ACBB - Nice (15 octobre 2005)

 

Match comptant pour la quatrième journée de division 2, poule est.

Un vrai enjeu plane ce soir sur le match programmé à la patinoire de Boulogne-Billancourt. L'équipe locale, après un bon début de saison marqué par deux victoires, a lourdement chuté la semaine dernière à Chambéry. Quant à son adversaire, le Nice Hockey Côte d'Azur, il joue pour conserver la tête de la poule. Le vainqueur de la rencontre pourra donc aborder l'avenir avec un peu plus de sérénité.

D'emblée, ce sont les visiteurs qui mettent la pression sur la cage adverse. Leur première ligne s'active et sème le trouble, notamment sur une belle feinte de tir du capitaine Pascal Margerit, qui ne shoote pourtant pas. Dans la foulée, c'est l'attaquant suédois Mikael Thoren, à la réception d'une belle passe de son compatriote défenseur Marcus Lindholm, qui manque d'ouvrir le score. Et la troisième ligne ? Elle s'applique aussi, à l'image de ce joli jeu d'Anthony Miramond à destination de Pierre Carreton. L'ACBB laisse passer l'orage et procède en contre avec un premier avertissement sérieux lancé du côté droit par Thomas Lhomme. Le tir du jeune attaquant francilien est néanmoins bien capté par Clément Lebas (1'42). Une occasion niçoise plus loin, c'est ensuite au tour de Raphaël Ostre de s'illustrer, avant d'être repris de justesse par Martin Dubaj. Les Azuréens, vainqueurs ici même sur un score fleuve l'an passé (14-1), ne sont pas ridicules, mais ont droit à un accueil plus sérieux, plus musclé. Les Boulonnais sont loin de leur dérouler leur tapis rouge et, même à genoux sur la glace, Charles-Henri Odin tente de marquer. Un jeu opiniâtre qui ne paye pas pour l'instant. Du coup, Pascal Margerit se décide à remettre de l'ordre dans la maison niçoise, et prend un bon tir, masqué par William Gillot. Le défenseur fait faute et laisse ses coéquipiers à quatre. Curieusement, les hommes de Peter Almasy s'emmêlent les patins et manquent même de se faire surprendre en contre par les rapides Nam Duong et Raphaël Ostre. La pénalité est tuée sans grande difficulté, malgré un bon slap de Christophe Perez... contré par la défense locale. Trop, c'est trop : les frères Laplace en ont assez d'être malmenés. Damien d'abord, Romain ensuite, sous les yeux de leurs parents, les Aigles jumeaux cherchent à s'envoler, mais le score reste cloué au sol (8'00). Pascal Margerit imite ses jeunes coéquipiers de ligne, mais, après avoir effacé un défenseur adverse, bute sur Thierry Lallemand.

Décidément, le jeu offensif des Niçois est bien stérile, ce soir. Une nouvelle supériorité azuréenne n'apporte pas grand frisson au maigre public boulonnais. Le jeu tout en patinage le long des balustrades glisse d'un camp à l'autre sans que les gardiens ne tremblent vraiment. Jusqu'à présent, les fautes sont boulonnaises, mais Nice n'en profite pas. Même physionomie quand Thomas Lhomme rejoint le banc de la prison pour avoir retenu un attaquant adverse. La résistance francilienne va tout de même finir par céder. Après quelques dribbles bien sentis, Romain Laplace convertit finalement une passe de son frère pour l'ouverture du score (0-1 à 14'20). Ce but va-t-il réveiller les Azuréens ? En fait, pas vraiment, puisqu'après une bonne action de Petter Krantz, c'est finalement Warren Demirdjian qui se crée la meilleure occasion pour marquer et du même coup égaliser. Le 1-1 est une nouvelle fois tout proche sur un énième contre mené par Antony Becaglia. Pas étonnant dès lors que le jeu se durcisse quelque peu, au point que Pascal Margerit et Olivier Raby sont priés d'aller se calmer en prison (16'41). Attention, les Niçois : les Boulonnais n'ont rien à vous envier en terme de patinage. Voilà un rappel à l'ordre quasi immédiat quand un gros shoot de Bruno Chevalier est repris victorieusement par Raphaël Ostre (1-1 à 17'40). La réponse ? Rien d'enthousiasmant. Nice est fébrile et se distingue négativement, par une mauvaise charge de son défenseur slovaque Tomas Banas. Un shoot immédiat, et c'est tout : Boulogne ne fait franchement rien de très intéressant de sa supériorité. Et le tiers s'achève logiquement sur un score de parité.

À la reprise, encore une fois, le jeu repart à l'avantage des Niçois, qui s'offrent une nouvelle occasion par Romain Laplace, bien trop proche toutefois de la cage de Thierry Lallemand pour tromper sa vigilance. Boulogne s'essaye de nouveau au contre, mais Raphaël Ostre n'a pas plus de réussite à ce petit jeu que lors de ses précédentes tentatives. Dans les cinq premières minutes, le jeu est finalement équilibré, les deux équipes se rendant coup pour coup, au sens propre comme au sens figuré. La solution viendrait-elle une nouvelle fois d'une supériorité numérique ? Bingo ! C'est en effet sur un jeu de puissance que Hannes Jonsson, après un bon relais de Marcus Lindholm et Pascal Margerit, trouve l'ouverture (1-2 à 25'50). Les Boulonnais ne s'y attendaient pas et accusent le coup au point d'encaisser un nouveau but dans la foulée, conclu à l'issue d'une belle feinte par Aurélien Frasier (1-3 à 26'20). Deux buts en trente secondes, voilà une fort mauvaise entame de deuxième période pour les Franciliens. Pas parisienne, mais presque, l'équipe d'Éric Lamoureux plie mais ne rompt pas. Nice s'installe dans son camp, mais paradoxalement, c'est bien Clément Lebas qui doit geler le palet le plus chaud. Tomas Banas veut pourtant encore faire fructifier l'avance de son équipe, et s'y emploie en tirant... sur le poteau (sortant). Le défenseur slovaque est au four et au moulin, puisque c'est également lui qui reprend Raphaël Ostre, une nouvelle fois parti porter le danger sur la cage adverse à la réception d'une longue passe.

C'est alors que survient un des tournants du match. Une nouvelle fois pris au piège du contre, la défense niçoise laisse son gardien seul devant l'attaquant adverse. Contraint de sortir loin de ses bases, Clément Lebas fait faute et se voit sanctionner de dix minutes de méconduite. Sanction plus modérée pour son vis-à-vis, séché par le cerbère azuréen, mais coupable tout de même d'une charge incorrecte. Il y a de l'électricité dans l'air. Énervé sur le coup, Christophe Perez commet à son tour un mauvais geste et rejoint la prison pour deux minutes. Tout va très vite. Sur l'engagement, Nam Duong gratte le palet, le transmet à son ailier Thomas Lhomme, qui l'offre au défenseur Charles-Henri Odin. En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, la rondelle est au fond des filets visiteurs (2-3 à 32'21). Coaching immédiat de Peter Almasy : changement de gardien, Clément Lebas sort de la glace au profit de Christian Carlsson. Dix secondes plus tard, le buteur semble faire faute, mais c'est un de ses coéquipiers qui retrouve la prison. Nice joue encore une fois en supériorité, en double supériorité même, quand Nam Duong rejoint Florian Segura du côté des punis (33'34). C'est probablement le deuxième tournant du match : à cinq contre trois, puis à cinq contre quatre, les Aigles se brisent les ailes sur la défense adverse, pas forcément très inspirée, mais finalement plutôt solide. L'énervement des Niçois est tangible, et les pénalités continuent de pleuvoir, sur Yves Cruz et Anthony Miramond d'abord. La table de marque en perd son latin et indique double prison pour le numéro 8 niçois. C'est évidemment une erreur, sans conséquence malheureuse pour l'intéressé. Son équipe, elle, peine, et même quand Frédéric Le Berre est repris par la patrouille (39'00), une drôle de pénalité appelée contre Pascal Margerit ramène les deux formations à égalité numérique (39'23). Les Azuréens n'en laissent pas moins passer un énième bon coup, quand Marcus Lindholm profite d'une mauvaise relance pour servir Mikael Thoren. Pas de but finalement, on en reste donc à un score de 3-2 pour les visiteurs quand sonne la deuxième pause.

Non, décidément, ce n'est pas le soir des Niçois. On joue depuis moins d'une minute en troisième période et Hannes Jonsson est déjà invité à quitter ses partenaires après une charge incorrecte. À cinq contre trois pendant une poignée de secondes, les Boulonnais s'enhardissent et viennent réchauffer la mitaine de Christian Carlsson. Un arrêt à 41'56, un autre à 42'53, le Suédois est sur des charbons ardents. Ses coéquipiers tiennent pour l'instant le choc, y compris sur ce gros shoot signé Frank Ferrey. Martin Dubaj concède bien une nouvelle pénalité, mais curieusement, ça semble décomplexer son équipe, qui s'illustre notamment par un joli contre du duo Mikael Thoren - Aurélien Frasier, ou un bon slap de Christophe Perez à la conclusion d'un pas de deux orchestré par Marcus Lindholm et Romain Laplace. Sa famille parmi les spectateurs, l'ancien Virois a une motivation toute trouvée ce soir. Et bien qu'il ait déjà marqué un but, il veut à tout prix récidiver, et a même une réelle belle occasion (46'10). Malheureusement pour lui, ses diverses tentatives ne font pas mouche, même quand il reçoit l'assistance toujours précieuse de son capitaine Pascal Margerit (48'34). La défense compacte de l'ACBB fait merveille et tient le choc. Tout Boulogne fait jeu égal avec Nice, qui ne parvient pas à creuser l'écart. Nicolas Gosset est là aussi pour rappeler qu'il ne vaut mieux pas laisser un centimètre de glace à ces joueurs franciliens, plutôt opiniâtres ce soir. Bing ! Dans la foulée, Mikael Thoren attire les foudres du public sur l'arbitre, qui omet de siffler après un tir du Suédois directement... sur le casque de Thierry Lallemand.

Il reste moins de dix minutes dans ce match encore indécis. À défaut de proposer un jeu propre, les deux équipes rivalisent d'ardeur, et c'est finalement à une rencontre très intense qu'il est permis d'assister. Anthony Miramond, qui n'est jamais le dernier à travailler dans les coins, tente un jeu de dribble dans la défense boulonnaise, mais ça ne passe pas. Son partenaire de ligne, Yves Cruz, va faire un petit tour en prison, et ça ne change rien de significatif. Le jeu s'accélère encore, voilà tout, et la tension monte dans les tribunes, pourtant bien peu garnies. Que se passe-t-il ? Hé bien, Romain Laplace est resté couché sur la glace. Apparemment, le jeune attaquant a pris un coup de crosse dans le dos, mais ça, l'arbitre ne l'a pas vu. Le Niçois finit par se relever et, parce que le moment est finalement assez stratégique, Éric Lamoureux demande un temps mort (52'25). Olivier Raby est alors tout près de piéger Christian Carlsson, qui laisse finalement un rebond, exploité par... Tomas Banas, qui tire (encore !) sur le casque de Thierry Lallemand. Cette fois, coup de sifflet et on réengage donc en zone boulonnaise. Le jeu revient tellement vite dans le camp niçois que la défense des Aigles concède un dégagement interdit. Mauvaise idée : les Azuréens prennent leur temps pour changer de ligne. En deux temps et trois secondes, Raphaël Ostre a flairé le bon coup et trouvé l'ouverture (3-3 à 53'43). Survoltés, les Franciliens poussent tant et plus, et peut-être même un peu trop. Pascal Margerit, qui en a pourtant vu d'autres, essaye d'expliquer à l'arbitre qu'il s'est ouvert la lèvre. Pendant ce temps-là, les attaquants adverses multiplient les bonnes situations, à l'image d'un caviar d'Antony Becaglia pour Frédéric Le Berre, ou d'un rush à grande vitesse de Nam Duong sur le côté droit. Rien ne rentre dans les derniers instants. Les derniers coups de boutoir niçois (tir de Petter Krantz, gros shoot d'Anthony Miramond, tentative solitaire de Tomas Banas) ne changent rien au tableau d'affichage. Sous les vivats de quelques supportrices, Antony Becaglia est même tout près d'arracher la décision et d'offrir la victoire aux siens (58'39).

Le buzzer retentit finalement sur un résultat nul, 3-3. C'est un coup d'arrêt pour les Niçois, qui avaient remporté leurs trois premiers matchs de championnat. C'est aussi une belle performance pour les Boulonnais : avec ce point, ils restent sur la même ligne que Chambéry, Amiens et Reims, les trois poursuivants immédiats des Aigles au classement.

Compte-rendu signé Martin de Kerimel

 

Commentaires d'après-match

Éric Lamoureux (entraîneur de Boulogne-Billancourt) : "Je suis très content ce soir. On avait fait un mauvais match la semaine dernière à Chambéry. Notre équipe est jeune et travaille beaucoup sur le plan mental. J'ai félicité mes joueurs et je les ai remerciés. Ce point peut être très important pour nous. Nice a plus d'expérience et un meilleur effectif, mais je crois qu'on peut accrocher tout le monde en se battant. Quand il ne restait que quatre ou cinq minutes, je crois que ça aurait été une erreur de reculer. Il fallait protéger le milieu et se battre encore. Les gars ont respecté les consignes, il faut leur en donner crédit. Je pense que, dans notre poule, il y a des équipes expérimentées comme Nice, Chambéry ou Reims. On va se battre pour la quatrième place. Battre Reims la semaine prochaine ne sera pas facile, c'est une bonne équipe. Mais il y aura d'autres résultats surprenants avant la fin du championnat."

Frédéric Le Berre (attaquant de Boulogne-Billancourt) : "C'est un bon point pour Boulogne ce soir. Notre travail d'équipe a payé. Si Nice avait marqué le but du 4-1, je pense que ça nous aurait fait mal. C'est vrai qu'on fait un bon début de saison, mais nous avons affronté les deux équipes a priori les plus faibles, à savoir Belfort et Champigny. C'est une poule qui est ouverte. Chaque équipe pourra tirer son épingle du jeu si elle parvient à se concentrer sur le jeu. Cette fois, on a réussi à relever la tête, ça a bien joué ce soir, un match propre, où nous avons été forts dans nos têtes. À 3-3, on n'avait pas de consigne particulière, si ce n'est de jouer en retrait, mais on aurait pu marquer ce 4e but. Je crois que toutes les équipes devront surveiller leur comportement, se souvenir qu'un match n'est gagné qu'au coup de sifflet final. On a une équipe jeune. Notre objectif, c'est le playoff : le reste, c'est vraiment du bonus. Si on y est, ensuite, c'est que du bonheur."

Peter Almasy (entraîneur de Nice) : "Que dire ? En première période, on était tout simplement pas là. Ensuite, en deuxième, on marque deux buts, ce qui nous remotive. Sans critiquer les arbitres, il y a beaucoup de fautes ce soir et on tombe un peu dans la provocation. On prend des prisons bêtes et on fait un peu n'importe quoi. En troisième période, on a essayé de tenir, mais on prend ce but. Bon, c'est bien aussi de jouer ce genre de matchs, ça montre que ce n'est jamais facile. Un point, sur ce que j'ai vu ce soir, ce n'est pas si mal. Il faut travailler le mental. Les gars sont déçus, mais l'important, c'est qu'on n'a toujours pas perdu. Il ne faut pas douter. Continuons à travailler et soyons positifs."

Yves Cruz (attaquant de Nice) : "On était très en dessous de notre niveau. On n'a pas su réagir. On sortait d'un gros match contre Reims et, même si on se disait que ce ne serait pas le même scénario que l'an passé ici, on y a pensé quand même. Ils se sont battus et ils nous ont accrochés. Je crois que c'est la faute de l'équipe toute entière. Dans les deux ou trois dernières minutes, on a tenté des choses, mais c'était trop tard. Cette défaite peut nous servir pour être plus soudés, plus complémentaires par la suite. Clément [Lebas] a assuré, au départ, et les gardiens n'ont vraiment pas à se justifier des buts qu'ils ont encaissés. Oui, c'est un sale match. Maintenant, ça tient à cœur de nos Suédois de faire mieux. On va se remettre en question."

 

ACBB - Nice 3-3 (1-1, 1-2, 0-1)

Samedi 15 octobre 2005 à 18h30 à la patinoire municipale de Boulogne-Billancourt.

Arbitrage de Guillaume Gardiol et Thierry Fraysse.

Pénalités : ACBB 22' (8', 12', 2'), Nice 30' (4', 10'+10', 6').

Évolution du score :

0-1 à 14'20" : R. Laplace assisté de D. Laplace (sup. num.)

1-1 à 17'43" : Ostre assisté de B. Chevalier

1-2 à 25'50" : Jonsson assisté de Lindholm et Margerit (sup. num.)

1-3 à 26'20" : Frasier

2-3 à 32'21" : Odin assisté de Lhomme et Duong (sup. num.)

3-3 à 53'43" : Ostre assisté de Becaglia

 

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