Match comptant pour la quatorzième journée de Ligue Magnus.

Ce match a toujours une saveur particulière puisque cinq Gapençais (Amar, Deschaumes et les frères Bachelet) évoluent sous le maillot grenoblois, même si dans cette liste seul Laurent Deschaumes a porté le maillot gapençais en senior. Pôle d'attraction de toute la région alpine en matière de hockey, Grenoble a été ces dernières années nettement au-dessus des fiefs traditionnels du pays du Mont-Blanc ou des Hautes-Alpes. Cela donne aux Brûleurs de Loups un statut d'équipe à battre, et le public s'est enthousiasmé ce soir en voyant ses protégés tenir tête à un des favoris du championnat. Les spectateurs étaient debout et faisaient un bruit de tous les diables (sauf le diable rouge bien sûr, qui n'a guère la cote à Gap...) pour encourager.

En comparaison, les supporters grenoblois étaient un peu seuls, un isolement renforcé par la séparation entre leurs deus groupes (les Irréductibles d'un côté et les ultras de la Section Cularo de l'autre). Des Grenoblois qui ont en plus été accrochés par des ados venus leur chercher des noises, des collégiens qui avaient eu des places gratuites par le club (politique à revoir) et qui ont dû être expulsés manu militari de la patinoire.

Le match en lui-même a été très tendu, avec deux gardiens - Martin Forslund et Patrick Rolland - qui n'ont rien lâché et qui ont gardé le score vierge tout au long de la partie. L'atmosphère devenait donc de plus en plus électrique, une vraie épreuve pour les nerfs des jeunes joueurs gapençais. Justement, Teddy Da Costa a passé ce soir le "test Bonnard". Les provocations savamment dosées du défenseur grenoblois étaient chargées d'examiner la capacité de résistance du nouvel espoir hexagonal. Et celui-ci a perdu ce test, en finissant par jeter intentionnellement les gants pour s'expliquer avec les poings avec "Jeff". L'apprentissage du haut niveau passe aussi par la découverte de ce genre de joueurs haïs par toutes les équipes adverses et qui n'ont pas leur pareil pour vous faire péter un câble.

Cet accrochage bonnardo-dacostien a lieu sur la sirène finale, qui n'est d'ailleurs pas finale du tout, puisqu'on en vient à la prolongation, ce qui est déjà une victoire en soi pour les Gapençais. Les Grenoblois de leur côté sont retombés dans leurs travers en ne trouvant pas de solution offensive, alors qu'ils avaient complètement débloqué leurs compteurs ces dernières semaines, avec en point d'orgue les quinze buts passés à Dunkerque. Il est vrai qu'ils sont maintenant l'équipe qui compte le plus d'internationaux, et que la fatigue s'est faite ressentir. Sûrement ne s'attendaient-ils pas à une telle résistance de leur adversaire d'un soir, très motivé. Finalement, Grenoble repartira bien en Isère avec deux points, mais après un but très contesté, inscrit à trois contre trois (Kozyrev ayant gâché une supériorité intéressante en rejoignant Hecquefeuille en prison). Roger Jönsson fait le tour de la cage et vient tromper Martin Forslund, qui conteste cependant que le palet ait effectivement franchi la ligne. D'où qu'ils étaient été placés, il se trouvera des spectateurs pour vous dire, soit que la rondelle n'est jamais rentrée, soit que le gardien l'a cachée sous lui en connaissance de cause mais qu'il y avait effectivement but. Monsieur Bergamelli opte pour la seconde version, ce qui met en furie le capitaine gapençais Jean-François Cal et son entraîneur Henrik Alfredsson. Tous deux se voient retirer leurs licences pour "attitude sarcastique".

Commentaire d'après-match (dans le Dauphiné Libéré)

Henrik Alfredsson (entraîneur de Gap) : "Nous avons réalisé de très bons matches durant cette phase aller, mais nous n'avons pas toujours été payés de nos efforts. Avec les blessures et les matches le mardi, l'équipe a beaucoup donné. Avec des déplacements à douze joueurs, ce fut très compliqué. Mais j'ai toujours eu la sensation que ce championnat serait serré. Je pense qu'avec notre effectif actuel, nous pourrons récolter plus de points. J'ai à Gap de très bons joueurs de hockey. Le championnat de France est de qualité dans la tenue du palet, la technique de passe. La différence avec les très grandes nations se situe au niveau du physique. Ici, on avance pas à pas. Il y a beaucoup d'ambiance dans l'équipe et je pense que tous ont envie de travailler très fort, les uns pour les autres. On parle de derby contre Briançon, mais selon ce que je comprends, pour les Gapençais, le vrai derby, c'est plus contre Grenoble... Si Martin (Forslund) est bon, c'est que les attaquants travaillent et que les défenseurs savent se sacrifier."

Gap - Grenoble 0-1 après prolongation (0-0, 0-0, 0-0, 0-1)

Mardi 16 novembre 2004 à 20h00 à la patinoire Brown-Ferrand. 854 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Nicolas Barbey et Guillaume Gielly.

Pénalités : Gap 89' (6', 0', 6'+5'+20', 2'+25'+25'), Grenoble 49' (2', 6'+10', 4'+25', 2').

Évolution du score :

0-1 à 65'34" : Jönsson assisté d'Antonoff et S. Bachelet

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