Rouen - Angers (13 décembre 2003)

 

Match comptant pour la quatorzième et dernière journée du Super 16, poule nord.

Relégué par contumace

Les supporters rouennais tirent deux satisfactions de la sentence des résultats de ce 13 décembre. D'une part, la foule est soulagée. Depuis deux semaines, et la défaite rouennaise à Tours, passées à cauchemarder dans les scrupules, la relégation des Dragons en championnat de Nationale, même affligeante, est une délivrance. D'autre part, le RHE ne doit rien aux Gothiques d'Amiens. C'est donc toujours enflammés de fierté que les Dragons iront, certes au plus tôt maintenant uniquement la saison prochaine, défier leurs chouchous rivaux dans l'antre du Coliseum. Même si cette saison les retrouvailles n'auront pas lieu, la rivalité continue.

Tous les partisans locaux savaient que l'avenir des Rouennais ne se jouait pas sur l'île Lacroix, mais à Tours. Vers où toutes les oreillettes de téléphones portables étaient tournées à défaut de speaker officiel, dont l'étrange silence sur l'évolution tourangelle traduisait la fébrilité, le refus de responsabilité, voire une certaine forme de lâcheté de l'organisation du club vers les spectateurs et les sponsors présents. Au centre sportif du Docteur Duchène, tout alla très vite avec l'hâtive ouverture du score de Kimmo Salminen sur une accélération de Maurice Rozenthal (1-0 à 0'40). La non moins rapide cassure inscrite par Niko Kantelinen bien placé à l'affût d'un bon travail de Sami Karjalainen (2-0 à 4'24) amplifiait l'utilisation des sans-fil un petit quart d'heure après les coups d'envoi. Les premières nouvelles fiables venues des ondes entre plusieurs rumeurs de radio-patinoire dirigeaient les rouennais vers le championnat de Nationale, puisque Tours menait face à Amiens. C'est dans une ambiance mi-figue mi-raisin que les Dragons regagnaient les vestiaires pour la première pause.

La deuxième période reprit sur le même rythme que le début de rencontre, avec un autre expéditif enchaînement de buts rouennais. Miikka Rousu inscrivit un rapide doublé (3-0 à 22'26 & 4-0 à 23'51). Puis la foule salua d'une tonitruante clameur le cinquième filet normand car le but d'Alain Vogin (5-0 à 26'35) était marqué en même temps que l'égalisation amiénoise à Tours. Certains supporters, fantaisistes grévistes, ré-enfilaient illico leurs maillots ou martelaient derechef sur leurs tambours... jusqu'au quatrième but des Diables Noirs divulgué sur les mini-messages faisant vibrer les portables.

Depuis quinze jours, il n'y a bien que les téléphones qui vibrent dans la "hockeycratie" rouennaise. C'est le cas ce soir encore sur l'Île Lacroix, en dépit d'une sixième et dernière réalisation des champions de France accomplie par Kimmo Salminen (6-0 à 50'58). L'information du cinquième but des joueurs de Bob Millette finit d'évoquer les futures destinations exotiques des Dragons au cours du premier trimestre de l'année prochaine.

L'organisation du club, sans se voiler la face, devra tirer les véritables leçons sportives de ce très lourd et cuisant échec. Cette terrible condamnation sera nécessairement une nouvelle base de choix sportifs (à court et moyen terme) imposés et dictés par les lois économiques. Il n'y a pas si longtemps, à Rouen, les recettes (tous produits confondus) des play-off représentaient la moitié du budget de fonctionnement du RHE. Moins peut-être aujourd'hui. On estime toutefois l'énorme manque à gagner à une somme entre 100 000 et 200 000 euros. Ça fait cher, par exemple, du lancer de pénalité manqué !

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe)

Arnaud Briand (capitaine de Rouen) : "Tout le monde est impliqué dans cet échec. On n'a pas été capable de se mettre au meilleur niveau à chaque match. Et on n'a pas su tirer les enseignements de ses échecs répétés."

Thierry Chaix (président de Rouen) : "Des erreurs, on en a sûrement faites. Même si je pense qu'avec l'équipe de l'an passé, on n'aurait pas fait le même parcours européen que cette saison, avec une équipe plus équilibrée. Mais il m'est difficile d'assumer pleinement ces erreurs car j'ai été bridé. C'est la dernière fois [que Rouen respecte la limitation de la masse salariale]. Les coopératives agricoles, je n'y crois pas. Et si un des huit clubs en quarts de finale dépose le bilan dans six mois, on va m'entendre... On est une famille soudée avec un public et des sponsors fidèles qui nous pardonneront cette faute. Financièrement, Rouen est sans doute le seul club capable de se relever d'un truc pareil. Mais je suis furieux. Ceci dit, je ne touche à rien avant la finale de Coupe Continentale. Je ne veux pas agir dans la colère, sur un coup de tête."

 

Rouen - Angers 6-1 (2-0, 3-0, 1-1)

Samedi 13 décembre 2003 à 20h00 sur l'Île Lacroix. 2948 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Laurent Antunes et Savice Fabre.

Pénalités : Rouen 10' (0', 10', 0'), Angers 12' (2', 4', 6').

Tirs : Rouen 26 (9, 10, 7), Angers 15 (6, 6, 3).

Évolution du score :

1-0 à 00'40" : Salminen assisté de Rozenthal

2-0 à 04'24" : Kantelinen assisté de Karjalainen et Lemoine

3-0 à 22'26" : Rousu assisté de Rozenthal et Salminen

4-0 à 23'51" : Rousu assisté de S. Lacroix et Rozenthal (inf. num.)

5-0 à 26'35" : Vogin (inf. num.)

6-0 à 50'58" : Salminen assisté de Rousu (sup. num.)

6-1 à 59'29" : Pihant assisté de Ferrari et Bärgman (inf. num.)

 

Rouen

Gardien : Éric Raymond.

Défenseurs : Simon Lacroix - Daniel Carlsson ; Simon Doreille - Steven Low ; Nicolas Pousset - Benoît Pourtanel.

Attaquants : Maurice Rozenthal - Miikka Rousu - Kimmo Salminen ; Martin Lacroix - Alain Vogin - Arnaud Briand ; Tristan Lemoine - Sami Karjalainen - Niko Kantelinen ; Kevin Dugas.

Remplaçant : Landry Macrez (G). Absents : Veli-Pekka Hård (blessé), Benoît Quessandier, Nicolas Besch, Pierre Edouard Bellemare, Thibault Geffroy, Adrien Dufournet, Damien Raux et Gautier Lafrancesca (Équipe de France junior).

Angers

Gardien : Frédéric Gilbert.

Défenseurs : Sébastien Rousselin - Patrice Bellier ; Mickael Irani - Patrick Bärgman.

Attaquants : Claude Devèze - Radek Hovora - Juraj Ocelka ; Julien Pihant - Jonathan Bellemare - Éric Coté ; Gianni Huet - François Ferrari - Pierre-Yves Albert.

Remplaçant : Fabien Besseyre (G). Absents : Martin Bradette, Serge Crochetière (blessés), Pavol Mihalik, Daniel Socha, Tomas Mysicka (suspendus).

 

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