Épinal - Morzine (1er décembre 2004)

 

Match en retard de la sixième journée de Ligue Magnus.

Remis en selle par leur victoire sur Dijon (4-1), les Dauphins d'Épinal veulent toujours croire en leurs chances de qualification pour les séries. Il en va de même pour leurs adversaires morzinois, champions de France en titre de Division 1 (leurs prédécesseurs au palmarès étant... Épinal !) et promu aux dents longues. Surfant sur la vague du titre, les Pingouins ont intégré la Ligue Magnus non sans ambitions, en témoigne leur recrutement haut de gamme à dominance scandinave avec en tête d'affiche le pointeur originaire de Jönköping Johan Forsander ou encore l'habitué de SM-Liiga (avec le Jokerit Helsinki et Ässät Pori) Santeri Immonen. Malchanceux en mort subite, les Haut-Savoyards ont connu un début de saison délicat avant de trouver leur rythme et de devenir un véritable outsider, difficilement prenable à domicile. La bonne forme affichée par le gardien Johan Bäckö n'y est pas étrangère, tout comme la surprenante arrivée de Brad Ference, le rugueux défenseur des Coyotes de Phoenix et trublion reconnu au sein de la NHL (563 minutes de pénalités pour 245 matchs...). Présent dans la station le temps du lock-out, le Canadien n'a pas tardé à justifier sa réputation tout en se montrant très solide en zone défensive. Bien encadrés par ces gros calibres, les partenaires d'Éric Lebey (et de son fils Julien) comptent bien revenir victorieux de Lorraine pour se rapprocher un peu plus de Dijon, l'actuel huitième.

L'objectif sera rigoureusement identique côté spinalien, mais il faudra faire sans Radoslav Regenda et surtout sans Daniel Goneau, le nouveau meilleur marqueur de l'ICE. À la date à laquelle ce match avait été programmé, le 13 novembre, ces deux joueurs étaient suspendus, et du fait des sélections de Kozlov et Ivanov en équipe d'Estonie, l'effectif limité d'Épinal avait justifié un report. Mais des engagements avaient alors été pris pour que Goneau et Regenda purgent bien leur suspension contre Morzine-Avoriaz, même avec quelques semaines de décalage.

Les Morzinois ne tardent pas à prendre les devants avec un premier essai du redoutable Forsander (0'17") et se montrent actifs dans la zone vosgienne. Une première sanction contre Ptacek (1'32") sera sans fâcheuse conséquence pour un ensemble lorrain hésitant, fébrile sur les relances. Pas de doute, l'absence de Goneau commence à se faire sentir dans le jeu, et il faut six bonnes minutes aux Spinaliens pour se montrer vraiment dangereux devant Bäckö. Un bon relais entre Gainey et Ribanelli (6'41") puis une incursion de Trebaticky (7'46") permettent au portier suédois Johan Bäckö de se montrer à son avantage.

Solides derrière, les Morzinois ne s'en laissent pas compter et maintiennent leur pression sur Petrik. Le Slovaque tient bon sur les lancers de Boisson et sur les offensives alpines, tout comme son alter ego suédois qui met en échec les lourds slaps de Trebaticky (14'30") et Chassard (14'52"). Le score en reste là pour ce premier tiers assez équilibré en dépit d'une dernière frayeur de Johan Bäckö, ce dernier évitant in extremis de se faire piéger sur un rebond douteux le long de la bande consécutif à un slap non-cadré d'Ivanov (19'46").

En difficulté sur le plan collectif et en panne d'automatismes, les Dauphins sont, en début de deuxièle période, rapidement malmenés par un ensemble morzinois très homogène. Brad Ference par deux fois puis Éric Lebey (poteau, 24'11) sont bien près de faire flancher Petrik, mais c'est au contraire Épinal qui fait la différence un peu contre le cours du jeu avec un mouvement en triangle initié par Ptacek, bien relayé par Gainey et conclu au second poteau par Christophe Ribanelli (1-0 à 26'43").

Malgré l'ouverture du score, Épinal est toujours aussi approximatif et ne profite pas de bonnes situations offensives, rétrogradant progressivement et se voyant contraint de résister tant bien que mal aux attaques haut-savoyardes impulsées par Johan Forsander, celui-ci voyant sa petite déviation d'un lancer de Ference stoppée par Petrik (33e). Mais ce n'est que partie remise pour le Suédois. Profitant pleinement d'une énième erreur de placement à la bleue, le meilleur marqueur des Pingouins met sur orbite son compatriote Håkansson qui s'en va tranquillement confondre Petrik du revers (1-1 à 38'05"). A peine le temps de recouvrer ses esprits que le remuant Steven Kaye voit son travail derrière la cage récompensé grâce à Andreas Alnered qui marque de près (1-2 à 39'13"). En deux minutes, les Pingouins ont totalement renversé la vapeur et cela ne présage rien de bon pour l'ICE...

Le match est en train de tourner au vinaigre pour des Dauphins qui retrouvent inexorablement leurs vieux démons et se font piéger d'entrée par la vitesse d'exécution alpine, symbolisée par l'échappée côté droit de Fredrik Håkansson, idéalement servi par l'incontournable Forsander, qui fait le break en trouvant la lucarne de Petrik (1-3 à 40'15"). C'est le début d'un long calvaire qui va perdurer pendant toute cette période pour une apathique formation spinalienne qui paye là ses trop nombreuses erreurs défensives. Dans ces conditions, Morzine se fait un malin plaisir à gérer son avance tout en se reposant sur un Bäckö souverain. Complètements dépassés, les défenseurs spinaliens voient du blanc et rouge partout en cette fin de partie et assistent en spectateurs au raid infructueux de l'ancienne terreur de British National League - avec les Capitals d'Édimbourg - Steven Kaye (46'20").

Mais ce match, tombé dans une certaine monotonie, permet aux supporters spinaliens de voir le premier but en France du "NHLien" Brad Ference. D'un lancer flottant à mi-hauteur de la bleue, l'habituel numéro 45 des Coyotes de Phoenix vient à bout de Stanislav Petrik et sanctionne la double pénalité récoltée précédemment par Ptacek et Ribanelli (1-4 à 48'40"). Un dernier break de Marc Billieras avorté par Petrik (51'38") et une méconduite de match d'Anthony Maurice (57'59") concluent un bien triste match pour tous les supporters vosgiens, mais porteur de tous les espoirs pour des Morzinois revigorés.

L'embellie a été brève du côté des Dauphins d'Épinal, qui se retrouvent à nouveau au creux de la vague. Bien sûr, il en est fini de l'improbable espoir de qualification pour les play-offs. Les absences conjuguées de Regenda et Goneau ont complètement déstabilisé l'édifice spinalien : tournant à quatre, les défenseurs ont rapidement montré d'inquiétants signes de fatigue tandis que l'ombre de Goneau a plané sur l'attaque. Point critique depuis un bon moment, les jeux de puissances vosgiens, festivals d'indigence et stupéfiants de maladresses en tous genres ont à nouveau connu une soirée noire. On est en droit de se demander si le powerplay est au programme des entraînements du côté de Poissompré, parce que là, ça devient vraiment pathétique !

Si collectivement l'ICE n'a pas été à la hauteur il en va de même pour ses individualités. Bien sûr, les Chassard, Sejna, Trebaticky et autres Gainey n'ont pas démérité, tandis que certains ne cessent de décevoir ou de s'enfoncer dans la médiocrité. Premiers visés, les Estoniens Kozlov et Ivanov, totalement improductifs et pas convaincants, mais aussi les incontournables Sevcik et Maurice. L'avenir s'annonce grisâtre dans la Cité des Images...

Emmenés par leur pointeur en chef Johan Forsander (trois assistances pour l'ancien de l'AIK Stockholm), les hommes de Stéphane Gros n'ont jamais paniqué et ont parfaitement exploité les faiblesses spinaliennes en proposant un jeu rapide et typiquement alpin qui a complètement usé les coéquipiers de Robert Pospisil. Morzine a aussi fait preuve de solidité dans sa zone, avec un Brad Ference véritable leader de la brigade défensive et un Johan Bäckö très sûr.

En tout cas, ni l'arrivée tardive des Pingouins dans l'enceinte de Poissompré, ni le forfait de Christian Magnusson n'ont vraiment pénalisé une séduisante formation haut-savoyarde qui ne cesse de s'affirmer comme une valeur sûre de Ligue Magnus.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Morzine-Avoriaz 1-4 (0-0, 1-1, 1-2)

Mercredi 1er décembre 2004 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 751 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Benjamin Grémion et Nicolas Charmillot.

Pénalités : Épinal 30' (4', 0', 6'+20'), Morzine 14' (6', 2', 6').

Évolution du score :

1-0 à 26'43" : Ribanelli assisté de Gainey et Ptacek

1-1 à 38'05" : Håkansson assisté d'Immonen et Forsander

1-2 à 39'13" : Alnered assisté de Kaye et J. Lebey

1-3 à 40'15" : Håkansson assisté de Forsander et Ference

1-4 à 48'40" : Ference assisté de Forsander et Håkansson (double sup. num.)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Milan Sejna - Robert Pospisil ; Jiri Sevcik - Bohuslav Ptacek.

Attaquants : Frédéric Dehaëne (C) - Mihail Kozlov - Maksim Ivanov ; Guillaume Chassard - Roman Trebaticky - Guillaume Papelier ; Steve Gainey - Anthony Maurice (A) - Christophe Ribanelli.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Borislav Ilic, Djamel Zitouni, Gaétan Gavoille. Absents : Radoslav Regenda (suspendu), Daniel Goneau (suspendu), Guillaume Géhin.

Morzine

Gardien : Johan Bäckö.

Défenseurs : Brad Ference - Santeri Immonen ; Alain Boisson (A) - Andreas Alnered ; Tony Bergin - Christian Élian (C).

Attaquants : Johan Forsander (A) - Marc Billieras - Fredrik Håkansson ; Julien Lebey - Éric Lebey - Steven Kaye ; Anthony Richard - Kévin Enselme - Éric Dupieux ; Lionel Maes

Remplaçants : Damien Ackerer (G), Gabriel Périllat. Absents : Tomas Lindgren (rupture du tendon d'Achille), Christian Magnusson, Jean-Yves Socquet (blessés).

 

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