Match amical.

Le résultat n'est pas cruel pour Amiens. Pourtant agressifs et bien en place, les Gothiques ont été inquiétés tout au long de la partie à l'exception des dix premières minutes où les Rouennais, au train de sénateur, ne patinaient pas aussi vite que leurs "camarades". Le RHE, en ce début de rencontre, doit alors son salut à Éric Raymond. En effet, le portier a d'abord dévié un rude lancer picard (4'38), avant d'écarter celui d'Aimonetto en contre-attaque alors que les Normands jouent en supériorité (6'23). Puis, il empêche un lourd lancer de Denis Perez, la nouvelle tête de turc d'un public rouennais très ingrat (8'29). Enfin, masqué par Aimonetto, il résout à l'impuissance Zwikel lors d'un trois-contre-deux en faveur des visiteurs (9'40). Raymond a été impeccable. Fermer le ban. Face à des joueurs normands aux ébauches d'intentions plus collectives et qui se mettront désormais minable, Amiens n'aura plus la main avant longtemps.

Le début de partie a été très haché par de nombreuses punitions. Le match a été jusqu'à maintenant très viril presque violent. Quelques vieux comptes du dernier match amical sans doute et d'autres de la finale 2003 étaient en suspens. Dehors les taffiotes ! Les crosses, les coudes et les poings volaient haut. Mais alors qu'Amiens était au plus fort de sa domination, les Picards persévéraient inutilement dans la virilité et oubliaient de jouer. De plus, l'arbitre, parfois indulgent ou trop sévère (Salminen 2' à 7'32), se montrait désormais plus lucide (Paré et Willman 2'+10' à 11'23) et ne laissait plus rien passer (Quessandier 2' à 15'42). Privé de leurs arguments physiques (Willman), Amiens aux lignes moins homogènes que leur vis-à-vis résistait un peu moins vaillamment aux fugaces assauts rouennais.

Éric Doucet fut le premier à se retrouver en bonne position (11'23). Hélas comme plus tard dans le tiers, le capitaine prodigue confirmait que sa méforme de samedi dernier n'est pas passagère mais inquiétante. Ensuite, ce fut Jonas Elofsson d'un tir en infériorité qui sonna l'alerte sur le but de Mindjimba (16'37). Enfin, pendant que Rouen jouait en jeu de puissance, Sami Karjalainen, au début de match difficile comme d'autres, servi sur un plateau par Doucet, manquait le cadre (18'38). Mindjimba s'en tirait, pour le premier tiers, sans avoir d'arrêt déterminant à faire grâce à l'approximation des blancs Normands. En effet, pour l'anecdote, les Amiénois sont venus avec leurs maillots noirs, ce qui a forcé les joueurs de Franck Pajonkowski à revêtir, après l'échauffement, leurs jerseys de route.

Alors, circonspecte de ce premier tiers-temps, la foule s'enflamme au départ du deuxième sur un coup d'éclat de Tristan Lemoine (22'02). Mieux, elle laisse éclater sa joie, sur une montée remarquable de décision et de précision de Nicolas Besch. L'arrière accélère dans la zone neutre, déborde par la droite et parvient à redresser la rondelle devant le but adverse. Le projectile est adroitement repris du revers par Alexandre Lefebvre qui l'envoie dans les filets d'un Mindjimba médusé par tant de vivacité et de technique de la part des juniors rouennais (1-0 à 26'01). L'orgueil du gardien d'ébène est touché. À l'inverse, c'est le moral chez ses coéquipiers qui flanche. Désormais Rouen domine totalement le jeu, mais Mindjimba l'arrogant règne. Il dévie les meilleures occasions normandes. Celle de Kimmo Salminen servi par Ludek Broz enfin connecté au match (26'46). Celle de Jean-Philippe Paré essayant un revers après un incisif déboulé (29'25 ). Celle à deux coups des "frangins" Tristan Lemoine et Alexandre Lefebvre, ce dernier incroyable de malice mystifiant Karrer à deux reprises (31'20). Celle de Stéphane Robitaille au slap puissant envoyé du haut de l'enclave (32'38). Et enfin celle d'Éric Doucet exécutant un slalom dans la défense qui manque sa tentative empêché par un étalement sur la glace d'un arrière picard altruiste (38'16). Pour attaquer ainsi, Rouen peut compter sur un déploiement défensif éblouissant, à défaut sans doute de rigueur, à l'image de Jonas Elofsson contrant Laurent Gras lors d'une action gothique aiguisée (35'58).

La dernière période est de la même veine, avec une composition de blocs différente. On voit une même domination territoriale et collective des Rouennais se montrant finalement assez peu productive, seulement un petit but, en dépit de sept occasions nettes. Ce but est l'œuvre de Benoît Pourtanel, le remplaçant sur la première ligne Arnaud Briand blessé, inscrit après un lancer balayé cotonneux envoyé dans le trafic (2-0 à 48'44). Parmi les sept chances, il faut noter les trois breakaways de Guillaume Besse face à Mindjimba (47'07, 51'48 & 56'30). L'ailier normand procède de trois manières différentes. Mais, trois fois, le gardien sort le caoutchouc même si c'est de justesse la deuxième fois. Alexandre Lefebvre s'est aussi mis en valeur après des excellents travaux de Tristan Lemoine (52'24) et Jean-Philippe Paré (55'05). Ce bloc a marqué des points ce soir. Car Nicolas Besch y est allé d'un nouveau rush, obligeant Mindjimba à un bel arrêt de la mitaine (57'42). La dernière action notable de la rencontre.

Lorsque les attaques rouennaises trouveront une juste récompense ou tomberont sur un gardien moins en état de grâce que Mindjimba ce soir, l'addition pourra être lourde pour les adversaires des Dragons. Car la défense tient bon à l'image de l'entente exemplaire de Stéphane Robitaille et Benoît Quessandier illustrée lors d'une des trois offensives pointues des Picards au cour du dernier vingt (52'34). Cependant, si l'assise rouennaise est solide (quatre buts encaissés en quatre matches), aucun trio ne se détache devant, même si on a pu apprécier celui de la dernière période composé de Tristan Lemoine, Jean-Philippe Paré et Alexandre Lefebvre. Au vu de sa moyenne de buts par match (sept buts en trois matches face à des défenses agressives, celui à Angers mis à part), l'attaque, aux jeux de puissances non rodés, ne met pas les Dragons à l'abri d'un accident. Ludek Broz, le joueur de centre de première ligne, n'a pas encore trouvé ses marques. Éric Doucet est loin d'être en forme. Kimmo Salminen n'est pas à l'aise dans le rôle de finisseur. Néanmoins, agrémentée par Guillaume Besse, la hargne est là. Heureusement surtout, la jeune classe des Dragons (Quessandier, Besch, Lemoine, A. Dufournet et Lefebvre) est resplendissante, alors que son plus pur joyau (Pierre-Édouard Bellemare) n'a pas encore pu totalement s'exprimer. Ils amènent tonus, culot et fraîcheur à un groupe pas encore au point qui au vu des deux derniers matches de préparation disputés sur l'île Lacroix aura bien besoin du dynamisme de ses joueurs du C.H.A.R.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

Rouen - Amiens 2-0 (0-0, 1-0, 1-0)

Mardi 7 septembre 2004 à 20h00 au centre sportif du Docteur Duchêne. 2000 spectateurs.

Arbitrage de M. Bourreau assisté de MM. Ruault et Leszko.

Pénalités : Rouen 22' (12'+10', 0', 0'). Amiens 26' (14'+10', 2', 0').

Tirs : Rouen 35 (11, 11, 13). Amiens 23 (8, 6, 9).

Occasions de but : Rouen 17 (4, 6, 7). Amiens 9 (4, 2, 3).

Évolution du score :

1-0 à 26'01" : Lefebvre assisté de Besch

2-0 à 48'44" : Pourtanel assisté de Doucet et Dufournet

Gardien : Éric Raymond 23/23 (100%).

Défenseurs : Benoît Pourtanel - Daniel Carlsson ; Benoît Quessandier - Stéphane Robitaille ; Jonas Elofsson - Nicolas Besch.

Attaquants : Éric Doucet - Jean-Philippe Paré - Guillaume Besse ; Kimmo Salminen - Ludek Broz - Adrien Dufournet ; Alexandre Lefebvre - Sami Karjalainen - Tristan Lemoine ; Yvan Fontana - Alexandre Dubillot.

Remplaçant : Stéphane Burnet (G). Absents : Arnaud Briand et Simon Doreille (blessés), Pierre-Édouard Bellemare (suspendu).

Gardien : Antoine Mindjimba 33/35 (94%).

Défenseurs : Denis Perez - Thomas Roussel ; Vincent Bachet - David Hennebert ; Timo Willman - Guillaume Karrer ; Fabien Leroy - Mathieu Jestin.

Attaquants : Luc Chauvel - Laurent Gras - Brice Chauvel ; Richard Aimonetto - Anthony Mortas - Julian Marcos ; Elie Marcos - Jonathan Zwikel - Julien Lefranc ; Lionel Wiotte - Simon Petit.

Remplaçant : Jérôme Plumejeau (G). Absent : François Rozenthal (blessé).

Retour aux matches amicaux