Suède - Allemagne (31 août 2004)

 

Match comptant pour la coupe du monde 2004, groupe Europe.

La Suède est la favorite du groupe européen et est considérée comme le principal challenger du Canada dans ce tournoi. En outre, elle est la seule équipe à n'avoir perdu personne ces dernières semaines alors qu'une cascade de forfaits affectait la coupe du monde. Elle aurait pourtant été capable de réagir avec des joueurs comme Nylander en renfort potentiel. Seuls les Canadiens ont eu une sélection aussi difficile à faire et ont pu se permettre le luxe de laisser des joueurs de cette valeur à la maison. Il y en a aussi dans les tribunes puisque les jumeaux Sedin ont finalement été sortis de l'effectif alors qu'ils avaient joué tous les matches amicaux. Aux joueurs techniquement doués mais lents, Hardy Nilsson préfère en effet des joueurs rapides et capables de défendre. On comprend donc que Henrik Zetterberg, très bon pendant la préparation où il jouait aux côtés des Sedin, n'ait pas subi le même sort. Il a même l'honneur d'évoluer en bonne compagnie sur la deuxième ligne... entre Markus Näslund et Peter Forsberg, deux des meilleurs joueurs de la planète. Enfin, il faut noter que le but "à la Salo" encaissé de la ligne rouge par Tellqvist lors du dernier match amical lui a finalement coûté sa place... au profit de Tommy Salo. Le choix de l'expérience...

La maîtrise du palet et les occasions sont suédoises au premier tiers-temps, mais l'Allemagne joue son jeu. Elle se bat sur tous les palets, elle est concentrée, elle s'applique dans ses passes, elle met de l'intensité physique, bref, elle tient bien mieux sa place que les Tchèques hier contre la Finlande. Ce n'est qu'au bout de seize minutes qu'une pénalité contre Abstreiter permet à Tomas Holmström d'ouvrir le score. Quand Kopitz rejoint la prison dans la foulée, on se dit que l'indiscipline des Allemands aura raison de leurs efforts. Mais leur capitaine Marco Sturm part en breakaway et égalise pendant l'infériorité numérique. C'était le premier tir dangereux du match sur Salo. Et après que Modin a été sanctionné pour une obstruction manifeste sur Kölzig, la Suède se fait peur à quatre en fin de période, acculée pendant quelques instants très chauds par une Allemagne qui sort même son gardien pour un engagement en zone offensive à trois secondes de la sirène, le seul qu'elle aura gagné dans la zone suédoise ou presque.

Un quart d'heure de total contrôle sans résultat, puis le doute, c'est un nouveau condensé des malheurs récurrents de la Tre Kronor. Elle n'a pas l'intention de se complaire dans la litanie des échecs, et le fait savoir dès le retour sur la glace. Qu'importe si elle commence en infériorité numérique, c'est elle qui domine et qui oblige Kölzig à deux gros arrêts. Sitôt le retour à cinq contre cinq, Mats Sundin conclut cette phase volontaire par un but. Olaf Kölzig est cependant bien présent, et il réalise un bon poke-check pour faire avorter une contre-attaque de Forsberg et Näslund, le premier nommé ayant sans doute trop hésité. Il faut dire qu'il avait sur le dos Christoph Schubert, qui part donc en prison. Sur la supériorité, Kim Johnsson reprend en toute aisance un centre au second poteau d'Alfredsson.

Le jeu se débride, et les Allemands eux aussi pourraient en profiter, mais Rob Leask n'arrive pas à reprendre le palet sur une situation idéale de deux contre un. Par contre, ils manquent de lucidité en défense, et une fois qu'ils ont fait l'effort de revenir, ils voient tous le palet leur passer sous le nez sur l'action qui amène le quatrième but de Marcus Nilson. La Suède aurait déjà la victoire en poche... si elle n'avait pas Tommy Salo dans les buts. La carrière du gardien héros des JO de Lillehammer a viré à l'aigre depuis sa gaffe lors de ceux de Salt Lake City, au point que sa gloire passée semble désormais ensevelie sous ses bourdes plus récentes. Ce nouveau but-gag en fera sans doute de nouveau la cible d'un humour cruel : il essaie de capter de la mitaine un tir non cadré de Kreutzer qui serait passé à plus d'un mètre de la cage... et, ce faisant, il le dévie dans ses propres filets. Heureusement pour lui, cette erreur-là sera sans conséquence. Un lancer de la bleue de Kim Johnsson légèrement dévié par Modin entre les jambières de Kölzig remet la Suède à l'abri à l'issue d'un deuxième tiers-temps très animé.

Le troisième le sera beaucoup moins et ne verra pas d'autres buts. Les Allemands n'ont tout de même pas les moyens de remonter un tel retard. Ils ont pris trop peu de mises au jeu et gagné trop peu de palets pour pouvoir rivaliser avec une équipe suédoise qui les surpasse déjà largement dans sa capacité de conservation de la rondelle. L'Allemagne ne prend aucun tir pendant dix minutes mais elle se procure quelques occasions en fin de match sur des contre-attaques alors que le bon repli défensif suédois s'est un peu relâché. La mitaine de Salo laisse même glisser un second palet, qui retombe face à une cage ouverte, mais Eduard Lewandowski l'y pousse avec le gant et le but est logiquement refusé.

Cette victoire logique de la Suède dégage un parfum amer car on se demande si Tommy Salo n'a pas grillé sa dernière chance avec la Tre Kronor. Sachant qu'il perdra selon toute probabilité sa place de titulaire, le reverra-t-on dans cette coupe du monde ? Et surtout, le reverra-t-on ultérieurement ? Aura-t-il la motivation pour revenir en équipe nationale et essayer de montrer qu'il y a encore sa place, comme il l'avait fait par le passé alors que les critiques avaient déjà eu la dent dure ?

Élus meilleurs joueurs du match : Mats Sundin pour la Suède et Marco Sturm pour l'Allemagne.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Hardy Nilsson (entraîneur de la Suède) : "C'est toujours difficile de jouer contre un adversaire qui n'a rien à perdre. Les Allemands ont fait un bon match, ils étaient disciplinés et leurs joueurs étaient forts. La ligne de Forsberg et Näslund n'a pas vraiment répondu à mes attentes. Ils n'ont pas eu les espaces que j'escomptais. Il y a une bonne compétition entre nos gardiens, et à la fois Salo et Tellqvist ont été excellents aux entraînements. Ce n'était pas un match facile pour un gardien avec si peu de tirs sur lui."

 

Suède - Allemagne 5-2 (1-1, 4-1, 0-0)
Mardi 31 août 2004 à 19h00 au Globen de Stockholm. 12133 spectateurs.
Arbitrage de Dan Marouelli et Kevin Pollock (CAN) assisté de Derek Amell et Brad Kovachik (CAN).
Pénalités : Suède 8' (4', 2', 2'), Allemagne 14' (6', 6', 2').
Tirs : Suède 42 (15, 14, 13), Allemagne 19 (3, 10, 6).

Évolution du score :
1-0 à 16'34" : Holmström assisté de Näslund et Forsberg (sup. num.)
1-1 à 17'53" : Sturm (inf. num.)
2-1 à 21'59" : Sundin assisté d'Alfredsson et Modin
3-1 à 27'26" : Johnsson assisté d'Alfredsson et Modin (sup. num.)
4-1 à 31'51" : Nilson assisté de Sundin et Holmström
4-2 à 33'00" : Kreutzer assisté de Boos (inf. num.)
5-2 à 36'25" : Modin assisté de Johnsson et Sundin
 

Suède

Attaquants :
Fredrik Modin (2') - Mats Sundin (C) - Daniel Alfredsson (2')
Markus Näslund (A) - Henrik Zetterberg - Peter Forsberg
Per-Johan Axelsson - Jörgen Jönsson - Andreas Johansson
Marcus Nilson - Samuel Påhlsson - Tomas Holmström (4')

Défenseurs :
Nicklas Lidström (A) - Kim Johnsson
Mattias Norström - Marcus Ragnarsson
Daniel Tjärnqvist - Mattias Öhlund

Gardien :
Tommy Salo

Remplaçant : Mikael Tellqvist (G). Réservistes : Dick Tärnström, Christian Bäckman, Henrik Sedin, Daniel Sedin, Nils Ekman et Henrik Lundqvist (G).

Allemagne

Attaquants :
Marco Sturm (C) - Marcel Goc - Jochen Hecht (A, 2')
Eduard Lewandowski - Tino Boos - Lasse Kopitz (2')
Daniel Kreutzer - Tobias Abstreiter (2') - Stephan Retzer
Petr Fical - Stefan Ustorf - Martin Reichel

Défenseurs :
Dennis Seidenberg - Mirko Lüdemann (A)
Christian Ehrhoff - Christoph Schubert (6')
Robert Leask (2') - Sascha Goc

Gardien :
Olaf Kölzig [sorti de 19'57" à 20'00"]

Remplaçant : Oliver Jonas (G). Réservistes : Tomas Martinec, Klaus Kathan, Christoph Ullmann et Robert Müller (G).

 

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