Tours - Grenoble (29 mars 2005)

 

Demi-finale de la Ligue Magnus, cinquième manche.

Signe prémonitoire ou pas, les volleyeurs tourangeaux, récemment vainqueurs de la Coupe d'Europe, sont venus présenter leur trophée et soutenir, en voisins, les hockeyeurs dans ce dernier volet des demi-finales.

Deux manches partout. Et une dernière confrontation qui s'annonce explosive tant l'avant-match a été fertile en déclarations de toutes sortes. Info ou intox, la vérité sortira de la glace tourangelle.

Dans une patinoire archi-comble, les Diables noirs et les Brûleurs de Loups débutent la rencontre sur un rythme très élevé. Les intentions de jeu sont des deux côtés, sans réelles occasions, les défenses prenant le pas sur les attaques. Il faut attendre plus de deux minutes pour voir le premier fait marquant du match, à savoir une pénalité contre Grenoble (Romain Bachelet, 2'06) sur un premier déboulé de Jan Simko, qui retrouve enfin des jambes de feu dans ses play-offs. L'ASGT n'en profite pas et les occasions de lancer sont même rares, les Diables noirs ne parvenant pas à s'installer en zone offensive.

Le jeu est alerte, les deux équipes se livrent, sans calculer. Tours laisse un peu plus venir et procède en contre, à l'image de Simko, encore lui. Il file devant Rolland mais son tir du revers est un peu mou (6'35) ; la récupération et la relance grenobloise sont immédiates et Kévin Hecquefeuille oblige Ramon Sopko à un arrêt délicat. Le match est désormais lancé et les occasions se succèdent : Rob Millar, d'un tir dans un angle fermé (9'16) puis Eric Perricone (9'21) font frémir le public, juste avant que Nicolas Antonoff ne le fasse trembler (9'38). C'est le moment que choisit Radek Stepan pour commettre une première faute (9'51). Heureusement que les coéquipiers de Podlaha ne sont guère inspirés même si ce dernier est tout près de tromper Sopko (11'43). Le gardien tourangeau veille au grain.

À peine revenue au complet, l'ASGT doit de nouveau faire face à une supériorité numérique grenobloise (Jo Roy, 11'57). Les Tourangeaux ne lâchent rien et poussent les Isérois à la faute (2' de pénalité à Järvinen pour un faire trébucher sur Alon Eizenman en passe de récupérer le palet en zone offensive après un très bon pressing, 12'16). À quatre contre quatre, seul Philippe Roy aura une occasion nette, sur un slap de la bleue, dévié par Rolland (13'19).

Son homologue Sopko sera sollicité quelques secondes plus tard, après une sortie de zone grenobloise remarquable de rapidité. C'est d'ailleurs l'un des faits marquants des Brûleurs de Loups. Là, où leurs adversaires tentent des passes transversales, parfois hasardeuses, les Grenoblois s'appliquent dans la relance. Des passes courtes, un très bon patinage, beaucoup de vitesse, et ce sont trois joueurs qui plongent sur Sopko. C'est ainsi que Meunier, Jönsson et Favarin sont à une longueur de palette d'ouvrir la marque, autour de la dix-septième minute.

L'ASGT s'en sort plutôt bien mais ce n'est que partie remise pour Grenoble. De nouveau après une récupération de puck, la relance grenobloise est parfaite : Podlaha, à la récupération et à la mise en route, décale pour Petri Lethonen. Le Finlandais est idéalement placé pour shooter mais, d'un très bon coup d'œil, il décale encore pour trouver Roger Jönsson, seul, sur la droite de Sopko. Dans le mouvement, la reprise de l'attaquant fait mouche, Sopko n'ayant eu le temps de suivre le jeu (0-1, 18'). Un très joli but, juste avant le repos, une entame de match idéale pour Grenoble.

Piqués au vif, les hommes de Millette attaquent la reprise tambour battant. Il faut dix secondes de jeu à Philippe Roy pour armer et lancer sur Rolland, avec Rob Millar en point de mire dans le trafic pour tenter la déviation (20'10). Et comme en première période, la relance grenobloise est immédiate. Déjà Roger Jönsson se retrouve face à Sopko mais son tir est hors cadre (20'22). Après deux gros slaps de Bonnard, les Isérois subissent la furia tourangelle et les pénalités tombent : Järvinen (25'22, 2'+10' pour charge dans le dos) et Bonnard (26'18) offrent une double supériorité numérique à Tours ; une phase de jeu qui ne doit pas rassurer Gérald Guennelon. Mais, malgré des tirs de Jo Roy (26'39), Lubomir Duda (26'51) puis Jan Simko (27'29), le score n'évolue pas. Rob Millar part en prison (29'09). Podlaha s'essaye une première fois, timidement (29'58). Benoît Paillet joue à fond son rôle de harceleur et parvient sur son pressing à récupérer le palet. Chaude alerte pour Rolland (30'29). Déjà la mi-match et toujours Grenoble qualifié pour la finale.

Mais dans l'équipe de Tours, un homme va secouer tout ce beau monde. Il s'est déjà illustré au cours de la partie, le public l'adule. Jan Simko entre en piste. Il trouve d'abord le montant droit du but de Rolland, après avoir été servi par Paillet qui s'était battu comme un beau diable pour récupérer le palet (11'45). Le grand attaquant tourangeau ne va pas se décourager. Il s'empare de nouveau du palet, pique une énième accélération, résiste au retour des défenseurs, passe devant le slot du portier, et du revers, glisse le palet au fond des filets pour l'égalisation (1-1, 32'27). L'ambiance est surchauffée, pour une fois, dans les travées de la patinoire.

Et l'ASGT continue de s'appliquer ; elle joue avec son cœur, son courage. Et elle en remet une couche par l'intermédiaire de l'intenable Rob Millar. Un but qui ressemble étrangement au précédent. Millar slalome, passe devant Rolland et trompe le gardien du revers (2-1, 36'32). Grenoble accuse le coup et n'a pas le temps de se remettre dans le sens du but que déjà Simko, encore lui, récupère un palet que la défense grenobloise laisse filer sans trop réagir. Et une fois de plus, il va défier Rolland, au près. Et de trois ! En à peine cinq minutes, les Brûleurs de Loups sont assommés (3-1, 37'12).

Gérald Guennelon demande évidemment un temps mort, pour relancer son équipe et briser le rythme infernal des Diables noirs. Alors que tout sourit aux joueurs locaux, Radek Stepan écope de deux minutes (37'52). Grenoble installe son jeu de puissance et Bonnard parvient à réduire le score et à redonner espoir aux siens, sur un but à l'arraché (3-2, 38'22). Rien n'est fait encore à l'entame de la dernière période.

Comme on pouvait s'y attendre, Grenoble investit le camp tourangeau. L'ASGT redescend sur sa zone et attend, ce qui n'est pas forcément le plus facile à faire. Il faut tenir, saper le moral grenoblois. Laurent Deschaume est vraiment tout proche de l'égalisation, sur un break, mais Sopko ne se laisse pas avoir par sa feinte (43'45). Les deux équipes se neutralisent, et il n'y a plus trop d'occasions nettes. Au fur et à mesure que le temps passe, l'ASGT commence à sortir de sa zone. Un premier lancer de Stepan aurait dû alerter les Brûleurs des intentions offensives des Diables noirs (49'24). Sur la remise en jeu, après l'arrêt de Rolland, le palet est récupéré par Peter Bohunicky. Dos au but, serré au près par son défenseur, l'attaquant slovaque parvient à adresser un tir du revers qui trompe le portier grenoblois qui ne s'attendait sans doute pas à un tel geste (4-2, 49'38). De nouveau, le break est fait, et à ce moment-là, les Grenoblois semblent avoir compris qu'ils ont réellement laissé s'échapper une place de finaliste, deux jours avant.

L'espoir isérois renaît toutefois avec une nouvelle pénalité sifflée contre Radek Stepan (50'57) mais face à Sopko, impérial, Bonnard, encore une fois, échoue (51'34). Et comme pour enfoncer définitivement le clou, Jonathan Roy part en break. Il dribble Rolland et marque le but de la victoire définitive des Diables noirs (5-2, 52'44), qui plus est en infériorité numérique. Les joueurs de Guennelon abdiquent. La fin de match sera émaillée par une "petite" dispute entre Benoît Paillet et Cyril Papa, suite à une charge un peu trop forte sur le gardien de Tours qui venait de geler le palet.

Le score est acquis, Tours emporte donc ce cinquième match et tient sa finale. Un grand moment de joie pour les joueurs et le public en attendant Mulhouse. Quel que soit le résultat, les joueurs de Millette ont rempli leur part du contrat. Plus rien à perdre désormais, alors pourquoi ne pas aller jusqu'au bout ?

Compte-rendu signé E. O'Grady

 

Commentaires d'après-match (dans La Nouvelle République)

Bob Millette (entraîneur de Tours) : "On a fait un grand pas ce soir et je pense que Mulhouse n'est pas très content de nous prendre en finale, étant donné qu'on les a déjà battus deux fois. J'avais demandé, ce soir, à mes joueurs de jouer comme des roches. Parce qu'une roche, c'est quelque chose de très dur, ça ne dit pas un mot quand ça prend des coups et, au fur et à mesure qu'on lui tape dessus, qu'elle s'écaille, elle prend la forme de quelque chose de très beau. Je suis vraiment très fier de mes gars. Maintenant, il faut se remettre vite fait de nos émotions car on joue dans deux jours."

Philippe Roy (défenseur de Tours) : "Depuis le début de la saison, on travaille fort ensemble. Nous, on n'est pas surpris d'être encore là. Nous sommes en bonne condition physique, et notre mental est très fort. Grenoble n'avait pas donné cher de notre peau, cela a été sa plus grosse erreur."

Gaël Cler (attaquant de Tours) : "C'est la minute trente la plus importante de ma saison. De monter sur la glace, en demi-finale, cela a été génial. Merci à Bob pour ce geste en fin de match et merci aux joueurs de m'avoir permis de vivre ça !"

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "Je ressens un mélange de déception, de colère et de frustration. Jusqu'au premier but de Tours, on maîtrisait notre sujet. Après, je ne sais pas ce qui s'est passé dans nos têtes. Le plus gros regret, c'est néanmoins d'avoir perdu à domicile alors qu'on menait au score lors du quatrième match mais ce sont les aléas du hockey."

 

Tours - Grenoble 5-2 (0-1, 3-1, 2-0)

Mardi 29 mars 2005 à 20h00 à la patinoire municipale de Tours. 2000 spectateurs.

Arbitrage de Gilles Durand assisté de Laurent Antunes et Savice Fabre.

Pénalités : Tours 45' (6', 6', 8'+25'), Grenoble 51' (4', 6'+10', 6'+5'+20').

Évolution du score :

0-1 à 18'00" : Jönsson assisté de Lehtonen et Podlaha

1-1 à 32'27" : Simko assisté de Supuka

2-1 à 36'32" : Millar assisté de P. Roy

3-1 à 37'12" : Simko assisté de L. Sadoun

3-2 à 38'22" : Bonnard assisté de Forget et Lehtonen (sup. num.)

4-2 à 49'38" : Bohunicky

5-2 à 52'44" : J. Roy assisté de Millar (inf. num.)

 

Tours

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Radek Stepan - Philippe Roy (A) ; Lubomir Duda - Anton Poznik ; Jan Supuka - Robert Fail.

Attaquants : Rob Millar - Jonathan Roy - Éric Perricone ; Kent Gillings (A) - Alon Eizenman - Loïc Sadoun ; Jan Simko - Benoît Paillet - Peter Bohunicky ; François Gleize (C) ; Valère Falck (à 58') - Gaël Cler (à 58').

Remplaçant : Vladimir Hiadlovsky (G).

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Pasi Järvinen - Tommi Hämäläinen ; Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Jean-François Bonnard (A) - Martin Millerioux ; Nicolas Favarin.

Attaquants : Roger Jönsson - Petri Lehtonen - Josef Podlaha ; Dominic Forget - Laurent Meunier (C) - Yven Sadoun ; Kévin Hecquefeuille - Laurent Deschaume - Nicolas Antonoff ; Cyril Papa - Christophe Tartari - Romain Bachelet.

Remplaçant : Cédric Dietrich (G). Absent : Benoît Bachelet (fracture du péroné).

 

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