Épinal - Amiens (21 septembre 2004)

 

Match comptant pour la troisième journée de Ligue Magnus.

Pour leur deuxième match de la saison à domicile, les Dauphins d'Épinal recevaient le champion de France en titre, les Gothiques d'Amiens. Le public spinalien allait donc vivre son second match de gala, après la réception de Rouen ! Un menu bien difficile pour ce début de championnat, les supporters espéraient juste qu'il ne serait pas trop indigeste, après la déconvenue de Dijon. Féfé Marciano avait clairement annoncé dans la presse locale qu'il faudrait reprendre les deux points perdus samedi en Bourgogne. De leur côté, les Amiénois étaient également sous pression, puisque leur entame de championnat, après une défaite à Angers et une victoire étriquée devant le promu morzinois, ne rassurait pas leurs supporters.

Comme dans un rêve

Le décor était planté et les Spinaliens prenaient d'entrée la direction du jeu, avec un premier tir de Chassard, alors que le coup d'envoi n'était donné que depuis cinquante secondes. Les Amiénois ne semblaient pas dans leur assiette et éprouvaient les plus grandes difficultés à s'approcher des cages de Petrik. Le premier lancer des Gothiques intervenait d'ailleurs au bout de deux minutes de jeu. Épinal pratiquait un jeu limpide, avec une alternance de passes courtes et de passes en profondeur. Le premier but arriva logiquement, au terme d'une action d'école, construite par le trio Chassard-Gainey-Goneau. Guillaume Chassard lançait Daniel Goneau en profondeur, qui contrôlait le palet et effectuait une passe chirurgicale pour Steve Gainey, qui reprenait de volée en pleine lucarne ! Amiens tentait de réagir et se créait une bonne occasion de marquer par François Rozenthal, toujours aussi à l'aise dès qu'il a de l'espace, mais l'international français échouait sur un Petrik déjà déterminant. Roman Trebaticky à son tour, échouait à bout portant sur Mindjimba, mais ce n'était que partie remise, puisqu'il servait Mihail Kozlov quelques secondes plus tard pour le deuxième but (2-0 à 5'07). Poissompré grondait de plaisir et rêvait tout éveillé devant une telle démonstration ! Antoine Richer, le coach amiénois, sentait son équipe à la rue et demandait un temps mort.

La première pénalité du match était sifflée par M. Mendlowictz à 5'26 à l'encontre de Steve Gainey pour crosse haute. Cette fois, on se disait qu'on allait voir le vrai jeu d'Amiens, et Petrik se préparait à vivre l'enfer. Pourtant il n'en fut rien, car seul un slap de Rozenthal aurait pu inquiéter l'excellent gardien spinalien. À 7'17, le rugueux défenseur finlandais Timo Willman prenait lui aussi une pénalité de deux minutes. Les Dauphins s'installaient en zone offensive, faisaient tourner le palet, devant des Gothiques arc-boutés devant leur cage. Le casque de Mindjimba repoussait le palet suite à une belle phase de jeu spinalienne. Petrik nous gratifiait d'un magnifique puck-check, permettant aux Dauphins de conserver cet avantage. Un déboulé rageur de Kozlov aurait mérité meilleur sort, mais Willman s'interposait en se couchant devant l'international estonien à 10'23. La pénalité appelée contre Ptacek ne changeait rien et c'est même Goneau qui échouait dans son duel face à Mindjimba. Amiens, piqué au vif, accentuait son pressing et se procurait des occasions de revenir dans la partie, par Rozenthal sur un énorme slapshot et par Karrer à la bleue (11'25). Le duo Rozenthal-Zwikel créait une belle phase de jeu, mais ne trouvait pas le cadre. La pénalité sifflée contre Aimonetto ne permettait pas aux Dauphins d'aggraver le score. Une erreur de Kozlov, bien rattrapée par Petrik, faisait passer des sueurs froides dans les travées de Poissompré. Sevcik concédait une nouvelle pénalité, mais la défense gothique se faisait piéger à la bleue, puisque sur un gros lancer de Denis Pérez, le palet rebondissait sur les bottes de Petrik, et Chassard au prix d'un superbe effort de patinage, s'arrachait au défenseur amiénois, pour lancer Daniel Goneau qui faisait preuve d'une lucidité effarante pour transformer son breakaway (3-0 à 19'04). Trois-zéro à la fin du premier tiers, dont un but en infériorité numérique, Épinal avait déroulé, surclassant les champions de France.

Réveil amiénois

Le discours d'Antoine Richer devait être musclé à la pause, car les Gothiques revenaient sur la glace avec d'autres dispositions. Amiens passait la vitesse supérieure et Épinal avait du mal à suivre le rythme imprimé à la partie. François Rozenthal effectuait un joli lancer du poignet, bien capté par la mitaine de Petrik (20'59). Ce diable de Rozenthal combinait avec son complice Zwikel, et réalisait un jeu en triangle de toute beauté, mais le lancer n'était pas cadré (23'56). Gras trouvait encore la mitaine du dernier rempart spinalien, une minute plus tard, et Mortas finissait sa chevauchée sur la cage de Petrik, ne parvenant pas à y faire entrer le palet. Karrer démontra sa force de frappe sur plusieurs lancers consécutifs à 25'35 et 25'59, mais Petrik bloquait et temporisait. Ribanelli permit aux Spinaliens de voir le jour, mais un hors-jeu brisa net son élan à 27'21. Perturbés par cette décision du corps arbitral, les Dauphins se firent piéger par Élie Marcos, qui s'était fait oublier et marqua le premier but picard à 27'45, sans que M. Mendlowictz ne signale la cage déplacée sur l'action de jeu. Colère des défenseurs spinaliens et petit moment de déconcentration coupable qui se paya cash, car Julien Lefranc, bien servi par Gras, ramena les visiteurs dans la partie moins d'une minute plus tard (3-2 à 28'36). Petrik évita le pire à 29'31, en effectuant un arrêt miraculeux dont il a le secret, lui valant son surnom de "Magic Petrik".

Dès lors, le jeu se durcit nettement, Amiens essaie d'employer la manière forte pour égaliser. Chauvel sanctionné à 29'54, Amiens frise la correctionnelle, lorsque Rozenthal trop gourmand perd le contrôle du palet devant la cage de Mindjimba, mais le portier amiénois fait l'arrêt. À la mi match, Willman réalise une véritable agression sur Ivanov, et Chassard mécontent le fait savoir à l'arbitre, qui lui inflige une méconduite de dix minutes, le rugueux finlandais ne prenant que deux minutes de pénalité... Épinal s'énerve et prend deux pénalités consécutives, par Zitouni et Goneau (suite à un coup de poing grossier sur un Amiénois). En double infériorité numérique, les locaux subissent, mais n'encaissent aucun but. Dans cette période médiane, Épinal a tiré 5 fois au but, contre 17 lancers pour les Amiénois !

Petrik is magic !

Amiens semble nerveux dans ce troisième tiers, à l'image de Gras qui prend une méconduite et de Willman qui se voit à nouveau pénalisé. Chassard manque de peu d'enfoncer le clou, sur une passe lumineuse de Goneau à 46'20. Trente secondes plus tard, Petrik fait le show en sortant au devant d'un Amiénois et évite l'égalisation. S'ensuit une altercation entre Zwikel et Regenda où chacun va se calmer deux minutes en prison. Denis Pérez échoue sur Petrik, sur un nouveau lancer à la bleue, avant que Gainey ne trouve le petit filet sur un raid solitaire, qui a fait passer des sueurs froides dans la défense des Gothiques ! Au milieu de cette dernière période, les Spinaliens sont acculés dans leur zone et sont contraints de concéder de nombreux dégagements interdits, pour souffler et changer les lignes. Il est à noter que même dans ces moments difficiles, la défense des Dauphins n'a jamais cédé à la panique, préférant se dégager plutôt que de tenter des grigris aussi risqués qu'inutiles, comme on avait trop tendance à le voir l'an passé. Féfé Marciano a remarquablement géré la fatigue de ses joueurs, en faisant tourner toutes ses lignes, et où chacun a donné entière satisfaction. Perez à nouveau, essaie de relancer ses couleurs, mais Petrik veille (52'44). Quelques secondes plus tard, c'est Trebaticky qui échoue d'un souffle devant Mindjimba. Gainey puis Géhin ont à leur tour l'occasion de tuer le match, mais le portier amiénois reste vigilant. En face, Stanislav Petrik a tiré le rideau et fait face à un véritable bombardement. Il repousse le palet dans toutes les positions, et à 56'16, il effectue un arrêt à la Hasek : couché sur le dos, il réussit à capter le puck sur sa ligne ! Timo Willman prend ses dernières pénalités avec un 2'+10' de méconduite (dure soirée pour le rugueux défenseur finlandais). Ivanov sauve son équipe en concédant une bonne pénalité défensive sur une contre-attaque amiénoise. Amiens appuie sur l'accélérateur et lance ses dernières forces dans la bataille, Denis Pérez manque l'immanquable sur une passe lumineuse de Guillaume Karrer, très bon ce soir. S'ensuit un brassage devant la cage de Petrik à 59'10. Mindjimba se dirige vers son banc et Richer tente le tout pour le tout en sortant son gardien ! Engagement en zone spinalienne, les Dauphins arrivent à gratter le palet et Trebaticky fixe le dernier défenseur, avant de glisser la rondelle à Maksim Ivanov qui, lucide, marque dans la cage vide !

C'est fini, Poissompré exulte, les Dauphins tiennent leur exploit, le champion de France vient de tomber de son piédestal ! Une victoire aux forceps, acquise dans la douleur, mais cette équipe là a du cœur et a régalé l'assistance. Petrik a réalisé un match titanesque, avec 48 arrêts sur 50 tirs reçus (96 % d'arrêts). Tous les joueurs ont fait preuve d'abnégation et de courage, résistant à merveille aux offensives gothiques.

Les deux premiers points de la saison sont donc marqués, qui plus est devant Amiens, il reste à confirmer les bonnes dispositions entrevues ce soir. Le déplacement à Villard s'annonce difficile, car ce match aura laissé des traces. Toutefois, nos Dauphins viennent de prouver qu'ils n'ont plus de complexe à avoir et que les équipes de la Ligue Magnus doivent les respecter.

 

Épinal - Amiens 4-2 (3-0, 0-2, 1-0)

Mardi 21 septembre 2004 à 20h00 à la patinoire de Poissompré. 800 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Benjamin Gremion et Gilles Magnier.

Pénalités : Épinal 28' (6', 6'+10', 6'), Amiens 36' (4', 4', 8'+10'+10').

Tirs : Épinal 25, Amiens 50.

Évolution du score :

1-0 à 03'48" : Gainey assisté de Goneau et Chassard

2-0 à 05'07" : Kozlov assisté de Trebaticky

2-1 à 07'45" : E. Marcos assisté d'Aimonetto

3-1 à 19'06" : Goneau assisté de Chassard (inf. num.)

3-2 à 28'35" : Lefranc assisté de Gras

4-2 à 59'46" : Ivanov assisté de Trebaticky (cage vide)

 

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