Finlande - Canada (26 décembre 2005)

 

Championnats du monde des moins de 20 ans 2006, premier tour, groupe A.

Le match d'ouverture s'annonce déjà difficile pour le tenant du titre. À domicile, le Canada espère la passe de deux, comme en 1996-1997, mais le changement de génération rend la tâche plus compliquée.

Après avoir survolé l'édition 2005 avec une génération exceptionnelle, il faut en effet tourner la page. Un seul joueur champion 2005 est ainsi de retour, le défenseur Cam Barker, qui avait manqué la moitié du tournoi l'an passé, victime d'une mononucléose. Le camp d'entraînement s'est révélé assez ouvert, du moins en attaque. Dans les cages, le calme Justin Pogge s'est rapidement imposé comme le n°1 et espère confirmer sur cette rencontre ses prédispositions. La défense est elle aussi solide avec l'accent mis sur les duos de club : Barker et Kris Russell (Medicine Hat), Luc Bourdon et Kris Letang (Val-d'Or), rejoints par un duo de l'Ontario, Marc Staal et Ryan Parent, capitaine de l'équipe des 18 ans médaillée d'argent au printemps dernier. L'universitaire Sasha Pokulok a évincé au dernier moment Logan Stephenson, retourné chez lui deux jours avant le début du tournoi, pour la place de septième défenseur. L'attaque tournera surtout autour du trio Pouliot-Blunden-Toews, avec des attaquants rapides comme Cogliano ou Bolland et plus physiques comme Comeau et Boyd. La ligne rugueuse de Downey, O'Marra et Chipchura sera chargée d'appuyer les mises en échec.

Côté finlandais, l'objectif majeur sera de retrouver le carré final que l'équipe avait quitté l'an passé. Une mission difficile pour un pays habitué des grandes compétitions mais qui semble toujours avoir autant de mal à marquer des buts. Le système défensif et l'impact physique est généralement présent, et les performances des gardiens jouent toujours un rôle crucial. Tuukka Rask sera ainsi l'homme clé de la formation nordique : le premier match est alors particulièrement intéressant pour les Toronto Maple Leafs qui verront s'opposer les deux meilleurs jeunes gardiens repêchés par leur organisation, Pogge et Rask... La défense aura pour patron Teemu Laakso, alors que l'attaque est privée de Petteri Nokelainen, retenu par les Islanders de New York en NHL. Ils comptent malgré tout sur Lauri Tukonen, qui joue en AHL, et sur Seitsonen (Ligue junior majeur de l'ouest) : leur habitude des glaces nord-américaines (ainsi que Tomas Sinisalo, fils de l'ancien joueur des Flyers de Philadelphie) pourrait se révéler un atout précieux pour la Finlande. L'attraction Jesse Joensuu, candidat au top-10 de la draft NHL 2006, attirera aussi les yeux des nombreux recruteurs présents, alors que Perttu Lindgren et Lauri Korpikoski apparaissent comme les meneurs offensifs de l'équipe.

C'est donc devant une patinoire comble que les joueurs à la feuille d'érable font leur entrée. 16 083 spectateurs au Pacific Coliseum, qui compte 16 878 places, autant dire que la décision de donner au Canada l'organisation tous les trois ans n'est finalement pas usurpée compte tenu du succès populaire de l'évènement ! La jeune équipe canadienne commence le match de manière concentrée mais peine malgré tout à se mettre en route. Une sévère mise en échec de Michael Blunden sur Matti Koistonen après vingt-deux secondes démontre les intentions canadiennes, mais offre une première supériorité aux Nordiques. Après avoir tué la pénalité, le Canada s'échappe en trois contre un et place Rask hors de position, mais Kris Russell envoie son tir du revers hors cadre. Les deux équipes apparaissent nerveuses : la pression canadienne à l'échec-avant met en danger l'arrière-garde finlandaise qui souffre à la relance. Sutter fait tourner ses lignes et ses combinaisons (utilisant ainsi quatre duos d'attaquants en infériorité numérique) avant de les fixer pour le reste du match, démontrant ainsi qu'il compte utiliser tout son banc. Malgré tout, la première pénalité ne permet pas aux locaux de se mettre en place avec un seul tir à leur actif. Le Canada prend peu à peu l'ascendant pour finir par ouvrir logiquement le score après dix minutes seulement. La deuxième pénalité consécutive de Tommi Leinonen est fatale lorsque Dustin Boyd trouve l'ouverture. Cogliano envoie Downie par une passe lobée vers la ligne de fond, sur la gauche de Rask. L'attaquant de l'Ontario envoie la rondelle dans le trafic vers Boyd qui pousse le palet au fond côté crosse, poussé dans le dos par un Jokinen frustré au point de briser sa crosse sur la glace. Les hommes de Brent Sutter ne relâchent pas l'étreinte et leur pressing ne faiblit pas. Profitant d'une glace un peu dure, Blake Comeau transforme par un tir en hauteur la domination canadienne cinq minutes plus tard, en récoltant un palet perdu sur une erreur de Mikko Lehtonen. La première période place déjà le tenant du titre en bonne position. Pogge se montre comme prévu plein de calme, habitué à ne pas subir beaucoup de tirs avec les Calgary Hitmen. Son jeu à la crosse, comparé à celui de Martin Brodeur, a également fait merveille.

À peine le temps de se relancer que Jonathan Toews écope de deux minutes. Mais Boyd se crée une occasion en infériorité, volant le palet à Seppanen ligne bleue défensive pour une échappée sauvée par Rask. Il obtient sur l'action une pénalité contre Teemu Laakso. Revenue en supériorité numérique pour une minute la formation canadienne ne manque pas l'occasion. Pouliot et Bourdon combinent et c'est Dave Bolland qui conclut d'un tir puissant, dévié par un défenseur et mal joué du gant par Rask. Le buteur des London Knights, meilleur marqueur de la ligue de l'Ontario, signe ainsi son entrée dans le tournoi après avoir manqué de peu la sélection l'an dernier. Toujours dominés, les Finlandais ne profitent pas du quatre-contre-quatre puis d'une courte période d'avantage numérique après les pénalités de Leo Komarov puis de Benoît Pouliot. Ce sont à l'inverse les Canadiens qui font à nouveau mouche par Dustin Boyd. Le joueur de Moose Jaw, qui n'avait jamais représenté le Canada dans les catégories de jeunes, démontre son importance en réalisant un doublé, plongeant avant Henri Heino pour pousser au fond un rebond d'un tir de Russell sur le poteau. À l'origine de l'action, une mise en échec de Downie sur Jokinen dans le coin avait libéré le palet. Le reste de la partie se joue sur le même rythme et l'on voit mal la Finlande revenir au score. Le Canada a pris confiance dès le troisième but et la puissance physique fait la différence, permettant une pression accrue sur Rask.

La troisième période confirme cette impression. Une série de pénalités donne l'occasion aux équipes spéciales de s'illustrer et à ce petit jeu c'est la Finlande qui sauve l'honneur. Pouliot sort deux minutes et Laakso trouve la barre. L'agitateur Steve Downie, qui avait fait les gros titres des journaux pour une affaire de bizutage qui avait mal tourné, prend à son tour deux minutes pour faire trébucher et les Nordiques trompent enfin Pogge après avoir trouvé le poteau par Juho Jokinen. Jusque là le gardien canadien, peu inquiété, avait fait son travail en s'imposant lorsqu'il était masqué et en couvrant les angles, mais il ne peut rien sur le tir d'Aki Seitsonen. Le joueur de Prince Albert trouve la faille à douze minutes de la fin sur un tir de loin ras glace. L'indiscipline de ses coéquipiers prive malgré tout le public de suspense avec deux infériorités de suite à tuer. De plus, Tukonen doit quitter le match, blessé au bras sur une charge de Latendresse... Le capitaine exemplaire Kyle Chipchura scelle définitivement le match à six minutes de la sirène en transformant le rebond consécutif à une percée spectaculaire de Cogliano, avant que la rencontre ne tourne un peu au vinaigre avec quelques provocations et frustration de part et d'autre.

Qu'importe, le Canada a réussi son entrée, avec un jeu ultra-physique et s'imposant dans tous les duels. Pour la Finlande, il faudra viser la deuxième place du groupe... mais avec la présence des États-Unis, grands favoris, la mission s'annonce décidément compliquée... Il faudra aussi aider beaucoup plus le malheureux Rask, et briser le siège devant son but.

Désigné meilleurs joueurs du match : Dustin Boyd pour le Canada, Aki Seitsonen pour la Finlande.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match :

Brent Sutter (entraîneur du Canada) : "C'est instinctif : quand vous avez quelque buts d'avance vous commencez à chercher le spectacle et sortir du plan de jeu, mais globalement ce fut assez bref ce soir. Nous avons porté le palet devant. Nous avons fait ce qu'il fallait dans les coins, cadré nos tirs, et ce qui a été le plus impressionnant, ce sont les 17 tirs seulement contre nous, et ce contre une très bonne équipe. Nous devions jouer notre jeu. Nous savons que ces matchs contre la Finlande offrent un jeu très nord-américain, car les Finlandais sont physiques. Nous savions que nous devions contrer cela et aller au-delà."

David Bolland (attaquant du Canada) : "Nous ne sommes pas l'équipe de l'an dernier, il n'y aura rien de spectaculaire à voir. Cela s'est bien passé, tout le monde a participé et il n'y a pas d'individualités."

Hannu Aravirta (entraîneur de la Finlande) : "Le Canada est très fort en défense, notamment à l'échec-avant... Nous avons eu des difficultés avec la première passe sous cette pression. Ils sont très bien organisés sur toutes les phases de jeu : cinq-contre-cinq, attaque, défense, avantage numérique. Le tournoi continue et nous allons apprendre de nos erreurs. Je suis sûr que nous serons prêts mercredi face aux États-Unis."

Aki Seitsonen (attaquant de la Finlande) : "Nous savions que le Canada serait efficace en supériorité, comme ils l'ont fait lors des matchs exhibition. C'est inacceptable de notre part."

Tuukka Rask (gardien de la Finlande) : "C'était un match difficile pour moi. Ils ont fait de bonnes passes pour me faire bouger et sont arrivés avec beaucoup de vitesse."

 

Finlande - Canada 1-5 (0-2, 0-2, 1-1)

Lundi 26 décembre 2005 à 16h00 au Pacific Coliseum de Vancouver. 16083 spectateurs.

Arbitrage de Milan Minar (TCH) assisté de Frantisek Kalidova (TCH) et Miroslav Valach (SVK).

Pénalités : Finlande 28' (4', 4', 10'+10'), Canada 18' (4', 6', 8').

Tirs : Finlande 17 (8, 5, 4), Canada 31 (7, 11, 13).

Évolution du score :

0-1 à 10'23" : Boyd assisté de Downie et Cogliano (sup. num.)

0-2 à 15'52" : Comeau assisté de O'Marra

0-3 à 23'17" : Bolland assisté de Bourdon et Pouliot (sup. num.)

0-4 à 34'24" : Boyd assisté de Russell et Comeau

1-4 à 48'49" : Seitsonen assisté de Jokinen et Korpikoski (sup. num.)

1-5 à 54'03" : Chipchura assisté de Cogliano et Bourdon

 

Canada

Gardien : Justin Pogge.

Défenseurs : Marc Staal - Ryan Parent ; Kris Russell - Cameron Barker ; Luc Bourdon - Kristopher Letang ; Sasha Pokulok.

Attaquants : Michael Blunden - Jonathan Toews - Benoit Pouliot ; Blake Comeau - Dustin Boyd - Guillaume Latendresse ; Kyle Chipchura - Andrew Cogliano - David Bolland ; Steve Downie - Daniel Bertram - Ryan O'Marra ; Tommy Pyatt.

Remplaçant : Devan Dubnyk (G).

Finlande

Gardien : Tuukka Rask.

Défenseurs : Matti Koistinen - Erkka Leppänen ; Juho Jokinen - Tommi Leinonen ; Teemu Laakso - Risto Korhonen ; Timo Seppänen.

Attaquants : Janne Kolehmainen - Petteri Wirtanen - Jari Sailio ; Leo Komarov - Jesse Joensuu - Lauri Korpikoski ; Lauri Tukonen - Perttu Lindgren - Aki Seitsonen ; Mikko Alikoski - Mikko Lehtonen - Tomas Sinisalo ; Henri Heino.

Remplaçant : Karri Rämö (G).

 

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