Épinal - Anglet (5 février 2005)

 

Match comptant pour la vingt-septième journée de Ligue Magnus.

L'accumulation de défaites (six consécutives depuis le début de l'année) et la peu glorieuse perspective de ne pouvoir déroger à la poule de maintien ont contraint l'équipe dirigeante de l'ICE à rappeler l'emblématique Jan Reindl, figure historique du hockey spinalien (pilier de la défense vosgienne du début des années 90 puis entraîneur en 1999-2000), pour remplacer Raphaël Marciano à la tête d'une équipe devenue "incontrôlable", comme le dit le président spinalien Claude Maurice. En effet, son expérience et sa connaissance du club font de lui l'homme de la situation, ou en tout cas celui qui semble le plus adapté à remplir cette périlleuse mission de sauvetage. Sans oublier que Reindl, étant tchèque, pourra ainsi communiquer plus aisément avec la légion slave d'Épinal et peut-être trouver les solutions pour tirer la quintessence d'un groupe moribond, sans âme.

Voilà bien un défi à la hauteur de l'estime que lui porte le monde du hockey spinalien, mais le plus dur reste à faire, à commencer par la réception d'une formation angloye revigorée... Valeur sûre de l'Élite nationale, Anglet - troisième l'an passé - a repris espoir en la qualification en playoffs. Restant sur deux succès consécutifs, dont un impressionnant 7-1 passé à Morzine, l'Hormadi ne doit rien concéder sur ses quatre derniers matchs (face aux quatre derniers de Ligue Magnus) pour pouvoir décrocher un des derniers strapontins encore en jeu.

Si Épinal (re)débute l'ère Reindl en se montrant assez combatif durant ces toutes premières secondes, le naturel reprend très vite le dessus avec une défense à côté de ses patins et complètement ridiculisée par un Xavier Daramy qui exploite les grands espaces du côté gauche et enrhume ses adversaires pour faire trembler le cordage de Petrik (0-1 à 1'12"). On joue depuis seulement une minute et le décor est déjà planté. Car la faiblesse et les oublis défensifs seront une constante dans ce match et causeront la perte des Dauphins... Pourtant, le deuxième trio offensif spinalien ne baisse pas les bras et Goneau (2'45") mais aussi Ivanov (3'27") et Sevcik (3'49") tentent en vain de pousser Filiatrault à la faute au cours de cette période de domination vosgienne. De son côté, Stan Petrik a lui aussi de quoi s'occuper avec ces diables de Daramy et Garbocz, dont les arrières spinaliens ne verront quasiment que les numéros ce soir.

Pour l'heure, voici venu le temps de la première supériorité numérique pour Épinal (6'55", retenir de Decock) , malheureusement toujours aussi mal gérée et improductive, ce qui est aussi une constante depuis déjà un bon moment à Poissompré... Mais dans ce festival de maladresses, la volonté de Goneau sera récompensée. Déjà dans le coup au cours de l'action précédente, le Canadien voit son tir du revers s'écraser sur la barre transversale de Filiatrault... après être semble-t-il entré dans le but (1-1 à 10'42").

Dès lors, et malgré une dernière poussée de Kozlov (11'15"), l'essentiel de l'action se passe dans le camp spinalien, où Petrik fait bonne garde devant Patard, Zdrahal, Daramy puis Garbocz. Ce n'est que partie remise pour l'Hormadi puisque le petit lancer dévié de Marakhovski franchit la ligne de but de Petrik (1-2 à 15'07"). Nonobstant un bon numéro individuel de Trebaticky (18e, au-dessus), c'est toujours "gruyère time" - comme le dirait l'inénarrable George Eddy - dans la défense spinalienne, et Jérôme Patard lancé sur la droite a tout son temps pour allumer Petrik d'un missile qui se loge sous sa barre (1-3 à 18'10"). C'est à se demander si le mot "défense" fait vraiment partie du vocabulaire des Dauphins...

Heureusement pour le public spinalien, le deuxième acte débute sur des bases plus réjouissantes avec la concrétisation de la bonne entente entre les Canadiens de l'équipe (très en phase également lorsqu'il s'agit de muscler le jeu), symbolisée par ce caviar de Daniel Goneau en direction de Steve Gainey devant la cage, dont le lancer ras de glace trompe imparablement Filiatrault (2-3 à 21'33").

Pourtant, au lieu de servir de rampe de lancement à l'ICE, ce but inspire plutôt Anglet qui se montre incisif à l'image d'un Jean-Benoît Deschamps très présent en attaque au cours de cette période. Il faut même un Petrik "petrikéen" devant Zdrahal pour éviter le pire (27'53"). Les rares offensives d'Épinal ne posent en revanche pas de gros soucis à un Filiatrault solide devant Regenda et Goneau (30e) et pas inquiété outre mesure par les gri-gri du soliste Maksim Ivanov, beaucoup trop maladroit dans la finition (32e).

D'ailleurs, en parlant de maladresses, le cas des jeux de puissance spinaliens est toujours aussi édifiant, malgré les retouches apportées par Reindl. Ainsi, les deux pénalités quasi successives concédées par l'Hormadi sont tuées sans dommages et les Basques s'offrent même le luxe d'un contre en désavantage numérique par le duo Dostal-Daramy sur lequel Petrik se montre magistral (33e).

Revenus à portée de fusil des Angloys, malgré une alerte du Polonais Michal Garbocz dont le revers est bien stoppé par Petrik (42'17"), les Spinaliens, ne parviennent pas à se montrer plus inspirés dans la finition, malgré de nombreux lancers non cadrés en supériorité. Pire encore, un contre basque emmené par Patard côté gauche fait mouche, l'ex-Rouennais servant sur un plateau l'intenable Xavier Daramy qui conclut au second poteau (2-4 à 49'01"). Anglet a le match en mains à présent, d'autant plus que les ultimes occasions spinaliennes, comme ce breakaway raté de Mihail Kozlov (50'32"), l'infiltration d'Ivanov ou encore les lourds slaps de Trebaticky et Regenda échouent sur un très bon Jean-Ian Filiatrault, qui annihile un dernier contre de Roman Trebaticky (58'10").

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu' Épinal a beaucoup tenté, dans tous les secteurs du jeu, mais sans réussite. Pour la première de Reindl (arrivé depuis moins d'un jour dans les Vosges), il y a donc eu du mieux, au niveau de l'envie notamment, mais les maux habituels de l'ICE ont encore persisté hier soir, que ce soit défensivement (où toute la classe de Stanislav Petrik n'a pas été de trop pour éviter un score plus sévère) ou offensivement avec moult breaks et occasions vendangées par Kozlov et consorts. Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé, à l'instar du trio Goneau-Trebaticky-Gainey, une nouvelle fois le seul à être présent sur la feuille de pointage, malgré toute l'abnégation déployée par Guillaume Chassard et Frédéric Dehaëne. Toutefois, force est de constater qu'il y eut trop de déchet et d'approximations des deux côtés de la glace pour pouvoir venir à bout d'une solide équipe angloye. Enfin, difficile voire impossible d'élucider le mystère Gaétan Gavoille. Très en vue face à Grenoble et même buteur à Tours, le jeune spinalien a de nouveau regagné sa place sur le banc. De quoi laisser perplexe au vu des médiocres prestations de certains de ses acolytes...

À défaut d'être brillant, Anglet a réussi l'essentiel, à savoir ramener les deux points de Lorraine. Voilà les Basques revenus à trois unités des derniers qualifiés, Amiens et Angers, même si le point pris par les Angevins contre Mulhouse réduit les chances des partenaires de Jérôme Patard, très en vue ce soir avec deux points au compteur, tout comme son capitaine Xavier Daramy, auteur d'un doublé. Prochaine étape du contre-la-montre angloy avec la venue de Clermont à La Barre le 19 février.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Anglet 2-4 (1-3, 1-0, 0-1)

Samedi 5 février 2005 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 650 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Laurent Rouèche et Steve Bataillie.

Pénalités : Épinal 6' (2', 2', 2'), Anglet 12' (2', 4', 6').

Tirs : Épinal 39, Anglet 36.

Évolution du score :

0-1 à 01'12" : Daramy

1-1 à 10'42" : Goneau assisté de Gainey

1-2 à 15'07" : Marakhovski assisté de Deschamps (sup. num.)

1-3 à 18'10" : Patard assisté de Marakhovski

2-3 à 21'33" : Gainey assisté de Goneau

2-4 à 49'01" : Daramy assisté de Patard et Hitze (inf. num.)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Robert Pospisil - Milan Sejna ; Radoslav Regenda (A) - Bohuslav Ptacek ; Borislav Ilic - Jiri Sevcik.

Attaquants : Maksim Ivanov - Mihail Kozlov - Guillaume Chassard ; Steve Gainey - Roman Trebaticky - Daniel Goneau ; Guillaume Papelier - Anthony Maurice (A) - Frédéric Dehaëne (C).

Remplaçants : Franck Constantin (G), Gaétan Gavoille, Guillaume Géhin. Absents : Christophe Ribanelli (pied), Djamel Zitouni.

Anglet

Gardien : Jean-Ian Filiatrault.

Défenseurs : Daniel Sedlak [puis Christophe Cantos à 5'40"] - Roman Marakhovski ; Julien Hitze - Jean-Benoît Deschamps ; Mickaël Wiart - Lubomir Duda.

Attaquants : David Dostal - Michal Garbocz - Jérôme Patard ; Pavel Zdrahal - Xavier Daramy (C) - Géraud Maréchal ; Stanislas Solaux - Xavier Lassalle - Thomas Decock.

Remplaçants : Gabriel Bounoure (G), Julien Pousset. Absents : Antoine Amsellem, Julien Aubry, Nicolas Courally, Raphaël Larrieu.

 

Retour à la Ligue Magnus