Angers - Mulhouse (5 février 2005)

 

Match comptant pour la vingt-septième journée de Ligue Magnus.

C'est le premier affrontement de la saison entre ces deux équipes, car le match retour se joue avant le match aller, reporté à cause d'une glace mulhousienne impraticable. Ce match, c'est aussi le retour de l'ancien chouchou du Haras, celui qui avait succédé à Éric Doucet dans le rôle de pointeur en 1999 : Juho Jokinen. Un match sympathique en perspective, mais qui toutefois est rempli de tension, les deux clubs ayant un besoin indispensable des deux points de la victoire, surtout Angers dont la place en play-offs est loin d'être assurée.

Point commun à ces deux équipes, leur défense est décimée. Depuis un mauvais geste de Mark Rycroft sur Sébastien Rousselin lors de la dernière journée, celui-ci est indisponible pour trois mois, les ligaments du genou sont touchés. François Dusseau a décidé de ne pas faire appel à un renfort médical, juste rappeler Tijou et Simonneau en cas de blessure des titulaires : conséquence, la défense se jouera entre les quatre arrières restant valides. À Mulhouse, le départ de Montador associé à la longue absence de Ruokonen fait de la défense le véritable point faible de cette équipe. Enfin, dernier point à noter, la modification des lignes d'Angers liée à la fois à la blessure de Rousselin et aux mauvais résultats de janvier. La défense mulhousienne a aussi été remaniée dans ses paires.

Lles Angevins attaquent les cages de Lhenry et sont les premiers à tirer, les Scorpions répliquant aussitôt : le match est bien lancé. Mais pas le temps de voir tous les blocs sur la glace que Monsieur Antunes signale à Monsieur Bourreau un surnombre inexistant à l'encontre des Angevins (02'12") : va-t-on assister à un nouveau match ou l'arbitre veut se faire autant voir que les joueurs ? Cette pénalité met la défense angevine tout de suite sous pression mais le quatuor défensif (Lacroix, Bärgman, Irani, Bellier) tient le choc et Figved assure en dernier rempart infranchissable. Ainsi, deux fois de suite, Figved sauve les Ducs par de superbes arrêts. La supériorité numérique ne donne rien et les Scorpions continuent leur pressing sur les cages angevines mais Reinprecht comme Jokinen se cassent le nez sur Figved. Angers réagit en contre par Jonathan Bellemare et Martin Lacroix, mais les tirs de loin sont bien captés par Lhenry. Le jeu est rapide et intéressant à voir. Il faut attendre la moitié du tiers pour voir les locaux se réveiller réellement, c'est à nouveau Bellemare qui met le feu dans la défense mulhousienne mais Lhenry est sur ses gardes. Aussitôt la remise en jeu effectuée, c'est au tour de la deuxième ligne inédite (Devèze - M. Lacroix - Mocquard) de se mettre en évidence par un échange de passe sans réussite entre Benjamin Mocquard et Martin Lacroix.

Le jeu va d'un camp à l'autre et dans cette configuration c'est étonnamment Angers qui s'en sort le mieux, notamment par Mocquard qui s'offre deux débordements successifs sanctionnés de deux tirs dangereux sur Lhenry. Mulhouse commence à reculer et commet de plus en plus de vilains gestes à l'image d'un Allan Carriou très fébrile qui se fait rappeler à l'ordre (15'05). Bärgman le rejoint trente secondes plus tard sur le banc de la prison. Cette première phase de quatre contre quatre rapide est à l'avantage des Angevins, et le duo Rodrigue-Bellemare qui rate de peu l'ouverture du score (16'16). La fatigue commence à se faire sentir et la fin de tiers est moins alerte. Un beau tiers-temps tout de même qui a vu de nombreux tirs de chaque côté avec une légère domination mulhousienne, mais Julien Figved à fait son travail.

La deuxième période commence et les supporters locaux frissonnent au souvenir des passages à vide que l'ASGA y a connus durant chaque match depuis le début de l'année. Cette impression tombe vite à la vue de la volonté et l'envie dont font preuve les Angevins dès le début du tiers. La troisième ligne se met enfin en évidence et Carriou continue de commettre des fautes évitables (22'26). La supériorité numérique n'offre rien si ce n'est un bien vilain geste non sifflé de Day sur Hovora. Au contraire, c'est sur la sortie de la pénalité que Ryan Christie, très en vue ce soir, rate de peu l'ouverture du score. Angers garde le contrôle du palet et Michal Piotrowski déboule le long de la bande pour adresser un caviar à Mysicka qui rate son contrôle (25'30). Angers fait le pressing et sur un tir de la ligne bleue de Martin Lacroix, Lhenry fait l'arrêt de la jambière mais le rebond n'est pas protégé par la défense alsacienne. Benjamin Mocquard a suivi et n'a plus qu'à pousser le palet le long de la jambe du gardien français (1-0 à 26'52). La réaction mulhousienne ne se fait pas attendre mais Steven Reinprecht trouve encore Figved sur son chemin.

Angers continue de mettre la pression et la défense mulhousienne craque à nouveau, mais dans un genre différent. Après un tir de Rodrigue, Hovora vient au rebond et s'accroche avec Prunet, les deux hommes s'expliquent et se font sanctionner de 2'+2', par contre les coups portés par Segla sur Hovora devant l'arbitre ne seront bizarrement pas sanctionnés, alors que Christie a été retenu par ses partenaires afin qu'il ne se même pas également de l'explication. La tension est montée d'un cran et Rodrigue est sanctionné logiquement pour une crosse haute bien qu'involontaire (2'+2'). Le jeu en supériorité des Scorpions fait merveille, Julien Figved, pourtant héroïque, ne peut plus tenir tout seul le score, et c'est logiquement que Mulhouse revient au score. Une bonne séquence de passes des Scorpions permet à Greg Day de se trouver seul à la ligne bleue, il lance sur Figved qui repousse dans la mêlée devant lui, et Steven Reinprecht est le plus prompt pour reprendre le palet et égaliser (1-1 à 31'50). La tension est toujours palpable et Monsieur Bourreau veut essayer de reprendre le contrôle du match en envoyant Bargman et Prunet se calmer en prison avant que cela ne dégénère. La seconde pénalité de Rodrigue ne donne rien pour les Scorpions, et sitôt revenus à cinq, les Angevins reprennent leur marche en avant. Sur une remise en jeu devant Figved, l'attaquant polonais Michal Piotrowski récupère le palet et part le long de la bande pour une copie conforme de l'action de début de tiers, mais cette fois-ci Mysicka seul au centre devant Lhenry tire sans contrôle, et le palet rentre en deux temps dans la cage (2-1 à 34'27).

Angers domine et Lhenry sauve l'essentiel devant Bellemare et Lacroix, mais il est abandonné par sa défense sur un nouveau déboulé de Piotrowski. Celui-ci adresse un petit tir depuis la ligne bleue, et Lhenry laisse le rebond que Mysicka reprend aussitôt (3-1 à 37'23). Mulhouse a bien du mal a gérer cette fin de tiers et prend une nouvelle pénalité qui se terminera au-delà de la pause. Ce deuxième tiers a été dominé par Angers qui aurait pu aggraver le score si la première ligne avait été plus réaliste.

Le troisième tiers débute en supériorité pour Angers qui met son jeu de puissance en place mais ne tire pas. Les Mulhousiens continuent de faire des fautes et un gros cinglage de Ryan Christie les laisse en double infériorité numérique. Le tournant du match sans aucun doute. Et pourtant, durant plus de deux minutes, les Angevins ne vont réussir à adresser que deux tirs sur Lhenry. Les pénalités passées, Mulhouse pousse et a le contrôle du palet. Angers fait face mais est acculé sur son but et n'a comme solutions que des dégagements interdits. Nouvel évènement à 49'32", Bärgman est poussé sur sa cage par Bilbao selon les Angevins, mais pour les Mulhousiens il s'est jeté sur la cage pour arrêter le jeu : conséquence, deux minutes de pénalité infligées au Suédois après que le kiné est venu le soigner sur la glace. Cette pénalité est lourde de conséquences. Gregory Day et Jani Kiviharju sont à la ligne bleue, Jonathan Bellemare se jette à terre pour intercepter la passe mais se troue et perd sa crosse. En allant la chercher, il permet à Day de s'avancer seul au centre sans être attaqué et de permettre à Mulhouse de revenir dans le match par un tir limpide (3-2 à 50'42). Le HCM y croit à nouveau et il en faut de peu pour qu'il revienne au score sur un tir de Maurice Rozenthal repoussé de la lame du patin par Figved (51'52). Mulhouse continue son pressing, et à la suite d'une remise en jeu dans le camp angevin, Greg Day récupère à la ligne bleue et adresse un tir anodin sur Figved qui passe pourtant entre les jambières du jeune gardien (3-3 à 54'07). Tout est à refaire pour Angers, le temps mort appelé par François Dusseau permet de redonner du peps à l'équipe angevine qui essaye de repartir à l'attaque, sans réussite. Chaque équipe gagne déjà un point et essayera de se départager durant la prolongation.

Celle-ci commence fort et le duo Bellemare-Rodrigue se crée deux occasions coup sur coup en obligeant Lhenry à faire les arrêts. Sur le renvoi, Steven Reinprecht part le long de la bande, il passe en vitesse Simon Lacroix et peut venir défier calmement Figved avant de le battre de près d'un petit tir du revers au ras du poteau (3-4 à 60'59). Un point de plus pour Mulhouse.

Pour faire un beau match, il faut généralement deux équipes et ce fut le cas ce soir, même si la défense mulhousienne a paru très nerveuse. Certains gestes ne sont pas dignes du niveau de certains joueurs. Les locaux supporters semblent déçus de ce simple match nul alors que l'équipe d'Angers aurait pu l'emporter, mais du côté des joueurs on dirait qu'un match nul était l'objectif à la vue des congratulations au moment de la sirène finale du temps réglementaire. C'est tout de même dommage, les Angevins avaient la possibilité de faire tomber un nouveau "gros" du championnat et il faut leur souhaiter qu'ils n'aient pas à regretter ce point au moment du décompte final.

L'absence de Rousselin s'est fait ressentir et l'ASGA aura du mal toute la fin de saison si elle ne règle pas ce problème. Autre point préoccupant, la fébrilité de la première ligne angevine. La montée de Radek Hovora à la place de Martin Lacroix fait du bien mais cette ligne n'a plus le rendement attendu. La fin de saison s'annonce indécise et terrifiante pour les supporters angevins.

Pour Mulhouse, la défense s'est montrée bien loin du niveau des défenses grenobloises ou rouennaises : Vidman et Hakkarainen inexistants, Prunet et Carriou indisciplinés, seule l'expérience de Lhenry fait la différence. À noter toutefois le bon apport offensif de Ryan Christie qui s'habitue mieux à sa nouvelle tâche d'arrière. L'apport de Steven Reinprecht, qui a sauvé Mulhouse d'une nouvelle défaite, est indéniable. Tant que l'ancien champion du monde sera mulhousien, les Scorpions pourront continuer à y croire.

Compte-rendu signé Damien B.

 

Commentaire d'après-match (dans L'Alsace)

Juho Jokinen (attaquant de Mulhouse) : "Nous avons dû réaliser une grosse fin de rencontre pour gommer deux premiers tiers laborieux. Dès le coup d'envoi, nous avons été secoués par une équipe d'Angers qui avait une grosse envie de gagner devant son public. Nous n'étions pas assez actifs, pas assez vifs. C'est la double infériorité que nous avons su "tuer" dès le début du troisième tiers qui a marqué le vrai tournant du match. Là, on s'est dit que la partie était loin d'être terminée. On est parvenu à hausser notre rythme alors qu'Angers a commencé à payer ses efforts. La situation s'est alors inversée grâce notamment à des supériorités parfaitement exploitées par Steven et Greg. Cette saison, l'équipe a beaucoup plus d'expérience du très haut niveau que les années précédentes. Ça se ressent sur la glace. On parvient à gérer plus sereinement les moments difficiles. Et puis avec l'équipe actuelle, le danger peut venir d'absolument partout."

 

Angers - Mulhouse 3-4 après prolongation (0-0, 3-1, 0-2, 0-1)

Samedi 5 février 2005 à 18h30 à la patinoire du Haras. 1100 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Bourreau assisté de Yann Ruault et Laurent Antunes.

Pénalités : Angers 18' (4', 10', 4', 0'), Mulhouse 14' (2', 10', 2', 0').

Tirs : Angers 30 (14, 10, 4, 2), Mulhouse 46 (19, 12, 14, 1).

Évolution du score :

1-0 à 26'52" : Mocquard assisté de M. Lacroix

1-1 à 31'50" : Reinprecht (supériorité numérique)

2-1 à 34'27" : Mysicka assisté de Piotrowski et de Bellier

3-1 à 37'23" : Mysicka assisté de Piotrowski

3-2 à 50'42" : Day assisté de Christie et de Kiviharju (sup. num.)

3-3 à 54'07" : Day assisté de Segla

4-3 à 60'59" : Reinprecht assisté de Day

 

Angers

Gardien : Julien Figved.

Défenseurs : Simon Lacroix - Patrik Bärgman ; Patrice Bellier (A) - Michael Irani.

Attaquants : Radek Hovora - Jonathan Bellemare - Guillaume Rodrigue ; Benjamin Mocquard - Martin Lacroix (A) - Claude Devèze (C) ; Julien Pihant - Michal Piotrowski - Tomas Mysicka.

Remplaçants : Frédéric Gilbert (G), Julien Albert, Benjamin Tijou, Pierre-Antoine Simonneau. Absent : Sébastien Rousselin (ligaments croisés du genou, durée indéterminée, trois mois minimum).

Mulhouse

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Ryan Christie - Lilian Prunet (A) ; Allan Carriou - Jukka Hakkarainen ; Jani Kiviharju - Hermanni Vidman.

Attaquants : Maurice Rozenthal - Milos Palovcik - Pavol Segla ; Steven Reinprecht - Greg Day - Olivier Coqueux (A) ; Steve Michou - Lionel Bilbao (C) - Juho Jokinen.

Remplaçants : Tom Charton (G), Francis Ballet. Absents : Steve Montador (parti), Miikka Ruokonen (ligaments croisés du genou gauche, saison terminée).

 

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