Suède - Russie (11 février 2006)

 

Jeux Olympiques 2006, tournoi féminin, groupe A.

Les Suédoises abordent la compétition assez tendues car elles savent qu'elles jouent leur place en demi-finale sur ce match. De leur côté, les Russes n'ont rien à perdre. Les médaillées mondiales de 2001 (qui avaient accédé au podium la Suède), sportivement reléguées en division I mondiale avant un repêchage, veulent prouver que ce n'est qu'un accident et qu'elles appartiennent encore à l'élite.

Cette différence d'esprit se reflète au premier tiers-temps : la Russie profite de la fébrilité adverse pour se créer les meilleures occasions, mais elle manque de précision dans ses tirs pour les concrétiser. Ekaterina Pashkevich et Kristina Petrovskaïa, les mieux placées dans l'enclave, tirent en plein sur Kim Martin, alors que Svetlana Trefilova, passée dans le dos de la défense, ne trouve même pas le cadre.

C'est le jeu de puissance qui vient au secours des favorites en deuxième période. Un jeu de puissance qui, comme celui de l'équipe de Suède masculine, utilise quatre attaquantes. Après une pénalité contre Petrovskaïa pour retenir la crosse, le premier quintet scandinave a du mal à faire des transmissions propres même à courte distance. Changement de décor quand la seconde unité de supériorité rentre sur la glace : Nanna Jansson sort du lot car elles sert de longues passes précises susceptibles de renverser le jeu et de déstabiliser la défense. Elle a la meilleure sur la glace lors de cette présence et c'est normal que ce soit elle qui marque avec précision (1-0 à 23'26"). Irina Gachennikova ne pouvait rien faire, masquée qu'elle était par son arrière Aleksandra Kapustina. Une minute plus tard, cette même Kapustina accroche Rundqvist. Et c'est le second but suédois en avantage numérique : la quatrième attaquante jointe à la première ligne, Katarina Timglas, seule face au but grâce à un écran d'Emilie O'Konor, trouve une lucarne parfaite sur un centre de la droite de Maria Rooth (2-0 à 25'14").

Les Russes ont pourtant elles aussi leur chance quand la crosse de la jeune Winberg se retrouve en position d'étrangler Burina. Mais, à une de plus, elles ont énormément de mal à relancer et à monter le palet. Déjà pas la plus habile, la capitaine Zhanna Shelchkova est scotchée sur une contre-attaque de Danijela Rundqvist à cause d'un énorme différentiel de vitesse de patinage. Cette inhomogénéité traduit encore le manque de maturité du hockey féminin : même en prenant le joueur le plus rapide (Gaborik ?) et le plus lent (Hatcher ?) du tournoi masculin, jamais le premier ne reprendra cinq mètres au second sur la longueur de la zone neutre...

Par conséquent, la Russie ne peut compter pour être dangereuse que sur quelques individualités, d'autant que les Suédoises se jettent devant le moindre lancer potentiel : Iya Gavrilova par exemple arrive à faire la différence pour s'infiltrer dans la défense. Mais alors que le match paraissait plié, les Russes se créent de plus en plus d'occasions, notamment par Oksana Tretiakova : elle reçoit un palet au bon moment à la bleue pour prendre un intervalle, puis elle se retrouve face à la cage sur une bonne passe en retrait de Tatiana Burina. Finalement, la Russie a un coup de pouce du destin : Kim Martin dégage un palet envoyé vers la cage, mais celui-ci ricoche sur le gant de son arrière Elfsberg et revient vers les filets (2-1 à 39'21").

La Suède n'a pas su se mettre à l'abri mais elle y parvient dès le retour sur la glace. Elle bénéficie d'une mise au jeu en zone offensive après une charge contre la bande de Burina. Bialkovskaïa tente alors de bloquer un lancer de Maria Rooth en serrant ses cuisses, mais le palet file entre ses jambes et surprend Gachennikova (3-1 à 40'32"). Les difficultés russes ne font alors que s'accentuer. La capitaine Shalchkova perd un palet à sa bleue face à Holst, et ensuite, sur une toile de la gardienne, Khomich doit sauver le palet in extremis sur sa ligne. Tout de même après une pénalité de Myskina, une contre-attaque prouve que le différentiel de vitesse peut aussi fonctionner dans l'autre sens, même s'il est moins flagrant, avec Ekaterina Pashkevich qui contourne Ylva Lindberg grâce à une solide protection de palet. Elena Bialkovskaïa réalise un dernier bon geste défensif en revenant chasser le palet de la crosse de Nanna Jansson échappée.

Grâce à leur jeu de puissance, les Suédoises ont su surmonter leur nervosité pour éviter le faux-pas. Elles seront selon toute vraisemblance en demi-finales, mais il faudra qu'elles améliorent nettement leur jeu, trop approximatif dans ce match, pour espérer rivaliser avec les Canadiennes et les Américaines.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Svetlana Trefilova (attaquante de la Russie) : "Les buts bizarres, c'est ma spécialité. J'an ai marqué tout au long de ma carrière. [...] Après notre dernière place aux championnats du monde, plus aucune de nos adversaires sérieuses ne voulait jouer contre nous. Des matches amicaux contre les Suédoises et les Finlandaises auraient été utiles. On a fait un tournoi en Slovaquie, mais les équipes en face pouvaient difficilement nous inquiéter."

Elena Bialkovskaïa (arrière de la Russie) : "De quelle structure peut-on parler quand il a en tout et pour tout six équipes en Russie ? Avant les Jeux Olympiques nous avons au moins un peu attiré m'attention des sponsors et de la presse. Mais si l'enthousiasme seul a suffi jusqu'ici, bientôt, lorsque notre génération prendra sa retraite, il n'y aura plus personne pour nous remplacer."

 

Suède - Russie 3-1 (0-0, 2-1, 1-0)

Samedi 11 février 2006 à 15h35 au Palasport Olimpico de Turin. 6500 spectateurs.

Arbitrage de Stéphanie Normand (CAN) assistée de Michaela Kiefer (ALL) et Julie Piacentini (USA).

Pénalités : Suède 14' (6', 2', 6'), Russie 14' (2', 4', 8').

Tirs : Suède 24 (9, 9, 6), Russie 31 (12, 11, 8).

Évolution du score :

1-0 à 23'26" : Jansson assistée de Lindberg et Winberg (sup. num.)

2-0 à 25'14" : Timglas assistée de Rooth et O'Konor (sup. num.)

2-1 à 39'21" : Trefilova assistée de O'Konor

3-1 à 40'32" : Rooth assistée d'Andersson

 

Suède

Gardienne : Kim Martin.

Arrières : Joa Elfsberg - Gunilla Andersson ; Kristina Lundberg - Emma Eliasson ; Ylva Lindberg - Jenni Asserholt.

Attaquantes : Emilie O'Konor - Erika Holst (C) - Maria Rooth ; Pernilla Winberg - Nanna Jansson - Danijela Rundqvist ; Frida Nevalainen - Ann-Louise Edstrand - Therèse Sjölander ; Katarina Timglas.

Remplaçantes : Cecilia Andersson (G), Anna Vikman, Jenny Lindqvist.

Russie

Gardienne : Irina Gachennikova.

Arrières : Maria Barykina - Zhanna Shelchkova (C) ; Aleksandra Kapustina - Alena Khomich ; Kristina Petrovskaïa - Elena Bialkovskaïa ; Olga Permyakova.

Attaquantes : Oksana Tretiakova - Tatiana Burina - Svetlana Trefilova ; Tatiana Sotnikova - Yulia Gladysheva - Ekaterina Smolentseva ; Larisa Mishina - Ekaterina Pashkevich - Iya Gavrilova ; Ekaterina Smolina.

Remplaçantes : Nadezhda Aleksandrova (G), Galina Skiba.

 

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