Allemagne - Kazakhstan (1er mai 2005)

 

Championnats du monde 2005, premier tour, groupe D.

Premier test officiel pour Greg Poss, le nouvel entraîneur de la Mannschaft qui a la lourde tâche de succéder à l'inimitable Hans Zach. Les Allemands qui comme chaque année visent les quarts de finale affrontent une modeste équipe kazakhe qui n'a d'autre ambition que de se maintenir dans l'élite mondiale après avoir raflé une qualification surprise pour les JO de Turin au nez et à la barbe de l'équipe de France.

Le match ne démarre pas de la meilleure des façon pour les Allemands puisque Fedor Polishchuk fausse compagnie à la défense allemande après seulement quarante secondes de jeu. Mais où est passée la rigueur défensive si chère à Hans Zach ? Polishchuk est malgré tout rattrapé et stoppé illicitement par Stefan Schauer. Les Kazakhs bénéficient d'un jeu de puissance : une trentaine de secondes pour faire tourner la rondelle, un slap depuis l'angle de la zone d'Evgueni Blokhin et une déviation devant le but de Dmitri Upper qui ne laisse aucune chance à Oliver Jonas et ouvre la marque à la surprise générale (0-1, 01'24") ! Et quel est le pire scénario quand on joue contre le Kazakhstan ? Demandez donc à l'équipe de France... Courir après le score bien sûr ! Certes les Allemands vont se ruer sur les buts de Kolesnik. Une véritable furia même. La défense kazakhe ne sait pas où donner de la tête, les pénalités s'enchaînent à l'encontre des joueurs de Nikolaï Myshagin (trois consécutivement dont un surnombre !), mais les Allemands sont nerveux et ne parviennent pas à concrétiser leur domination. Encore pire pour leur moral, ils vendangent même une double supériorité numérique de plus de trente secondes. Les Kazakhs sont en revanche à l'affût du moindre contre et Komissarov est tout près de doubler l'avantage de son équipe sur un mini-break. Ce n'est que partie remise. Au plus fort de la domination allemande, alors que Boos, Hecht et Benda échouent tour à tour sur Kolesnik, Evgueni Koreshkov, lancé parfaitement par une longue passe de Koledaïev, prend la défense allemande à revers et s'en va crucifier le malheureux Jonas juste avant la fin du tiers (0-2, 17'55"). Le coup parfait.

Le Kazakhstan ne s'attendait certainement pas à pareille fête après vingt minutes de jeu, et il n'y a guère que la sortie sur blessure de Vassilchenko qui a pris le palet en pleine tête pour assombrir les pensées kazakhes. Les Allemands repartent de plus belle au début du deuxième tiers. Furchner rate de peu le cadre dès l'entame et Barta en échappée oublie Morczinietz pourtant à ses côtés et bute sur l'impeccable Vitali Kolesnik, qui a trouvé en Andreï Mezin une source d'inspiration certaine. Les hommes de Greg Pöss semblent donc bien décidés à faire oublier le désastre du premier tiers... Reste à réaliser ce que l'équipe de France n'a jamais réussi à faire : marquer face à ces rusés Kazakhs. Pas une mince affaire, me direz-vous... Hecht puis Felski le confirment rapidement en apportant leur contribution au festival des occasions manquées par les Allemands. Pendant ce temps les Kazakhs se montrent toujours aussi tranchants sur les contre-attaques. Andreï Troshchinsky puis Aleksandr Koreshkov ratent le but du KO alors qu'ils s'étaient offert un face-à-face avec Oliver Jonas. Une combinaison des frères Koreshkov semble même faire mouche mais Evgueni échoue on ne sait encore comment sur le gardien. Les Allemands semblent décontenancés et commettent deux fautes consécutives qui n'arrangent pas leurs affaires. Heureusement pour eux, le jeu de puissance des Kazakhs est très médiocre. Ces derniers se montrent incapables de s'installer mais en ont-ils seulement envie ? Le doute est permis tant ils donnent plutôt l'impression de laisser défiler le chronomètre. Et au moment où on se met à faire le deuil des chances allemandes, l'espoir renaît pour la Mannschaft : un deux contre un de la dernière chance, Petr Fical sert Tomas Martinec qui place le palet sous la transversale : l'Allemagne revient in extremis dans le match (1-2, 39'32") !

Avec plus qu'un but à marquer dans les vingt dernières minutes, la tâche allemande semble plus aisée. Mais les Kazakhs ont trop d'expérience dans la gestion d'un avantage au score pour se laisser surprendre. Un festival des frères Koreshkov leur aurait même permis d'asseoir définitivement leur emprise sur le match. Alexander Barta manque de peu de tromper la vigilance de Kolesnik mais les espaces et les occasions allemandes se font plus rares. Une supériorité numérique n'est pas exploitée, les minutes défilent inexorablement. Stefan Retzer est tout près de réussir un "coast-to-coast" mais butte finalement sur Kolesnik. Les Kazakhs bénéficient à leur tour d'un avantage numérique et ils se gardent bien de construire la moindre esquisse de jeu de puissance. Voilà toujours deux minutes de gagnées ! Les Allemands mettent la pression dans les derniers instants du match, la pression se fait plus forte (au sens propre comme au figuré) sur la cage de Kolesnik. Poss sort Jonas à plus d'une minute du terme pour arracher l'égalisation. Tomas Martinec aurait pu devenir le héros d'un soir en signant son doublé... En vain. Les Kazakhs peuvent sauter de joie : ils tiennent leur exploit !

Qui aurait pu croire qu'un jour l'Allemagne se ferait battre par une équipe au jeu défensif et jouant le contre ? Joli clin d'œil des Kazakhs qui ont montré encore une fois qu'ils étaient les champions en matière de conservation du score. Vitali Kolesnik a sorti une grande partie et a fait oublier Vitali Eremeïev l'espace d'une soirée. L'avenir s'éclaircit pour l'équipe de Nikolaï Myshagin en passe de réaliser son pari de se maintenir dans l'élite mondiale.

Gros coup de massue en revanche sur la tête d'une équipe allemande nerveuse et maladroite qui ne s'attendait certainement pas à de tels débuts dans le mondial. De quoi mettre un peu plus la pression sur les épaules de Greg Poss qui a déjà l'ombre d'Hans Zach qui plane au-dessus de sa tête. La Mannschaft devra désormais batailler ferme pour éviter la poule de relégation qui serait une véritable catastrophe. Il ne leur reste plus qu'à espérer que les Kazakhs refassent le coup à la Suisse. Mais dans tous les cas, il leur faudra décrocher une victoire face aux Tchèques ou aux Suisses... Pas simple...

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match :

Greg Poss (entraîneur de l'Allemagne) : "Nous avons été menés au score durant tout le match, cela ne rend pas les choses faciles. Mais ce n'était qu'un match. Nous devons tous nous mobiliser, éliminer les erreurs et essayer de battre les Tchèques. [...] En ce qui concerne les joueurs non encore inclus dans l'effectif, Wright n'est pas à 100% prêt après son opération au coude. Pyka est plus stable et expérimenté que Sulzer. J'ai préféré Morczinietz à Kathan parce que les nombreux buts qu'il a marqués en championnat parlent pour lui, et qu'il a fait une bonne préparation."

Nikolaï Myshagin (entraîneur du Kazakhstan) : "Nous avons approché ce match comme une finale. Chacun savait quel impact il allait avoir sur la suite du tournoi."

Dmitri Dudarev (attaquant du Kazakhstan) : "Presque tous les joueurs de notre équipe viennent de la même ville, Ust-Kamenogorsk. Nous avons tous joué dans la même équipe et avec le même système. Donc je pense que nous avons un avantage contre les autres équipes qui se regroupent juste avant le tournoi."

 

Allemagne - Kazakhstan 1-2 (0-2, 1-0, 0-0)

Dimanche 1er mai à 20h15 à la Stadthalle de Vienne. 6676 spectateurs.

Arbitrage de Thomas Andersson (SUE) assisté de Ales Lesnjak (SLO) et Karol Popovic (SVQ)

Pénalités : Allemagne 14' (4', 4', 6'), Kazakhstan 14' (6', 2', 6').

Tirs : Allemagne 35 (12, 13, 10), Kazakhstan 20 (6, 9, 5).

Évolution du score :

0-1 à 01'24" : Upper assisté de Blokhin et Antipin (sup. num.)

0-2 à 17'55" : E. Koreshkov assisté de Koledaïev et A. Koreshkov

1-2 à 39'32" : Martinec assisté de Fical et Lewandowski

 

Allemagne

Gardien : Oliver Jonas (sorti de sa cage à 58'42").

Défenseurs : Christian Ehrhoff - Stefan Schauer ; Lasse Kopitz - Stephan Retzer ; Michael Bakos - Andreas Renz ; Nico Pyka.

Attaquants : Daniel Kreutzer - Marcel Goc - Jochen Hecht ; Tomas Martinec - Jan Benda - Petr Fical ; Eduard Lewandowski - Tino Boos - Sebastian Furchner ; Sven Felski - Alexander Barta - Andreas Morczinietz.

Remplaçant : Robert Müller (G). En stand-by : Shayne Wright, Alexander Sulzer, Klaus Kathan.

Kazakhstan

Gardien : Vitali Kolesnik.

Défenseurs : Alekseï Koledaïev - Artyom Argokov ; Evgueni Blokhin - Vladimir Antipin ; Alekseï Litvinenko - Andreï Sokolov ; Oleg Kovalenko - Alekseï Vassilchenko.

Attaquants : Sergueï Aleksandrov - Fedor Polishchuk - Anton Komissarov ; Dmitri Dudarev - Dmitri Upper - Roman Kozlov ; Konstantin Shafranov - Evgueni Koreshkov - Aleksandr Koreshkov ; Andreï Ogorodnikov - Andreï Pchelyakov - Andreï Troshchinsky.

Remplaçant : Sergueï Ogureshnikov (G).

 

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