Neuilly-sur-Marne - Caen (5 février 2005)

 

Match comptant pour la quatrième journée de la poule finale de division 1.

Caen a stupéfié le monde du hockey français samedi dernier en pilant 6-0 des Chamoniards pas très bien en place défensivement. Voilà les Drakkars en tête de proue de la D1. Après avoir accroché à leur tableau de chasse le Mont-Blanc et Chamonix, ils sont maintenant dans le rôle du chassé. Et le piège de ce déplacement à Neuilly-sur-Marne, chez une équipe contre laquelle ils ont enregistré un nul et une défaite en première phase, arrive gros comme une maison. Mais un match-piège aussi évident est-il encore un match-piège ?

Il faut croire que oui. Caen gagne l'engagement, entre en zone offensive, mais Neuilly récupère le palet et se lance en contre-attaque en exploitant un repli défaillant de Granberg. Un tir, un rebond, dix-neuf secondes de jeu, et Milan Vastusko a ouvert la marque (1-0 à 00'19"). Neuilly-sur-Marne part fort, avec un tir croisé de Besseyre qui frôle le poteau. Cela dure trois minutes, jusqu'à la première pénalité contre Kecka pour dureté. Roman Svaty est régulièrement mis à contribution, mais Caen n'est pas réellement dangereux offensivement. La présence la plus notable d'un Normand est cette fantastique séquence défensive du petit Arnaud Hascoët, qui fait barrage à Miroslav Kecka en entrée de zone d'une superbe mise en échec, puis qui se sacrifie en plongeant pour contrer un palet menaçant à peine quelques secondes plus tard.

Les Nocéens n'ont pas eu de supériorité numérique en première période, mais ils en ont plusieurs à la reprise, à cinq contre quatre et même à quatre contre trois. Malheureusement, le jeu de puissance des Bisons est assez désastreux. C'est une succession de mauvaise vision du jeu, de mauvais choix, de mauvaises passes et/ou de mauvais contrôles. Des joueurs bien placés ne sont pas servis, des passes levées sont effectuées vers un défenseur au risque de faire ressortir le palet de la zone, etc. Et cette faiblesse dans ce domaine a sans doute coûté cher à Neuilly-sur-Marne, même s'il est vrai que le jeu de puissance caennais, qui semble avoir plus de potentiel, n'a pas non plus été efficace.

La défense de Neuilly-sur-Marne a fait de l'excellent travail jusqu'ici, mais elle ne peut pas encore prétendre à la perfection, et son placement est pris en faute. Les Bisons sont tous du même côté et permettent à Rodolphe Garnier de libérer Petter Granberg seul face à la cage. Svaty se couche de manière spectaculaire en levant sa jambière dans l'hypothèse dans le haut du filet, mais le centre caennais est resté patient, et, dans un angle plus excentré, il prend un tir à ras la glace qui trouve un trou de souris et surprend tout le monde (1-1 à 28'38").

Caen paraît en mesure de reprendre le contrôle grâce à une meilleure vigilance vis-à-vis des joueurs postés à la bleue par Neuilly pour des contres, mais c'est la relance qui fout le camp. Celle de Samson Samson, contrée juste devant la cage par Milan Vastusko, n'est qu'un avertissement sans frais. Pendant une supériorité numérique caennaise, et Määttä, et le gardien Marton, qui avait essayé de rattraper le coup, se font successivement contrer par Pavol Svitana, qui sert alors Vastusko pour le but imparable (2-1 à 34'59"). Caen prolonge son avantage numérique grâce à une exagération acrobatique du maître-plongeur Samson Samson qui a été légèrement retenu par Laurent Veret, mais cela n'aboutit qu'à un breakaway de Vastusko qui se heurte à Robert Marton.

Le scénario serait parfait sur Neuilly s'il n'y avait eu ce surnombre idiot concédé à cinq secondes du terme du deuxième tiers-temps. Caen est donc en avantage numérique au retour sur la glace, et égalise à quelques secondes de la fin de la pénalité sur un lancer à mi-hauteur de Peter Hruska, efficace défensivement ce soir dans son style rude (2-2 à 41'49"). Transformés pendant la pause où ça a dû chauffer dans les vestiaires, les Normands jouent mieux. Le jeune Damien Fleury, qui avait passé toute la seconde moitié de la deuxième période en prison après une charge incorrecte, est le symbole de ce vent frais et réalise des passes intéressantes. Il est bon pour distribuer le jeu et mettre à mal la défense par sa vivacité, même si sur les engagements il a été nettement dominé par Kecka. On ne quitte plus du tout la zone défensive nocéenne, et sur une énième mise en jeu, Rodolphe Garnier se retrouve seul dans l'enclave et tire en lucarne (2-3 à 47'43"). Caen touche au but, mais les derniers instants sont difficiles. Robert Marton, qui aurait parfaitement pu s'endormir pendant les dix premières minutes du tiers, a trois arrêts à effectuer face à des Bisons jouant à six, avant qu'Alexis Gomane ne dégage le palet directement dans les filets déserts (2-4 à 59'51").

Avec un solide travail défensif (Jérôme Wagner me paraissant une bonne surprise à l'arrière), Neuilly-sur-Marne confirme son rôle d'adversaire peu commode, capable de capitaliser l'opportunisme de Pavol Svitana et Milan Vastusko. L'omniprésent duo a été de tous les bons coups, mais les autres Nocéens ont trop peu produit offensivement, y compris leur partenaire de ligne Gaël Guilhem un peu en retrait aujourd'hui.

Les Caennais, soulagés de repartir avec les deux points, quittent la glace le sourire aux lèvres. On l'aurait à moins. Avec huit points sut huit, les leaders défendent leur position. Mais cette victoire a été acquise dans la douleur, et ils en ont conscience. Difficile d'en faire des favoris de la D1 à l'égal d'un Strasbourg. Même s'il y a quatre lignes sur le papier comme à l'Étoile Noire, elles ne jouent pas à chaque match. Deux d'entre elles ont disputé l'essentiel de la rencontre, le troisième bloc comptant moins de présences. Un Tuomo Määttä n'a pas toujours justifié son long temps de jeu et aura plutôt confirmé son étiquette de talent paresseux et erratique. L'ayant vu à ses premiers temps en élite, on ne peut être que déçu de voir son potentiel si mal exploité, de ne le voir utiliser sa vitesse que pour aller tout droit, de le voir presque intrus dans le collectif alors que les prometteurs Fleury et Bennett, qu'il côtoie, sont par moments merveilleux de complicité.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaire d'après-match

Rodolphe Garnier (entraîneur de Caen) : "On avait encore la tête au match de la semaine dernière, et le but d'entrée nous a ramenés sur terre. Neuilly est une équipe à respecter, qui joue avec ses moyens. On a su réagir en équipe solidaire, avec calme. On a l'air euphorique à la fin, mais on est tout le temps euphoriques en ce moment, avec quatre victoires en ligne. On prend les choses comme elles viennent, tant mieux si ça continue. Ceci dit, c'est l'arbre qui cache la forêt : sur deux tiers-temps, on a du mal offensivement, on manque de rythme. C'est physiquement qu'ils ont craqué finalement. On a bien travaillé notre condition."

 

Neuilly-sur-Marne - Caen 2-4 (1-0, 1-1, 0-3)

Samedi 5 février 2005 à 18h30 à la patinoire municipale de Neuilly-sur-Marne. 230 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté de Sueva Torribio et Matthieu Loos.

Pénalités : Neuilly-sur-Marne 18' (4', 8', 6'), Caen 26' (0', 10'+10', 6').

Tirs : Neuilly-sur-Marne 25 (7, 11, 7), Caen 38 (14, 11, 13).

Évolution du score :

1-0 à 00'19" : Vastusko assisté de Svitana

1-1 à 28'38" : Granberg assisté de Garnier

2-1 à 34'59" : Vastusko assisté de Svitana (inf. num.)

2-2 à 41'49" : Hruska assisté de Granberg et Samson (sup. num.)

2-3 à 47'43" : Garnier assisté de Filip et Granberg

2-4 à 59'51" : Gomane (cage vide)

 

Neuilly-sur-Marne

Gardien : Roman Svaty (sorti de sa cage à 59'25").

Défenseurs : Jérôme Wagner - Rémy Enselme ; François Besseyre - Laurent Veret (C) ; Mickaël Goujot - Lukas Cvejn.

Attaquants : Milan Vastusko - Pavol Svitana (A) - Gaël Guilhem ; Jérôme Veret - Miroslav Kecka - Trevor Beaney ; Grégory Tarlé - Franck Legou (A) - Haround Litim ; Romaric Priqueler.

Remplaçants : Jérôme Pourtanel (G), Romain Lefèvre, Jérémy Hugues, Jimmy Persico.

Caen

Gardien : Robert Marton.

Défenseurs : Jaroslav Filip - Jonathan Janil ; Sébastien Bergès (C) - Samson Samson ; Alexis Gomane (A) - Peter Hruska.

Attaquants : Rodolphe Garnier - Petter Granberg - Jonathan Avenel ; Tuomo Määttä - Damien Fleury - Pierre Bennett ; Pierre Feutry - Arnaud Hascoët - Martial Janil ; Pierre-Antoine Devin.

Remplaçants : Jérôme Salley (G), Mathieu Blanvillain, Matthieu Caillard, Maxime Cheradame. Absent : Maxime Caillard (lombalgie).

 

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