CSKA Moscou - Avangard Omsk (25 janvier 2004)

 

Match comptant pour la quarante-huitième journée de la Superliga russe 2003/04.

Il y a foule en ce dimanche après-midi dans l'antre des "militaires moscovites". Plus de 4 000 spectateurs dont environ 200 venus d'Omsk, en Sibérie ! Je ne sais pas si le club financé par le milliardaire Roman Abramovitch (propriétaire de Chelsea en foot), via sa compagnie pétrolière Sibneft, paie l'avion à ses supporters, en tout cas, c'est toute une tribune qui est remplie de spectateurs habillés aux couleurs noires et rouges de l'Avangard Omsk. Impressionnant !

Le 17 octobre dernier, j'avais assisté à la victoire 2-0 des Moscovites sur les Sibériens. À l'époque le CSKA était déjà juste en dessous de la ligne de flottaison, soit neuvième alors que seuls les huit premiers joueront les play-offs, mais les joueurs d'Omsk étaient eux englués dans les profondeurs de la Superliga avec des patins en plomb. Rien, ou pas grand-chose ne tournait rond dans cette équipe.

Depuis cette date, de l'eau n'a pas coulé sous les ponts d'Omsk, parce que les eaux de l'Irtych, cet affluent de l'Ob, sont gelées... Mais la situation de l'Avangard a bien changé. Les joueurs de l'entraîneur mythique (ex Chelyabinsk et Magnitogorsk) Valeri Beloussov, arrivé en cours de saison pour sauver la baraque, restent sur une incroyable série de six victoires consécutives, ce qui est exceptionnel en Superliga, et sont troisièmes au classement.

En revanche, c'est la grimace au CSKA, dixième, restant sur deux défaites sans le moindre but inscrit : 0-1 à domicile contre le Khimik Voskresensk et 0-4 en déplacement en Extrême-Orient chez l'Amour Khabarovsk. Inefficacité offensive, blessés en pagaille (Bérézine souffre du coude, et surtout le gardien tchèque Dusan Salficky a une conjonctivite infectieuse, maladie extrêmement contagieuse qui l'oblige à rester éloigné aussi bien de ses coéquipiers que de sa famille), et les play-offs qui s'éloignent... C'est pas la joie ! À signaler enfin, toujours par rapport au match aller, le passage du CSKA à l'Avangard de l'attaquant Dimitri Soubbotine, muet sous le maillot moscovite en vingt-deux matches et auteur de trois buts depuis qu'il est parti en Sibérie !

Les Moscovites n'ont donc pas le choix, ils doivent s'imposer. Ils partent ainsi très fort dans ce match. Dès la cinquième minute, l'attaquant sibérien Alexandre Popov part en prison. Il ne faut que vingt-trois secondes aux Moscovites pour tromper le gardien de la sélection russe Maxime Sokolov. Et comme pour le match du 17 octobre, c'est le même joueur, en l'occurrence Sergueï Zolotov, qui marque le premier but de la rencontre !

Un premier tiers-temps où le niveau de jeu et la vitesse sont particulièrement impressionnants. Mais malgré deux pénalités, une de chaque côté, les deux Maxime, Sokolov et Mikhaïlovsky qui remplace Salficky, sont vigilants et le score en reste là au premier coup de sirène.

La deuxième période se décante encore plus vite que la première et une nouvelle fois sur une supériorité numérique. Dès la deuxième minute, l'attaquant du CSKA, Alexeï Kolkounov part sur le banc des prisons. C'est le moment choisi par la vedette et capitaine de l'Avangard, Oleg Tverdovsky pour frapper... mais alors très fort ! Un missile de loin qui file sous la barre de Maxime Mikhaïlovsky. Un but fabuleux de l'ancien pensionnaire - pendant neuf saisons - de LNH. Après ce but, les joueurs d'Omsk semblent comme sur un nuage. Ils contiennent parfaitement les Moscovites et proposent un jeu d'attaque très spectaculaire et dangereux, en particulier grâce à leur trio tchèque : Tomas Vlasák, Jaroslav Bednar et Pavel Patera.

Et pourtant, à la mi-match, les Moscovites se remettent dans le sens de la marche. Pendant plus de cinq minutes, les joueurs de Viktor Tikhonov mènent une série d'offensives tout azimut. Mais le club de l'armée est désespérément inefficace. Même l'excellent attaquant kazakhstanais Dimitri Oupper rate deux occasions en or, seul devant Maxime Sokolov. Andreï Razine et le capitaine Nikolaï Pronine se démènent sur toute la ligne de front, mais l'arrière-garde de l'Avangard ne cède pas. Au contraire, ce diable d'Oleg Tverdovsky sort de sa boîte pour inscrire en contre un but aussi beau que le précédent. Ce joueur né en Ukraine - à Donetsk - avant de choisir le passeport russe (décidément...), qui a débuté en seniors aux Krylia Sovietov, éclabousse de sa classe la partie. Surtout que ces camarades de bloc, le trio tchèque précité, sont également exceptionnels. La preuve, dix secondes seulement après le but de leur capitaine, les trois Tchèques remettent cela, avec un but de près de Jaroslav Bednar, arrivé en cours de saison en provenance de LNH (Florida Panthers) après avoir joué dans les deux clubs pragois (Slavia puis Sparta) et en SM-Liiga finlandaise (JYP et HIFK).

Encaisser deux buts en dix secondes, juste avant la fin de la deuxième période, après avoir longuement fait le siège de la citadelle adverse, le coup est rude pour les militaires moscovites. Surtout qu'ils perdent un nouveau joueur sur blessure (une épidémie...), en l'occurrence Sergueï Antchakov qui rentre aux vestiaires en boitant bas. Du coup, pour la dernière période, Viktor Tikhonov joue à trois lignes, suivi en cela par son adjoint en équipe nationale, Valeri Beloussov !

Le dernier tiers-temps est palpitant, car le jeu ne baisse absolument pas d'intensité. Cela va à une vitesse folle, supersonique par rapport au championnat français. L'Avangard maîtrise parfaitement son sujet. Impeccable en défense et majestueuse en attaque avec des actions splendides, en particulier (on se répète, ma pauv' dame) de son trio tchèque, cette équipe a un potentiel énorme et pourrait faire très mal en phase finale. Et comme le CSKA est toujours à la peine en attaque, on se dit que le score ne va pas en rester là ! C'est vrai, sauf que...

Nous entrons dans les cinq dernières minutes, le commissaire Bourrel prend sa pipe... et le défenseur kazakhstanais Vladimir Antipine part en prison. C'est la dernière chance des Rouges et Blancs. Et ils vont la saisir, les bougres ! Sergueï Zolotov, encore lui, qui visiblement aime bien Omsk, trompe Sokolov et ramène l'armée russe à portée de fusil du club d'un oligarque...

Valeri Beloussov sent bien que c'est un moment capital et demande un temps mort. Mais ses joueurs sont énervés. Ils avaient déjà contestés la prison d'Antipine et commettent une nouvelle faute dans la minute qui suit. C'est le défenseur Youri Panov qui part en pénalité, avec une nouvelle fois des cris et des coups de crosse de dépit de la part des joueurs sibériens, qui feraient mieux de rester concentrés. Au moment précis où la prison se termine, le défenseur moscovite Vadim Khomitsky envoie un missile de la ligne bleue qui transperce la défense d'Omsk et trompe Maxime Sokolov qui n'a même pas bougé, certainement masqué. 3-3, et il reste une minute et demie à jouer. Et les Sibériens perdent encore les pédales. C'est au tour de Pavel Patera d'être pénalisé à une minute de la fin, mais il parvient à entraîner avec lui en prison le Moscovite Sergueï Soïne. On joue donc à quatre contre quatre, puis à trois contre trois pour le début de la mort subite.

Non, nous sommes pas à Grenoble-Dijon (faudrait d'ailleurs être bigleux pour le croire...), mais comme la prolongation se joue habituellement à quatre contre quatre et qu'ils sont un de chaque côté en prison... Bravo, vous avez compris. En tout cas, il y a de la place sur la glace. Mais cela ne donne rien. Et alors que l'on est entré dans la dernière minute de cette mort subite, le CSKA donne l'ultime charge par son maître à jouer, Andreï Razine qui sème la désolation dans la défense d'Omsk pour décaler parfaitement le défenseur Pavel Trakhanov qui n'a plus qu'à fusiller le pauvre Maxime Sokolov. 4-3 ! Incroyable retour d'une équipe moscovite que l'on pensait perdue au deuxième tiers et qui elle-même a bien dû se sentir un peu mal à ce moment-là ! Mais le CSKA est allé chercher des ressources bien loin (où ?) pour remporter les deux points de la victoire en prolongation. Dans sa situation de "lutteur" pour entrer dans les play-offs, les trois points du succès dans le temps réglementaire auraient été les bienvenus, mais les Moscovites sont passés tellement près du zéro point que finalement...

Quant aux Sibériens... Ouille, ouille, ouille, difficile de perdre un match en ayant autant maîtrisé la rencontre. Peut-être un péché d'orgueil dans les dernières minutes. Avec cette série de six victoires de suite, cela peut s'expliquer. En tout cas, cela ne change rien au talent incroyable de cette équipe et de son défenseur, capitaine, maître à jouer... et buteur, Oleg Tverdovsky, élu évidement meilleur joueur de son équipe. Il aurait certainement préféré deux points de plus...

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

CSKA Moscou - Avangard Omsk 4-3 a.p. (1-0, 0-3, 2-0, 1-0)

Dimanche 25 janvier 2004 à 17h00 au Palais des sports de glace du CSKA. 4100 spectateurs.

Arbitrage de M. Sidorov (Chelyabinsk) assisté de MM. Kokurin et Sudoma (tous deux de Nijni-Novgorod).

Pénalités : CSKA Moscou 6', Omsk 24'.

Tirs : CSKA Moscou 33 (11, 5, 16, 1), Omsk 27 (10, 8, 7, 2).

Évolution du score :

1-0 à 05'24" : Zolotov assisté de Namestnikov (sup. num.)

1-1 à 23'57" : Tverdovsky assisté de Patera et Vlasák (sup. num.)

1-2 à 38'46" : Tverdovsky assisté de Sushinsky

1-3 à 38'56" : Bednar assisté de Vlasák et Patera

2-3 à 55'18" : Zolotov assisté de Semin et Razin (sup. num)

3-3 à 58'41" : Khomitsky assisté d'Upper et Pronin

4-3 à 64'07" : Trakhanov assisté de Razin et Semin

 

CSKA Moscou

Gardien : Maksim Mikhaïlovsky.

Défenseurs : Evgueni Namestnikov - Kirill Liamin ; Andreï Mukhachev - Nikolaï Semin ; Vadim Khomitsky - Jan Hejda (TCH) ; Alekseï Danilov - Pavel Trakhanov.

Attaquants : Sergueï Zolotov - Andreï Razin - Maksim Yakutsenia ; Alekseï Kolkunov - Igor Emeleïev - Sergueï Soïn ; Nikolaï Pronin (c) - Dmitri Upper (KAZ) - Sergueï Luchnikin ; Anton Dubinin - Sergueï Anshakov - Denis Parshin.

Remplaçant : Sergueï Borisov (G).

Avangard Omsk

Gardien : Maksim Sokolov.

Défenseurs : Yuri Panov - Dmitri Riabykin ; Oleg Tverdovsky (c) - Igor Nikitin (KAZ) ; Vladimir Antipin (KAZ) - Stanislav Shalinov ; Igor Zemlianoï.

Attaquants : Maksim Sushinsky - Aleksandr Prokopiev - Dmitri Zatonsky ; Tomáš Vlasák (TCH) - Jaroslav Bednar (TCH) - Pavel Patera (TCH) ; Dmitri Subbotin - Anton Kurianov - Evgueni Khatseï ; Aleksandr Popov - Konstantin Baranov.

Remplaçant : Aleksandr Kuznetsov (G).

 

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