Suède - Russie (27 avril 2004)

 

Championnats du monde 2004, premier tour, groupe B.

"Par la faute des Américains", dixit Hardy Nilsson, il y aura par la force du tirage cinq prétendants pour quatre places en quart de finale dans le groupe d'Ostrava. Il est donc important d'engranger rapidement des points. Si les Suédois sont assez confiants quant à la qualification, les Russes se font du mouron en constatant que depuis cinq années, JO et Mondiaux confondus, ils n'ont gagné que trois matches sur seize face à leurs quatre adversaires potentiels (Suède, Slovaquie, Finlande et États-Unis) !

Les deux équipes ont complété ce soir leur effectif de base. Les Russes n'avaient en effet que onze attaquants depuis que la participation de Sergueï Zinoviev à la compétition s'est envolée en fumée (cannabique), et ce problème est résolu avec l'arrivée de Maksim Afinogenov (Buffalo, NHL) qui attendait de soigner une petite blessure avant de venir. Les Suédois jouent quant à eux avec quatorze hommes à l'avant (!) et seulement six en arrière après l'arrivée de deux joueurs des Boston Bruins, Michael Nylander et Per-Johan Axelsson. Par conséquent, Niklas Nordgrén et Magnus Nilsson sont repartis en Suède hier car il est devenu inutile qu'ils restent en réserve. Les jokers ne seront en effet utilisés dans le compartiment offensif de la Tre Kronor que pour accueillir des joueurs de haut calibre (par exemple un certain Peter F...).

Les Suédois ont la possession du palet en première période mais font peu de tirs dangereux... jusqu'à ce missile à mi-hauteur au ras du poteau de Dick Tärnström que Sokolov na probablement pas vu partir d'après son absence totale de réaction (1-0 à 17'32").

Bäckman accroche Skugarev en entrée de zone dès la deuxième minute du deuxième tiers-temps, et au bout de dix secondes de supériorité numérique, Alekseï Yashin offre une cage grande ouverte à Kovalchuk, qui reçoit avec joie le cadeau de son aîné (1-1 à 21'35"). Christian Bäckman essaie de se rattraper par un puissant lancer qui frappe l'extérieur du poteau. Les Suédois font des fautes d'énervement coûteuses, comme ces deux cinglages en rafale de Sjöstrom sur Yushkevich. Tout de suite après la fin de cette pénalité, une passe scandinave hasardeuse en zone offensive permet aux Russes de partir à deux contre un. Morozov garde le palet suffisamment pour attirer le défenseur et laisser Kovalchuk seul face à Lundqvist, une occasion que le meilleur marqueur de NHL ne manque évidemment pas. Et hop, en lucarne (1-2 à 28'08").

C'est à la faveur d'une altercation qui envoie deux Russes et un Suédois en prison que la Tre Kronor se relance après ce passage vraiment difficile. Sur la supériorité numérique, Daniel Alfredsson arrive sans crier gare, à vitesse moyenne pour mieux tromper son monde mais avec une grande aisance technique, et transperce la ligne défensive rouge (de honte) Bykov - Proshkin, avant de perdre son duel face à Maksim Sokolov qui sauve les meubles. Les Suédois font étalage dans leurs qualités, à l'image de Michael Nylander, toujours aussi doué dans la maîtrise du palet, qui fait des allers-retours sur l'aile droite en zone offensive sans que la rondelle ne quitte sa crosse, mais ils manquent d'impact sur la cage.

Les Suédois doivent faire le jeu en troisième période, et la Russie continue à les laisser venir pour mieux les prendre à revers. Maksim Afinogenov se retrouve ainsi en breakaway mais rate complètement son tir. Maksim Sushinsky fait un petit festival technique mais Lundqvist est vigilant pour faire l'arrêt. Les Scandinaves ont le palet mais font beaucoup de petites erreurs. Niclas Hävelid, qui s'était signalé au deuxième tiers-temps par deux feintes de trop avant la ligne bleue qui ont provoqué des hors-jeu, oublie le palet au moment de relancer, permettant à Antipov de porter le danger sur un Lundqvist très occupé.

Finalement, alors que les Suédois semblent s'échiner en vain, c'est le dernier arrivé Michael Nylander qui fait la décision. Il s'immisce dans l'enclave et y reprend une bonne passe de Daniel Alfredsson et égaliser (2-2 à 53'16"). L'apport de ces deux joueurs à la Tre Kronor est indéniable, mais le but de la victoire est inscrit par un pilier de la sélection, le capitaine Jörgen Jönsson, après une bonne action collective sur toute la largeur de la glace à quatre contre quatre et une belle passe transversale d'Axelsson (3-2 à 58'27"). Avec un dégagement interdit scandinave à une minute de la fin, Tikhonov demande un temps mort et fait sortir Sokolov. À trente secondes du terme, Påhlsson charge Sushinsky près du but mais loin du palet, et les Russes sont désormais à six contre quatre. Ils réclament la mise au jeu en zone offensive, ne l'ont qu'en zone neutre, la gagnent néanmoins, mais tardent à prendre des tirs. Henrik Lundqvist, malgré les nombreux écrans, reste vigilant pour faire les derniers arrêts.

Le choc de ce soir a été moins intense que celui d'hier entre Américains et Slovaques, avec un petit peu plus de déchet aussi, mais il a été plus propice à mettre en valeur des actions individuelles de talent des Kovalchuk, Nylander, Alfredsson & co. Par contre, pour ce qui est du jeu collectif, si les Suédois ont réussi à trouver leurs marques en fin de rencontre, la Russie n'a pas convaincu. Même si certains supporters agitent des drapeaux soviétiques dans les tribunes (ce qui est franchement malvenu dans l'ex-Tchécoslovaquie), ce n'est pas parce que Tikhonov est devant le banc que l'on est revenu au temps de l'URSS. Le hockey russe de la grande époque était fondé sur le jeu de possession, celui de ce soir a consisté au contraire à abandonner l'initiative. C'est vrai, dès que les Russes récupéraient le palet, ils partaient à une vitesse phénoménale. Le problème, c'est que cela n'a pas suffi. On a cru que les Suédois allaient prendre une leçon d'efficacité, et finalement ils ont gommé leurs approximations tout en devenant plus créatifs collectivement, ce qui leur a permis de faire basculer le match dans les dix dernières minutes. Du coup, la Russie en est maintenant à 3 sur 17 dans sa comptabilité peu engageante...

Élus meilleurs joueurs du match : Dick Tärnström pour la Suède et Ilya Kovalchuk pour la Russie.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Hardy Nilsson (entraîneur de la Suède) : "Nous avons demandé aux joueurs d'attaquer, et ils y sont excellemment parvenus pendant la première période, que notre équipe a logiquement remportée. Mais au deuxième tiers-temps, les Russes ont montré ce hockey franc que nous avons perdu en cours de route et ils ont augmenté le rythme. Il était nécessaire de rassurer les joueurs à la dernière pause. Vu le score, notre discours a porté ses fruits."

Viktor Tikhonov (entraîneur de la Russie) : "Ce fut un match très serré, mais cela, presque personne n'en doutait. Il était impossible de prédire le vainqueur jusqu'aux dernières secondes. Au vu du déroulement de la partie, le premier à marquer en troisième période allait prendre l'avantage. Malheureusement, nous avons pris deux buts sur des actions mal gérées par la défense. Nous avons payé en fin de rencontre la charge des pénalités du début de match, il va encore falloir soigner notre vieille maladie, l'indiscipline. Au cours de la première période, nous avons vu que Vyacheslav Butsaïev commettait des erreurs et n'était pas dans le coup, c'est pour ça que nous l'avons laissé sur le banc par la suite."

Ilya Kovalchuk (attaquant de la Russie) : "Nous n'aurions pas dû nous replier en défense en essayant de tenir le score, même si c'est une réaction presque automatique quand on mène au score contre un adversaire de ce calibre. Mais nous avons eu des occasions dans cette troisième période, Yashin et Ovechkin auraient pu marquer. Personnellement, je n'ai pas ressenti de fatigue, il faut dire que je passe 27 à 30 minutes par match sur la glace à Atlanta, alors même sur une plus grande glace je ne risque pas d'être usé ici. J'essaie toujours d'être un leader, mais je n'ai pas marqué assez de buts pour que l'on gagne aujourd'hui, donc je dois considérer que ce match n'a pas été une réussite. On ne peut pas se jauger face au Danemark et au Japon, mais ce match a montré que nous étions capables de beaucoup. Je pense que nous retrouverons les Suédois plus tard dans le tournoi, et là on verra qui est qui."

 

Suède - Russie 3-2 (1-0, 0-2, 2-0)

Mardi 27 avril 2004 à 20h15 à la CEZ Vítkovice Arena d'Ostrava. 7428 spectateurs.

Arbitrage de Vladimír Sindler (TCH) assisté de Lars Kronborg (NOR) et Thomas Gemeinhardt (NOR).

Pénalités : Suède 16' (2', 10', 4'), Russie 14' (4', 8', 2').

Tirs : Suède 24 (9, 8, 7), Russie 20 (6, 9, 5).

Évolution du score :

1-0 à 17'32" : Tärnström assisté de Hävelid

1-1 à 21'35" : Kovalchuk assisté de Yashin et Zelepukin (sup. num.)

1-2 à 28'08" : Kovalchuk assisté de Morozov

2-2 à 53'16" : Nylander assisté d'Alfredsson

3-2 à 58'27" : Jönsson assisté d'Axelsson et Tjärnqvist

 

Suède

Gardien : Henrik Lundqvist.

Défenseurs : Dick Tärnström - Niclas Hävelid ; Daniel Tjärnqvist - Christian Bäckman ; Ronnie Sundin - Per Hållberg.

Attaquants : Andreas Salomonsson - Samuel Påhlsson - Jonathan Hedström ; Daniel Alfredsson - Jörgen Jönsson - Andreas Johansson ; Niklas Andersson - Michael Nylander - Per-Johan Axelsson ; Magnus Kahnberg - Fredrik Sjöström - Jonas Höglund ; Johan Davidsson - Matthias Tjärnqvist.

Remplaçant : Stefan Liv (G).

Russie

Gardien : Maksim Sokolov.

Défenseurs : Dmitri Yushkevich - Oleg Tverdovsky ; Vitali Proshkin - Dmitri Bykov ; Dmitri Kalinin - Andreï Skopintsev ; Vassili Turkovski - Aleksandr Guskov.

Attaquants : Aleksandr Ovechkin - Aleksandr Prokopiev - Maksim Sushinsky ; Ilya Kovalchuk - Alekseï Yashin - Valeri Zelepukin ; Andreï Bashkirov - Vyacheslav Butsaïev - Maksim Afinogenov ; Vladimir Antipov - Aleksandr Skugarev - Alekseï Morozov.

Remplaçant : Egor Podomatski (G).

 

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