Lettonie - Bélarus (13 février 2005)

 

Tour final de qualification pour les Jeux Olympiques 2006.

La Lettonie a déjà joué et gagné des matches décisifs face au Bélarus, notamment pour le maintien dans l'élite mondiale, mais c'était alors le gardien Arturs Irbe qui avait fait la différence en sa faveur. Aujourd'hui, il est sur le banc, dans le staff de l'équipe balte, et il doit se creuser la tête pour trouver le mieux placé pour lui succéder. Avant le tournoi, le sélectionneur Beresnevs avait annoncé qu'il voudrait un titulaire fixe dans les cages pour tout le week-end. Or, depuis trois jours, c'est la valse hésitation. Le vétéran Naumovs a affronté les Polonais, et le jeune Masalskis a joué contre la Slovénie. Aujourd'hui, préférence est donnée à Edgars Naumovs... Mais le gardien expérimenté, qui ne joue plus qu'en deuxième division russe avec le Vityaz Podolsk, encaisse deux buts sur des tirs lointains des arrières Bashko et Mikulchik. Par conséquent, il est remplacé à la pause par son cadet. Cette erreur dans le choix de son gardien peut-elle coûter cher à la Lettonie ?

Pas forcément, si le Bélarus commet lui aussi des erreurs. Après chacun de ses buts, il faillit en effet en prendre un à son tour. La première fois, Strakhov se met à la faute pour éviter le pire, et la seconde, c'est le duo Nizivijs-Semjonovs qui n'exploite pas la mauvaise relance d'Erkovich. Mais en fin de première période, c'est Kastyuchonak qui commet l'erreur de trop. Alors que son équipe joue en supériorité numérique, il fait trébucher Semjonovs, et dans les dernières secondes de sa pénalité, Janis Sprukts dribble sans difficulté le trio Zadzialionov-Ryadinsky-Bashko pour réduire le score.

Il n'y a donc qu'un but de retard après vingt minutes, et la rentrée d'Edgars Masalskis peut redonner espoir. Las, le gardien jouant en Slovaquie encaisse un but en moins de deux minutes, sur une longue passe de Koltsov qui a lancé Savin et Grabovski en deux contre un. Mais encore une fois, sitôt le Bélarus marque un but qu'un trou apparaît dans sa défense. Sauf que ce coup-ci, la Lettonie convertit l'occasion : Macijevskis déborde sur l'aile et centre pour Grigorijs Pantelejevs qui marque... du patin. C'est le premier épisode qui suscitera la colère des visiteurs envers l'arbitre allemand Frank Awizus. Le suivant arrive cinq minutes plus tard dans un duel entre Antonenko et Rekis. Le Balte est atteint au visage par la crosse haute de son adversaire et il saigne. L'arbitre a le choix entre un 2'+2' et un 5'+20', et il opte pour la sanction la plus sévère. Puis M. Awizus refuse à Ryadinsky un but qu'il avait initialement accordé, après intervention d'un de ses juges de ligne. Les Biélorusses sont furieux envers l'arbitre, et comme Mikhaïl Grabovski écope d'une méconduite, ils perdent un deuxième attaquant, ce qui oblige de nouveau Zakharov à revoir tous ses alignements.

Mais le score n'a pas bougé quand Grabovski revient sur la glace au troisième tiers-temps, et il se montre alors décisif. Il prend le palet dans le coin au défenseur de NHL Karlis Skrastinš et tire. Le palet est ralenti sous le gardien, mais le capitaine Koltsov l'aide alors à rentrer dans les filets. 4-2 à dix minutes de la fin pour le Bélarus, qui avait déjà l'avantage à la différence de buts avant la rencontre et possède donc une marge de trois buts. Autant dire que c'est gagné... C'est en tout cas ce que pense l'expulsé Oleg Antonenko, qui est allé suivre la fin du match dans la salle de presse, et qui envoie un SMS de félicitations à ses petits camarades...

Initiative prématurée. Oleg Khmyl est envoyé en prison à six minutes de la fin, et Leonids Beresnevs décide alors de sortir Masalskis pour jouer à six contre quatre. De la zone neutre, Zadzialionov ne réussi pas à viser les filets déserts, et comme il oublie le repli défensif, Armands Berzinš réduit le score à 4-3. Koltsov et Grabovski ont l'occasion d'infliger un KO définitif à deux contre un face à Pantelejevs, mais celui-ci intercepte le palet et part en contre-attaque face à Shabanov. Le gardien repousse, mais le jeune Janis Sprukts a suivi et égalise pour la Lettonie. Tout redevient possible pour les Baltes. C'est la panique totale chez des Biélorusses mal placés qui laissent Aleksandrs Semjonovs manśuvrer librement pour le but du miracle. La Lettonie vient de marquer trois buts en deux minutes et vingt secondes et de poinçonner son biller pour les JO de Turin. Après un tel coup de massue, le Bélarus ne parvient même pas à rentrer en zone offensive dans le temps restant.

Les joueurs lettons ont gagné 7500 dollars chacun - le montant de la prime de qualification olympique promise par la fédération - et surtout des souvenirs pour toute leur vie. Ils ne sont pas prêts d'oublier ces cinq dernières minutes de folie dans lesquelles s'est déroulée une des plus fantastiques remontées de l'histoire du hockey international. Tout un pays entre en fête et salue unanimement ses héros qui ont écrit une de ses plus belles pages sportives.

Élus meilleurs joueurs du match : Grigorijs Pantelejevs pour la Lettonie et Mikhaïl Grabovski pour le Belarus.

Commentaires d'après-match

Mikhaïl Zakharov (entraîneur du Bélarus) : "Ce qui s'est passé sur la glace dans les cinq dernières minutes, on ne peut pas appeler ça autrement qu'un cauchemar. Je ne comprends pas comment mon équipe a pu se ruer à l'attaque avec deux buts d'avance, et même avec un score de parité. Après la pause publicitaire, à 4-3, je voulais faire monter sur la glace Kalyuzhny et Grabovsky. Mais ils étaient déjà si fatigués qu'ils n'ont pas hésité à me demander de leur laisser trente secondes de répit. J'ai donc envoyé Chuprys et Krutsikov, et je leur ai demandé de tenir au moins quinze secondes. Ils n'y sont pas parvenus. Les meilleurs joueurs du championnat national, comme beaucoup les appellent, ont commis des erreurs de gamins. On dirait que ces attaquants n'ont pas complètement appris à défendre. Qui d'autre aurais-je pu aligner ? Zadzialionov, qui était sur la glace lors des trois premiers buts encaissés ? J'ai aussi été terriblement déçu par Bashko et Ryadinsky, les défenseurs du Keramin. Ruslan Saleï, qui était à côté de moi sur le banc, était horrifié en les voyant jouer. Lui se donne toujours entièrement à son équipe, et il a même commencé à douter de vouloir continuer à jouer en sélection. Notre meilleur arrière ce week-end a été Oleg Mikulchik, et il a 40 ans. J'aimerais que les jeunes prennent exemple sur l'ancienne génération, toujours prête à répondre à l'appel de la sélection pour l'amour de son pays, comme aux premières années après l'indépendance où les primes étaient bien moindres. J'aurais aussi dû être plus insistant avec Boris Mikhaïlov à propos d'Andreï Mezin. Je ne pensais pas que Shabanov arriverait en aussi mauvaise forme. Il a tout laissé passer, il vaut mieux que ça."

Leonids Beresnevs (entraîneur de la Lettonie) : "Ce n'est pas une simple victoire de la volonté, c'est une énorme faim de gagner ! Le moment-clé, c'est quand j'ai décidé de remplacer notre gardien par un sixième joueur de champ à six minutes de la fin. Nous avons alors tout donné. Bien qu'il ne soit plus parmi nous, la mémoire de Sergejs Zoltoks nous donne des forces. C'est comme s'il était à nos côtés."

Grigorijs Pantelejevs (meilleur joueur de la Lettonie) : "Tout s'est joué sur les erreurs. Les nôtres les ont aidés, et les leurs nous ont servis. Au final, la réussite a été de notre côté. Ils se plaignent de l'arbitre, nous aussi aurions des choses à redire. Mais dans les cinq dernières minutes, l'arbitrage n'a plus interféré. Et à 4-2 à cinq minutes de la sirène, une équipe professionnelle et bien préparée n'a pas le droit de perdre. Autrement, elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même."

 

Lettonie - Bélarus 5-4 (1-2, 1-1, 3-1)
Dimanche 13 février 2005 à 17h00 au palais des sports de Riga. 4700 spectateurs.
Arbitrage de Frank Awizus (ALL) assisté de Ronni Jakobsen (DAN) et Konstantin Gordenko (RUS).
Pénalités : Lettonie 14' (6', 6', 2'), Bélarus 45' (8', 10'+5'+20', 2').
Tirs : Lettonie 40 (16, 6, 18), Bélarus 24 (8, 9, 7).
Engagements : Lettonie 29 (13, 7, 9), Bélarus 33 (12, 10, 11).

Évolution du score :
0-1 à 05'16" : Bashko assisté d'Antonenko
0-2 à 12'06" : Mikulchik assisté de Grabovski (sup. num.)
1-2 à 18'33" : Sprukts assisté de Sejejs (sup. num.)
1-3 à 21'49" : Grabovski assisté de Savin et Koltsov
2-3 à 22'07" : Pantelejevs assisté d'Ozolinš
2-4 à 49'11" : Koltsov assisté de Grabovski (sup. num.)
3-4 à 55'11" : Berzinš assisté de Sprukts (sup. num.)
4-4 à 56'58" : Sprukts
5-4 à 57'31" : Semjonovs assisté de Nizivijs
 

Lettonie

Attaquants :
Leonids Tambijevs - Aleksandrs Semjonovs - Aleksandrs Nizivijs
Martins Cipulis - Janis Sprukts - Girts Ankipans
Grigorijs Pantelejevs (2') - Juris Ozols - Aleksandrs Macijevskis (2')
Juris Stals - Armands Berzinš (2') - Mikelis Redlihs

Défenseurs :
Karlis Skrastinš (C) - Arvids Rekis
Normunds Sejejs (2') - Rodrigo Lavinš ; Sandis Ozolinš - Atvars Tribuncovs (2')
Viktors Ignatjevs (4') - Igors Bondarevs

Gardiens :
Sergejs Naumovs puis à 20'00" Edgars Masalskis (sorti de sa cage de 54'00" à 55'11")

Bélarus

Attaquants :
Oleg Antonenko (5'+20') - Alekseï Kalyuzhny - Evgueni Esaulov
Konstantin Koltsov (C) - Mikhaïl Grabovski (10') - Alekseï Strakhov (2')
Alekseï Savin - Siarheï Zadzialionov - Aleksandr Galchenyuk
Dmitri Mialeshka - Alekseï Krutsikov - Yaroslav Chuprys

Défenseurs :
Oleg Khmyl (2') - Sergueï Erkovich
Sergueï Stas - Oleg Mikulchik
Aleksandr Radzinski (2') - Andreï Bashko (2')
Viktor Kastyuchonak (2')

Gardien :
Sergueï Shabanov

Remplaçant : Stepan Goryachevskih. Absent : Ruslan Saleï (blessé à l'śil).

 

Retour aux qualifications olympiques