Asnières - Strasbourg (16 octobre 2004)

 

Match comptant pour la sixième journée de division 1, poule nord.

Une Étoile Noire puissante mais inconstante

On a beau la voir chaque année, et l'ex-Strasbourgeois Antoine Intsaby la voyait pour la première fois de notre côté, l'Étoile Noire reste d'entrée très impressionnante avec vingt-cinq joueurs tous plus grands, gros, rapides et précis les uns que les autres, d'où le compte-rendu délire "Guerre des Étoiles" de l'an passé. On pourrait le ressortir sans qu'il soit démodé d'ailleurs, car la plupart des noms inscrits aux dos des maillots noirs et jaune n'ont pas changé. On retrouve ainsi les Flinck, Himler, Sevcik & co. Au total, trois Slovaques, quatre Canadiens, un Finlandais et un Belge qui viennent compléter un très bon groupe de Français.

Caen paraissait un gros cran au-dessus d'Asnières il y a trois semaines, une impression toute relative après la venue du leader ce week-end. Car Strasbourg, c'est tout de même une équipe qui affiche ses ambitions de Ligue Magnus et en a pris le chemin avec le plein de points après cinq journées (et maintenant six) et la meilleure équipe dans tous les domaines offensifs et défensifs.

Tous s'attendaient donc à une pluie de buts aux Courtilles, surtout après le coup de barre des Castors cette dernière semaine. Et la pluie est bien tombée puisque onze buts ont été inscrits, mais pas tous du même côté du tableau d'affichage comme on l'a craint avant la rencontre. En réalité, le score de 4-7 ne reflète pas la domination de l'Étoile Noire, qui s'est créée de très nombreuses occasions non transformées, cherchant constamment le jeu parfait plutôt que d'organiser un mitraillage de la cage asniéroise, ce qui aurait sans doute été mieux payé vu la présence pesante des avants strasbourgeois autour de la cage d'Antoine Intsaby. Il est certain que Strasbourg a fait le choix intelligent de travailler de belles phases de jeu en préparation des matchs suivants vu le peu de suspense de cette rencontre.

Mais, si l'Étoile Noire s'est facilement imposée dans tous les compartiments du jeu, elle peut s'inquiéter de quelques signes de faiblesses et inconstances, qui ont insuffisamment profité aux Castors, mais que les plus redoutables équipes du sud ne manqueront pas d'exploiter. D'une part, les Strasbourgeois ont concédé un nombre important de pénalités, d'autre part la défense noire et jaune s'est fait anormalement surprendre sur les quatre buts qu'elle a encaissés : trois contre-attaques à deux contre un et un but sur rebond d'un Asniérois tout seul devant la cage.

Et quatre, ce n'est pas encore assez ! Les Castors ont gâché de très nombreuses supériorités numériques, dont deux périodes à cinq contre trois. Chaque semaine la même chansonnette, mais il faut bien comprendre que de nombreux points se sont joués et se joueront sur les prisons. Un bon jeu de puissance apporterait à Asnières deux buts supplémentaires au minimum à chaque match, et quand on regarde les résultats depuis le début de saison (5-5 à Garges, 1-3 à Neuilly, 1-2 contre le Vésinet), gâcher n'est pas un mot trop fort tant le jeu des Castors est peu orienté vers le but et totalement axé sur un Peter Zambori immobile le long de la balustrade. Les Asniérois restent bien en dehors du carré (ou du triangle lorsqu'ils sont trois) formé par les adversaires, sans chercher le moindre bloc ou décalage, sans mettre un joueur dans cette défense pour la gêner, ni même devant la cage. Ils ont les angles et la balustrade, cela semble leur suffire ! Mais comment peut-on marquer de là ? Quand le temps est déjà bien écoulé et parce qu'il faut bien faire quelque chose, Peter Zambori remonte le palet à un défenseur qui tire de loin en espérant que ça rentre, parce que de toute façon le rebond ne peut-être que pour l'adversaire, il n'y a personne d'autre autour du gardien !

L'exception qui confirme la règle est survenue ce week-end, puisque sur une des nombreuses supériorités, tout s'est joué côté opposé à Peter Zambori, un défenseur glissant le palet à son compère pour un tir ras de glace placé sur la cage et un but sur rebond de Mourad Chaiblaine. Comme quoi c'est bien devant la cage que tout se fait et non sur les bords ! On peut également prendre en modèle le jeu de puissance de l'Étoile Noire avec des avants qui tournent constamment devant le but et prennent les places les uns des autres, voire celles des défenseurs montés à la cage. Le trafic devant la cage est tel qu'il est bien difficile pour les défenseurs de ne pas laisser quelqu'un de libre à proximité du but, et le gardien n'est pas à l'aise sur les lancers de la ligne bleue masqués ou déviés.

Venons-en à l'équipe elle-même. Les Castors "craquent" contre les petites équipes, mais semblent se retrouver face aux gros poissons. Ce week-end, pas de vraie faute individuelle à signaler, pas de risque inconsidéré pris par les défenseurs, pas d'arrière vraiment oublié par les ailiers, pas de joueur tout seul devant le but... En fait, il y a bien eu un peu de tout cela, mais ce fut bien plus provoqué par Strasbourg et son jeu rapide que par des fautes individuelles. L'Étoile Noire était meilleure, bien meilleure, et ça s'est vu.

Antoine Intsaby encaisse deux shoots de la ligne bleue en infériorité numérique, oui mais ça tirait fort et il y avait du passage devant la cage. Toutes les lignes ont pris leur(s) but(s) d'un avant lancé et bien servi face au but à mi-zone, oui mais ça tournait très vite et le gars passait toujours en second rideau alors qu'un de ses coéquipiers lui avait fait écran ou avait emmené un défenseur ou le centre.

Le seul but à regretter, c'est le sixième, inscrit sur la sonnerie du deuxième tiers, alors que les Castors engageaient à 39'56" dans la zone des Strasbourgeois. L'ailier gauche qui n'est pas bloqué et qui part comme un boulet pour le break, les défenseurs qui ne démarrent pas vraiment en se disant que ça va sonner... Le petit brin de réussite sur le tir du revers en angle qui termine dans le filet. Ça, c'est vraiment honteux.

On termine sur une note positive avec ces quatre buts inscrits au leader, dont trois sur des contre-attaques rondement menées de Peter Zambori, Mourad Chaiblaine (doublé ce soir) et Marc Dussaucy. Les Castors ont même ouvert le score dés la cinquième minute, se montrant terriblement efficaces sur leur première vraie sortie de zone. Et on note également qu'une autre ligne que la première à enfin marqué, en espérant que ce n'est qu'un début. Sans Robert Pohanka blessé et Karim Chaiblaine expulsé dès le premier tiers, le bilan de l'attaque est plutôt bon si l'on tient compte de l'adversaire.

De bon augure avant le match dynamite Asnières-Courbevoie de samedi prochain ? Les Coqs ayant passé un sévère 14-2 à Garges ce week-end, ça promet du beau jeu !

Points forts d'Asnières

- Une bonne réussite en attaque, et deux nouveaux buteurs cette saison, Mourad Chaiblaine et Marc Dussaucy

- Assez peu de prisons, en passe de devenir une habitude ?

Points faibles d'Asnières

Difficile de faire la différence entre vrai point faible et efficacité strasbourgeoise.

- L'expulsion de Karim Chaiblaine (charge dans le dos + contestation) très malvenue après une bonne entame de match des Castors, alors qu'ils étaient déjà diminués en attaque par l'absence de Robert Pohanka ce soir

- Le marquage individuel dans le bas de la zone défensive. Même si l'Étoile Noire a toujours bien joué le coup, les arrières doivent prendre en permanence un joueur. OK, leur zone est principalement devant le but, mais s'il n'y a pas d'adversaire, ou s'il en sort, ils n'y servent à rien et surtout, cela implique qu'un attaquant adverse se promène quelque part tout seul ! D'où les blocs, les une-deux et le centre asniérois qui tourne dans tous les sens.

Le film du match

1-0 : but de Peter Zambori. Sur un palet dégagé le long de la balustrade gauche, le défenseur adverse se trouve face sur la ligne bleue face à Mourad Chaiblaine qui bénéficie du rebond dans le choc des crosses. Celui-ci adresse une transversale à Peter Zambori qui remonte toute la glace en compagnie de Karim Chaiblaine. En zone d'attaque, Peter profite du bon travail de Karim qui plonge à la cage et emmène le défenseur, il repique vers le centre et à mi-distance tire entre les bottes du gardien. Contre le cours du jeu, Asnières ouvre la marque.

1-1 : but de Milan Dirnbach. En avantage numérique, les Strasbourgeois font tourner le palet à la ligne bleue. Ils ne trouvent pas de solution près de la cage, mais l'arrière Dirnbach est en position de shoot et adresse un tir puissant sur la glace qui rentre au ras du second poteau.

1-2 : but de Dave Grenier. Mourad Chaiblaine ne dégage pas le palet sur l'aile gauche et se le fait subtiliser par l'arrière venu le contrer, il le ceinture alors que celui-ci repique vers le centre. Une prison inutile aussitôt sanctionnée par un tir flottant du poignet de Grenier de la ligne bleue qu'Antoine Intsaby ne voit pas partir du fait du nuage de joueurs plantés devant sa cage.

1-3 : but de Peter Himler. Entrés en zone côté gauche, les Strasbourgeois sont contrés, mais le dégagement de Marc Dussaucy tarde et le palet termine dans une crosse adverse (un de plus qui ne sort pas !). le jeu se poursuit côté gauche où les deux arrières tentent de mettre sans succès de la pression sur les attaquants adverses, qui s'installent derrière la cage. Les deux arrières et le centre sont regroupés sur le but pour marquer le seul Sevcik, et la passe se fait à Himler seul à mi-hauteur qui reprend d'une volée croisée.

1-4 : but de Xavier Rénier. Strasbourg rentre tout en vitesse et commence à effectuer des rotations sur le côté gauche. Rapidement les Castors ne savent plus quel joueur marquer et ne suivent plus le mouvement. À la sortie, Rénier est servi face à la cage à mi-zone et ajuste facilement le but asniérois.

1-5 : but de Peter Himler. Une fois de plus, les Strasbourgeois rentrent facilement côté gauche et s'installent en fond de zone sans subir trop de pression. Le défenseur dans un premier temps replié sur sa cage se décide à forcer l'ailier dans le coin, alors que le centre a pris un deuxième attaquant qui coupe vers la cage. Hélas le troisième avant est dans le sillage et personne ne le prend puisque l'autre défenseur asniérois est seul devant le but à attendre. La passe lui est faite et Peter Himler allume ainsi la lucarne à bout portant d'un tir du poignet croisé.

2-5 : but de Mourad Chaiblaine. Sur une attaque contrée des Strasbourgeois, Peter Zambori sort le palet de la zone par le centre et le transmet à Mourad Chaiblaine sur le côté droit. Côté gauche, Jean-Marie Chevalier (qui remplace Karim Chaiblaine en attaque pendant sa prison) oblige le dernier défenseur à reculer, et arrivé à mi-zone d'attaque, Mourad marque d'un petit lancé du poignet placé le long du second poteau à mi-hauteur.

2-6 : but de Mathieu Saint-Marc. Alors qu'il reste quelques secondes à jouer, Mourad Chaiblaine perd l'engagement en zone d'attaque. Jean-Marie Chevalier le long de la balustrade ne bloque pas Mathieu Saint-Marc qui démarre et part dans le dos des défenseurs. Xavier Rénier lui balance le palet alors que la défense asniéroise peine à revenir, et Saint-Marc malgré un angle très fermé parvient à soulever le palet du revers d'un petit tir croisé qui termine dans le filet sur la sonnerie du deuxième tiers-temps.

2-7 : but de Tommy Flinck. Évoluant en supériorité numérique, l'Étoile Noire profite d'une seconde pénalité différée pour faire rentrer un joueur d'attaque à la place du gardien de but. À six contre quatre, c'est la passe à dix autour de la cage asniéroise et les tirs à répétition. Sur le quatrième ou cinquième, Antoine Intsaby laisse un rebond pris par Tommy Flinck seul face à la cage. Le palet contré à nouveau rentre au-dessus d'Intsaby qui s'était encore interposé.

3-7 : but de Mourad Chaiblaine. Les secondes défilent immanquablement alors que Peter Zambori et Antti Kaartinen échangent le palet côté droit. Le défenseur finlandais bien inspiré choisi de ne pas décaler Peter une nouvelle fois et glisse le palet à Grégory Moreau légèrement descendu côté gauche depuis la ligne bleue. Son tir ras-de-glace n'est pas capté par le gardien, et Mourad planté seul devant la cage y pousse le rebond. À noter que, juste auparavant sur une même situation, Jean-Marie Chevalier venu lui aussi à la cage avait raté la déviation dans la cage vide sur une passe-tir millimétrée de Moreau !

4-7 : but de Marc Dussaucy. L'attaque strasbourgeoise est bloquée par le jeu défensif des Castors et l'arrière droit adverse monte jusqu'à la ligne médiane où il est contré. Marc Dussaucy prend de court les attaquants et part en contre avec Benoît Quatreuil face au dernier défenseur. Benoît oblige celui-ci à reculer en accélérant vers la cage, ce dont profite Marc, qui fixe l'arrière et le gardien en faisant miner de faire la passe, avant de tirer du poignet au premier poteau entre la botte et la mitaine de Gilles Beck.

 

Asnières - Strasbourg 4-7 (1-3, 1-3, 2-1)

Samedi 16 octobre 2004 à 20h15 à la patinoire des Courtilles. 215 spectateurs.

Arbitrage de Christophe Baude assisté de Pascal Telliez et Gilles Magnier.

Pénalités : Asnières 54' (6'+10'+20', 2', 6'+10'), Strasbourg 28' (2', 6', 10'+10').

Évolution du score :

1-0 à 08'35" : Zambori assisté de Kaartinen et M. Chaiblaine

1-1 à 10'16" : Dirnbach assisté de Sevcik et Himler (sup. num.)

1-2 à 13'55" : Grenier (sup. num.)

1-3 à 16'26" : Himler assisté de Sevcik et Medeiros

1-4 à 22'47" : Rénier assisté de Mauget et Saint-Marc

1-5 à 28'28" : Himler assisté de Sevcik et Medeiros

2-5 à 33'14" : M. Chaiblaine assisté de Zambori

2-6 à 40'00" : Saint-Marc assisté de Rénier (inf. num.)

2-7 à 46'30" : Flinck assisté de Dirnbach (sup. num.)

3-7 à 55'46" : M. Chaiblaine assisté de Moreau et Zambori (sup. num.)

4-7 à 57'30" : Dussaucy assisté de Rouyer et Boissière

 

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