Grenoble - Villard-de-Lans (3 janvier 2004)

 

Match comptant pour la première journée du Super 16, poule Magnus.

On avait quitté 2003 sur un derby isérois, on commence 2004 avec ce même derby Grenoble-Villard. Mais cette fois il ne s'agit plus des joutes régionales de la poule est, mais bien de la poule Magnus. Une différence de compétition à peine perceptible à vrai dire car les deux équipes se sont opposées à trois reprises cette saison et commencent à se connaître par cœur. Grenoble s'est imposé trois fois mais la dernière victoire avait été assez difficile (3-1) par rapport aux deux autres (5-0). Grenoble se présente en plus très diminué, privé de quatre titulaires et non des moindres (Podlaha, Agnel, Gachet et Antonoff). Les Ours qui se présentaient au complet avaient une belle opportunité à saisir.

Le début de rencontre était très équilibré. Les Villardiens se faisaient pénaliser à deux reprises au cours des dix premières minutes par un Jimmy Bergamelli intransigeant. Mais les Brûleurs de Loups se montraient d'une inefficacité totale au cours des quatre minutes de supériorité numérique, incapables non seulement de marquer mais même d'installer le moindre jeu de puissance. Difficile à comprendre, le choix de Gérald Guennelon qui, malgré l'avalanche de blessés, n'avait pas modifié son habitude de faire tourner ses trois lignes en power-play plutôt que de fabriquer deux lignes "d'unité spéciale". Vu l'inefficacité patente des Brûleurs de Loups dans ce secteur de jeu, il serait peut-être temps d'y songer. Les Grenoblois purent nourrir d'ailleurs beaucoup de regrets d'avoir laissé passer leur chance puisque, sur un contre rondement mené par la première ligne villardienne, Kent Gillings se jouait de Timo Bayon et servait Christophe Negro sur un plateau au second poteau pour l'ouverture du score (1-0, 10'49"). On se trouvait alors dans une configuration inédite puisque jamais cette saison Villard-de-Lans n'avait eu l'occasion de mener au score face aux Brûleurs de Loups.

Touchés au moral, les Grenoblois eurent du mal à repartir de l'avant. Une pénalité de Saarinen pour une spectaculaire obstruction les obligeait à défendre deux minutes supplémentaires. Le manque d'automatismes dans les deux premières lignes d'attaque était évident, et malgré des performances tout à fait honorables, les jeunes Grenoblois avaient du mal à proposer le même tempo que les absents. L'international junior Cyril Papa, sans doute le plus actif d'entre eux sur l'ensemble du match, obtenait une récompense méritée pour ses efforts. Après avoir raté quelques occasions plus nettes, il parvenait, avec la complicité de Forsell, à glisser le palet au fond des cages de Pascal Favarin sur une action relativement confuse (1-1, 16'25"). L'essentiel était sauf pour les locaux alors que tous les acteurs du match étaient renvoyés prématurément au vestiaire, la faute à la porte du banc villardien qui ne fermait plus.

Au retour sur la glace, les joueurs terminaient donc le premier tiers (avec une nouvelle pénalité tuée facilement par Villard) et enchaînaient immédiatement avec le deuxième. Saarinen était sanctionné pour la seconde fois de la soirée et les Ours mettaient à mal la défense des Brûleurs de Loups sur la supériorité numérique. Les esprits s'échauffaient devant la cage de Rolland, et Jean-François Bonnard provoquait habilement une bagarre avec Rob Millar. Le Canadien, qui contrairement à beaucoup de ses compatriotes n'est pas un spécialiste, a dû sans doute regretter de s'être embarqué dans cette aventure. Bonnard remportait haut la main ce combat qui avait des airs de NHL et les deux joueurs partaient se calmer en prison pendant douze minutes. Coupés dans leur élan, les Ours ne profitaient pas du restant de la supériorité numérique. Au contraire, les Brûleurs de Loups sortaient enfin de leur réserve et lançaient de grandes offensives sur les cages de Favarin. La plus belle d'entre elles fut très certainement ce raid en solo de Laurent Meunier qui s'offrait un festival dans la défense villardienne avant de repiquer devant la cage et... de se faire subtiliser la rondelle au tout dernier moment. Villard ne s'endormait pas pour autant et on assistait alors à un jeu très ouvert pour lequel les deux gardiens étaient fortement mis à contribution. Le tableau d'affichage ne bougeait pourtant pas et Grenoble gâchait encore deux occasions de prendre l'avantage en supériorité numérique dans ce tiers.

Avec un score de parité à son entame, le troisième tiers-temps ressemblait de plus en plus à une mort subite au fur et à mesure que les minutes s'égrenaient. Plus disciplinées, moins déchaînées, les deux équipes resserraient leur arrière-garde. Villard se montrait plus entreprenant dans cette troisième période, alors que les Brûleurs qui avaient globalement dominé le deuxième tiers marquaient le pas. Le score aurait très bien pu rester en l'état jusqu'à la fin de la période mais le sort a finalement choisi son camp : sur une action très chanceuse, le palet rebondissait sur la crosse de Metro et... finissait sa course dans la lucarne de Rolland (2-1, 56'11"). On remarquera que la troisième ligne grenobloise aura été présente sur la glace lors des deux buts villardiens. Sans doute pas un hasard. Déjà pointée du doigt par le passé, elle souffrait ce soir de l'absence de son meilleur élément, Stéphane Gachet, remplacé par Timo Bayon dont le jeu assez approximatif (malgré une bonne vitesse) n'a pas convaincu. Millerioux, plus précis dans son jeu, a pris le relais mais n'a rien pu faire sur le dernier but. La question de l'inefficacité tant offensive que défensive de cette ligne mériterait peut-être d'être réglée par un ajustement des blocs. Surtout si le nombre de blessés ne diminue pas dans les semaines à venir.

La victoire villardienne est loin d'être volée ni due au hasard. Les Ours avaient une belle opportunité face à une équipe grenobloise privée de quatre titulaires et ils ne l'ont pas laissée passer. En particulier grâce à un jeu inspiré en attaque, appliqué en défense et un Pascal Favarin qui, pour une fois, n'a pas sombré face à Grenoble. Une bien belle façon d'entamer la poule Magnus. Du côté de Grenoble, on regrettera un manque de réussite offensive, en grande partie dû à l'absence de trois titulaires en attaque. Difficile de trouver des automatismes, d'autant plus que la seule ligne "intacte" a encore montré ses limites. On ne jettera pourtant pas la pierre aux jeunes qui ont fait de leur mieux. Papa s'est créé des opportunités intéressantes mais a souvent pêché dans la finition. Les autres ont été plus discrets mais Christophe Tartari devrait arriver à faire son trou en remplacement d'Antonoff (out pour la saison) et Kévin Enselme a confirmé les dispositions entrevues en fin d'année même s'il a connu moins de réussite cette fois. Mais ce n'est pas faire injure à ces joueurs que de dire qu'ils n'ont pas la force de frappe des titulaires qu'ils remplaçaient. Si les absences venaient à se prolonger, Guennelon pourrait bien être amené à réorganiser ses lignes pour la première fois de la saison. La "dilution" des meilleurs attaquants valides (Meunier, Forsell et B. Bachelet) sur les deux premières lignes et la mise en avant de ce troisième bloc décidément bien décevante ne sont peut-être pas les meilleures options possibles. À méditer avant un déplacement très périlleux en terre basque la semaine prochaine.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré)

Benoît Bachelet (capitaine de Grenoble) : "Avec quatre joueurs en moins, on n'a certes pas la même équipe, mais ce n'est pas une excuse. Le groupe n'a pas répondu présent, il a manqué de discipline. Nous n'étions pas prêts dans nos têtes pour ce nouveau championnat. Les piqûres de rappel, il en faut et il vaut mieux que ça arrive aujourd'hui qu'en mars. Il faut retrouver les bases et travailler."

Jean-François Bonnard (défenseur de Grenoble) : "Je ne me souviens pas de la dernière victoire villardienne sur Grenoble. Ce n'est pas totalement une défaite amère pour nous car on a joué deux bons tiers mais on a levé le pied sur le dernier. Tout le monde n'était pas impliqué ce soir..."

Didier Beuque (président de Villard-de-Lans) : "Notre objectif, c'était d'être dans ce deuxième tour, et aujourd'hui, avec moins de pression, les joueurs se sont libérés. Ils ont joué leur jeu, comme ils l'avaient fait une fois face à Mulhouse en première phase. Si cette victoire n'est pas la plus belle depuis que je suis à Villard, elle est quand même vraiment sympa."

Martin Roh (défenseur de Villard-de-Lans) : "Enfin ! On les aura battus au moins une fois. Et on a deux points de plus qu'eux au classement. Peut-être que ça ne durera pas longtemps mais c'est bien. Car nous avons mérité ce succès."

 

Grenoble - Villard-de-Lans 1-2 (1-1, 0-0, 0-1)

Samedi 3 janvier à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3005 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Damien Velay et Guillaume Gielly.

Pénalités : Grenoble 18' (4', 4'+10', 0'), Villard 24' (8', 6'+10', 0').

Évolution du score :

0-1 à 10'49" : Negro assisté de Gillings et F. Billieras

1-1 à 16'25" : Papa assisté de Forsell

1-2 à 56'11" : Metro assisté de Guidoux

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Jesse Saarinen - Jean-François Bonnard (A) ; Baptiste Amar - Simon Bachelet (A) ; Timo Bayon (puis Martin Millerioux) - Roland Fougère.

Attaquants : Kevin Enselme - Tero Forsell - Cyril Papa ; Christophe Tartari - Laurent Meunier - Benoît Bachelet (C) ; Xavier De Murcia - Laurent Deschaume - Andrei Shchevelev.

Remplaçants : Fabrice Agnel (G), Pierrick Bazin, Vincent Mary et Benjamin Agnel. Absents : Stéphane Gachet, Nicolas Antonoff, Josef Podlaha et Romain Bachelet (blessés).

Villard-de-Lans

Gardien : Pascal Favarin.

Défenseurs : Nicolas Favarin - Jean-Marc Girard (A) ; Roman Marakhovski - Martin Roh ; Mathieu Guidoux - Christopher Lepers ; Stéphane Guillot-Diat.

Attaquants : Franck Billieras - Kent Gillings - Christophe Negro (C) ; Rob Milllar - Alexandre Goncalves - Rich Metro ; Rudy Billieras - James Duval - Pierre Bourgey (A) ; Damien Châlons.

Remplaçants : Nicolas Nogaretto (G), James Cruz.


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