Nice - Amiens II (22 octobre 2005)

 

Match comptant pour la cinquième journée de division 2, poule est.

Une affiche, ce soir, à la patinoire Jean-Bouin : l'équipe de Nice accueille la réserve d'Amiens avec pour enjeu la première place de la poule est dans ce championnat D2. Pour l'heure, les Aigles occupent cette position flatteuse, mais une défaite et tout serait déjà remis en cause. Il va falloir cravacher pour dompter cette équipe picarde, en quête de rédemption après avoir concédé la défaite sur sa glace face à Chambéry la semaine dernière (2-4). Nice a aussi quelque chose à se faire pardonner, en l'occurrence une sortie très moyenne à Boulogne, conclue sur un score nul (3-3).

Le début de match est équilibré et, comme souvent à Nice, c'est la première ligne locale qui amène le danger en zone adverse. Quand Pascal Margerit et les frères Laplace ne sont plus sur la glace, tout se complique, et on va jouer dans le camp niçois. Le jeu passe ainsi alternativement de la gauche à la droite de la table de marque, sans que les gardiens soient vraiment sollicités. À gauche, les Picards ont choisi de miser sur Antoine Loriot. Du côté droit, les Azuréens, eux, parient sur leur muraille suédoise Christian Carlsson. Le géant scandinave est concentré  : pour preuve, il ne tremble pas sur un jeu tout en finesse conduit par Geoffrey Paillet. Son vis-à-vis n'est pas mal non plus et s'interpose brillamment sur un bon slap d'Aurélien Frasier. Et ça repart pour un tour : une occase amiénoise signée Antoine Cagnart, suivie immédiatement d'un bon palet d'Yves Cruz pour Christophe Perez. Au final, ça fait toujours 0-0, mais on sent que ça peut vite changer, surtout quand Anthony Miramond inaugure le banc des prisons (3'18). Le jeu de puissance picard manque de réalisme et il est finalement vite contré. Julien Maréchal réclame le puck plein centre, mais personne ne lui donne. Pas plus de succès en jeu collectif. Nice se dégage et la pénalité est tuée sans grande difficulté. Revenus à cinq, les Aigles exercent un très haut pressing sur la cage adverse. C'est des lignes arrières que vient la concrétisation de cet effort collectif, sur un joli but de Tomas Banas (1-0 à 6'42). Amiens n'en revient pas. Coup sur coup, deux grosses occasions niçoises montrent que les locaux ont pris le jeu à leur compte. Le contre est manqué par Cédric Jalet, puis Damien Laplace est trop court pour reprendre une passe en or de Pascal Margerit. Qu'importe : Nice creuse l'écart sur une belle action collective de sa deuxième ligne, concrétisée par Aurélien Frasier (2-0 à 9'20). Les joueurs de Peter Almasy ont passé la seconde.

Un petit soubresaut dans le moteur ? Oui, car Anthony Miramond, pourtant assis sur la glace, est une nouvelle fois sanctionné. Logiquement, Amiens tente sa chance, mais s'il faut reconnaître que ça bataille dur le long de la bande, les Gothiques ne se montrent pas particulièrement dangereux. Seul Julien Maréchal, assez dynamique ce soir, tente quelque chose, une action sur son côté droit qui ne surprend pas Christian Carlsson. Signe qu'Amiens n'est pas rassuré, le gardien picard temporise devant Yves Cruz parti seul au pressing et prend tout son temps pour relancer ses coéquipiers. Nice continue de se créer les plus grosses occasions et s'offre un break encore plus conséquent grâce à la vista de son capitaine Pascal Margerit (3-0 à 12'47). Stupeur sur la patinoire Jean-Bouin : on attendait mieux, beaucoup mieux, des joueurs adverses. Comble de la déveine pour les visiteurs : leur gardien se blesse et doit céder sa place. L'entrée en jeu de Sylvain Mestivier s'effectue alors qu'une pénalité simultanée est appelée contre les deux équipes. Le nouveau gardien des Gothiques joue parfaitement toute cette période à quatre contre quatre mais, sitôt qu'elle s'achève, encaisse un nouveau but solitaire d'Aurélien Frasier (4-0 à 16'29). C'est dur, très dur, pour les Amiénois. Leur réponse n'est pour le moment que rugueuse : une nouvelle prison vers laquelle se dirige Arnaud Grossemy. Le jeu de puissance niçois s'installe parfaitement bien, et il faut une minute à la défense des réservistes picards pour se dégager. Mêmes difficultés dans la deuxième minute, mais tout de même le (petit) signe d'une possible révolte. Parti en contre, Vittorio Wiotte reçoit un bon palet de Julien Maréchal, mais ne peut conclure. On en reste donc, pour le moment, à ce score très favorable aux Niçois.

À la reprise, le palet repart dans les crosses picardes, mais il n'y reste pas. Sur un bon service de Damien Laplace, Tomas Banas est tout près de marquer. Le deuxième essai du défenseur slovaque de Nice n'est pas plus fructueux. Amiens est vite acculé dans son camp au point de concéder un dégagement interdit dès la première minute et une pénalité à la deuxième. Entre ces deux faits de match, Aurélien Frasier passe tout près d'un premier triplé à Nice... En infériorité, les Gothiques ne savent plus où donner de la tête, à tel point que Manuel Eloy est à son tour averti (23'07). Nice combine bien, presse haut, mais, malgré un bon tir du revers de Romain Laplace, ne trouve plus l'ouverture. Son adversaire est vraiment débordé, mais Sylvain Mestivier sauve l'essentiel : l'inviolabilité de ses cages. La première pénalité est tuée, la seconde aussi. Cruel revers de fortune : c'est quand ils sont de nouveau à forces égales que les Picards encaissent un nouveau but, sur un missile de Marcus "Big Mac" Lindholm (5-0 à 25'14). Ce n'est pas vraiment immérité, mais c'est en revanche franchement cruel : alors, profitant à son tour d'une supériorité, Julien Maréchal met un peu de baume au cœur de ses coéquipiers en sauvant l'honneur (5-1 à 27'29). Masqué au départ de l'action, Christian Carlsson ne fêtera pas ce soir son premier blanchissage sous le maillot des Aigles. Rien de bien gênant pour ses partenaires, qui reprennent leur marche en avant, à peine contrariée par une pénalité appelée contre Pascal Margerit.

Sous les yeux de son père, le capitaine azuréen laisse ses partenaires se débrouiller à quatre, ce qu'ils font plutôt bien malgré un bon tir de Vittorio Wiotte. Geoffrey Paillet tient lui aussi une occasion de réduire le score, mais il ne parvient pas à cadrer (30'41). Sur un jeu toute en percussion d'Anthony Miramond, Manuel Eloy retourne en prison pour charge avec la crosse. Les Niçois donnent alors une leçon de réalisme offensif à leurs infortunés adversaires, puisque il leur suffit de vingt-cinq secondes pour marquer, grâce au tir longue distance de Martin Dubaj (6-1 à 31'35). Les Gothiques prennent un coup sur le casque et, après un bonne passe de Mikael Thoren pour Petter Krantz, leurs impitoyables rivaux trouvent encore une fois l'ouverture sur une merveille de tir de Christophe Perez (7-1 à 32'52). Les trois buts niçois dans cette période ont tous été marqués par des défenseurs ! Julien Maréchal, lui, est attaquant, et, véloce, il s'essaye une nouvelle fois au slap : peine perdue, car Christian Carlsson est toujours là pour contrer les rares occasions picardes. Du coup, Amiens s'énerve un peu et la crosse de Sébastien Bourdelle paraît un peu trop haute au goût du corps arbitral. Recroquevillés en défense, les Gothiques sont parfois à la limite de la légalité, mais tiennent finalement le coup. Les diverses fautes des derniers instants envoient leurs protagonistes en prison : Cruz et Eloy d'abord, Perez ensuite. La fin du tiers tombe à pic pour calmer les esprits.

7-1 en début de tiers, ce n'est pas faire injure aux Picards de penser que Nice a partie gagnée. Les Aigles doivent maintenant soigner leur différence de buts, et ils ont d'abord une grosse minute à jouer en infériorité pour cela. Mission accomplie, même si le jeu reste dans leur zone une fois les deux équipes revenues à égalité de forces. Petter Krantz concède même un dégagement interdit. Yves Cruz, virevoltant ce soir, décide de ramener le danger de l'autre côté de la patinoire, et il le fait bien, servant idéalement Romain Laplace qui ne peut convertir l'offrande de son coéquipier. Aurélien Frasier, lui, tente sa chance pour ce fameux coup du chapeau, mais est repris de justesse par la défense picarde. L'arrière-garde amiénoise est sur des charbons ardents. Pour preuve, elle fait faute, justifiant l'appel d'une pénalité... Pénalité différée, en fait, qui profite au jeune Pierre Carreton, qui exploite en vieux renard une belle action de Michael Thoren pour son deuxième but avec les seniors (8-1 à 43'58). Huit buts, sept buteurs différents : mais où s'arrêteront donc les Niçois ? Pas à cette statistique flatteuse apparemment. Sur une nouvelle infériorité des Gothiques, il faut tout le culot d'Antoine Cagnart, couché sur la glace, pour couper une belle passe d'Yves Cruz pour Anthony Miramond. Le numéro 8 de Nice enchaîne sur un festival, à destination cette fois de son pote Cédric Jalet, lequel ne parvient toutefois pas à faire mouche. C'est au tour de Marcus Lindholm d'aller faire un tour en prison. Amiens n'en profite pas et, pire, ramène les deux équipes à égalité numérique sur une nouvelle faute du capitaine Manuel Eloy. Erreur fatale : très volontaire depuis le début du match, Damien Laplace est en effet récompensé de ses efforts et marque son premier but de la saison (9-1 à 47'21). Le jeu se fait un peu rugueux dans la zone niçoise, avec beaucoup de bruit dans les rambardes. Beaucoup de bruit pour rien, comme dirait l'autre, et le tableau d'affichage reste le même.

Peter Almasy profite de l'aubaine pour lancer ses jeunes pousses, et on voit ainsi monter Damien Richard, sans qu'il y ait à redire. En face, Stéphane Berton peut enfin se féliciter de voir ses joueurs reprendre du poil de la bête. Alors qu'ils n'ont plus rien à gagner, les Picards refont doucement surface et font jeu égal avec les Niçois. Ils ne sont même pas loin d'inscrire un but sur un joli tir d'Augustin Gillardin. Pour l'heure, le meilleur joueur azuréen s'appelle Yves Cruz : l'ancien Villardien est partout, tente beaucoup, mais malheureusement sans réussite. Les autres Aigles, un peu nonchalants, laissent Amiens contrer, et il faut toute la vigilance de Christian Carlsson pour conserver l'écart sur une action picarde plein axe (51'19). Entre petits règlements de compte et fautes sans grande gravité, ces dix dernières minutes sont hachées par les pénalités. On s'endort un peu. Boum ! Le réveil vient d'un dégagement énorme de Tomas Banas, dont le palet heurte violemment le plexiglas de la table de marque. Là encore, du bruit, mais rien d'autre, si ce n'est un sourire sur le visage du défenseur niçois (52'29). Le dixième but des Aigles ? Mikael Thoren est à deux doigts de le marquer, mais son dernier tir échoue dans le petit filet. Amiens réplique par Manuel Eloy, qui reprend dans de bonnes conditions un palet égaré par son coéquipier Christopher Teixeira. Julien Maréchal est sans doute le meilleur des Amiénois ce soir : rapide, très rapide, l'attaquant fait le tour de la cage, mais il est finalement trop loin pour marquer. Sur une nouvelle pénalité, les Gothiques organisent correctement leur jeu de puissance, mais tournent un peu à vide, malgré deux occasions signées Cyril Boubé. Un peu trop individuels parfois, les Picards laissent leurs hôtes revenir à cinq sur la glace. Boubé - encore lui - manque une occasion de contre. Damien Laplace prend la dernière pénalité du match. Le score en reste là, malgré une nouvelle percée de Julien Maréchal, relayée par Geoffrey Paillet à destination d'Arnaud Grossemy.

Le match en quelques mots ? Une promenade de santé à deux pas de la Promenade des Anglais. Les Niçois peuvent désormais se préparer sereinement à leur prochaine rencontre. Mercredi, en Coupe de France, c'est bien en leaders invaincus de la poule est de D2 qu'ils joueront un match de gala face aux Ours de Villard-de-Lans.

Compte-rendu signé Martin de Kerimel

 

Commentaires d'après-match

Michael Medioni (président de Nice) : "Je suis un président heureux ce soir. On a joué contre une bonne équipe, jeune, et qui patine beaucoup. Après notre match à Boulogne, cette victoire rassure tout le monde. Je suis satisfait. Je m'attendais à ce que ce soit plus difficile, à ce que le score soit plus serré. On a beaucoup de réussite ce soir, il faut espérer que ça continue. Je suis très content de l'état d'esprit manifesté, on a retrouvé l'envie, la motivation pour gagner. Mention spéciale pour Yves Cruz, qui s'est montré très en jambes. Contre Villard, j'y crois, bien sûr. Les joueurs aussi. Si on n'y croit pas, ça ne sert à rien de se présenter. On n'aura rien à perdre, de toute manière."

Pascal Margerit (capitaine de Nice) : "Je m'attendais à un match physique et rapide, et c'est ce qui s'est passé au début. On a été opportuniste. Contre Boulogne, la semaine dernière, on se crée au moins autant d'occasions, mais on ne les met pas au fond. Ce premier tiers leur a coupé les pattes. Si on est réaliste comme ça tous les week-ends, on peut battre tout le monde, même Villard mercredi (rires). Ce soir, les attaquants étaient hot, et Christian sort les rares occasions qu'Amiens se crée. Si nous sommes relancés ? En fait, on ne s'est pas arrêté à Boulogne, on ne peut pas enchaîner six ou sept bons matchs comme ça. Il n'y avait pas de problème à Nice. Faire match nul à Boulogne nous a servi de leçon, et basta !"

Stéphane Berton (entraîneur d'Amiens) : "C'était dur, défensivement. On savait qu'on allait affronter une grosse équipe et on a subi le match. Il n'y a que des juniors dans notre équipe, et seulement des Français. On a un groupe qui va essayer de progresser et qui peut apprendre de matchs comme celui-là. C'est intéressant de se tester contre des clubs comme Nice. À la fin du deuxième tiers, j'ai dit à mes joueurs d'essayer de faire une bonne troisième période, et c'est ce qu'ils ont fait. On a fait jeu égal, au final. On va maintenant essayer de se rattraper en coupe, et on a ensuite un match très important contre Reims la semaine prochaine. Notre objectif reste de nous qualifier. Il y a la possibilité de faire quelque chose si tout le monde va dans le même sens. J'avais simplement un joueur blessé, presque toute l'équipe de D2 est là ce soir. On est là pour former les joueurs qui joueront peut-être un jour en élite. On va essayer de faire du mieux possible pour ça."

Christopher Teixeira (attaquant d'Amiens) : "C'était un déplacement difficile, ce n'est jamais évident de faire 1 200 km pour jouer un match. On était très fatigué. Il nous reste du boulot à accomplir cette saison. Nous n'avons pas fait notre travail ce soir, ni collectivement ni individuellement. On savait que Nice avait une grosse équipe, avec pas mal d'étrangers. On s'attendait à un gros match. On n'a pas su jouer notre jeu. On était assez frustré d'être menés si vite, alors on a voulu revenir, et on n'a pas su se mettre à l'abri, on s'est exposé aux contres. Ensuite, notre moral a coulé. On a pourtant relevé la tête dans le troisième tiers. On va jouer une D1 en Coupe de France, donc une équipe plus expérimentée que nous, mais on n'a l'habitude de ce genre de rencontres. Il y a deux ans, on avait joué Dunkerque, club d'élite, et ça avait fait 4-3. Tout est possible, tout est jouable. On aura pour objectif de gagner. On joue trois matchs en sept jours, c'est difficile mais il va falloir se rattraper. On va avoir à cœur de se relancer, car on vise le milieu de tableau."

 

Nice - Amiens II 9-1 (4-0, 3-1, 2-0)

Samedi 22 octobre 2005 à 19h15 à la patinoire Jean-Bouin.

Arbitrage de Philippe Emerit et Bruno Colleoni.

Pénalités : Nice 24' (6', 8', 10'), Amiens 22' (4', 10', 8').

Évolution du score :

1-0 à 06'42" : Banas assisté de Krantz et Frasier

2-0 à 09'20" : Frasier

3-0 à 12'47" : Margerit assisté de R. Laplace et Perez

4-0 à 16'29" : Frasier

5-0 à 25'14" : Lindholm assisté de Krantz

5-1 à 27'29" : J. Maréchal assisté de Gillardin (sup. num.)

6-1 à 31'35" : Dubaj assisté de R. Laplace et Margerit (sup. num.)

7-1 à 32'52" : Perez assisté de Miramond

8-1 à 43'58" : Carreton assisté de Thoren

9-1 à 47'21" : D. Laplace assisté de R. Laplace et Cruz

 

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