Canada - République Tchèque (21 Février 2006)

 

Jeux Olympiques de Turin 2006, groupe A.

Le Palasport Olimpico avait attiré la grande foule pour ce match très attendu entre les champions du monde et champions olympiques en titre. Les supporters des deux camps étaient présents en masse pour une grande fête du hockey. Et même si l'enjeu de la rencontre se limitait à la troisième place du groupe A vu que les deux équipes sont déjà qualifiées, Pat Quinn et Alois Hadamczik ne pouvaient se permettre de prendre ce match à la légère vu les résultats de leur équipe depuis le début la compétition. Vainqueurs de l'Allemagne et de l'Italie mais dominés par la Suisse et la Finlande, les deux favoris présentent un bilan bien en deçà des attentes et nul doute que personne ne veut entendre parler d'une troisième défaite avant d'aborder les quarts de finale demain.

Dès le coup d'envoi, on voit que les deux équipes se craignent et qu'aucune ne veut se livrer complètement. Les premières minutes se résument à un long round d'observation et après quelques minutes Tomas Kaberle lance une première alerte sur la cage de Brodeur à laquelle répond Sakic. Le match reste relativement fermé mais le Canada prend peu à peu l'ascendant sur son adversaire. Les joueurs à la feuille d'érable travaillent plus en zone offensive et tentent d'imposer leur physique devant Vokoun. C'est donc presque logiquement que les joueurs de Pat Quinn vont ouvrir le score mais pas de la façon la plus attendue qui soit. Sur une entrée de zone, Brad Richards adresse un tir presqu'anodin à Tomas Vokoun qui apprécie mal la trajectoire et concède un (mauvais) but (1-0, 07'37"). Avec ce but, Richards mettait fin à un inquiétante série de plus de 120 minutes sans marquer puisque la puissante attaque canadienne avait été blanchie face à la Suisse et la Finlande. L'euphorie gagnait les rangs canadiens même si Brodeur devait rester concentré sur un tir de Malik. Avec une première prison sifflée à l'encontre de Frantisek Kaberle, le Team Canada bénéficiait d'un avantage numérique et brisait une nouvelle malédiction en le convertissant en but, même si ce fut avec un peu de réussite puisque le tir de Martin Saint-Louis en angle fermé était dévié par Kubina dans ses propres cages (2-0, 11'19"). Un Canada qui marque et efficace en jeu de puissance, voilà un spectacle auquel on n'avait pas assisté depuis un certain temps. Comme Brodeur continuait de rassurer ses partenaires en s'imposant avec autorité devant Olesz et Bulis, les coéquipiers de Sakic attendaient sereinement la fin du tiers. La pause fut finalement encore plus agréable que prévue puisque Chris Pronger ajoutait une troisième unité au tableau d'affichage en expédiant un missile dans la cage de Vokoun sur un palet mal dégagé par la défense (3-0, 19'24").

Après un premier tiers catastrophique pour les siens, Alois Hadamczik se devait de réagir pour éviter une humiliation et Tomas Vokoun était le premier à payer les pots cassés. Il laissait sa place à Milan Hnilicka, tout heureux de se retrouver là, lui qui n'était que le troisième gardien au début du tournoi. Les Tchèques, sans doute sermonnés dans les vestiaires, se montrent plus actifs en ce début de tiers, notamment par l'intermédiaire de Cajanek et Hemsky, dont la ligne formée avec Olesz aura apporté beaucoup de vivacité tout au long de la rencontre. Pourtant les Tchèques frisent la correctionnelle et le 4-0 sur une interception de Saint-Louis mais ce dernier bute sur Hnilicka qui rentre bien dans son match. Il a même le zeste de réussite qu'il faut lorsqu'un rebond de Saint-Louis heurte le poteau et que le palet s'arrête sur la ligne avant d'être dégagé. Un signe que le vent tourne même si Tomas Kaberle connaît pareille mésaventure quelques minutes plus tard alors qu'il pensait avoir marqué. La pression tchèque se fait plus grande et Bordeur doit sortir le grand jeu sur un slap de Jagr à bout portant. Il ne manque plus qu'une étincelle pour permettre aux Tchèques de revenir dans la partie et celle-ci vint finalement sous la forme d'une double supériorité numérique. Très discipliné jusque-là, le Team Canada voit partir successivement en prison Iginla puis Blake. L'occasion est trop belle et Kubina mis sur orbite par Jagr égalise d'un puissant one timer qui transperce Brodeur (3-1, 33'46"). Revigorés, les Tchèques vont dès lors se ruer sur les cages canadiennes jusqu'à la fin du tiers. Une nouvelle fois pénalisé, le Canada doit se contenter de défendre et voit arriver avec soulagement la fin du tiers.

Si la deuxième période avait vu un changement de physionomie, la troisième sera à sens unique. Les Tchèques attaquent le tiers tambour battant et il faut à peine plus de deux minutes à Cajanek pour battre Brodeur en angle fermé après un bon décalage de Hemsky (3-2, 42'41"). Avec seulement un but de retard, les données ne sont plus les mêmes et les Tchèques croient à nouveau en leurs chances de victoire. Ils accentuent leur pressing et Brodeur doit faire des miracles comme cet arrêt de la crosse en plongeant sur un nouveau tir de Cajanek. Frantisek Kaberle, Milan Hejduk et David Vyborny ont tous le palet de l'égalisation au bout de la crosse mais le gardien des New Jersey Devils, livré à lui-même, maintient son équipe à flot. La pénalité de Bryan McCabe donne une belle occasion aux Tchèques d'égaliser mais ils n'en profitent pas et finissent par desserrer petit à petit leur étreinte, sans doute pour préserver des forces pour le lendemain. Le Canada parvient alors à ramener le jeu en zone neutre et limiter les tentatives adverses. Une nette domination aux engagements et l'excellent travail défensif de Richards et Draper dans la dernière minute retardent la sortie de Hnilicka et permettent au Canada de préserver une succès étriqué.

Grâce à une première période particulièrement réussie, le Canada a réussi à remporter le bras de fer avec la Tchéquie dans ce duel des mal en points. Mais la passivité défensive tchèque ainsi que la faiblesse de Tomas Vokoun dans le premier tiers ont grandement facilité la tâche des joueurs à la feuille d'érable. Lorsque les Tchèques ont accéléré et que Milan Hnilicka a fermé la porte, le Canada s'est retrouvé en difficulté et n'a dû son salut qu'à Martin Brodeur. Les deux maigres tirs adressés sur la cage tchèque dans le dernier tiers (pour un total de... 16 tirs sur l'ensemble du match !) soulignent bien les limites du jeu canadien actuellement. À défaut de rassurer vraiment, cette victoire aura peut-être un effet positif sur le moral des joueurs. Les supporters eux se contenteront de pouvoir enfin fêter une victoire (et des buts) après deux matchs de disette.

Du côté tchèque, le bilan comptable est très mauvais avec trois défaites et une place de quatrième du groupe A, bien indigne des prétentions d'un champion du monde. Tomas Vokoun, très décevant, n'arrive même pas à se saisir de l'opportunité créée par la blessure de Dominik Hasek. Mais paradoxalement, ce sont peut-être bien les Tchèques qui ont fourni la prestation la plus convaincante ce soir. Après un premier tiers fade et malchanceux, les Tchèques ont développé un jeu séduisant en bousculant les Canadiens pendant deux tiers temps. Sans un grand Brodeur, la victoire aurait été à portée de main... Voilà qui devrait donner quelques repères aux Tchèques avant le difficile quart de finale de demain.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match

Pat Quinn (entraîneur du Canada) : "Rick Nash est un peu intimidé pour son premier tournoi olympique. Nous devons le calmer et être sûrs qu'il comprenne qu'il n'a pas à tout faire. Bryan McCabe et un leader, il est habitué à beaucoup de temps de glace et ce n'est pas évident d'être septième défenseur."

Tomas Vokoun (gardien de la République Tchèque) : "C'était juste un mauvais match. Sur le premier but, j'ai fait une erreur, et ensuite ce fut l'effet boule de neige. Cela arrive parfois. On ne le souhaite pas, mais c'est la réalité. Il faut juste se reconcentrer. Aujourd'hui, c'est aujourd'hui, et demain, c'est demain."

 

Canada - République Tchèque 3-2 (3-0, 0-1, 0-1)

Mardi 21 février 2006 à 16h35 au Palasport Olimpico. 9126 spectateurs.

Arbitrage de Dan Marouelli (CAN) assisté de Joacim Karlsson (SUE) et Thor Eric Nelson (USA).

Pénalités : Canada 8' (0', 6', 2'), République Tchèque 4' (4', 0', 0').

Tirs : Canada 16 (8, 6, 2), République Tchèque 33 (7, 14, 12).

Évolution du score :

1-0 à 07'37" : Richards assisté de Iginla et Pronger

2-0 à 11'19" : St-Louis assisté de Lecavalier et Blake (sup. num.)

3-0 à 19'24" : Pronger assisté de Thornton

3-1 à 33'46" : Kubina assisté de Jagr et Rucinsky (double sup. num.)

3-2 à 42'41" : Cajanek assisté de T.Kaberle et Hemsky

 

Canada

Gardien : Martin Brodeur.

Défenseurs : Robyn Regehr - Rob Blake ; Wade Redden - Adam Foote ; Jay Bouwmeester - Chris Pronger ; Bryan McCabe.

Attaquants : Simon Gagné - Joe Sakic (C) - Jarome Iginla ; Kris Draper - Brad Richards - Dany Heatley ; Ryan Smyth - Vincent Lecavalier - Martin Saint-Louis ; Rick Nash - Joe Thornton - Todd Bertuzzi ; Shane Doan.

Remplaçant : Roberto Luongo (G).

République Tchèque

Gardiens : Tomas Vokoun puis à 20'00" Milan Hnilicka (sorti à 59'47").

Défenseurs : Tomas Kaberle - Pavel Kubina (A) ; Jaroslav Spacek - Marek Malik ; Frantisek Kaberle - Filip Kuba ; Marek Zidlicky.

Attaquants : Martin Straka - Vaclav Prospal - Jaromir Jagr ; Martin Rucinsky - Robert Lang (C) - Milan Hejduk ; David Vyborny (A) - Jan Bulis - Martin Erat ; Rastislav Olesz - Petr Cajanek - Ales Hemsky ; Ales Kotalik.

 

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