Russie - Danemark (25 avril 2004)

 

Championnats du monde 2004, premier tour, groupe C

C'est l'ouverture pour l'un des éternels favoris au titre mondial : la Russie. Une équipe russe qui ne sait vraiment sur quel patin patiner. Comme d'habitude, il a fallu composer entre la tendance "internationaliste" qui prône l'intégration maximale de joueurs évoluant en LNH et la ligne "nationaliste" qui pense qu'il y a suffisamment de talents dans la Superliga russe. Il faut également tenir compte des "exilés" qui ne sont pas très motivés pour rentrer, et surtout toute cette "sauce" doit convenir au "chef" Viktor 1er, tsar de toutes les Russies du palet. Alors comme d'habitude, la "Sbornaïa" est un subtil mélange d'étoiles brillants dans le ciel nord-américains (Kovalchuk, Yachine, Morozov ou Kalinine), d'anciens de la LNH revenus à la maison-mère (Tverdovsky) de vedettes locales (Sokolov, Souchinsky) et de futures étoiles transatlantiques comme Ovetchkine. Alors forcément la "maïonez", comme on dit en russe, a parfois du mal à prendre. Les matches de préparation ont été chaotiques, parfois brillant (le match retour de la "finale" pour la troisième place de l'Euro-Tour en République Tchèque), parfois catastrophique (le match aller à Moscou) et parfois déroutant (contre la Suède).

Bref, avec la Russie, c'est comme d'habitude un mystère enfermé dans un coffre fermé à double tour et dont la clé est au fond du puits dans le jardin de la datcha.

En plus, Sergueï Zinoviev a été écarté de l'effectif car les contrôles anti-dopage effectués à Moscou avant de partir ont révélé des traces de cannabis dans ses urines ! Pour ne pas risquer qu'il soit positif au Mondial, le joueur de Kazan a été prié de rester en Russie. Du coup, les alignements en ont été bouleversés. Le vétéran Zélépoukine, qui se retrouvait sans équipier, a été placé avec le dernier arrivé Yachine et la vedette Kovaltchouk, celui-ci étant remplacé en première ligne aux côtés du duo d'Omsk Prokopiev-Souchinsky par le nouveau prodige Alexandre Ovetchkine.

Heureusement pour la Sbornaïa (la sélection) le premier match n'est pas une épreuve si redoutable. Certes, le Danemark progresse, ses meilleurs éléments évoluent dans le très relevé championnat suédois, certes l'entraîneur (également suédois) du Danemark Michael Lundström a eu la chance de progresser en venant en France il y a quelques années à Reims (Ben quoi, on peut plus rigoler ?) mais bon, face à la première ligne ovechkino-omskienne, cela risque d'être un peu juste.

Et pourtant, c'est le Danemark qui fait parler la poudre dès la première minute. Un boulet danois va s'écraser quelque part aux alentours de la cage de Maxime Sokolov. Où exactement ? C'est bien le problème, ma pauvre dame. Enfin, c'est surtout le problème de l'arbitre. Hannu Henriksson doit dire s'il y a but ou pas ! Franchement, la télé montre et remontre les ralentis sous tous les angles... Pff. Bien malin qui peut dire si le palet qui frappe la transversale est entrée sous la barre ou pas. Ne voulant pas y passer la nuit, l'arbitre refuse le but e basta. Dans la minute qui suit, les Russes sont en position de but, mais Jan Jensen, le gardien danois d'Esbjerg se met en évidence. Il réalise d'ailleurs une excellente première période. Il ne peut rien cependant sur un tir du "New Yorkais" Alexeï Yachine qui ouvre la marque. La Russie domine, mais les Danois ne sont pas du tout ridicule et jouent sans complexes. Ceci dit, les Rouges ne sont pas non vraiment inquiétés et doublent la mise en fin de premier tiers d'un très beau but du "Suisse" Andreï Bachkirov.

Deux-zéro et un deuxième tiers avec une équipe russe beaucoup pénalisée. Les Danois en profitent donc d'entrée avec une double supériorité qui ne dure que cinq secondes. Kim Staal (qui évolue à Malmö en Suède) s'engouffre dans l'axe et fusille Maxime Sokolov. Mais les Danois n'ont pas le temps de faire trop les "malins". Moins de quatre minutes plus tard, Jesper Duus, le défenseur vétéran (36 ans), rate sa relance qui atterrir dans la crosse d'Alexandre Skougarev. Le défenseur, euh pardon, l'attaquant du Lada, n'en demandait pas tant et tranquillement redonne deux buts d'avance à la sélection nationale de la Fédération de Russie... Un beau plantage de Duus, mais l'on sait depuis longtemps, que le problème de Monsieur Duus, c'est le plantage de bâton...

Les Russes prennent le large sur un exploit personnel de Maxime Souchinsky. L'attaquant numéro un de la saison en Superliga et de l'Avangard grille la politesse à toute l'arrière-garde danoise pour le break du 4-1. Mais tout n'est pas pourri dans le Royaume du Danemark. Morten Green en fait voir de toutes les couleurs à la défense russe et sur une action personnelle ramène les Blancs à deux coups de fusil des Rouges. Deux pénalités (encore !) des Russes en fin de tiers (Boutsaev et Skougarev) ne changent rien. Les deux équipes rentrent aux vestiaires sur ce score de 4-2.

Comme souvent avec deux buts d'avance et pas vraiment de crainte de se faire remonter, le vieux mal russe revient dans cette ultime période. Le laxisme, allié au manque de motivation. La Sbornaïa sait qu'elle va gagner alors pourquoi s'en faire ? Surtout qu'Alexandre Ovechkine tue le "suspense" au bout de deux minutes en "s'amusant" en slalomant au milieu de la défense danoise pour le cinquième but. Franchement, il va me manquer celui là l'an prochain quand il n'illuminera plus de son génie les matches à Loujniki. À chaque fois que je le vois jouer, je me dis qu'il y a une erreur de date de naissance sur son passeport et qu'il n'est pas junior !

Autant dire qu'après cela il ne se passe plus grand-chose ! Sauf que Jen Jensen, le talentueux gardien danois, sort de la glace. Il a reçu un palet dans la grille et saigne. Il est remplacé par Peter Hirsch. Rien à signaler ? Ah si, les supporters danois, pour ne pas s'ennuyer, font le tour de la patinoire en faisant la chenille ! Je ne sais ce que donne "A, à, à, à la queue-leu-leu" en danois, mais le Viking de tête de cortège pourrait bien faire le Bézu danois. "Bézusen" vous présente sa dernière "création" ! Arg ! C'est peut-être cela qui déconcentre la Sbornaïa, puisque la première ligne russe rate un immanquable trois contre un après que Souchinsky a vendangé une passe facile. Le commentateur de la télé russe se fend d'un "Maxime... Enfin... une passe aussi élémentaire..." sur le ton d'un instituteur désolé d'une bêtisé de son meilleur élève.

Bref, il est temps que cela se termine. Heureusement, sur une dernière pénalité danoise, le premier bloc russe se rachète et Alexandre Prokopiev, l'autre attaquant-vedette d'Omsk, cloue le cercueil avec un sixième but.

Au bout du compte, tout le monde est content. La Russie a gagné son premier match, le Danemark n'a pas pris une tôle comme certains, et Jan Jensen, avec un beau pansement sur le front, est revenu sur la glace recevoir son prix de meilleur joueur danois. Ils sont gentils, les Tchèques, ils récompensent un joueur qui était à l'infirmerie ! Je croyais que la Croix Rouge était suisse...

Ceci dit, nous n'avons pas appris grand-chose au cours de ce match. Si ce n'est que la Russie ne joue bien que motivée et face à un adversaire à sa taille, sinon elle baille. Et que le Danemark est une bonne petite équipe en net progrès avec des supporters bien sympathiques. Voilà.

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match :

Viktor Tikhonov (entraîneur de la Russie) : "J'avais dit aux joueurs que le premier match contre les Danois serait très important. Maintenant, c'est le prochain qui devient très important. Le cas Zinoviev est réglé et appartient maintenant au passé. Le principal, c'est le jeu de l'équipe, pas les problèmes individuels des joueurs. Les deux premières lignes ont été reformées très récemment, et il faut du temps pour que les joueurs atteignent une bonne compréhension mutuelle. Dommage que notre discipline de jeu ait faibli en deuxième période. Les pénalités auraient pu entraîner des complications."

Aleksei Yashin (attaquant de la Russie) : "Notre principal problème, c'était qu'une petite nervosité était présente, inévitable dans un premier match. Mais les Danois avaient joué la veille, ils avaient moins de forces. Je me mets là où l'entraîneur me place, je connaissais suffisamment mes nouveaux partenaires pour qu'il n'y ait pas de problème. Kovalchuk a fait un très bon match à mon avis, excellent dans les un-contre-un et toujours dirigé vers le but. Zelepukin a bien accompagné la défense, et j'espère qu'il aidera beaucoup notre équipe dans le futur."

Mikael Lundström (entraîneur du Danemark) : "La Russie, bien sûr, est plus forte, mais à certains moments du match, il a semblé que nous faisions jeu égal."

 

Russie - Danemark 6-2 (2-0, 2-2, 2-0)

Dimanche 25 avril 2004 à 16h15 à la Sazka Arena de Prague. 4000 spectateurs.

Arbitrage de Hannu Henriksson (FIN) assisté de Dean Laschowski (CAN) et Lars Kronborg (NOR).

Pénalités : Russie 12' (0', 12', 0'), Danemark 6' (2', 2', 2').

Tirs : Russie 28 (13, 5, 10), Danemark 20 (2, 11, 7).

Évolution du score :

1-0 à 11'58" : Yashin assisté de Proshkin

2-0 à 18'25" : Bashkirov assisté d'Antipov

2-1 à 25'35" : Staal assisté de F. Nielsen (double sup. num.)

3-1 à 29'01" : Skugarev assisté de Guskov (sup. num.)

4-1 à 36'32" : Sushinsky assisté de Kalinin

4-2 à 37'45" : Green assisté de J. Nielsen

5-2 à 42'51" : Ovechkin assisté de Sushinsky et Yushkevich

6-2 à 57'57" : Prokopiev assisté de Tverdovsky et Ovechkin (sup. num)

 

Russie

Gardien : Maksim Sokolov.

Défenseurs : Dmitri Yushkevich - Oleg Tverdovsky ; Dimitri Bykov - Vitali Proshkine ; Andreï Skopintsev - Dmitri Kalinin ; Aleksandr Guskov - Vassili Turkovsky.

Attaquants : Aleksandr Ovechkin - Aleksandr Prokopiev - Maksim Sushinsky ; Ilya Kovalchuk - Alekseï Yashin - Valeri Zelepukin ; Andreï Bashkirov - Vyacheslav Butsaïev - Vladimir Antipov ; Aleksandr Skugarev - Alekseï Morozov.

Remplaçant : Egor Podomatski (G).

Danemark

Gardien : Jan Jensen puis Peter Hirsch à 43'28.

Défenseurs : Jesper Damgaard - Daniel Nielsen ; Dan Jensen - Jesper Duus ; Andreas Andreasen - Christian Schioldan ; Thomas Johnsen.

Attaquants : Nicolas Monberg - Kim Staal - Frans Nielsen ; Morten Green - Jens Nielsen - Bo Nordby Andersen ; Michael Smid - Ronny Larsen - Mads True ; Mike Grey - Alexander Sundberg - Bent Christensen.

 

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