CSKA Moscou - Spartak Moscou (10 janvier 2006)

 

Match comptant pour la quarante-et-unième journée de Superliga russe.

Cette fois-ci, il ne faut pas se faire surprendre ! Ce derby moscovite entre le CSKA et le Spartak va attirer les foules... Pour la première fois depuis de longues années, ces deux clubs prestigieux sont les meilleurs de la capitale. En d'autres termes, ils devancent au classement le Dynamo de Moscou, champion en titre, tout jeune champion d'Europe et Tsar du hockey moscovite depuis de longues saisons. Mais en ce début 2006, les choses ont changé. Le CSKA de l'ère Bykov réalise une saison parfaite et ne craque pas, toujours solidement accroché au haut du tableau en cinquième position, et le Spartak entraîné par Braguine se pointe en huitième position, juste devant le Dynamo, soit, et de loin, son meilleur classement depuis de longues années. Connaissant la grande rivalité historique entre les deux clubs, cela promet du spectacle sur la glace et dans les tribunes. Le vieux palais des sports de glace du CSKA (de toute manière, toutes les patinoires de Moscou sont vieilles...) craque sous la pression des près de cinq mille spectateurs entassés. Pour éviter d'éventuels troubles, les supporters les plus chauds (ceux venus du foot) ont été séparés par une tribune vide, bloquée de chaque côté par deux rangées de policiers vigilants...

À signaler que dans les cages du CSKA, c'est Alexandre Fomichev qui est titulaire, car Skudra ressent une tension aux adducteurs. Pour lui aussi, c'est un derby, car il a été formé... au Dynamo ! Dans les buts spartakistes, c'est comme à l'habitude en ce moment le jeune Konstantin Barouline qui s'y colle. Deux gardiens russes titulaires, c'est un petit évènement dans la Superliga !

La tension est à son comble à l'entrée des joueurs et la première minute n'est pas encore terminée qu'un joueur est déjà en prison. C'est l'attaquant spartakiste formé au club Dimitri Semine qui a été attrapé par la patrouille zébrée. Mais il est rejoint moins d'une minute plus tard par l'excellent défenseur militaire Vadim Khomitski. À quatre contre quatre, le jeu explose en rapidité. C'est un super spectacle, bien orchestre par les encouragements des supporters des deux camps. Et ça continue, il reste encore trois secondes de prison à Semine, que Monsieur Poliakov, certainement pour être certain de "tenir" le match, envoie en pénalité un autre Spartakiste, le défenseur formé au club Vladimir Korsounov.

Mais les visiteurs attendent la fin de l'orage et repartent à l'attaque. C'est Alexeï Kopeikine qui allume la mèche en filant sur son aile, il tire mais Alexandre Fomitchev tend sa belle mitaine. L'ambiance est de plus en plus forte. Ça tangue, surtout que le palet va d'une cage à l'autre. C'est au tour du CSKA d'être dangereux, mais le tir militaire longe la cage spartakiste, alors que Barouline était couché. Preuve de cette tension, un joueur de chaque côté est envoyé en prison à la septième minute. Le défenseur Mikhaïl Balandine pour le CSKA et l'attaquant Igor Moussatov (encore un joueur formé au club) pour le Spartak. Il va bien falloir que ces prisons soient décisives ! Il suffit juste d'attendre la suivante...

C'est Andreï Nikitenko, du CSKA, qui est sanctionné... et c'est son équipe qui en profite ! Un terrible contre rouge et bleu. Un palet dégagé par l'irremplacable Maxime Iakoutsenia qui lance le défenseur Vadim Khomitski. Ce dernier file et arrive dans la zone défensive spartakiste, ne se pose pas de question et envoie son célèbre tir très puissant. Le missile de l'armée russe passe sous la jambière de Konstantin Barouline, peut-être pas irréprochable sur ce coup, et rentre dans la cage pour le 1-0 en infériorité numérique. Comme ça marche, le CSKA continue dans le même registre. Le Spartak domine, pousse, et le CSKA contre ! Andrei Petrounine tire encore entre les jambes de Barouline, le palet passe, mais au moment de franchir la ligne, le défenseur spartakiste Denis Grot, dans un geste désespéré, parvient à sortir la rondelle in extremis. L'arbitre veut vérifier à la vidéo et annule justement le but. Cela se poursuit selon le même scénario, le Spartak domine... en vain. Pour preuve, deux minutes plus tard, le Canadien vedette du Spartak, David Ling, file vitesse grand-V, se présente tout seul devant Fomitchev, mais rate la cible. Même deux pénalités successives à l'encontre de l'ancien joueur d'AHL, Andrei Vassiliev, ne donnent rien. Le Spartak ne trouve pas la faille, surtout que c'est au tour de Ling de se retrouver en prison.

Le deuxième tiers débute très fort ! Profitant de la fin de la prison de Ling, le défenseur Alexandre Titov place un tir depuis le long de la balustrade. Son shoot rebondit sur le gardien spartakiste, frappe le poteau et rentre : 2-0 au bout de 36 secondes dans ce tiers ! Konstantin Barouline n'étant pas encore très net sur ce but, Valeri Braguine, décide de le sortir et de le remplacer par le Canadien Tyler Moss. Déclic psychologique ? Quoi qu'il en soit, une minute plus tard, le Spartak recolle au score. Dimitri Outkine place un tir précis entre les jambières de Fomitchev. Sur sa lancée, le Spartak pousse encore plus fort et il faut un Alexandre Fomitchev en super forme pour empêcher l'égalisation des visiteurs.

Les Spartakistes évoluent même à cinq contre trois pendant... deux secondes. Mais même ces supériorités numériques consécutives ne changent rien. Le Spartak domine et le CSKA contre. Il faut même deux beaux arrêts de Moss (dont un après un superbe slalom du buteur maison Sergueï Moziakine, de retour à son plus haut niveau comme il y a deux saisons) pour éviter l'humiliation d'un nouveau but encaissé pendant sa supériorité. Pourtant, le Spartak ne désarme pas. Alexeï Bondarev a une belle occasion, mais rien ne passe. Et évidemment, cela finit par profiter au CSKA. Après une première belle tentative du défenseur Andreï Moukhatchev, c'est quelques minutes plus tard, la délivrance pour les supporters rouges et bleus. Le défenseur Gueorgui Micharine tire sur Moss. Le gardien canadien tend sa mitaine, mais ne la referme pas assez vite, le palet rebondit sur le gant, puis sur le poteau et rentre ! 3-1 à la mi-match et efficacité maximum pour le CSKA ! Bon, la défense spartakiste n'est pas claire sur ce coup, car Micharine était quand même bien seul devant Moss. Un Tyler Moss qui sort un énorme arrêt de la mitaine devant Sergueï Chirokov, le récent vice-champion du monde junior qui a pris la place de ce soir de Nemirovsky, victime d'un léger étirement au genou. Petit à petit, le Spartak devient moins fringant et Moss doit encore sauver son équipe en se couchant sur un palet, alors que sa défense semblait absente.

3-1 avant le dernier tiers. Malheureusement pour le suspense, la messe est dite. La dernière période sera anecdotique. Tout a été dit durant les deux premiers tiers. Le Spartak n'a plus la force de poursuivre son pilonnage de la défense militaire. Ou alors, les Rouges et Blancs sont dégoûtés de la réussite des Rouges et Bleus. Quoi qu'il en soit, le Spartak ne parvient plus à mettre en danger le CSKA, même en supériorité numérique. Par trois fois pourtant, les visiteurs sont en surnombre, lorsque Nikouline (47e), Khomitski (52e) et Micharine (55e) sont sanctionnés. Mais comme je vous l'ai dit, c'est terminé. Le CSKA maîtrise la situation et attend que cela se passe.

Les militaires remportent donc ce derby du renouveau et maintiennent leur emprise sur Moscou et sur la cinquième place. Le Spartak peut s'estimer déçu et pas récompensé de ses efforts, mais peut surtout se concentrer sur le derby suivant... à Sokolniki contre le Dynamo !

Étoiles du match : *** Maxim Iakutsenia (CSKA), ** Alexandre Titov (CSKA), * Gueorgui Micharine (CSKA).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match

Vyacheslav Bykov (entraîneur du CSKA) : "Nous savions que le Spartak avait un calendrier plus lourd que le nôtre. Nous avons donc mis l'accent sur la pression, et jouer sous le forechecking est toujours difficile. Nous avons simplement écrasé l'adversaire. Il est évident que les joueurs retrouvent confiance jour après jour après une petite passe difficile. Fomichev a très bien utilisé la possibilité offerte par la blessure de Skudra de se montrer sous son meilleur jour."

Valeri Bragin (entraîneur du Spartak) : "Pour la seconde fois, en raison du calendrier, nous tombons sur le CSKA quand il a eu un match de repos. Nous avons laissé beaucoup de forces avant-hier contre le Lada. En première période nous avions de bonnes occasions, mais les deux suivantes ont été complètement à l'avantage de notre adversaire. Je pense que le CSKA fait partie des aspirants aux médailles cette saison. Malheureusement, les blessures (Ivanov, saison terminée pour Pavlov...) font partie intégrante du sport professionnel. On ne peut pas y échapper. Ilya Zubov a envie de rejouer mais il n'y est pas prêt. Après le Mondial junior, son organisme n'est pas encore réadapté à la Russie. Il se couche à sept heures du matin et se réveille à cinq heures du soir. À la journée précédente, Emelin du Lada nous a mis un but et a somnolé sur le banc. Il faut prendre de soin des jeunes, ils peuvent encore servir."

 

CSKA Moscou - Spartak Moscou 3-1 (1-0, 2-1, 0-0)

Mardi 10 janvier 2006 à 19h00 au Palais des sports de glace du CSKA. 4900 spectateurs.

Arbitrage de M. Polyakov (Moscou) assisté de MM. Aleshin et Elistratov (tous deux de Saint-Pétersbourg).

Pénalités : CSKA 20', Spartak 10'.

Tirs au but : CSKA 23 (6, 10, 7), Spartak 22 (10, 8, 4).

Évolution du score

1-0 à 11'22" : Khomitski assisté de Yakutsenya (inf. num.)

2-0 à 20'36" : Titov assisté de Balandin et Mozyakin (sup. num.)

2-1 à 21'45" : Utkin assisté de Kucheryavenko

3-1 à 31'30" : Misharin assisté de Yakutsenya et Khomitski

 

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