Grenoble - Morzine-Avoriaz (12 mars 2005)

 

Quart de finale de la Ligue Magnus, deuxième manche

Le joli coup de Morzine

Après s'être quittés la veille dans une ambiance électrique, Grenoblois et Morzinois se retrouvaient ce soir pour disputer une revanche qui sentait la poudre. L'enjeu était simple : pour Grenoble faire carton plein à domicile avant de se déplacer en Haute-Savoie, pour Morzine accrocher un match à Pôle Sud afin de pouvoir disputer deux rencontres à domicile la semaine prochaine.

Le début de rencontre était tendu comme on pouvait le prévoir : un combat âpre pour la maîtrise de la rondelle, peu d'espace et une équipe grenobloise qui essaie tant bien que mal de prendre le jeu à son compte. Une domination accentuée par deux prisons consécutives infligées à Lebey et Forsander qui s'était montré un peu trop agressif après le coup de sifflet au goût de M. Bocquet. En résultait 1'22" de double supériorité numérique pour les Brûleurs de Loups. Une aubaine et une occasion inespérée d'ouvrir le score pour les locaux. Oui mais voilà, les vieux démons grenoblois refaisaient surface et les joueurs de Gérald Guennelon ne trouvaient pas la solution pour profiter de ce cinq contre trois, se contentant de quelques tirs de la bleue (quel aveu d'impuissance !) sur lesquels Bäckö se montrait irréprochable. Jönsson pénalisé à son tour pour une faute qui sentait bon la compensation, les Pingouins avaient à leur tour l'occasion de faire la différence en avantage numérique, mais les Grenoblois, bien en place, n'étaient pas trop inquiétés. L'arbitre tenait le match en envoyant en prison les deux protagonistes de la première échauffourée (Favarin et Lindgren). Les Brûleurs de Loups, appliqués et engagés, devenaient de plus en plus dangereux pour Bäcko, mais pas plus Roger Jönsson - dont les dribbles semaient le trouble dans la défense haut-savoyarde - que Dominic Forget - qui avait le mérite de tirer à la cage dès qu'une occasion se présentait - ne parvenaient à déjouer l'impeccable Bäcko. Mieux même, les Pingouins qui se contentaient de procéder par contre, auraient pu réaliser le hold-up parfait de la première période sur un break de Johan Forsander qui s'engouffrait entre deux défenseurs grenoblois, mais Rolland sortait vainqueur du duel l'opposant au Suédois.

Meunier se faisait sanctionner dès l'entame de la deuxième période et les hommes de Stéphane Gros faisaient passer des sueurs froides aux supporters grenoblois. Leur jeu de puissance efficace se mettait bien mieux en place que lors de leur premier avantage numérique et il ne manquait qu'un petit brin de réussite. Cette réussite, les Grenoblois allaient enfin la connaître sur leur quatrième supériorité numérique de la soirée. Forget, à l'origine de l'action, lançait sur Bäcko, masqué par le trafic devant sa cage. Bonnard tentait de prendre le rebond mais le palet échouait finalement à Josef Podlaha qui n'avait plus qu'à pousser le palet dans la cage vide, Bäckö ayant perdu de vue la rondelle (1-0, 23'45"). Le Tchèque de Grenoble, dopé par cette réussite retrouvée, continuait sur sa lancée et manquait de peu le doublé en repiquant devant la cage après un excellent service de Forget. Une nouvelle occasion franche manquée (ou plutôt arrêtée par l'excellent Bäckö) et les Pingouins restaient à l'affût de la moindre erreur de leurs hôtes. Une erreur qui allait finalement survenir dans la crosse de Simon Bachelet qui tergiversait trop à la ligne bleue morzinoise et se faisait surprendre par Forsander qui s'offrait une nouvelle échappée face à Rolland. Cette fois, pas de doute dans l'esprit du Suédois qui remportait aisément son duel en plaçant le palet sous la barre (1-1, 28'57"). Douche froide pour les Brûleurs de Loups qui voyaient tous leurs efforts pour ouvrir le score réduits à néant en l'espace de cinq minutes. Les Grenoblois qui avaient visiblement pris un coup au moral se montraient moins offensifs que lors de la première moitié de la rencontre. Chaque équipe bénéficiait à son tour d'une supériorité numérique mais si le jeu de puissance était bien installé de part et d'autre, le réalisme faisait défaut. C'est donc, comme la veille, sur un score de 1-1 que s'achevait le deuxième tiers-temps.

La dernière période devait donc une nouvelle fois faire basculer la rencontre. Et il ne fallut que treize secondes pour se rendre compte que l'issue serait bien différente : le temps pour la première ligne morzinoise de mettre le feu dans une défense grenobloise pas encore en place et Fredrik Håkansson servait sur un plateau l'inévitable Johan Forsander qui s'offrait un doublé (1-2, 40'13"). Silence de cathédrale dans Pôle Sud, exception faite du bruyant groupe morzinois qui pouvait laisser éclater sa joie. Car en prenant les devants dès l'entame de la dernière période, les Pingouins avaient réalisé le coup parfait. Ils pouvaient alors mettre en place leur système de jeu favori en laissant venir des Brûleurs de Loups de moins en moins inspirés qui se cassaient les dents inlassablement sur Bäckö, et bien sûr en étant à l'affût du moindre contre. Les hommes de Gérald Guennelon allaient même leur faciliter la tâche. Simon Bachelet, décidément pas à la fête ce soir, prenait une pénalité à un bien mauvais moment. Morzine installait le jeu de puissance avec une facilité déconcertante et faisait une démonstration de circulation du palet pour finalement trouver la faille par Andreas Alnered, bien présent au second poteau sur un centre devant les buts de Magnusson (1-3, 45'14"). Cette fois le break était bel et bien fait et la messe était dite pour des Brûleurs de Loups bien peu inspirés offensivement dans cette dernière période, sombrant dans un individualisme stérile que la défense morzinoise, Bäckö en tête, n'avait pas de mal à neutraliser. Malgré une nouvelle supériorité numérique et deux minutes passées à six contre cinq dans la zone morzinoise en fin de partie, le score ne bougeait plus et les Pingouins pouvaient savourer leur succès.

Morzine a réalisé un très joli coup ce soir en l'emportant grâce au talent de Forsander et de Bäckö et à une énorme dose d'engagement. Les Morzinois ne lâchent rien, se battent sur tous les palets et se montrent de véritables empêcheurs de tourner en rond, faisant qui plus est preuve de réalisme en profitant de la moindre faiblesse de leur adversaire. L'objectif est atteint avec une victoire ramenée de Grenoble et donc l'assurance de pouvoir recevoir deux fois la semaine prochaine et éventuellement plier la série. Reste une question : les Morzinois ne jouent-ils pas en sur-régime et pourront-ils tenir ce rythme pendant toute la série ?

Du côté grenoblois en revanche, c'est plutôt la soupe à la grimace. Le grand mal grenoblois cette saison, l'inefficacité offensive, a refait surface, et cette fois Dominic Forget n'a pas pu y remédier à lui tout seul. Il faut beaucoup trop d'occasions aux Brûleurs de Loups pour marquer, et ces occasions gâchées pèsent très lourd dans la balance lorsqu'en plus des fautes d'inattention offrent deux buts sur un plateau à Morzine. Grenoble a perdu l'avantage de la glace ce soir, et il faudra au moins gagner une fois en Haute-Savoie pour revenir à Pôle Sud cette saison. C'est faisable à condition de marquer enfin sur les temps forts et de gommer ces erreurs défensives qui coûtent si cher. Et si à Grenoble on se refuse à envisager une scénario catastrophe, la marge de manœuvre s'est considérablement réduite ce soir...

Désignés meilleurs joueurs du match : Jean-François Bonnard pour Grenoble et Johan Forsander pour Morzine.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "On a un peu l'impression d'être victimes d'un hold-up. Ce n'est pas une défaite totale par rapport à notre attitude et on va se remobiliser. Nous avons disputé deux bons premiers tiers mais ils ont été très opportunistes. Mais à force de travailler, ils vont finir par craquer, j'en suis persuadé. Je n'ai pas senti un manque d'engagement de mes joueurs, tout juste un excès d'individualisme à certains moments. La pression ? Elle y est depuis le début, ça ne change pas. On ira en Haute-Savoie pour reporter les deux matches."

Patrick Rolland (gardien de Grenoble) : "C'est une déception mais on ne pensait pas plier la série en trois matches. Il faudra en réussir deux gros là-bas. Les Morzinois ont été réalistes en mettant en défaut notre défense à trois reprises. Sur l'ensemble du match, nous avons dominé sans concrétiser et ce n'est pas un manque d'envie de notre part. Mais on savait qu'on allait perdre un match ! C'était celui-là. On gagnera les deux suivants à Morzine."

Johan Forsander (attaquant de Morzine) : "On a vite senti qu'ils avaient énormément de pression. Et à 0-0 à la fin du premier tiers, on a pris conscience des possibilités de faire un résultat. Après notre égalisation à 1-1, ils ont levé le pied, ce qui nous a paru très surprenant. Désormais nous devrons jouer avec le cœur comme nous l'avons fait aujourd'hui. Malgré cette victoire, nous restons lucides car tout reste à faire. Grenoble est toujours le favori de cette série."

Stéphane Gros (entraîneur de Morzine) : "J'étais en colère vendredi contre certains éléments (l'arbitrage) et là ça a été bien mieux... Nous, nous n'avons aucune pression et cette victoire n'y change rien. Après notre résistance de vendredi, Grenoble a commencé à se poser des questions, et nous, on a arrêté de s'en poser ! Ils ont commencé à douter et mes joueurs ont été sérieux de bout en bout. Je ne crains pas que l'euphorie gagne nos rangs. Mes joueurs ont fêté le succès trois minutes et demie, et après on a reparlé diététique, stretching... On pense à la suite."

 

Grenoble - Morzine-Avoriaz 1-3 (0-0, 1-1, 0-2)

Samedi 12 mars à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Nicolas Barbez et Damien Velay.

Pénalités : Grenoble 12' (4', 6', 2'), Morzine-Avoriaz 14' (8', 4', 2').

Évolution du score :

1-0 à 23'45" : Podlaha assisté de Bonnard et Forget (sup. num.)

1-1 à 28'57" : Forsander

1-2 à 40'13" : Forsander assisté de Håkansson et Ference

1-3 à 45'14" : Alnered assisté de Magnusson et Billieras (sup. num.)

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland (sorti à 58'09").

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Pasi Järvinen ; Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Jean-François Bonnard (A) - Nicolas Favarin.

Attaquants : Dominic Forget - Petri Lehtonen - Josef Podlaha ; Yven Sadoun - Roger Jönsson - Laurent Meunier (C) ; Nicolas Antonoff - Laurent Deschaume - Kévin Hecquefeuille.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Cyril Papa, Christophe Tartari, Romain Bachelet, Martin Millerioux. Absent : Benoît Bachelet (fracture du péroné - saison terminée).

Morzine-Avoriaz

Gardien : Johan Bäckö.

Défenseurs : Santeri Immonen - Brad Ference ; Alain Boisson (A) - Andreas Alnered ; Christian Elian (C) - Tony Bergin.

Attaquants : Johan Forsander (A) - Marc Billieras - Fredrik Håkansson ; Christian Magnusson - Tomas Lindgren - Steven Kaye ; Lionel Maes - Kévin Enselme - Éric Lebey.

Remplaçants : Damien Ackerer (G), Gabriel Perillat, Éric Dupieux, Julien Lebey, Anthony Richard. Absent : Jean-Yves Socquet (pubalgie).

 

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