Championnats du monde des moins de 20 ans 2006, groupe A.

Après un jour de repos, l'impressionnante formation des États-Unis, victorieuse de la Norvège 11-2 lors de son entrée dans le tournoi, se voit proposer un autre adversaire nordique, la Finlande, un morceau a priori plus coriace. La profondeur de l'effectif américain permet au coach Walt Kyle de faire tourner un peu ses lignes avec quelques remaniements, alors que le gardien Jeff Frazee, fort de vingt-trois victoires consécutives en moins de 18 ans pour les États-Unis, fait ses débuts à ce niveau en remplacement de Cory Schneider. La Finlande n'avait pas affronté les Américains l'an passé, leur dernier duel remonte donc à 2004 lors d'une demi-finale perdue 2-1. Karri Rämö se voit proposer le départ après la lourde défaite face au Canada 5-1 de Tuukka Rask.

Devant un public acquis à la cause des Finlandais - contrairement à lundi face au Canada ! - les deux équipes commencent avec beaucoup de rythme. Le jeu est solide, physique, et c'est la Finlande qui en profite pour ouvrir la marque. Mikko Alikoski récupère le palet sur une mise au jeu et trompe Frazee. Deux minutes plus tard, Chris Bourque, qui joue le meneur de jeu de puissance, perd le palet à la ligne bleue offensive. Lauri Korpikoski s'échappe et marque en désavantage numérique, s'imposant face à Frazee sur un tir assez faible. Le gardien parvient par la suite à maintenir son équipe à flots pendant que les États-Unis appuient sur l'accélérateur pour revenir rapidement. Il est vrai que les quatre pénalités finlandaises de suite aident bien leur adversaire à s'installer en attaque et à rattraper leur retard de tirs (le premier lancer américain ne survenant qu'après huit minutes). La réduction du score intervient donc à un de plus lorsque Robbie Schremp quitte la ligne de fond, repique vers le cercle gauche pour un tir. Rämö s'impose mais le rebond revient sur Mueller devant l'enclave, puis sur Tom Fritsche qui marque en renard le long du poteau. Petit à petit le match tourne en faveur des Américains mais la Finlande tient le choc. Les trois dernières minutes renversent malgré tout complètement le score. La Finlande manque une sortie de zone côté droit le long de la bande, et le palet revient ligne de fond sur Mueller. L'attaquant d'Everett trouve alors Blake Wheeler tout seul devant le but, et le grand pivot, tout juste sorti de prison, ne manque pas l'offrande. La Finlande continue l'indiscipline avec Koistinen dans la dernière minute pour retenir. Tom Fritsche placé au fond revient vers le cercle gauche de Rämö pour servir par une transversale le défenseur Brian Lee. Fixant un défenseur, le joueur de North Dakota place un petit lancer qui trompe Rämö, bien masqué par un attaquant adverse. À onze secondes de la pause, les États-Unis passent devant : 3-2.

Toutefois, la sévérité de l'arbitrage continue à jouer son rôle. D'entrée, la vedette Phil Kessel est prise au piège pour retenir. Aki Seitsonen se charge de remettre les deux équipes à égalité, pour son deuxième but du tournoi, d'un lancer du poignet depuis la ligne bleue. Toutefois la Finlande laisse passer une chance de revenir devant avec une pénalité de Jack Johnson, pénalité que Frazee aide à tuer. Après une série d'allers-retours dans la zone neutre dans un match débridé, Koistinen prend lui aussi deux minutes et les États-Unis se montrent plus efficaces. Phil Kessel fixe la défense côté droit et donne le palet à Bobby Ryan ligne de fond. Le n°2 de la dernière draft NHL glisse tranquillement la rondelle au premier poteau pour le 4-3. Pendant les deux minutes suivantes, les préposés aux prisons connaissent un surcroît d'activité avec quatre sanctions de suite, dont une double contre Komarov. Malgré trois minutes de possession de palet, les Américains ne marquent pas, trouvant malgré tout le poteau à une reprise. La situation éclaircie par plus de discipline, Blake Wheeler conclut son doublé dans la dernière minute. Sur un dégagement, Schremp conserve le palet ligne bleue et lance vers le but depuis la bande. Le tir est dévié par un patin finlandais et revient sur Bobby Ryan à droite, pour une passe immédiate vers le but. Lancé, Blake Wheeler contrôle, fixe et trompe le gardien en un seul mouvement. L'ancienne vedette de football américain en lycée, enfin concentré sur le hockey (tout comme son coéquipier Niskanen) prend deux minutes dans la foulée, mais l'avantage numérique finlandais est annulé sur la mise au jeu par Komarov.

La Finlande ne compte alors que deux buts de retard mais ne parvient plus à vaincre la vigilance d'un Frazee plus concentré et solide sur les nombreuses chances sérieuses en échappée ou surnombre. La période commence à quatre contre quatre, Phil Kessel en profitant pour trouver le poteau sur deux tirs de suite. Le duo des Johnson se montre solide en défense, alors que la vitesse et la puissance des attaquants américains poussent son adversaire à la faute. Rämö doit se multiplier d'autant que Sailio, Laakso et Leinonen se suivent sur le banc, laissant ainsi leur équipe en infériorité six minutes sur les dix premières. Difficile de revenir au score lorsque l'on défend si longtemps. La fatigue des équipes spéciales se fait sentir, et trente secondes après la pénalité de Leinonen, les États-Unis s'échappent. Plusieurs joueurs sont à la lutte sur la ligne de fond et un défenseur voit son dégagement contré par Bobby Ryan. Phill Kessel récolte le palet dans la zone de fond et tente de marquer premier poteau. Rämö sauve mais la rondelle revient sur Kevin Porter dans le slot, pour le 6-3. On se dit que cette fois-ci le sort du match est joué... surtout lorsque la pénalité de Chris Butler ne change rien au score. Pourtant, Lauri Tukonen réduit la marque à moins de cinq minutes de la fin, servi par Leinonen pour une échapée. L'entraîneur finlandais tente le coup de poker en sortant Rämö à deux minutes de la fin du match. Quelques secondes plus tard, Jack Johnson est puni pour faire trébucher et la Finlande se retrouve à six contre quatre. Komarov gagne la mise au jeu et Teemu Laakso lance de la bleue : 6-5, il ne reste qu'une minute douze ! Mais Jeff Frazee se montre intraitable et les États-Unis survivent à cette frayeur pour une victoire à l'arrachée.

Avec quatre points, le favori devrait participer aux phases finales. Pour la Finlande, il faudra rapidement réagir sous peine de se faire surprendre.

Meilleurs joueurs du match : Tom Fritsche pour les États-Unis, Lauri Korpikoski pour la Finlande.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

Commentaires d'après-match :

Walt Kyle (entraîneur des Etats-Unis) : "Nous avons confiance en nos deux gardiens. Jeff [Frazee] a beaucoup d'expérience et je pense qu'il a bien joué. Je suis fier de mes joueurs, car après avoir été mené rapidement, nous avons été capables de revenir. Nous pensions que la Finlande serait très motivée et nous ne nous sommes pas trompés. Je suis allé discuter avec plusieurs joueurs pendant le match car je n'étais pas content de certaines choses. L'important était de rester fidèle à notre jeu."

Jeff Frazee (gardien des États-Unis) : "Il y avait 2-0 et le deuxième but n'était pas terrible, donc je savais que je devais revenir dans le rythme. Parfois je me parle tout seul, en me disant que je ne dois pas coûter le match à mon équipe, pour me reconcentrer. Mon travail est de faire des arrêts difficiles. Je suis toujours fier de jouer pour mon pays et j'en suis désormais à 24 victoires de suite pour les États-Unis, je crois [moins de 18 et 20 ans]. C'est très motivant de porter ce maillot car on ne sait pas si c'est pour la dernière fois ou pas, et vous voulez toujours que la dernière fois soit la meilleure."

Robbie Schremp (attaquant des Etats-Unis) : "[Frazee] a du faire face à des moments difficiles. Il a réussi de gros arrêts et ça aurait pu facilement donner un 8-6 pour la Finlande. Ils en ont marqué 5 mais si vous regardez bien, il n'y a que des beaux buts. Nous avons tous les outils dans notre équipe pour éviter de paniquer. Le 2-0 nous a réveillés et le coach a fait du bon travail pour nous remettre dans le match."

Aki Seitsonen (attaquant de la Finlande) : "Je pense que nous avons été bien meilleurs que lundi face au Canada. Notre jeu avec le palet était meilleur et nous étions plus confiants pour créer du jeu. Nous devons maintenant oublier ces deux matchs et penser aux deux suivants. Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre quatorze pénalités. Il nous faut diminuer ce nombre à trois ou quatre."

États-Unis - Finlande 6-5 (3-2, 2-1, 1-2)

Mercredi 28 décembre 2005 à 20h00 au Pacific Coliseum de Vancouver. 12 209 spectateurs.

Arbitrage de Marcus Vinnerborg (SUE) assisté de Frantisek Kalidova (TCH) et Fredrik Ulriksson (SUE).

Pénalités : États-Unis 20' (4', 10', 6'), Finlande 28' (10', 12', 6').

Tirs : États-Unis 43 (19, 13, 11), Finlande 34 (11, 12, 11).

Évolution du score :

0-1 à 06'21" : Alikoski assisté de Leinonen

0-2 à 08'26" : Korpikoski (inf. num.)

1-2 à 09'42" : Fritsche assisté de Mueller et Schremp (sup. num.)

2-2 à 17'05" : Wheeler assisté de Mueller et Porter

3-2 à 19'49" : Lee assisté de Schremp et Fristche (sup. num.)

3-3 à 21'28" : Seitsonen assisté de Joensuu et Komarov (sup. num.)

4-3 à 28'01" : Ryan assisté de Kessel

5-3 à 39'18" : Wheeler assisté de Ryan et Schremp (sup. num.)

6-3 à 49'59" : Porter assisté de Ryan et Kessel (sup. num.)

6-4 à 55'34" : Tukonen assisté de Leinonen

6-5 à 58'48" : Laakso assisté de Komarov (sup. num.)

Gardien : Jeff Frazee.

Défenseurs : Jack Johnson - Erik Johnson ; Taylor Chorney - Brian Lee ; Chris Butler - Matt Niskanen ; Mark Mitera.

Attaquants : Phil Kessel - Kevin Porter - Chris Bourque ; Nathan Davis - Geoff Paukovich - Bobby Ryan ; TJ Oshie - Nathan Gerbe - Jack Skille ; Peter Mueller - Blake Wheeler - Robbie Schremp ; Tom Fristche.

Remplaçant : Cory Schneider (G).

Gardien : Karri Rämö.

Défenseurs : Matti Koistinen - Erkka Leppänen ; Juho Jokinen - Tommi Leinonen ; Teemu Laakso - Timo Seppänen ; Risto Korhonen.

Attaquants : Tomas Sinisalo - Petteri Wirtanen - Jari Sailio ; Leo Komarov - Jesse Joensuu - Lauri Korpikoski ; Lauri Tukonen - Perttu Lindgren - Aki Seitsonen ; Mikko Alikoski - Mikko Lehtonen - Janne Kolehmainen ; Henri Heino.

Remplaçant : Tuukka Rask (G).

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