Grenoble - Amiens (9 avril 2004)

 

Finale du Super 16, match retour.

Après la défaite subie 1-2 en terre picarde, l'objectif de ce match était relativement simple pour les Grenoblois : gagner pour avoir le droit de disputer les prolongations. Mais quel que soit le résultat proprement dit au terme des soixante minutes de jeu, les Brûleurs de Loups devront surtout montrer une attitude bien différente de celle affichée lors du match aller. Au Coliséum, leur prudence et leur passivité leur avaient sans aucun doute coûté le match. Afin de "réveiller" tout son monde, Gérald Guennelon modifiait légèrement ses lignes en plaçant Christophe Tartari sur la première et Benjamin Agnel sur la troisième, De Murcia faisant les frais de cette opération.

Dès le début de rencontre, les premières charges annonçaient un engagement bien plus important que lors du match aller. Grenoble portait le danger dans la zone amiénoise, signe d'un jeu plus offensif. Mais les Brûleurs avaient-ils vraiment le choix ? À coup sûr, la situation des Gothiques était bien plus confortable. Josef Podlaha faisait une entrée fracassante en zone d'attaque, mais il trébuchait sur Bachet avant de renverser la cage de Mindjimba. M. Bocquet jugeait l'intervention du défenseur amiénois licite et ne sifflait pas de pénalité sur l'action. En revanche, Kaartinen se voyait sanctionné quelques secondes plus tard pour un coup de coude et les Gothiques installaient leur jeu de puissance. Un tir de Laurent Gras à mi-distance et un slap de la bleue de Vincent Bachet qui heurtait le casque de Rolland mettaient les Grenoblois sous pression. Malgré tout, les joueurs de Gérald Guennelon s'en sortaient sans dommage. Une faute pour retenir de Denis Perez renversait les rôles. Mais Grenoble peinait plus à s'installer en zone d'attaque. La seule véritable occasion notable était une entrée de zone rageuse de Jesse Saarinen suivie d'un tir - non cadré - mais l'action était entachée d'une faute d'énervement du défenseur finlandais. À quatre contre quatre, Jonathan Zwikel et François Rozenthal mettaient à profit leur vitesse pour semer le trouble dans la défensive grenobloise. Sur un slap de la bleue anodin de Frédéric Brodin, Rolland relâchait le palet sur la crosse de François Rozenthal qui ouvrait le score (0-1, 07'03").

Coup dur pour les Grenoblois qui, comme au Coliséum mercredi, se voyaient menés au score. Les coéquipiers de Benoît Bachelet accusaient le coup et les Gothiques tentaient d'enfoncer le clou. Un tir de Gras était repoussé du bouclier par Rolland, Hecquefeuille puis Jestin s'essayaient au tour de cage sans réussite mais la défense grenobloise prenait l'eau de toutes parts, notamment sous l'impulsion de la quatrième ligne amiénoise. C'est Laurent Deschaume qui réveillait quelque peu les ardeurs grenobloises, mais son centre en retrait pour Holopainen aurait mérité de connaître un meilleur sort, Schcevelev finissant l'action par un tir sans grand danger sur Mindjimba. Les Brûleurs revenaient définitivement dans le match sur une double supériorité numérique, Lefranc ayant gêné Podlaha au moment de tirer et Perez ayant neutralisé irrégulièrement Saarinen. En l'espace d'une minute, les Brûleurs de Loups se retrouvaient à cinq contre trois. Une aubaine dont ils se devaient de profiter. Après un premier tir de Podlaha bloqué par Mindjimba puis un autre non cadré d'Amar, c'est finalement Benoît Bachelet qui centrait au second poteau pour Kaartinen dont la reprise à bout portant trompait entre les jambes un Mindjimba pas chanceux sur le coup (1-1, 14'28"). Les Gothiques ne s'en laissaient pas compter, et c'est Denis Perez, encore excellent, qui montrait l'exemple en faisant le tour de la cage de Rolland. Saarinen se voyait obligé de faire faute sur lui pour stopper l'action. Malgré quelques mouvements de Zwikel, Amiens ne se montrait pas réellement dangereux sur le jeu de puissance, Benoît Bachelet s'offrant même un palet de contre. Pourtant dans les derniers instants, la défense grenobloise un peu trop tôt démobilisée oubliait Laurent Gras qui allait droit à la cage de Rolland et trouvait la lucarne sans opposition (1-2, 18'51"). Gros coup de massue sur les têtes grenobloises que ce but marqué dans les ultimes instants du tiers, et ce n'était pas une dernière pénalité contre Hämäläinen qui allait consoler les Isérois.

Forcément, Grenoble n'avait d'autre choix que de repartir à l'assaut des buts de Mindjimba dès le début de la deuxième période. Podlaha fut le premier à se mettre en évidence mais sa reprise à bout portant manquait de conviction. Sami Kaartinen combinait avec Benoît Bachelet mais le tir du capitaine grenoblois n'était pas un problème pour Mindjimba. Deschaume s'essayait sans plus de réussite mais les Brûleurs de Loups maîtrisaient le jeu et pressaient les Gothiques dans leur zone. La seule occasion à se mettre sous la dent côté rouge et noir était un tir de Gras le long de la bande sans danger pour Rolland. Le pressing grenoblois finissait par payer : un tir dévissé de Podlaha était dévié au fond des cages (via les patins de Mindjimba) par Benjamin Agnel opportuniste au second poteau (2-2, 26'47"). L'espoir renaissait chez les Dauphinois, mais pas pour longtemps. Quatre-vingt-six secondes exactement. Le temps pour les Gothiques de profiter du relâchement adverse consécutif à l'égalisation. Une passe mal ajustée de Tero Forsell provoquait un turnover amiénois. Mickaël Brodin, insaisissable derrière les filets grenoblois, faisait le tour de la cage et remettait le palet sur les patins de Rolland qui l'envoyait involontairement au fond (2-3, 28'13"). Pour la troisième fois de la rencontre, Amiens prenait les devants et Grenoble était encore obligé de courir après le score. Hämäläinen se faisait une nouvelle fois sanctionner dans la foulée. Mais à l'exception de quelques tentatives maladroites de Podlaha, les Grenoblois ne se montraient pas particulièrement dangereux. Comme s'il leur fallait retrouver un second souffle après l'énergie dépensée pour revenir au score. Mindjimba, roublard comme jamais, déplaçait discrètement sa cage sur une action chaude. Perez semait encore le trouble dans la zone adverse. Les Gothiques donnaient une impression de sérénité en cette fin de tiers à peine contrariée par l'échappée de Tartari côté gauche (parfaitement contrée par Jestin) ou ce tir pas cadré de Deschaume pourtant bien placé. François Rozenthal plaçait deux ou trois accélérations dans la zone grenobloise, histoire de rappeler que le danger amiénois était toujours bien présent, et Grenoble avait donc deux buts à marquer au troisième tiers.

Deux buts, cela semble peu au hockey, mais c'est beaucoup face à une défense amiénoise parfaitement bien placée qui sent bien venir les coups et refoule les attaques iséroises sans trop difficulté. Et histoire de se compliquer un peu la tâche, les Brûleurs se mettaient à la faute. Un "sandwich" sur Laurent Gras, et Benjamin Agnel partait en prison. Une sanction qui n'était visiblement pas du goût de Gérald Guennelon et du banc isérois... M. Bocquet ajoutait deux minutes supplémentaires de banc mineur. Les Gothiques avaient une belle occasion de plier définitivement la rencontre avec cette double supériorité numérique. Mais les Brûleurs n'abdiquaient pas, se battaient sur tous les palets et à part une incursion dangereuse de Laurent Gras, Patrick Rolland n'est pas vraiment inquiété durant ces deux minutes. Un retour grenoblois restait donc possible. De quoi remonter le moral des Isérois qui repartent à l'assaut des buts adverses. Fougère, Shchevelev, Podlaha et bien sûr l'inévitable Kaartinen : le danger vient de tous les côtés. Les contacts se font plus nombreux, les deux équipes livrent vraiment leurs dernières forces dans la bataille. Un élan interrompu par une faute d'indiscipline de Forsell qui ajustait Mickaël Brodin d'un coup de poing inutile sur un engagement. Deux minutes pendant lesquelles Grenoble devait se contenter de défendre plutôt que d'attaquer. Deux minutes au cours desquelles Amiens gérait le score sans vraiment essayer de l'aggraver.

Il ne reste que cinq minutes à jouer et Laurent Gras est à son tour envoyé en prison pour avoir "fauché" Josef Podlaha qui entrait dans la zone amiénoise. Guennelon tente alors le pari risqué mais nécessaire de faire sortir Rolland pour évoluer à six contre quatre. Les Brûleurs peinent à installer le jeu de puissance, font circuler le palet mais ne parviennent pas à se trouver en bonne position de tir. Et puis au bout des deux minutes, l'incroyable se produit : au moment où Gras sort de prison et Rolland revient sur la glace, Sami Kaartinen reprend le rebond laissé par Mindjimba sur un tir de Saarinen et glisse le palet entre les jambes du portier picard (3-3, 57'01"). Pôle Sud exulte. Mais ce n'est pas suffisant car un match nul donne le titre à Amiens. Il reste alors trois minutes aux Grenoblois pour marquer un autre but. Ils attaquent à cinq prennent tous les risques et... s'exposent forcément aux contres. Zwikel part tout seul en break mais Rolland sort un arrêt magistral de la jambière. Grenoble pousse encore, mais un palet de contre perdu par Amar à la ligne bleue est bonifié par Brice Chauvel qui adresse une passe dans le tempo à Laurent Gras, qui n'a plus qu'à pousser la rondelle au fond des cages de Rolland (3-4, 58'39"). C'est fini. Cette fois Grenoble ne pourra pas revenir et Amiens peut savourer son titre, le dernier but d'Aimonetto dans la cage ne relevant que de l'anecdote (3-5, 59'50").

Les Gothiques remportent donc leur deuxième titre de champion de France après celui acquis en 1999. Une juste récompense car Amiens a été la meilleure équipe sur l'ensemble des deux matches grâce à une défense impeccable et une attaque rapide et tranchante. L'ouverture du score a sans doute pesé très lourd car Grenoble a dû courir après le score toute la rencontre, exercice que les Brûleurs de Loups n'apprécient guère. Ils ne pourront pourtant pas avoir beaucoup de regrets sur ce match tant ils ont donné. Mais quelques relâchement défensifs ont causé leur perte. Dommage tout de même qu'ils n'aient pas pu fournir une prestation similaire au match aller. Les deux équipes ont en tout cas livré une rencontre de toute beauté avec des individualités marquantes. Laurent Gras, François Rozenthal, Jonathan Zwikel et l'infatigable Denis Perez sont sortis du lot côté amiénois. Sami Kaartinen, Baptiste Amar et Patrick Rolland auront été les grands bonhommes de la rencontre côté grenoblois. Les Brûleurs de Loups peuvent certainement regretter l'absence de Laurent Meunier et Jean-François Bonnard, deux "guerriers" en plus d'être d'excellents joueurs, dont l'ombre a plané sur cette finale. Mais on ne réécrit pas l'histoire, et cette victoire amiénoise est un juste retour des choses après l'échec encore douloureux de la saison passée contre Rouen. Puissent les Brûleurs de Loups suivre leur exemple...

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble): "C'est difficile car les gars ont vraiment répondu à nos attentes, sont allés au bout d'eux-mêmes. On s'est montré autrement plus offensifs qu'à Amiens et on n'a pas conclu. Amiens a été très discipliné. Ils avaient l'expérience, ils ont l'habitude de jouer des matchs de cette envergure avec les Bleus, mentalement ils savent s'y préparer et donner des réponses adéquates. L'absence de Meunier et Bonnard ? Le groupe a su se passer de ces joueurs et a surmonté des blessures tout au long de l'année. Il nous faut positiver et que les gars se mettent dans la tête qu'une finale est un événement unique."

Benjamin Agnel (attaquant de Grenoble) : "Nous n'avons pas eu de réussite. On a quand même livré la marchandise ! Si on avait joué comme ça à Amiens, ça aurait été différent. En tous cas, on n'a pas trop de regrets car on s'est dépouillé pour revenir au score et on s'est découvert. Avec cette ambiance, on aurait pourtant aimé faire la fête chez nous, Avec une telle saison, ça aurait été bien de la ponctuer par une victoire finale. On dispute deux finales cette année, il faut en tirer du positif et construire dessus. On aurait quand même mérité d'en gagner une."

Richard Aimonetto (attaquant d'Amiens): "On a quand même eu chaud ! Les Grenoblois ont fait une bonne partie du jeu en nous forçant. Notre système était d'attendre les contres à notre bleue, pour éviter que les patineurs grenoblois et leurs finisseurs ne viennent vers notre cage. Gagner ici, on ne pouvait pas rêver mieux. Hier, c'était le vrai match de cette finale. On était là".

François Rozenthal (attaquant d'Amiens): "On a eu quelques moments d'inquiétude. Mais on a réagi à chaque fois dans la foulée des buts grenoblois et ça nous a mis à l'abri, tout en prouvant que l'équipe avait de la force de caractère depuis les quarts de finale. Notre série contre Dijon (en cinq matchs) fut un mal pour un bien. On a retrouvé cette gnac et cette rigueur au bon moment. Au match aller, on avait joué à notre niveau en laissant peu d'occasions, on venait ici confiant sans trop l'être non plus. Sur une finale, c'est l'équipe qui joue le mieux défensivement qui remporte la coupe. Ce fut nous. "

Christophe Tartari (attaquant de Grenoble, nommé meilleur espoir): "Meilleur espoir, c'est sûr ? Eh ben, je suis vraiment content. J'y pensais un peu avec la saison que j'avais livrée. C'est un objectif que je m'étais fixé sans trop y croire, Mais en deuxième phase, je m'en sortais pas trop mal. L'an prochain, a priori, je serai là."

 

Grenoble - Amiens 3-5 (1-2, 1-1, 1-2)

Vendredi 9 avril à 19h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Alexandre Hauchart et Éric Bouguin.

Pénalités : Grenoble 12' (6', 0', 6'), Amiens 12' (8', 2', 2').

Évolution du score :

0-1 à 07'03" : F. Rozenthal assisté de F. Brodin et Zwikel

1-1 à 14'28" : Kaartinen assisté de B. Bachelet et Amar (double sup. num.)

1-2 à 18'51" : Gras assisté de Leroy et Perez

2-2 à 26'47" : Agnel assisté de Podlaha

2-3 à 28'13" : M. Brodin assisté de F. Brodin

3-3 à 57'01" : Kaartinen assisté de Saarinen et Amar

3-4 à 58'39" : Gras assisté de B. Chauvel et L. Chauvel

3-5 à 59'50" : Aimonetto

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Jesse Saarinen - Jukka-Pekka Holopainen ; Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Stéphane Gachet - Roland Fougère.

Attaquants : Christophe Tartari - Tero Forsell - Josef Podlaha ; Sami Kaartinen - Jani Tuominen - Benoît Bachelet (C) ; Benjamin Agnel (A) - Laurent Deschaume - Andrei Shchevelev.

Remplaçants : Fabrice Agnel (G), Cyril Papa, Xavier De Murcia, Romain Bachelet, Martin Millerioux et Timo Bayon. Absents : Jean-François Bonnard (fracture de la malléole et du pied), Laurent Meunier (fracture du plateau tibial et déchirure ligamentaire) et Nicolas Antonoff (ligaments du genou).

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba.

Défenseurs : Denis Perez - Mathieu Jestin ; Tommi Hämäläinen - Arnaud Mazzone ; Vincent Bachet - Frédéric Brodin ; Fabien Leroy - David Hennebert.

Attaquants : François Rozenthal - Jonathan Zwikel - Julien Lefranc ; Brice Chauvel - Laurent Gras - Luc Chauvel ; Elie Marcos - Anthony Mortas - Simon Petit ; Kévin Hecquefeuille - Richard Aimonetto - Mickaël Brodin.

Remplaçant : Jérôme Plumejeau (G).

 

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