Slovaquie - Russie (2 mai 2005)

 

Championnats du monde 2005, premier tour, groupe A.

Après un premier match difficile, Maksim Sokolov montre qu'il a retrouvé ses réflexes ce soir en se relevant très vite sur un tir de l'enclave de Marian Hossa alors qu'il était au sol, ou encore en repoussant de la jambière un lancer de Strbak dévié par Palffy. C'est que les Slovaques mettent une forte pression d'entrée. Markov retient Hossa qui part en breakaway et prend deux minutes de pénalité. Sanction aux grandes conséquences puisqu'un palet qui frappe la bande derrière le but revient à Palffy qui n'a plus qu'à viser la cage très grande ouverte (1-0 à 12'57"). Cela continue avec une passe de derrière la cage de Hossa pour une reprise dans l'enclave de Visnovsky qui bute sur Sokolov. Les Russes sont néanmoins bien mieux dans le match et ont une énorme occasion sur un déboulé d'Aleksandr Ovechkin côté droit. Son tir puissant oblige Lasak à un rebond dans le slot, où arrive Maksim Afinogenov, mais celui-ci rate le cadre. La Slovaque reprend sa domination en fin de tiers et mène logiquement au score.

C'est vrai, les Russes nous ont gratifié de quelques gestes de toute beauté au cours de ces vingt minutes, en particulier de la part de Kozlov, Afinogenov et Ovechkin, qui ont tous trois de quoi laisser admiratif devant leur talent. Mais il s'agissait avant d'actions individuelles. Très individuelles. Les joueurs russes en sont presque caricaturaux avec leurs visières teintées, l'équivalent des lunettes de soleil des sprinters américains sur les pistes indoor... Le jeu russe est d'ailleurs étonnamment "vertical", à l'opposé des traditions du hockey soviétique. Ils font de longues passes vers l'avant, foncent tout droit (à quelques feintes près) et prennent des tirs rapidement.

Quant à la défense russe, elle est vraiment à la peine et accorde beaucoup de bonnes positions de lancer à la Slovaquie dans l'enclave. Sokolov détourne tous les palets dans un style explosif peu académique, plus proche d'un gardien de handball. Finalement, Jozef Stumpel feinte Aleksandr Ryazantsev avant de passer derrière le but et de servir du revers Marian Hossa - mal pris par son défenseur Proshkin - qui dribble Sokolov (2-0 à 29'23"). Mais la Russie se relance sur l'action suivante avec une déviation orientée du patin, qui pivote pendant un tir d'Antipov (2-1 à 29'45").

Stumpel est pénalisé pour une charge contre la bande, puis Markov prend dans le visage une crosse haute non intentionnelle de Handzus. Les Russes se retrouvent à cinq contre trois, et c'est ce même Andreï Markov qui se console d'avoir goûté du bâton en trompant Lasak à mi-hauteur sur un slap de la bleue (2-2 à 32'22"). Proshkin énervé est à l'initiative d'une bagarre avec Satan, et en partant annoncer les pénalités, M. Henriksson se prend un gadin et se coupe à la main. Le médecin du banc n'arrive pas vraiment à arrêter le saignement, mais l'ex-défenseur finlandais fait reprendre le jeu, ce qui ne doit pas tout à fait correspondre aux mesures de précaution en vigueur. Les Russes sont alors en infériorité, et Markov, qui rumine toujours un contentieux avec Handzus, le décoiffe du poing. Il laisse ses coéquipiers à trois, et quasiment à deux car Datsyuk casse sa crosse. Mais Palffy manque cette occasion, et les Slovaques se font très peur à vingt secondes de la pause sur un tir de Yashin mal capté par Lasak.

En début de troisième tiers-temps, les Russes sont pris à six sur la glace, et ils se regardent, incrédules. Ce surnombre idiot leur coûte un but, un slap de Visnovsky qui tape la mitaine de Sokolov (3-2 à 41'27"). Les occasions de revenir ne manquent pas. D'abord, Aleksandr Kharitonov voit ensuite son tir s'échouer sur le poteau. Ensuite, Gaborik prend une pénalité pour un cross-check sur Afinogenov. Notons que celui-ci, qui a répliqué par un coup de poing, et Strbak, qui s'est alors jeté sur le Russe, n'ont pas été sanctionnés par Hannu Henriksson, aussi économe que possible en pénalités.

La supériorité ne donne rien. Sur un premier tir d'Ovechkin, Maksim Afinogenov a pour la seconde fois un excellent rebond, mais pour ne pas faire mentir sa réputation d'indécrottable inefficacité eu égard à son talent, il tire dans l'extérieur du filet. Ivan Nepryaev élimine superbement Granak en un contre un mais son tir s'envole. Les Slovaques ferment de plus en plus le jeu et on ne pense plus les Russes capables de marquer, mais ils font enfin preuve d'opportunisme. Un palet envoyé au fond par Ryazantsev est récupéré par Yashin, qui centre directement pour le tir en pivot à bout portant de Kovalchuk. Le rebond pris par Viktor Kozlov passe alors sous le bras de Lasak en plein déplacement (3-3 à 57'39").

Les Russes ont vraiment renversé la vapeur, et le nul est mérité puisque chaque équipe a eu sa moitié de match. Même si ce fut plus difficile sur la fin quand la dégradation de la surface de jeu était trop importante, ces deux équipes ont bien du mérite et du talent pour avoir proposé un hockey de cette qualité sur une telle pataugeoire. Imaginez ce qu'aurait pu donner ce match sur une glace digne de ce nom...

Élus meilleurs joueurs du match : Zigmund Pálffy pour la Slovaquie et Vladimir Antipov pour la Russie.

Compte-rendu signé Marc Branchu / photos Francis Larrede

 

Commentaires d'après-match

Vladimir Krikunov (entraîneur de la Russie) : "Ce ne sont pas les Slovaques qui m'ont impressionné, mais les erreurs de nos défenseurs. J'avais prévenu qu'il n'était pas possible de sortir le palet de la zone en utilisant la bande du côté proche. Mais Karpovtsev, le joueur le plus expérimenté, le fait ! Et nous encaissons le troisième but. Et Kovalchuk ? Il monte sur la glace alors que Kharitonov y est toujours. Résultat, pénalité pour surnombre. C'est une inattention, il n'a pas regardé. On a presque perdu à cause de cette stupidité. Ne dramatisons pas les buts en infériorité. Les Slovaques ont eu de la chance, surtout sur le premier où le palet rebondit depuis la bande directement dans le slot. Nous avons eu le caractère pour remonter. Cette équipe a déjà montré sa volonté de vaincre en finale de l'Euro Hockey Tour. Le caractère, on l'a ou on ne l'a pas. À ce stade, il est impossible de le fabriquer chez un joueur."

Viktor Kozlov (attaquant de la Russie) : "La glace fondait tellement qu'à la fin il y avait d'énormes flaques. Ne comparez même pas avec la Floride ! C'est vrai que la glace est mauvaise à Miami, mais elle bien meilleure que cette glace viennoise. Jouer là-dessus est très difficile, mais ça l'était tout autant pour les Slovaques. Je considère que notre principal atout, c'est notre caractère. Dans de telles conditions, c'est ce qui détermine qui est le plus fort. Oui, j'ai entendu que les entraînements se feraient désormais dans une patinoire en périphérie de la ville. Ce matin, nous ne nous sommes pas entraînés. Mais cela n'a rien à voir avec les organisateurs, c'est le staff de l'équipe qui a décidé d'annuler la séance."

 

Slovaquie - Russie 3-3 (1-0, 1-2, 1-1)

Lundi 2 mai 2005 à 16h15 à la Stadthalle de Vienne. 8024 spectateurs.

Arbitrage de Hannu Henriksson (FIN) assisté de Derek Doucette (CAN) et Antti Hämäläinen (FIN).

Pénalités : Slovaquie 10' (0', 8', 2'), Russie 14' (4', 8', 2').

Tirs : Slovaquie 22 (10, 7, 5), Russie 31 (8, 10, 13).

Évolution du score :

1-0 à 12'57" : Pálffy assisté de Štrbák (sup. num.)

2-0 à 29'23" : Hossa assisté de Stümpel et Štrbák (sup. num.)

2-1 à 29'45" : Nepryaev assisté d'Antipov

2-2 à 32'22" : Markov assisté de Karpovtsev (double sup. num.)

3-2 à 41'27" : Višnovský assisté de Pálffy et Országh (sup. num.)

3-3 à 57'39" : Kozlov assisté de Kovalchuk

 

Slovaquie

Gardien : Jan Lašák.

Défenseurs : Martin Štrbák - Lubomir Višnovský ; René Vydarený - Zdeno Chára ; Dominik Granák - Radoslav Suchy ; Richard Lintner.

Attaquants : Richard Zedník - Jozef Stümpel - Zigmund Pálffy ; Marián Hossa - Pavol Demitra - Marián Gáborík ; Luboš Bartecko - Michal Handzus - Miroslav Šatan ; Juraj Štefanka - Peter Pucher - Vladimír Országh.

Remplaçant : Rastislav Stana (G).

Russie

Gardien : Maksim Sokolov.

Défenseurs : Andreï Markov - Sergueï Vyshedkevich ; Denis Denisov - Aleksandr Karpovtsev ; Vitali Proshkin - Aleksandr Ryazantsev ; Dmitri Kalinin - Dmitri Gusev.

Attaquants : Aleksandr Kharitonov - Pavel Datsyuk - Alekseï Kovalev ; Ilya Kovalchuk - Alekseï Yashin - Viktor Kozlov ; Fedor Fedorov - Vladimir Antipov - Ivan Nepryaev ; Maksim Afinogenov - Evgueni Malkin - Aleksandr Ovechkin.

Remplaçant : Sergueï Zvyagin (G).

 

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