Championnats du monde 2004, premier tour, groupe D.

Derby indécis en perspective entre les Autrichiens qui font forte impression depuis le début de ce mondial (victoire 6-0 contre la France et nul 2-2 contre le Canada) et les Suisses qui ont égalé la performance autrichienne face à la France mais qui ont besoin de s'étalonner encore un peu face à une opposition plus consistante.

Dès le début de rencontre, Olivier Keller se fait pénaliser pour empêcher Thomas Vanek de marquer mais ses coéquipiers tuent la pénalité sans trop d'inquiétude. Thomas Ziegler est le premier à se signaler dans la rencontre mais son tir ne pose pas de problème à Divis. Markus Peintner lui fait la réplique mais Gerber s'interpose également et la Suisse parvient à tuer sa deuxième pénalité de la rencontre. Le premier tiers est assez équilibré et les occasions assez rares de part et d'autre. Les hommes de Ralph Krüger restent malgré tout les plus dangereux. Streit adresse un bon lancer sur Divis puis c'est au tour de Seger de solliciter le portier des St. Louis Blues, de loin également, alors que la Suisse évolue en supériorité numérique. Anders Ambühl butte encore sur Divis qui ferme bien son angle. La plus belle occasion du tiers survient dans la dernière minute sur un break d'Adrian Wichser mais l'attaquant de Lugano ne parvient pas à tromper la vigilance de Divis décidément impeccable. Le score reste donc nul et vierge dans un premier tiers qu'on pourrait qualifier d'observation.

Le break de Wichser était peut-être le signe que les choses allaient se débloquer en deuxième période. Dès la première minute, après un bon mouvement des Suisses autour de la cage de Divis, Olivier Keller envoie un slap de la bleue que Divis repousse mais Mark Streit a le temps de reprendre le rebond avant que Divis n'ait eu le temps de se replacer (1-0, 20'44"). Les joueurs de Ralph Krüeger pensent tenir le bon bout dans cette rencontre mais l'Autriche va revenir très vite dans la partie : sur une supériorité numérique (Hirschi en prison), les Autrichiens installent le jeu de puissance ; Daniel Welser récupère le palet devant la cage suisse et s'y reprend à trois fois pour battre Gerber après avoir subtilement effacé Steinegger (1-1, 23'54"). Une réaction immédiate qui lance le match sur des bases nettement plus offensives. Les Suisses sont tout près de reprendre les devants sur un trois contre un mais Luca Cereda fait un mauvais choix. Ils ont ensuite une occasion rêvée avec une double supériorité numérique lorsque Unterluggauer et Setzinger sont envoyés simultanément en prison. Mais ils se montrent peu inspirés et butent sur une défense autrichienne héroïque et un Divis bien en place et rarement masqué. À peine cette double infériorité terminée, Koch se fait sanctionner à son tour mais les Suisses ne connaissent pas plus de réussite sur le power-play malgré une tentative intéressante de Mathias Seger.

Les Suisses ont gaspillé cette immense opportunité et les Autrichiens vont le leur faire payer cher. Quelques instants après le retour de Koch sur la glace, les Autrichiens reprennent l'offensive. Une pénalité est appelée sur Vanek mais l'action se poursuit. Trattnig fait le tour de la cage de Gerber et centre devant les buts pour... Vanek qui expédié le palet au fond des cages de Gerber (1-2, 31'30"). Les Autrichiens évoluent ensuite en supériorité numérique (pénalité de Streit) et le petit prodige autrichien va cette fois diriger le jeu derrière les cages de Gerber. Il trouve dans le tempo Philipp Lukas qui arrive lancé et Gerber ne peut que constater les dégâts (1-3, 34'02"). Ter repetita en fin de tiers. Avec Vauclair en prison, une transversale de Setzinger trouve Unterluggauer complètement esseulé et le lancer précis du défenseur de Düsseldorf atterrit dans le petit filet de Gerber (1-4, 39'35"). En dix minutes, les Autrichiens, impressionnants d'efficacité, ont semble-t-il plié la rencontre en administrant une leçon de jeu de puissance aux Suisses.

Après une probable remontée de bretelles dans les vestiaires, les Suisses se montrent beaucoup plus entreprenants. Et il faut à peine plus d'une minute à Martin Plüss sur une entrée en zone rageuse pour réduire le score d'un tir entre les jambières de Divis (2-4, 41'15"). Marcel Jenni est tout près de ramener les siens à une longueur. Les coéquipiers de Mark Streit ont fait le plus dur en marquant rapidement mais ils s'exposent un peu trop pour revenir dans la partie. Un surnombre les retarde dans leur marche en avant mais ils réussissent cette fois à tuer la pénalité. Les Suisses ne sont pas très convaincants en attaque et les contres autrichiens se multiplient : Welser sur une échappée puis Vanek à nouveau buttent sur Gerber. Le gardien d'Anaheim impressionne en arrêtant deux breakaways consécutifs de Mark Szücs puis Oliver Setzinger. Il laisse ses coéquipiers dans le match et ceux ci vont en profiter. Sur un slap de Forster, Divis est gêné par la confusion devant sa cage et Jenni, bousculé par un Autrichien, en profite pour glisser le palet au fond (3-4, 53'19"). L'espoir renaît côté suisse et le doute commence à s'emparer des esprits autrichiens. Ceux-ci se débarrassent plus régulièrement du palet, même si Thomas Koch a encore une occasion en or de marquer. Mais les Suisses ne se procurent pas d'occasions franches et Ralph Krüeger doit sortir son gardien dans la dernière minute. Sur un palet bloqué, Divis essaie de relancer rapidement derrière sa cage. Erreur fatale car il rend le palet à un Suisse, Plüss remet le palet devant la cage et Ruthemann le reprend acrobatiquement à mi-hauteur pour égaliser...à 22 secondes de la fin (4-4, 59'38"). Le but sera revu à la vidéo (possibilité de crosse haute de Rüthemann) mais finalement bien validé.

La Suisse a réalisé le come-back de ces championnats du monde en remontant un handicap quasi insurmontable en un tiers-temps. La déception doit être immense côté autrichien, et ce match nul, qui ne peut être assimilé qu'à une défaite pour eux, risque de faire mal au moral. Ce résultat pourrait bien être capital pour les quarts de finale, et les Suisses y ont peut-être gagné leur qualification sur ce match.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

Commentaires d'après-match :

Martin Gerber (gardien de la Suisse) : "Nous n'avons pas été tellement surpris par la façon dont l'Autriche a joué. On les avait vu jouer contre le Canada et on avait pu remarquer comme ils étaient physiques. Nous étions trop passifs aujourd'hui. Nous devons jouer avec nos crosses à terre et utiliser un peu plus nos têtes lors du prochain match. Dans un tournoi comme celui-là, on ne peut pas se permettre de laisser autant d'opportunités à l'équipe adverse."

Julien Vauclair (défenseur de la Suisse) : "Ils ont forechecké bien plus que les Français. Les équipes spéciales ont été aussi importantes."

Herbert Pöck (entraîneur de l'Autriche) : "Restons sur terre, même si nous sommes en colère. Mon équipe est sauvage. Nous aurions dû normalement refermer les valises avec le butin. Les Suisses ont pris tous les risques et ont eu de la chance. Si nous devons payer d'un point cet apprentissage, je suis satisfait. Nous ne devons pas nous monter la tête, nous sommes invaincus et nous gardons deux points pour le tour suivant, pris contre des favoris. Contre l'Allemagne et la Lettonie, c'est du 50-50. La question qui se pose est : aurons-nous la force nécessaire dans ces matches ?"

Thomas Vanek (attaquant de l'Autriche) : "La Suisse est une bonne équipe. Ils envoient toujours quatre hommes au forecheck et je pense qu'on est encore un peu jeune et qu'on manque d'expérience. Nous étions trop passifs et nous nous contentions de sortir le palet plutôt que de leur mettre la pression. J'espère que nous tirerons les leçons de ce match et qu'on fera mieux la prochaine fois."

Suisse - Autriche 4-4 (0-0, 1-4, 3-0)

Mardi 27 avril à 16h15 à la Sazka Arena de Prague. 8909 spectateurs.

Arbitrage de Ole Stian Hansen (NOR) assisté de Marco Coenen (P-B) et Ales Lesnjak (SLO).

Pénalités : Autriche 14' (6', 6', 2'), Suisse 10' (4', 6', 0').

Tirs : Autriche 32 (9, 11, 12), Suisse 30 (9, 11, 10).

Évolution du score :

1-0 à 20'44" : Streit assisté de Keller

1-1 à 23'54" : Welser assisté de Lakos (sup. num.)

1-2 à 31'30" : Vanek assisté de Trattnig

1-3 à 34'02" : P. Lukas assisté de Vanek et R. Lukas (sup. num.)

1-4 à 39'35" : Unterluggauer assisté de Setzinger et Koch (sup. num.)

2-4 à 41'15" : Plüss assisté de Keller

3-4 à 53'19" : Jenni assisté de Forster

4-4 à 59'38" : Ruthemann assisté de Plüss et Wichser

Gardien : Martin Gerber.

Défenseurs : Olivier Keller - Mark Streit ; Steve Hirschi - Martin Steinegger ; Mathias Seger - Beat Forster ; Julien Vauclair.

Attaquants : Ivo Rüthemann - Thomas Ziegler - Thierry Paterlini ; Adrian Wichser - Martin Plüss - Patric Della Rossa ; Patrick Fischer - Luca Cereda - Goran Bezina ; Marcel Jenni - Anders Ambühl - Valentin Wirz ; Sandy Jeannin.

Remplaçant : Marco Bührer (G).

Gardien : Reinhard Divis.

Défenseurs : André Lakos - Martin Ulrich ; Robert Lukas - Thomas Pöck ; Philippe Lakos - Gerhard Unterluggauer ; Sven Klimbacher.

Attaquants : Matthias Trattnig - Dieter Kalt - Thomas Vanek ; Markus Peintner - Mark Szücs - Philipp Lukas ; Oliver Setzinger - Thomas Koch - Daniel Welser ; Raimund Divis - Roland Kaspitz - Christoph Harand ; Philippe-Michael Horsky.

Remplaçant : Claus Dalpiaz (G).

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