Severstal Cherepovets - Lugano (11 janvier 2004)

 

Match pour la troisième place de la Superfinale de la Coupe Continentale 2004.

Lugano au finish

Peut-on parler d'exploit pour les uns et d'accident pour les autres ? Les uns (Lugano) ont paru plus forts, mais pas autant que cela. Ce match fut intense, prenant par son suspense et par quelques pics de tensions qui eurent l'élégance de ne pas verser dans l'outrance. Sans doute l'enjeu était plus de se faire plaisir que d'apporter son nom à la troisième anonyme place de cette "Conti-Cup". Le mérite de Lugano fut de jouer avec du caractère. L'équipe suisse est loin d'être parfaite, surtout dans l'homogénéité de ses lignes, mais elle le sait et fait avec de l'âme. Cette machine à presser et à résister a su repousser les limites de son jeu et saisir sa chance.

Opportuniste, Lugano ouvre très tôt le score. Un cafouillage dans la défense russe permet à Patrick Sutter d'ouvrir de près dans le trafic (0-1 à 1'19). Le Severstal groggy met du temps à réagir. Il faut une échauffourée entre Näser et Rozakov à la huitième minute pour impliquer les Russes dans le match. Leurs mouvements offrent maintenant une voire deux solutions au porteur du palet. Certains Russes plus doués techniquement savent conserver la rondelle et permettent à leur équipe de sortir afin d'acculer les joueurs de Larry Huras sur son but, formidablement gardé par Rueger. La fluidité et le rythme du jeu de Cherepovets, auxquels ripostent les à-coups de Lugano, atteignent leur paroxysme au cours du deuxième tiers. Acharnées, les deux équipes ne se font aucun cadeau. La preuve, l'abnégation déployée de part et d'autre dans les jeux spécifiques. 70 % des avantages numériques de la rencontre se sont joués dans le vingt médian. Sans doute est-ce là que les Russes ont perdu la rencontre. En plus de huit minutes de supériorité, ils ne parviendront pas à égaliser. Lugano, au jeu de puissance pourtant rodé, ne profitera pas non plus de ses quatre minutes, dont une en fin de période à cinq contre trois.

Devant des Suisses compacts, habiles et réalistes en contre-attaque, les Russes doivent se livrer totalement. Leur technique et leur collectif leur permettent de souvent coincer les Helvètes en défense, mais ceux-ci s'en tirent en jouant proprement. Le salut devant un tel bloc défensif vient de loin. Cherepovets à cinq contre cinq est installé dans le camp suisse et fait tourner le caoutchouc depuis un bon moment comme en jeu de puissance avant que Trubachev n'exécute un slap trouvant les filets de Rueger (1-1 à 56'50). Cette égalisation est accueillie par un large soulagement et une grande joie dans les gradins des tribunes de la patinoire. On est avant tout Russe après être Bélarussien ici. La rencontre parvient à son terme, et dans la mort subite, les deux équipes continuent à jouer le jeu. C'est finalement Ryan Gardner qui délivre les acteurs en glissant le puck sous le gardien sur un retour de tir de Maneluk. À l'arrachée, Lugano remporte le match pour la troisième place grâce à sa première ligne, sa seule arme technique supérieure aux Russes.

Compte-rendu signé Thierry Frechon.

 

Commentaires d'après-match

Larry Huras (entraîneur de Lugano) : "Je suis très content, parce que pour moi cette médaille vaut de l'or ! Je m'explique : en préparant le tournoi, j'étais convaincu que la finale serait Lugano-Severstal, parce que les Russes étaient selon moi la les meilleurs parmi les inscrits. Il n'en a pas été ainsi, parce que sur un match sec à ce niveau beaucoup de détails peuvent faire la différence. Le fait d'avoir battu la meilleure équipe du lot est cependant un peu comme avoir gagné l'or. Cette médaille me restera comme un souvenir splendide, aussi bien du fait du grand match que nous avons joué contre Cherepovets que du climat dans lequel s'est déroulé ce très beau tournoi. Cette partie a été l'inverse de celle d'hier. Contre Gomel, nous méritions peut-être mieux mais nous avons été malchanceux dans les moments décisifs. Contre les Russes, en revanche, nous avons souffert, mais la chance nous a donné un coup de main dans les phases délicates."

Flavien Conne (attaquant de Lugano) : "Nous voulions à tout prix battre le Severstal pour démontrer à tous que nous sommes en mesure de tenir tête à une équipe de l'est. Nous sommes contents parce que nous avons bien mieux joué aujourd'hui que contre Gomel, notre meilleur match depuis longtemps. Nous avons vraiment commis peu d'erreurs et cela nous a permis de battre une équipe russe, ce qui n'arrive pas tous les jours. Avoir gagné la médaille de bronze nous permet d'oublier un peu l'amertume éprouvée pour avoir manqué la finale. Malheureusement, cette troisième place ne marquera pas l'histoire du club ni celle du hockey suisse. C'est un beau résultat, mais c'est l'or qui comptait. Nous avons gâché la fête nous-mêmes contre Gomel, où nous aurions dû creuser un écart plus important. Perdre une demi-finale européenne sur un but encaissé alors que nous étions en supériorité numérique est vraiment difficile à digérer."

 

Severstal Cherepovets (RUS) - Lugano (SUI) 1-2 a.p. (0-1, 0-0, 1-0, 0-1)

Dimanche 11 janvier 2004 à 15h00 au Palais des Sports de Glace de Gomel. 2500 spectateurs.

Arbitrage de M. Lärking (SUE) assisté de MM. Vasko et Gotsoulia (BLR).

Pénalités : Severstal Cherepovets 14' (4', 8', 2', 0'), Lugano 16' (2', 12', 2', 0').

Tirs : Severstal Cherepovets 32 (8, 13, 7, 4), Lugano 32 (9, 10, 8, 5).

Évolution du score :

0-1 à 01'19" : Sutter assisté de Fuchs

1-1 à 56'50" : Trubachev assisté de Rozakov

1-2 à 66'40" : Gardner assisté de Maneluk

 

Severstal Cherepovets (RUS)

Gardiens : Viktor Chistov puis à 40'00" Sergejs Naumovs.

Défenseurs : Evgueni Petrokhinin - Sergueï Gusev (C) ; Roman Kukhtinov - Artur Oktyabrev ; Andreï Sapozhnikov - Andreï Shefer ; Alekseï Krivchenkov - Raïl Rozakov.

Attaquants : Yuri Dobryshkin - Alekseï Kalyuzhny - Dmitri Bezrukov ; Yuri Kuznetsov - Aleksandr Semak - Sergueï Berdnikov ; Andreï Nikitenko - Andreï Petrunin - Oleg Antonenko ; Maksim Rybin - Yuri Trubachev - Tomas Chlubna.

Lugano (SUI)

Gardien : Ronnie Rueger.

Défenseurs : Petteri Nummelin - Steve Hirschi ; Mark Astley - Andreas Hänni ; Patrik Sutter - Olivier Keller.

Attaquants : Mike Maneluk - Ville Peltonen - Ryan Gardner ; Keith Fair - Jean-Jacques Aeschlimann - Andreas Näser ; Régis Fuchs - Flavien Conne - Adrian Wischer ; Raffaelle Sannitz - Bob Lachance - - Sandy Jeannin ; Krister Cantoni - Grégory Christen.

Remplaçant : David Bochy (G).

 

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