Bekar - Éric Landry - Julian Walker ; Steve Thornton - Jarno Peltonen - Niklas Anger ; Thomas Nüssli - Alex Chatelain (C) - Corey Ruhnke ; Stefan Schnyder - Sandro Tschuor - Stefan Voegele.

Remplaçant: Patrick Schöpf. Absents: Leonids Tambijevs (étranger surnuméraire), Olivier Schäublin, René Friedli.

Berne

Gardien : Marco Bührer.

Défenseurs : Beat Gerber, Martin Steinegger (C), Tommi Söderholm, David Jobin, Rolf Ziegler.

Attaquants: Kimmo Kuhta - Sébastien Bordeleau - Éric Perrin ; Pasi Saarela - Christian Dubé (A) - Ivo Rüthemann ; Marc Reichert - André Rötheli - Thomas Ziegler (A) ; Raeto Raffainer - Thibault Monnet - Rolf Schrepfer ; Marco Käser.

Remplaçants : Marc Kern (G), Mark Bastl, Daniel Meier. Absents : Pascal Trepanier (étranger surnuméraire), Dominic Meier, Philippe Furrer.

 

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