Mulhouse - Tours (1er avril 2005)

 

Finale de Ligue Magnus, première manche.

Finale 100% inédite que celle qui allait se jouer en cette fin de saison. Si Mulhouse était plus ou moins attendu depuis le début, la présence de Tours était quand même plus inattendue. Qui plus est lorsque l'on sait que Mulhouse, l'ogre décrié pour son armada qualitative et quantitative, n'a pas réussi à venir à bout des "mercenaires" tourangeaux cette année. L'on pouvait donc avoir des craintes à l'Illberg quant à l'influence psychologique de cette statistique, même si en play-offs, tout change... et tout d'abord les visages : sûrement encore plus déterminés dans les regards, mais aussi plus... poilus ! Entre les "barbichus" (Segla, Hakkarainen, P. Roy), les "gaulois" (Bilbao, Day, Millar), les moustachus (Jokinen), les barbus de trois jours (presque tous), il ne restait plus grands imberbes (Vidman, Kiviharju, Virtanen, Reinprecht, Falck, Simko) qui sévissent dans cette foire aux poils !

Et d'ailleurs, en parlant de pilosité, et bien ce premier tiers voit des Tourangeaux... un poil plus motivés à rentrer dans le match. Plus remuants, plus pressants, plus cohérents, les Diables Noirs ne tardent pas à chauffer Fabrice Lhenry, notamment sur un tir de la bleue d'Anton Poznik. La défense mulhousienne fébrile les aide en leur offrant le premier but de la soirée, lorsqu'Alon Eizenman libre de tout marquage allume le portier alsacien (0-1 à 5'12"). Et l'on voit déjà le spectre des deux autres rencontres se profiler car les locaux ne sont pas dans leur baskets, ni derrière, ni devant où ils n'arrivent pas à se positionner à proximité de la cage de Ramon Sopko. Il faut alors leur premier tir, un lancer de Jani Virtanen à la bleue finement dévié par Milos Palovcik, pour les libérer (1-1 à 7'00"). Une fois de plus, la réalisation décrispe les Scorpions qui s'enhardissent plus sûrement, non sans éprouver encore quelques difficultés à contenir des essais d'un Kent Gillings, ou d'un Robert Millar bien remuants. C'est pourtant Tours qui allait une nouvelle fois s'incliner : Philippe Roy contrait illicitement une tentative culottée de passe-passe de Lionel Bilbao, et Hermanni Vidman servait, au cours d'une combinaison, Steven Reinprecht pour le 2-1 (12'08"). Dans la foulée, Palovcik déclenchait une frappe lourde et lointaine contrée par Sopko. La partie s'équilibrait, Tours bénéficiait d'une nouvelle largesse défensive locale pour se replacer par l'intermédiaire de Millar grossièrement démarqué (2-2 à 17'39"). Mais c'est Mulhouse en cette fin de tiers qui animait la partie, bien aidé par une infériorité tourangelle, avec un tir de Juho Jokinen qui s'écrasait sur la poteau (19'58")

Et d'ailleurs, en sortant de prison, Peter Bohunicky ne pouvait qu'assister au breakaway victorieux de Greg Day qui esquivait joliment Sopko (3-2 à 20'48"). L'espoir était pourtant toujours de mise pour les Diables Noirs : Jan Supuka (22'02") puis Eric Perricone en revers (22'35") semaient quelques frayeurs dans les rangs locaux qui subissaient de nouveau la loi des visiteurs, malgré un break de Reinprecht (23'14") mais Sopko fermait magistralement la porte. Le portier slovaque se mettait en évidence durant ce tiers en stoppant nombre de raids alsaciens, que ce soit face à Jani Kiviharju (en réponse à une échappée de Perricone à 25'41"), d'un poke-check devant Day (30'50"), d'un rebond devant Olivier Coqueux (32'17") puis Vidman (32'31") ou d'une mitaine devant Steve Michou (35'39"). Ajoutons qu'en face, Fabrice Lhenry n'était pas en reste devant Eizenman puis Gillings (25'58"). L'ancien Villardien héritait d'une nouvelle tentative (29'20") mais lançait trop haut après une longue phase de fixation devant le gardien alsacien. Dans l'ensemble, Tours semblait de plus en plus s'essouffler tout en rivalisant de vitesse avec les haut-rhinois. Mais la "bande à Bob" s'inclinait sur un nouveau raid de la paire Day-Reinprecht, le premier servait idéalement le second qui feintait, sur la gauche de Sopko, puis logeait la rondelle dans la lucarne (4-2 à 36'24"). C'était le but qui faisait mal, de l'aveu même de Robert Millette, malgré une échappée de Jan Simko (qui résistait plutôt bien à un "accrocher" d'Allan Carriou à 37'27") puis un échange Eizenman-Gillings avorté in extremis par la crosse de Virtanen judicieusement placée (37'50"). Il restait encore vingt minutes après tout pour revenir, Mulhouse avait encore le temps de réfléchir à tous ces breaks manqués.

Oh, ils n'avaient plus beaucoup à y penser d'ailleurs quand Day, toujours lui, longeait la rouge tourangelle puis slalomait pour contourner Sopko (5-2 à 43'53"). Le bateau visiteur prenait alors sensiblement du gîte, sans toutefois couler sur des essais de Segla (44'30") ou Reinprecht (49'40"), mais les Tourangeaux éprouvaient de plus en plus de mal à franchir la ligne défensive mulhousienne, pliant une dernière fois sur un lancer d'Hakkarainen dévié par Coqueux posté juste devant Sopko (6-2 à 51'49").

C'était fini, Mulhouse partait en Touraine avec une belle victoire et un moral en confiance, même si les Tourangeaux ne comptaient pas laisser filer le titre si facilement.

Une fois de plus, Mulhouse a mis quelques temps à rentrer dans le match, avant de jouer du rouleau compresseur. L'apport des quatre lignes offensives se faisait enfin sentir, la défense pouvait alors contenir plus sereinement.

Méfiance quand même aux Diables Noirs et à leurs déboulés offensifs plutôt concluants, chaque essai étant possiblement exploitable par un compère diablotin accouru à la rescousse, contrairement aux Mulhousiens qui partaient seuls en breakaway. C'était aussi la dernière soirée de match de la saison à l'Illberg, bondé et euphorique comme jamais. Les Alsaciens, après un salut "protocolaire", s'en allaient faire leur tour d'honneur gratifiant les spectateurs de sourires non dissimulés.

Compte-rendu signé Stéphane Rault

 

Commentaires d'après-match (dans L'Alsace)

Christer Eriksson (entraîneur de Mulhouse) : "Nous étions prêts pour ce premier rendez-vous ! Il ne fallait pas se rater. Les joueurs m'ont fait plaisir. Notre début de match a été difficile et tous les joueurs étaient crispés. Les quatre lignes ont mis quelques minutes avant de poser leur jeu et Tours en a profité pour nous prendre à la gorge. Mais par la suite, nous sommes revenus dans le match et la physionomie du match a changé. Maintenant, on mène 1-0, c'est bien. Mais ce n'est pas gagné, loin de là. Lundi, on efface tout et on recommence un nouveau match. Tours n'a pas dit son dernier mot. Nous devrons encore faire preuve d'une grosse solidarité pour aller au bout et ramener cette Coupe Magnus à Mulhouse."

Lionel Bilbao (attaquant de Mulhouse) : "On a éprouvé des difficultés à se mettre en jambes, on a manqué d'agressivité et on a failli le payer cher. 2-2 à la fin du premier tiers, c'était plutôt bien payé. Mais par la suite, on a déroulé et on vraiment dominé cette équipe de Tours qui a semblé au bout du rouleau. Nos quatre lignes ont encore une fois fait la différence. On a choisi en début de saison l'option d'un effectif large, on en récolte les fruits aujourd'hui. Maintenant il va falloir gagner là-bas, dans leur forteresse et sur leur petite glace. La clé du match sera la discipline. On ne devra pas répondre aux provocations et jouer notre jeu. On devra aussi protéger Fabrice. Franchement, je suis confiant."

Robert Millette (entraîneur de Tours) : "Le quatrième but nous a fait très mal, il nous a coupé les jambes. Mulhouse a été très bon lors du deuxième tiers temps. À 4-2, on sentait que cela devenait très difficile, les Mulhousiens ayant des ailes, avec l'appui de leur public. Mais nous en aurons aussi lundi soir. Nous avons déjà tous hâte à ce second match. Nous avons travaillé toute la saison pour obtenir l'avantage de la glace. C'est ça les play-offs. Rien n'est joué aujourd'hui. Après une défaite, nous sommes toujours revenus plus forts. Peu de monde a réussi à venir gagner chez nous. Et je crois que Mulhouse va apprendre à connaître Tours en début de semaine prochaine."

 

Mulhouse - Tours 6-2 (2-2, 2-0, 2-0)

Vendredi 1er avril 2005 à 20h00 à la patinoire de l'Illberg. 2200 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Savice Fabre et Nicolas Barbez.

Pénalités : Mulhouse 24' (6', 2', 6'+10'), Tours 8' (4', 0', 4').

Tirs : Mulhouse 38 (10, 15, 13), Tours 20 (9, 7, 4).

Évolution du score :

0-1 à 05'12" : Eizenman assisté de Bohunicky et Gillings (sup. num.)

1-1 à 07'00" : Palovcik assisté de Virtanen et Segla

2-1 à 12'08" : Reinprecht assisté de Vidman et Kiviharju (sup. num.)

2-2 à 17'39" : Millar assisté de P. Roy et Perricone

3-2 à 20'48" : Day assisté de Christie et Kiviharju

4-2 à 36'24" : Reinprecht assisté de Day

5-2 à 43'53" : Day assisté de Reinprecht et Christie

6-2 à 51'49" : Coqueux assisté de Hakkarainen et Jokinen (sup. num.)

 

Mulhouse

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Lilian Prunet (A) - Allan Carriou ; Jani Virtanen - Jukka Hakkarainen ; Jérôme Catil [à 59'10"].

Attaquants : Steven Reinprecht - Greg Day - Ryan Christie ; Jani Kiviharju - Olivier Coqueux (A) - Hermanni Vidman ; Maurice Rozenthal - Milos Palovcik - Pavol Segla ; Steve Michou - Lionel Bilbao (C) - Juho Jokinen.

Remplaçants : Tom Charton (G), Francis Ballet, Jérémie Bigot. Absent : Miikka Ruokonen (problème au genou, substitué par Virtanen en joker médical).

Tours

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Radek Stepan - Philippe Roy (A) ; Anton Poznik - Lubomir Duda ; Jan Supuka - Robert Fail

Attaquants : Robert Millar - Jonathan Roy - Éric Perricone ; Peter Bohunicky - Alon Eizenman - Kent Gillings (A) ; Jan Simko - François Gleize (C) - Loïc Sadoun.

Remplaçants : Vladimir Hiadlovsky (G), Valère Falck, Gaël Cler. Absents : Benoît Paillet (suspendu), Marcel Simak, Frantisek Pulscak (blessés, substitués par Supuka et Duda en jokers médicaux).

 

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