Dynamo Moscou - Ak Bars Kazan (9 octobre 2004)

 

Match comptant pour la seizième journée de la Superliga russe 2004/05.

La guerre des étoiles à Loujniki ! (titre de Sport Express) C'est un peu de Russie en Amérique du Nord ou d'Amérique du Nord en Russie cet après-midi dans la patinoire du Dynamo. Rien qu'en jetant un œil sur les premières lignes d'attaque des deux équipes, c'est le grand show de la Ligue Nationale : Maxime Afinoguenov (Buffalo) - Artiom Tchoubarov (Vancouver) - Alexandre Ovetchkine (bientôt Washington ?) pour le Dynamo, contre Alexeï Morozov (Pittsburgh) -Sergueï Zinoviev (passé par Boston) - Ilia Kovaltchouk (Atlanta).

Ajoutez à cela l'addition récente dans les rangs du Dynamo de l'international slovaque Lubomir Bartecko et de l'attaquant de Detroit (ex-Kazan d'ailleurs) Pavel Datsiouk, associés sur la quatrième ligne (sic) d'attaque à l'excellent Tchèque Pavel Rosa.

N'oubliez pas que ce match voit le retour à Loujniki, sur le banc des visiteurs, du sélectionneur national et surtout ancien entraîneur du Dynamo, Zinetoula Bilialetdinov, et vous avez de quoi avoir le frisson ! Ah oui, un détail, si vous êtes fan d'Ilia Kovaltchouk, ce résumé est fait pour vous, Ilia a été l'homme du match...

Devant son nombreux public, le Dynamo démarre patin au plancher. Alexandre Kharitonov est le premier à porter le danger sur la cage tatare gardée cet après-midi par Andreï Tsarev, préféré au Canadien Fred Braithwaite. Ce dernier avait été sorti en cours de match à Magnitogorsk alors que sa défense prenait l'eau, et comme Tsarev avait été impérial (enfin, c'est surtout pour placer un jeu de mot entre "Tsar(ev)" et impérial...), il a été conservé pour ce match.

Le Dynamo pousse donc très fort d'entrée et les Tatars en sont réduits à faire des fautes. C'est ainsi que le Canadien naturalisé russe David Nemirovsky se retrouve en prison dès la quatrième minute. Kazan résiste, puis craque juste après sur une incursion du premier bloc dynamiste. Un tir lointain d'Artiom Tchoubarov se loge près de la lucarne de Tsarev, le long de son poteau. 1-0 dès la septième, c'est bien parti ! Surtout que les visiteurs, que l'on n'a pas encore vu pointer le museau, égalisent la minute suivante sur leur première action, un contre rondement mené qui se termine par un superbe geste technique de Vitali Iatchmenev qui marque en contournant Alexandre Eremenko, le gardien moscovite. La guerre des étoiles se poursuit donc entre les premières lignes qui s'affrontent. À la treizième minute, le Moscovite de Kazan - formé aux Krylia Sovietov - Alexeï Morozov se retrouve en prison, mais le Dynamo n'en profite pas car neuf secondes plus tard, c'est Alexandre Ovetchkine qui à son tour est pénalisé. 31 secondes après la fin de sa pénalité, Morozov retourne sur le banc d'infamie. C'est la fois de trop ! L'international ukrainien du Dynamo (de Moscou, pas de Kiev, suivez un peu !) Vadim Chakhraïtchouk bat de près Andreï Tsarev d'un tir du revers. 2-1 à la 16eme et à la fin du tiers.

La période suivante débute de la même manière, avec un Dynamo entreprenant et un Ak Bars plus frileux et surtout toujours aussi imprécis en défense. Comme contre Magnitogork, il y a des boulevards dans la défense tatare. Andreï Markov s'y engouffre. Le défenseur de Montréal est sur son aile, comme personne ne le charge, il se déplace latéralement et dès qu'il est en face de la cage, il arme un boulet de canon qui transperce l'arrière-garde tatare. Ça fait boum, ça fait 3-1 et ça fait mal à Kazan. Du coup, comme contre Magnitka, Zinetoula Bilialetdinov, tente le déclic psychologique en changeant de gardien et en faisant entrer le Canadien Fred Braithwaite. "Eh, psit, Billy, c'est pas tes gardiens qui vont pas, c'est ta défense qui aurait besoin d'un stage chez Vorob'"...

Et Ilia Kovaltchouk, me direz-vous ? Comment c'est-y qui va ? Eh bien jusqu'à présent le meilleur ami des supporters du Spartak a été aussi transparent que l'eau claire. Il se réveille pile poil à la mi-match. La star traverse toute la patinoire de Loujniki dans un immense dribble chaloupé, c'est magnifique à voir ! Sauf qu'à l'entrée de la zone d'attaque, là où cela devient vraiment important, Ilya se fait chiper le palet. Vexé, il tente de récupérer la précieuse rondelle, et comme il n'y parvient pas, il donne un coup de crosse à son adversaire, ce qui l'envoie en prison pour deux minutes. Ilia est en train de devenir, également, le chouchou de Loujniki ! Symbole du désarroi tatar, à peine la pénalité d'Ilia Premier terminée, c'est au tour du défenseur international Alexandre Gouskov d'aller user son pantalon sur le banc des prisons. Ce n'est pas ainsi que les Verts et Rouges reviendront dans la partie. Le Dynamo en profite donc pour contrôler la situation et arriver à la seconde pause avec ses deux buts d'avance.

Même scénario dans l'ultime période. Le Dynamo domine, contrôle, et Kazan pare au plus pressé. Heureusement pour les visiteurs, Fred Braithwaite a retrouvé toute sa classe et empêche le score d'enfler. Le jour où les gardiens débutant dans la cage de Kazan ne se "planteront" pas d'entrée et que leurs défenseurs seront plus attentifs, peut-être que... Surtout qu'Ak Bars réussit l'impossible (ou presque) en revenant au score à deux minutes de la fin. C'est le "Krylia sovietovien" Alexeï Morozov qui trouve la solution sur l'une des rares attaques tatares. De quoi faire revenir le suspense, surtout que le défenseur moscovite Vladislav Bouline trouve "intelligent" de partir en prison à 58'33 ! Ouille, ouille, ouille. Ak Bars joue évidement sans gardien, d'autant plus que les Tatares engagent dans leur zone d'attaque.

Le premier bloc de Kazan est sur la glace. Et c'est alors, tan, tan, tan, Ilia Ier revient sur le devant de la scène ! En position de défenseur, il va faire une magnifique passe sur l'autre aile. Mais que se passe-t-il ? Eh bé, ça alors ! La passe, justement, n'arrivera jamais à destination... Ilia Kovaltchouk s'emmêle les pinceaux, foire totalement sa passe et envoie le palet directement sur Alexandre Kharitonov qui fonce tout seul en direction de la cage vide pour inscrire le but de la victoire. Le public est hilare. Il aura hué Kovaltchouk pendant tout le match et ce dernier lui "offre" le but décisif. Bien sûr, il n'est pas question de se moquer d'un très grand joueur (bon, juste un peu...), cela arrive à n'importe qui de rater une passe, même à un moment décisif d'un match. Non, ce qui est "agaçant" avec Kovaltchouk, c'est son attitude.

Bon, il a le droit de préférer les "roubles tatars" au maillot du Spartak, son club formateur, même s'il n'est pas dans la misère, ce qui est plus gênant, c'est cette impression à la fois de "je-m'en-foutisme" et de mépris pour la terre entière qu'il laisse apparaître. Un grand champion à toujours de l'orgueil, mais il doit également avoir de la modestie. Je comprend mieux pourquoi l'équipe nationale russe ne réussit rien de bon et ne réussira rien avant bien longtemps, si ses vedettes ont cette mentalité (à l'image de la société russe actuelle d'ailleurs, où l'individualisme, l'égoïsme et surtout l'argent sont les valeurs les plus en vogue). Pas mal de joueurs de LNH russes ne semblent attendre qu'une seule chose : pouvoir repartir le plus vite possible en Amérique du Nord pour réamorcer la pompe à dollars. Pas tous évidement. Le Dynamo, lui, l'a prouvé cet après-midi. Quand à Kazan, cela fait deux matches à l'extérieur que c'est pas terrible, mais alors vraiment pas...

Étoiles du match : Kovaltchouk (nan, j'déconne...)

Bon, soyons sérieux : *** Maxim Afinoguenov (Dynamo), ** Vadim Chakhraïtchouk (Dynamo), * Andreï Markov (Dynamo).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match (dans Sport Express)

Vitali Davydov (vice-président du Dynamo) : "J'ai vu Ak Bars aujourd'hui, et je n'ai rien vu d'autre qu'une collection de hockeyeurs. Bilyaletdinov devra les assembler. De nombreuses difficultés l'attendent. Ne serait-ce que parce qu'il a consacré toute sa vie et son âme au Dynamo, et que transférer ses vues à Kazan sera complexe. S'il y parvient, on pourrait dire que c'est un vrai entraîneur. Jusqu'à la trêve de novembre, l'important pour lui est de ne pas perdre trop de points. Vous savez, j'évalue le jeu d'un joueur à la manière dont on nous évaluait autrefois. De mon temps, si Kovalchuk avait joué ainsi, il aurait été envoyé en équipe-réserve. Il ne joue que pour lui-même. [interrogé sur le fait que le bilan comptable de Bilyaletdinov en quatre matches de coupe du monde est meilleur qu'en quatre matches avec Kazan :] Ce qui me surprend le plus, c'est l'estimation que vous, les journalistes, avez faite de la prestation de notre équipe à la coupe du monde. En sport, c'est le résultat qui compte et qui fait le bon entraîneur, quelle qu'ait été la beauté du jeu."

Artem Chubarov (attaquant du Dynamo) : "Je confirme que la coupe du monde a donné une nouvelle impulsion à ma carrière. En faisant mes débuts en équipe nationale senior, j'ai pris confiance en mes forces. Je ne dirais qu'une chose : Kovalchuk comme Morozov me paraissent plus forts en NHL. En ce qui concerne Zinoviev, je ne connais pas son potentiel. Globalement, le jeu de sa ligne n'allait pas aujourd'hui. Je veux dire qu'on joue un hockey différent en NHL et en Superliga. Là-bas, du fait des dimensions plus petites de la glace, le jeu est plus intensif et construit essentiellement sur des passes courtes. Ici, on a le temps de lever la tête et de faire une longue passe. Il est nécessaire de se ré-adapter."

 

Dynamo Moscou - Ak Bars Kazan 4-2 (2-1, 1-0, 0-1)

Samedi 9 octobre 2004 à 13h00 à la Malaïa Sportivnaïa Arena Loujniki. 6500 spectateurs.

Arbitrage de M. Karabanov (Moscou) assisté de MM. Serdyuk et Belov.

Pénalités : Dynamo 8', Kazan 12'.

Tirs : Dynamo 23 (12, 6, 5), Kazan 18 (6, 6, 6).

Évolution du score :

1-0 à 07'01" : Chubarov assisté d'Ovechkin et Afinogenov

1-1 à 08'28" : Yachmenev assisté de Platonov

2-1 à 16'36" : Shakhraïchuk assisté de Kharitonov (sup. num.)

3-1 à 25'19" : Markov assisté de Mirnov et Shakhraïchuk

3-2 à 57'51" : Morozov assisté de Zapirov

4-2 à 59'01" : Kharitonov assisté de Troshchinsky (cage vide)

 

Dynamo

Gardien : Aleksandr Eremenko.

Défenseurs : Ilya Nikulin - Aleksandr Zhdan ; Alekseï Troshchinski (KAZ) (c) - Andreï Markov ; Igor Shchadilov - Vladislav Bulin ; Iakov Rylov - Sergueï Vyshedkevich.

Attaquants : Maksim Afinogenov - Artiom Chubarov - Aleksandr Ovechkin ; Igor Mirnov - Vadim Shakhraïchuk (UKR) - Aleksandr Kharitonov ; Aleksandr Stepanov - Alekseï Chupin - Vladimir Vorobiev ; Lubos Bartecko (SVK) - Pavel Datsyuk - Pavel Rosa (TCH).

Remplaçant : Vitali Eremeïev (G).

Ak Bars Kazan

Gardien : Andreï Tsarev puis à 25'19" Fred Brathwaite (CAN), sorti de sa cage de 58'33" à 59'01" et de 59'44" à 60'00".

Défenseurs : Dmitri Balmin - Vitali Proshkin ; Aleksandr Guskov - Denis Denissov ; Konstantin Korneïev - Sergueï Klimentiev (UKR) ; Andreï Pervyshin - Nikolaï Ignatov.

Attaquants : Alekseï Morozov - Sergueï Zinoviev - Ilya Kovalchuk ; Aleksandr Drozdetski - Vadim Epanchintsev - Enver Lisin ; Denis Platonov - Denis Arkhipov - Vitali Yachmenev ; Danis Zaripov - Aleksandr Rybakov - Dave Nemirovsky (CAN/RUS).

 

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