Grenoble - Dijon (22 décembre 2004)

 

Match comptant pour la vingtième journée de la Ligue Magnus.

Dernier match de l'année pour les Brûleurs de Loups à Pôle Sud dans des conditions assez particulières puisque les six internationaux rentrent tout juste de leur périple polonais et que le reste de l'équipe avait dû s'entraîner à Villard-de-Lans pendant ce temps, la glace grenobloise étant réquisitionnée pour le spectacle Merlin l'Enchanteur. Malgré cela (et la blessure d'Amar), l'objectif était assez simple : enchanter justement une dernière fois cette année le public de Pôle Sud qui restait encore la tête dans les nuages après le festival offert face à Mulhouse. En face, les Ducs de Dijon se présentaient au complet et promettaient, comme lors du match aller (gagné 3-2 par Grenoble), d'être des adversaires coriaces car en quête urgente de points pour décrocher la huitième place.

La rencontre débutait sur un rythme intéressant, mais assez loin toutefois de l'intensité des débats face à Mulhouse. Dijon jouait crânement sa chance dès le début de la rencontre et sollicitait Rolland. La réplique grenobloise était bien timide et les occasions franches n'étaient pas légion. C'est Yven Sadoun qui provoquait le premier frisson dans les gradins de Pôle Sud en débordant côté gauche puis en repiquant au centre mais son tir passait au ras des montants de Jimmy Bjennmyr. Mais l'ancien Brestois avait de la suite dans les idées puisqu'il réservait quelques minutes plus tard la même action en récupérant un palet en entrée de zone puis en feintant le tir pour finalement battre Bjennmyr de près (1-0, 09'28"). Un très joli but qui fera du bien à la confiance du cadet des Sadoun, peu en réussite depuis le début de la saison. Les Brûleurs de Loups se sentaient alors pousser des ailes, eux qui craignaient de rester scotchés trop longtemps au score face à cette équipe accrocheuse. On rentrait alors dans un schéma assez classique d'attaque-défense avec des attaquants bourguignons, Pazak en tête, avides du moindre espace dans lequel s'engouffrer pour développer une contre attaque. Malgré tout la domination grenobloise restait stérile et le score semblait vouloir en rester là jusqu'à la pause mais à deux minutes de la sirène, Riger Jönsson, parti de sa zone défensive, s'offrait un slalom dans la défense dijonnaise avant de finir sa course sur... Jimmy Bjennmyr. Podlaha qui avait suivi n'avait plus qu'à récupérer le palet et l'envoyer dans la cage déserte. L'arbitre accordait le but malgré les vives protestations dijonnaises qui paraissaient justifiées tant Bjennmyr était dans l'incapacité de jouer le palet (2-0, 18'01"). C'est donc avec un confortable avantage de deux unités que les Grenoblois regagnaient les vestiaires, satisfaits du devoir accompli.

Pensaient-ils que cet écart allait s'avérer suffisant et que le match était plié ? Sans doute au vu de la décontraction assez consternante affichée lors d'une supériorité numérique acquise dès le début du deuxième tiers. Non seulement le premier bloc était incapable d'installer le jeu de puissance mais il faisait preuve d'un relâchement défensif inouï sur un contre côté gauche de Guéguen que Pasi Järvinen se contentait "d'accompagner" tranquillement jusqu'aux cages de Rolland (2-1, 22'20"). Voilà un premier avertissement sérieux qui n'eut visiblement pas l'effet escompté pour les locaux, qui bénéficiaient pourtant d'une double supériorité numérique pendant plus d'une minute. Mais les Brûleurs se montraient bien trop statiques à cinq contre trois et les Ducs se sortaient de ce mauvais pas sans trop d'inquiétude. Mieux même quelques minutes plus tard, Thomas Guéguen se rappelait au bon souvenir de ses adversaires sur une accélération foudroyante qui surprenait la défense grenobloise, Simon Bachelet en tête, et arrachait l'égalisation (2-2, 31'23"). Visiblement vexés par la tournure des événements, les Brûleurs de Loups perdaient quelque peu leur sang-froid et tombaient dans le jeu de la provocation. Ils se retrouvaient ainsi en double infériorité numérique à leur tour mais évitaient de justesse le naufrage complet malgré quelques sueurs froides. Une série de pénalités dijonnaises, leur donnait l'opportunité de passer les cinq dernières minutes en supériorité numérique. Mais incapables d'aligner deux passes correctes, ils vendangeaient ces occasions en or et rentraient au vestiaire la tête basse après vingt minutes parmi les plus médiocres qu'ils aient disputées jusqu'à présent à Pôle Sud cette saison.

La tâche grenobloise s'était donc singulièrement compliquée au début de la dernière période : ils devaient faire face à une équipe de Dijon complètement relancée, bien décidée à ne pas revenir bredouille de l'Isère après un tel retournement de situation. Mais en même temps il fallait faire le jeu au risque de s'exposer aux contres meurtriers de Pazak et autres Guégen. Et les Brûleurs, revenus avec de meilleures intentions sur la glace (ainsi qu'avec Christophe Tartari et Romain Bachelet en lieu et place de Papa et Hecquefeuille) faisaient le forcing sur les cages de Bjennmyr. Le match par moments devenait tout fou avec des mini-breaks de part et d'autre, mais les gardiens assuraient le spectacle. Meunier et Lehtonen s'emmêlaient les pinceaux en breakaway et une action individuelle "made in Podlaha" venait échouer à quelques centimètres du poteau dijonnais. Jimmy Bjennmyr, en véritable muraille, retardait l'échéance et renvoyait les Grenoblois à leur manque récurrent d'efficacité offensive. Une débauche d'énergie qui aurait même pu virer au cauchemar sur une pénalité stupide de Jönsson en zone offensive. Mais les Dijonnais ne parvenaient pas à faire la différence en supériorité. Pas plus d'ailleurs que les Grenoblois dans une situation similaire dans les deux dernières minutes sur une pénalité de Pazak. Dès lors, la prolongation devenait inéluctable, une première victoire pour Dijon.

La prolongation était très ouverte avec même une phase de jeu intéressante à trois contre trois lorsqu'un joueur de chaque côté était envoyé en prison. Comme lors du temps réglementaire, les Dijonnais avaient plutôt tendance à jouer le contre mais le palet allait régulièrement d'une cage à l'autre. On se dirigeait vers un match nul mais une pénalité grenobloise pour surnombre allait changer la donne. Une aubaine pour Dijon qui s'installait en zone offensive alors qu'il ne restait que quelques dizaines de secondes à jouer. Mais Benoît Bachelet récupérait le palet devant ses buts et lançait Laurent Meunier qui avait flairé le coup. Tout seul avec le palet du match dans la crosse, Meunier, qu'on a connu plus inspiré devant la cage, butait sur Bjennmyr. Le palet revenait dans les crosses dijonnaises et finissait dans celle de Miroslav Pazak qui crucifiait Rolland (2-3, 69'33"). Cruelle conclusion pour les Brûleurs de Loups, euphorie dijonnaise : la loterie de la prolongation avait choisi son vainqueur.

Dijon remporte un succès de prestige sur la glace grenobloise et ramène surtout deux points qui pourraient s'avérer essentiels dans la course à la qualification pour les play-offs. On retiendra la performance du jeune Thomas Guéguen, très actif et dont les deux coups d'accélérateur ont laissé sur place une défense grenobloise aux abonnés absents. Jimmy Bjennmyr a été très solide dans ses buts et a joué un rôle important dans la victoire de ses coéquipiers. Enfin, Miroslav Pazak a pu faire apprécier une nouvelle fois ses capacités de finisseur... Voilà en tout cas une victoire qui devrait gonfler à bloc le moral des Dijonnais dans leur quête de la huitième place !

Du côté de Grenoble, c'est vraiment la soupe à la grimace. Après un premier tiers dans l'ensemble correct, les Brûleurs de Loups se sont complètement relâchés tant défensivement avec deux buts "cadeau" de la défense grenobloise qu'offensivement avec un gâchis incroyable en supériorité numérique. La suite ne fut guère plus réjouissante avec des attaquants en panne d'efficacité offensive devant un gardien performant. Individuellement, Pasi Järvinen ressemble de plus en plus à une erreur de casting, mais ce sont finalement les deux étrangers les plus critiqués en début de saison, Roger Jönsson et Josef Podlaha, qui ont le mieux sorti leur épingle du jeu. Insuffisant toutefois parce qu'Amar a cruellement manqué et que Meunier n'a pas eu son rendement habituel. Dommage car Yven Sadoun s'est montré plus à son avantage que d'habitude. Au final, les Grenoblois rendent une copie très décevante par rapport à la prestation face à Mulhouse et plus grave, terminent la saison sur deux défaites après le revers à Rouen. Une bien triste fin d'année 2004 pour le collectif de Gérald Guennelon qui du mal à se montrer régulier dans la performance. Il devra en tout cas prouver en 2005 que cette nouvelle contre-performance à domicile n'est qu'un accident de parcours...

Désignés meilleurs joueurs du match : Petri Lehtonen pour Grenoble et Thomas Guéguen pour Dijon.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Grenoble - Dijon 2-3 après prolongation (2-0, 0-2, 0-0, 0-1)

Mercredi 22 décembre à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Gilles Durand assisté de Nicolas Charmillot et Damien Velay.

Pénalités : Grenoble 12' (0', 6', 2', 4'), Dijon 20' (2', 14', 2', 2').

Évolution du score :

1-0 à 09'28" : Sadoun assisté de Meunier et Favarin

2-0 à 18'01" : Podlaha assisté de Jönsson

2-1 à 22'20" : Guéguen (inf. num.)

2-2 à 31'23" : Guéguen assisté de Tekel

2-3 à 69'33" : Pazak assisté de Gillet (sup. num.)

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Pasi Järvinen ; Nicolas Favarin - Simon Bachelet ; Jean-François Bonnard (A) - Martin Millerioux.

Attaquants : Roger Jönsson - Petri Lehtonen - Josef Podlaha ; Yven Sadoun - Laurent Meunier - Benoît Bachelet (C) ; Cyril Papa [puis Christophe Tartari à 40'00"] - Laurent Deschaume (A) - Kévin Hecquefeuille [puis Romain Bachelet à 40'00"].

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Timo Bayon. Absents : Nicolas Antonoff (genou), Baptiste Amar (épaule).

Dijon

Gardien : Jimmy Bjennmyr.

Défenseurs : Mathieu Mille (A) - Milan Tekel ; Joshua Allison - Valdemar Pelikovsky ; Ludovic Duranceau - Aymeric Gillet.

Attaquants : Stephen Dugas (C) - Thomas Guéguen - Miroslav Pazak ; Romain Gentilleau - Calle Suuronen - Calle Konsti ; Thomas Bergamelli - Aram Kevorkian - Mickaël Brodin ; Julien Tiphaigne (A).

Remplaçants : Grégory Fougère (G), Arnaud Mazzone.

 

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