Finlande - Canada (19 février 2006)

 

Jeux Olympiques de Turin 2006, groupe A.

Comme il avait commencé à le faire à la mi-match hier, le Canada se présente avec de nouvelles lignes. Kris Draper est remplacé sur la première ligne par Simon Gagné, qui reforme avec Sakic et Iginla le meilleur trio canadien aux JO de 2002. Pat Quinn confirme aussi son intention de faire jouer une ligne "100% muscle" avec Nash, Thornton et Bertuzzi, même si elle n'a pas fait plier les Suisses. Notons que le capitaine canadien Joe Sakic se présente avec un casque intégrale, après avoir eu la pommette accidentellement ouverte hier sur une crosse haute de Plüss.

Dans le camp finlandais, on note surtout la présence de Jarkko Ruutu. Il n'a pas été suspendu bien qu'il ait révulsé beaucoup de monde hier par son agression sur Jagr et surtout par son sourire satisfait après avoir regagné son banc. Un joueur détesté ne doit cependant pas faire oublier l'excellent tournoi de ses coéquipiers jusqu'ici.

On s'attend évidemment à une réaction canadienne après la baffe contre la Suisse, mais après dix minutes de jeu les Finlandais mènent déjà dix tirs à deux, et seul le gardien Roberto Luongo évite le pire. Pas pour longtemps. Le grand Chris Pronger perdu un duel derrière sa cage avec le petit Saku Koivu qui sert Teemu Selänne démarqué pour l'ouverture du score (1-0 à 11'14"). Selänne, qui était déjà avant le tournoi le meilleur marqueur finlandais de l'histoire des JO à égalité avec Helminen (mais en deux fois moins de participations) est tout simplement sur un nuage depuis son arrivée à Turin, avec un sixième but en quatre matches. Puis un tir de la bleue de Timonen est dévié au passage par Nieminen. Luongo est soulagé de voir le palet rater de peu le cadre, mais il refait le chemin invcerse et Niko Kapanen est au point de chute pour crucifier le gardien canadien (2-0 à 15'02"). Un but qui récompense la montée en puissance de cette ligne défensive Nieminen-Kapanen-Hagman qui a fini par trouver la bonne alchimie.

Menant au score, les Finlandais verrouillent la zone neutre et laissent peu de bons lancers. Ils dominent dans le patinage, dans les mises en échec, et bien sûr dans le jeu collectif. En deuxième période, les Canadiens se réveillent sous l'impulsion de leurs joueurs les plus techniques. Simon Gagné met le feu en sortie de prison, et la ligne de Vincent Lecavalier enchaîne avec une très bonne présence. Mais dans ces moments, Antero Niitymäki est solide et empêche ce but qui pourrait faire changer la confiance de camp. À nouveau le Canada connaît des ratés. Dany Heatley se rate complètement sur un tir en bonne position, et Wade Redden donne un palet derrière sa cage. Il arrive aussi aux Finlandais de faire des erreurs, et Ville Peltonen, rarement à son meilleur contre les Canadiens, en commet une en zone neutre. Mais Rick Nash, le pur buteur, échoue sans gloire sur le breakaway.

C'est Nash qui paie pour la mauvaise performance de son équipe. Comme il n'est pas réputé pour son implication défensive formidable, on remarque que sa mission première, marquer des buts, n'est pas remplie... On note quand même quelques améliorations dans la prestation canadienne en troisième période. Foote prend une pénalité utile et Richards forechecke bien en infériorité. C'est aussi le cas d'Antti Laaksonen dans l'autre sens pendant que Hagman est en prison. Laaksonen était un peu l'homme invisible de son équipe jusqu'ici, mais il prouve son utilité dans cette situation spécifique. Il n'a pas beaucoup l'occasion de la montrer car les Finlandais sont tellement disciplinés qu'ils jouent très rarement en infériorité. Il faut les voir rester imperturbables devant les provocations de Draper. L'image de l'impassible Finlandais d'abord glacial a de beaux jours devant elle...

C'est surtout que cette équipe est étonnante d'assurance. Il faut dire que son gardien Antero Niitymäki dégage un calme olympien (c'est le cas de le dire) et fait complètement oublier le peu motivé Kiprusoff en vacances à Hawaï... Trois matches internationaux et déjà deux blanchissages : des statistiques absolument impressionnantes !

Ce qui l'est encore plus, c'est que le Canada a été blanchi deux fois de suite, ce qui ne lui était plus arrivé en compétition internationale depuis... les JO de Sarajevo en 1984 ! Pourtant, il faisait peur sur le papier. Si encore il n'y avait que l'attaque stérile, mais la défense inquiète au moins autant. L'ancien meilleur joueur de NHL Chris Pronger est désolant. Souffre-t-il de son os du pied cassé découvert il y a dix jours ? Cela ne peut pas tout expliquer, du moins pas ses pénalités stupides. Les relances de Wade Redden sont trop souvent ratées, Robyn Regehr est lent et perd des palets, Adam Foote a du mal au marquage... Bref, le Canada est au plus mal. Se réveillera-t-il pour les matches à élimination directe ? Le duel contre des Tchèques également mal en point sera déjà un enseignement important.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Antero Niitymäki (gardien de la Finlande) : "Cela arrive dans tous les sports. Il y a un blessé et on change de gardien. Je suis juste content de jouer et je ne pense pas vraiment à qui devrait ou pas être à ma place. C'est plus une victoire collective que la mienne. Nous jouons bien en équipe, nous défendons et nous attaquons à cinq."

Pat Quinn (entraîneur du Canada) : "Nous avons manqué beaucoup de passes. Nous avons perdu nombre de duels pour le palet. Nous avons des gars qui patinaient loin du jeu et pensaient que les choses allaient se produire. Nous avons des joueurs talentueux qui jouent individuellement. Je l'ai déjà dit, mais il va falloir former une équipe et ça a intérêt à se faire vite. Si on n'est pas une équipe, on disparaît. Nous avons aidé à la Finlande, et elle n'avait pas besoin de beaucoup d'aide. Nous allons continuer à chercher les combinaisons de lignes qui nous donneront les meilleures chances de succès."

Ryan Smyth (attaquant du Canada) : "On peut sortir toutes les excuses qu'on veut sur ces matches sans enjeu, sur le fait de jouer quatre fois en cinq jours, mais nous allons devoir jouer soixante minutes ou nous n'aurons aucun succès. Chaque joueur connaît les attentes quand il endosse le maillot canadien. Nous ne devons pas paniquer."

 

Finlande - Canada 2-0 (2-0, 0-0, 0-0)

Dimanche 19 février 2006 à 21h05 au Palasport Olimpico de Turin. 4420 spectateurs.

Arbitrage de Vladimir Sindler (TCH) assisté de Milan Masik (SVK) et Thor Eric Nelson (USA).

Pénalités : Finlande 6' (0', 2', 4'), Canada 12' (6', 4', 2').

Tirs : Finlande 30 (14, 11, 5), Canada 24 (5, 12, 7).

Évolution du score :

1-0 à 11'14" : Selänne assisté de S. Koivu

2-0 à 15'02" : Kapanen assisté de Nieminen et Timonen

 

Finlande

Gardien : Antero Niittymäki.

Défenseurs : Kimmo Timonen - Teppo Numminen ; Sami Salo - Petteri Nummelin ; Aki-Petteri Berg - Toni Lydman ; Antti-Jussi Niemi.

Attaquants : Jere Lehtinen - Saku Koivu - Teemu Selänne ; Ville Peltonen - Olli Jokinen - Jussi Jokinen ; Ville Nieminen - Niko Kapanen - Niklas Hagman ; Jarkko Ruutu - Mikko Koivu - Antti Laaksonen ; Jukka Hentunen.

Remplaçant : Fredrik Norrena (G).

Canada

Gardien : Roberto Luongo (sorti de sa cage à 58'57").

Défenseurs : Robyn Regehr - Jay Bouwmeester ; Wade Redden - Adam Foote ; Chris Pronger - Rob Blake ; Bryan McCabe.

Attaquants : Simon Gagné - Joe Sakic (C) - Jarome Iginla ; Todd Bertuzzi - Joe Thornton - Rick Nash ; Dany Heatley - Brad Richards - Kris Draper ; Ryan Smyth - Vincent Lecavalier - Martin Saint-Louis ; Shane Doan.

Remplaçant : Martin Brodeur (G).

 

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