Suède - Suisse (12 mai 2005)

 

Quart de finale des championnats du monde 2005.

En hockey, les Suédois sont censés être les maîtres et les Suisses les apprentis. Mais derrière leurs bancs respectifs, la situation est inversée. C'est en effet Ralph Krueger, l'actuel sélectionneur helvétique, qui avait mis le pied à l'étrier à son vis-à-vis Bengt-Åke Gustafsson dans le métier d'entraîneur, non loin d'ici à Feldkirch. Il y a trois ans à peine, Gustafsson était même l'assistant-coach de l'équipe de Suisse. Il pourrait donc en connaître les ficelles tactiques, un avantage que Kreueger minimise en expliquant que son système a bien changé depuis le départ de son ancien adjoint, par exemple en supériorité où ses schémas n'ont plus rien à voir.

Les deux hommes savent que la discipline sera capitale dans ce match, et le premier mauvais point est pour les hommes de Gustafsson, et plus précisément pour Niklas Kronwall coupable d'une crosse haute sur Ivo Rüthemann. Sur la supériorité, un lancer de la bleue de ce même Rüthemann est dévié de façon imparable juste devant la cage par Martin Plüss (0-1 à 01'20"). C'est ensuite Seger qui va en prison pour accrocher, et Martin Gerber réussit une bonne mitaine malgré Jonathan Hedström qui passait devant lui pour faire écran sur un lancer de Zetterberg. Mais la pression suédoise se poursuit à égalité numérique. Le jeune Romano Lemm ne parvient pas à sortir le palet de la zone, et Hedström centre pour Kronwall, qu'il faut apprendre une bonne fois pour toutes à surveiller quand il s'avance dans l'enclave, car il décroche la toile d'araignée par une lucarne parfaite (1-1 à 06'45"). Il y a trois autres prisons dans ce tiers, une pour une obstruction de Forster sur Kahnberg dans l'enclave, et deux "retenir" de Påhlsson pour avoir immobilisé le bras de Di Pietro puis pour avoir bataillé avec Zeigler devant la cage de Gerber. Toutes ces pénalités ne donnent rien, mais la Suisse tient bien le choc dans ce duel de défenses.

La Suède accélère le rythme en deuxième période. Magnus Kahnberg élimine un défenseur et revient de derrière la cage, mais ne parvient pas à tirer. Martin Gerber s'interpose sur un tir en déséquilibre de Jonas Höglund, accroché par Blindenbacher qui part en prison. La Suisse fait encore bonne figure en infériorité, et Jeannin et Conne sont même à deux doigts de l'interception à la bleue. Höglund ne conclut pas du revers devant la cage ouverte, et la Tre Kronor monopolise tellement le palet que cela finit par payer. Daniel Sedin reçoit une passe face au but, contrôle le palet à son plaisir avec son revers et le lève dans le haut du filet avec son coup droit dans un superbe mouvement de crosse (2-1 à 24'43"). Les Suisses n'ont pas encore tiré une seule fois dans cette deuxième période. Heureusement, il y a une crosse haute de Höglund sur Bezina pour les sauver. Malgré l'avantage numérique, ils perdent le palet à leur bleue et Blindenbacher doit revenir enlever le palet à Nordström alors qu'il s'apprête à tirer.

La Nati n'arrive à rien, et ce n'est qu'après plus de neuf minutes que Plüss prend enfin, en entrée de zone, le premier lancer helvétique du tiers-temps. La Suède est impressionnante de solidité et de sérénité, sauf Samuel Påhlsson qui prend sa troisième prison du match pour une obstruction sur Paterlini et qui y ajoute une méconduite pour avoir râlé auprès de l'arbitre, ce que les joueurs se permettent rarement à ce niveau de compétition. Mais cet avantage numérique est annulé par un surnombre suisse. À quatre contre quatre, Henrik Sedin réalise un petit pont magistral sur Olivier Keller, mais à cinq contre quatre, les Suédois n'arrivent pas à s'installer, par manque d'entente collective pour rentrer en zone. Du coup, ils ne font pas la différence, et ils n'ont qu'un but d'avance à l'issue d'un tiers-temps largement maîtrisé.

Reste à savoir si la Suisse aura une opportunité d'égaliser. Kahnberg la donne en mettant sa crosse sous la visière de Romy pendant une mise au jeu. La Nati met la pression pendant deux minutes et montre qu'elle est toujours là. La Suède comprend qu'elle doit creuser l'écart, mais Martin Gerber est toujours aussi sûr. Et alors que la fin de match approche, la Suisse jette toutes ses forces pour arracher l'égalisation. Ce pourrait être cette passe dans le slot pour Keller, mais Daniel Sedin est bien revenu en défense. Les Helvètes tirent même à plusieurs reprises de la zone neutre pour forcer le destin, des fois que Henrik Lundqvist aurait un lien de parenté caché avec Tommy Salo. Mais ils ne "bélarusseront" pas la Tre Kronor.

La Suède, logiquement, accède à une nouvelle demi-finale. Mais c'est une victoire dans la douleur qui conclut un implacable bras de fer entre la troupe de Gustafsson et celle de Krueger. Les Suisses n'ont rien à se reprocher, ils ont tout donné. Cependant, dans ce championnat du monde très relevé, les quatre plus forts se sont qualifiés pour les demi-finales.

Élus meilleurs joueurs du match : Peter Nordström pour la Suède et Severin Blindenbacher pour la Suisse.

Élus meilleurs joueurs suisses du tournoi : Martin Gerber, Mark Streit et Martin Plüss.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaire d'après-match :

Flavien Conne (attaquant de la Suisse) : "C'est la troisième année consécutive que nous sommes éliminés à ce stade de la compétition, et honnêtement, ça fait un peu mal. Des trois, celui-ci était peut-être le plus accessible. Pour gagner, il fallait faire un match exceptionnel, et ça n'a pas été le cas. Nous avons bien joué, mais on pouvait faire plus. Il n'y avait pas d'autre approche tactique possible, mais peut-être aurait-on pu jouer avec plus d'agressivité sur leurs défenseurs, et même patiner un peu plus. C'est vrai que nous avons été plus présents offensivement dans les dix dernières minutes, mais si nous avions joué comme ça dès le début, nous nous serions découverts. L'unique amertume, c'est que cette fois nous étions à un pas d'aller plus loin. Quoi qu'il en soit, nous pouvons être fiers de notre championnat du monde."

 

Suède - Suisse 2-1 (1-1, 1-0, 0-0)

Jeudi 12 mai 2005 à 20h15 à la Eisolympiahalle d'Innsbruck. 5103 spectateurs.

Arbitrage de Milan Minar (TCH) assisté de Miroslav Halecky (SVK) et Dean Laschowski (CAN).

Pénalités : Suède 22' (6', 14', 2'), Suisse 14' (4', 6', 4').

Tirs : Suède 36 (11, 15, 10), Suisse 20 (5, 5, 10).

Évolution du score :

0-1 à 01'20" : Plüss assisté de Rüthemann et Streit (sup. num.)

1-1 à 06'45" : Kronwall assisté de Hedström et Zetterberg

2-1 à 24'43" : D. Sedin assisté de Kronwall et J. Jönsson

 

Suède

Gardien : Henrik Lundqvist.

Défenseurs : Niklas Kronwall - Christian Bäckman ; Thomas Rhodin - Kenny Jönsson ; Ronnie Sundin - Magnus Johansson ; Mattias Norström.

Attaquants : Daniel Alfredsson - Samuel Påhlsson - Per-Johan Axelsson ; Jonathan Hedström - Henrik Zetterberg - Magnus Kahnberg ; Daniel Sedin - Mikael Samuelsson - Henrik Sedin ; Peter Nordström - Jörgen Jönsson (C) - Jonas Höglund ; Johan Franzen.

Remplaçant : Johan Holmqvist (G). Absents : Sanny Lindström, Mattias Weinhandl (surnuméraires).

Suisse

Gardien : Martin Gerber.

Défenseurs : Mark Streit (C) - Olivier Keller ; Beat Forster - Mathias Seger ; Severin Blindenbacher - Goran Bezina ; Julien Vauclair - Cyrill Geyer.

Attaquants : Ivo Rüthemann - Thomas Ziegler - Thierry Paterlini ; Patric Della Rossa - Martin Plüss - Paul di Pietro ; Patrick Fischer - Romano Lemm - Sandy Jeannin ; Flavien Conne - Kévin Romy - Anders Ambühl.

Remplaçant : David Aebischer (G). Absents : Adrian Wichser (hanche fêlée), Patrik Bärtschi (surnuméraire).

 

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