République Tchèque - Italie (19 février 2006)

 

Jeux Olympiques de Turin 2006, groupe A.

Aucun droit à l'erreur ce soir pour le champion du monde tchèque, déjà tombé à deux reprises. Hier contre la Finlande (2-4) mais surtout jeudi face aux Suisses d'un impressionnant Martin Gerber (2-3). Face à l'Italie, présumée la plus faible formation du tournoi, les Tchèques vont devoir assurer, mais aussi rassurer. Cela doit passer par la victoire, évidemment, mais également par une bonne prestation de leur gardien de but, un Tomas Vokoun brillant cette saison avec Nashville mais méconnaissable depuis qu'il a pris le relais de Dominik Hasek. Surclassée par les Canadiens et Finlandais, la Squadra Azzura au fort accent d'outre-Atlantique est parvenue à accrocher l'Allemagne et décrocher ainsi son premier point du tournoi. Un résultat sans doute insuffisant pour éviter la dernière place (en raison du match nul de la Nationalmannschaft face à la Suisse plus tôt dans la journée) mais qui leur permet d'éviter la cuillère de bois qui leur était promise. Touché dans un choc contre la bande face à la Finlande, la superstar Jaromir Jagr fait son retour pour ce match. Un retour évidemment fort appréciable pour un groupe à la recherche de ses sensations mais dont la supériorité technique intrinsèque semble préserver de toute mauvaise surprise face à la vieille garde transalpine.

L'alternance se poursuit devant le filet italien et Günther Hell, le coéquipier à Bolzano de Jason Muzzatti, est désigné pour tenter de mettre en échec l'arsenal offensif des champions olympiques de Nagano. Ceux-ci se montrent d'entrée en zone d'attaque mais sont les premiers à écoper, par Zidlicky coupable d'avoir fait trébucher Tuzzolino en entrée de zone (1'39"). La bonne volonté des Azzurri ne leur permet pas d'être véritablement dangereux hormis ce frisson sur une combinaison en entrée de zone des deux oriundi Iob et Parco, ce dernier ne trouvant personne au second poteau pour concrétiser son travail (2'20"). Sans complexes et enthousiastes, les Transalpins jouent les contres à fond, à l'image du buteur de Klagenfurt Anthony Iob, remuant au possible dans ces premières vingt minutes, mais sans véritablement inquiéter Tomas Vokoun. Les Tchèques eux tentent de s'appliquer mais butent sur un Günther Hell qui ne pourra visiblement pas tenir éternellement face à Jagr & cie. Les champions du monde en titre passent la seconde après les dix premières minutes et intensifient leur domination. David Vyborny en entrée de zone choisit de remiser sur Tomas Kaberle dont l'essai du poignet se voit repoussé dans le slot par Günther Hell. Il n'en faut guère plus à Milan Hejduk pour s'en emparer, s'écarter légèrement et placer le palet du revers dans le filet opposé (1-0 à 12'57").

Mis sur les bons rails, les hommes d'Alois Hadamczik ne lâchent plus la bride et Prospal, servi par Jagr, s'amuse derrière la cage pour finalement déjouer Hell du revers dans un trou de souris (2-0 à 14'20"). Le break est fait et le République tchèque récite à présent ses gammes devant des Azzurri désormais dépassés par le rythme et la vitesse d'exécution des Slaves et battus sur tous les duels. Toutefois, l'Italie parvient à tenir le score jusqu'au terme des vingt premières minutes.

Le scénario ne varie pas pour l'entame du tiers médian. Les occasions sont encore et toujours tchèques et Hell doit se charger de repousser de la jambière une reprise puissante de Prospal (22'24"). Une pénalité appelée contre Strazzabosco n'arrange pas les affaires de la Squadra Azzura, même si son gardien Günther Hell tient bon devant son filet. Volontaires mais limités, les Italiens sont pressés comme des oranges et virent au rouge à l'instar de Luca Ansoldi qui vient régler ses comptes avec Petr Cajanek (25'46"). Ces deux-là se chamaillaient déjà depuis la mise au jeu précédente et Cajanek, n'ayant que modérément apprécié une petite charge de Nardella et repoussant sans ménagement le vénérable naturalisé. Il n'en faut pas plus à Ansoldi pour se ruer vers l'attaquant des Blues de St. Louis et ouvrir ainsi la boîte à gifle. Dans la cohue, les esprits s'échauffent, certains en perdant même casques (Florian Ramoser par exemple) et gants... L'incident remplit en un rien de temps les bancs d'infamie (trois hommes de chaque côté dont les deux protagonistes initiaux). Vaincu par deux fois, Günther Hell abdique sur blessure à la mi-match et se voit remplacé par Jason Muzzatti (27'32"), non sans avoir signé un dernier coup d'éclat en s'imposant d'une mitaine très photogénique devant Ales Hemsky (26'55"). L'intensité tchèque diminue légèrement et une pénalité appelée à l'encontre de Pavel Kubina (28'05") peut permettre aux Italiens, sinon de souffler un peu, de venir titiller un Tomas Vokoun qui s'ennuie ferme dans son coin. Que nenni ! Pourtant installés dans la zone tchèque, les Azzurri commettent une erreur de transmission et Armin Helfer, posté à la ligne bleue, ne peut contrôler une passe en retrait et provoque une récupération de Straka. Le New-Yorkais sert aussitôt Vaclav Prospal dans l'axe qui s'échappe, passe par-dessus un Muzzatti sorti toutes voiles dehors à l'abordage et voit son puck filer vers la cage désertée (3-0 à 28'36"). Un coup dur d'autant plus que Tony Tuzzolino voit sa frustration le conduire tout droit aux vestiaires. Pénalité de match pour l'oriundo au bref passé en NHL (neuf matchs dans la grande ligue pour le natif de Buffalo).

Disposant d'un matelas très confortable, les Tchèques relâchent un peu plus la bride, ce dont tentent de profiter les locaux. Tentent car si les Italiens montrent le bout du museau en zone offensive, ceux-ci ne peuvent conclure à l'image de cette passe de Busillo à destination d'un Topatigh pourtant bien placé dans le slot mais incapable de reprendre l'offrande de son capitaine (37'06"). L'Italie finit ainsi ce deuxième tiers-temps de belle façon mais se voit menée trois buts, sans pour autant démériter.

Après un petit intermède en fin de période précédente, les Tchèques tentent de reprendre leurs aises face à Muzzatti s'apprêtant à connaître une période de plein-emploi tout au long de ces vingt dernières minutes. Au contraire d'un Tomas Vokoun au chômage technique mais sauvé par son montant sur une montée côté droit de John Parco (44'55"). Mais s'ils ne forcent pas vraiment leur talent, les attaquants tchèques se montrent toujours aux avant-postes à la faveur, notamment, des indisciplines italiennes mais continuent à buter sur un bon Muzzatti. Les Azzuri eux, devant leur public, ne perdent rien de leur volonté mais doivent attendre longtemps avant de voir Cirone venir solliciter Vokoun d'un petit lancer qui finira bien au chaud dans sa mitaine (56'06"). Alors que le cerbère des Predators semble tout doucement se diriger vers un blanchissage des plus tranquilles, Parco récupère en zone neutre, franchit la ligne bleue tchèque, trouve le relais côté droit de De Bettin et conclut son mouvement d'un tir dans le petit filet droit de Vokoun (3-1 à 57'53"). Voilà les Transalpins quelque peu relancés mais la pression italienne est contrée par un Straka reprenant le palet pour servir côté gauche Prospal qui s'offre le hat-trick en balançant la rondelle dans une cage abandonnée par Muzzatti (4-1 à 58'40"). Coup de chapeau donc réalisé par Vaclav Prospal mais aussi une belle récolte pour Martin Straka, présent sur les trois filets de l'attaquant du Lightning de Tampa Bay.

La fin du match semble coïncider avec l'heure de pointe dans les geôles turinoises, John Parco (qui fut décidément un des grands animateurs de la soirée) se chauffant avec Pavel Kubina et engendrant un début de brassage entre les différents acteurs du match. Fraternisations et accolades amicales posent le point final d'une victoire tchèque tranquille.

Les deux co-favoris de ces Jeux Olympiques ne sont pas au mieux en ce début de tournoi. Alors que le Canada s'enfonce dans ses doutes, la République Tchèque, elle aussi en difficulté, est parvenue à renouer avec le succès. Bien sûr, le gain était attendu face à ces Italiens courageux, volontaires mais limités, mais l'essentiel était de gagner. À vaincre sans péril on triomphe sans gloire, certes, et l'armada slave n'a pas totalement rassuré, à l'instar d'un Tomas Vokoun qui aura vu peu d'action mais se sera fait surprendre dans les toutes dernières minutes. Place désormais à l'attendue confrontation avec le tenant du titre canadien. Et si les déconvenues de ces derniers jours ont terni la feuille d'érable, mieux vaut ne pas sous-estimer le cœur d'un champion.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

République Tchèque - Italie 4-1 (2-0, 1-0, 1-1)

Dimanche 19 février 2006 au Palasport Olympico de Turin. 8776 spectateurs.

Arbitres : Vyacheslav Bulanov (RUS) assisté de Miroslav Halecky (SVK) et Joacim Karlsson (SUE).

Pénalités : République Tchèque 20' (2', 10', 8'), Italie 58' (2', 10'+10'+20', 16').

Tirs : République Tchèque 43 (13, 17, 16), Italie 16 (4, 6, 6).

Évolution du score :

1-0 à 12'57" : Hejduk assisté de Vyborny et T. Kaberle

2-0 à 14'20" : Prospal assisté de Jagr et Straka

3-0 à 28'36" : Prospal assisté de Straka (inf. num.)

3-1 à 57'53" : Parco assisté de De Bettin et Iob

4-1 à 58'40" : Prospal assisté de Straka et Vokoun

 

République Tchèque

Gardien : Tomas Vokoun.

Défenseurs : Tomas Kaberle - Pavel Kubina (A) ; Marek Zidlicky - Jaroslav Spacek ; Filip Kuba - Frantisek Kaberle ; Marek Malik.

Attaquants : Martin Straka - Vaclav Prospal - Jaromir Jagr ; Martin Rucinsky - Robert Lang (C) - Ales Hemsky ; David Vyborny (A) - Jan Bulis - Milan Hejduk; Petr Cajanek - Rastislav Olesz - Martin Erat ; Ales Kotalik.

Remplaçant : Milan Hnilicka (G). Absents : Dominik Hasek (adducteurs), Patrik Elias (coup de crosse dans les côtes).

Italie

Gardien : Jason Muzzati (sorti de sa cage à 58'22").

Défenseurs : Michele Strazzabosco (A) - Armin Helfer ; Bob Nardella - Florian Ramoser ; André Signoretti - Carter Trevisani ; Christian Borgatello.

Attaquants : Anthony Iob - John Parco - Giorgio De Bettin ; Giuseppe Busillo (C) - Mario Chitarroni (A) - Tony Tuzzolino ; Stefano Margoni - Jason Cirone - Luca Ansoldi ; Lucio Topatigh - Manuel De Toni - Nicola Fontanive ; Stefan Zisser.

Remplaçant : Günther Hell (G). Absent : Giulio Scandella.

 

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