Grenoble - Dijon (15 novembre 2003)

 

Match comptant pour la neuvième journée du Super 16, poule est.

Après le feu d'artifice contre Villard en coupe de France, les Brûleurs de Loups disputaient leur deuxième rencontre à domicile de la semaine, face à Dijon cette fois pour le compte du championnat. Pôle Sud était moins garnie pour l'occasion, il est vrai que l'affiche n'est pas un derby même si l'affaire de la saison dernière a créé un petit précédent entre les deux clubs. Grenoble était privé au dernier moment de Deschaume alors que Dijon évoluait au complet.

Comme face à Villard, le match part à cent à l'heure pour les Brûleurs de Loups. Sur l'une des premières actions dangereuses du match, Bachelet côté droit prend de vitesse la défense dijonnaise, centre pour Antonoff qui reprend victorieusement la passe de son capitaine et ouvre le score (1-0, 1'16"). Les Ducs ne voient pas le jour en ce début de rencontre et plient sous des attaques grenobloises incessantes. C'est au tour de la première ligne de se distinguer : un show signé Podlaha, intenable ce soir, qui porte le palet dans la zone défensive dijonnaise et tire. Neckar fait l'arrêt mais Forsell bien placé au rebond a suivi (2-0, 4'22"). Le calvaire du portier dijonnais, qui avait causé tant de tourments aux Grenoblois à l'aller, n'est pas terminé. Deux minutes plus tard, sur une nouvelle entrée de zone de Podlaha, Amar trouve Meunier les yeux fermés côté gauche. Bien que complètement excentré, l'attaquant de l'équipe de France reprend instantanément la passe et envoie un missile dans les cages de Neckar (3-0, 6'35"). Du grand art.

Tout cela va bien trop vite pour une défense dijonnaise dépassée qui ne parvient pas à suivre le rythme. Daniel Maric prend alors la décision qui s'impose en faisant sortir František Neckar au profit de Grégory Fougère. Mais ô surprise, il se ravise trois minutes plus tard et relance Neckar dans la partie. Un choix complètement incompréhensible tant Neckar avait semblé hors du coup lors des premières minutes, alors que Fougère a fait quelques arrêts honorables. Bouché prend ensuite une antisportive pour avoir déstabilisé un Grenoblois après le coup de sifflet. Le premier jeu de puissance du match est difficilement négocié par les Brûleurs, mais qu'importe, neuf secondes après le retour de Bouché sur la glace, une combinaison Bonnard-Podlaha trouve Agnel démarqué côté gauche qui transperce à son tour Neckar toujours aussi fébrile (4-0, 12'17"). Le scénario du match est le même que face à Villard en Coupe mardi, avec cette fois un but de plus ! La déferlante se calme et le score en reste là au retour aux vestiaires.

Au début du deuxième tiers, le score visiblement acquis, Gérald Guennelon décide de lancer dans le grand bain son second gardien Fabrice Agnel (qui avait déjà disputé une période à Clermont) et sa quatrième ligne composée de juniors. Un choix qui s'avère catastrophique. Sur la première action du tiers, Miroslav Pazak s'infiltre dans la défense grenobloise et marque du revers au bout de vingt-huit secondes sans que Fabrice Agnel n'ait eu le moindre arrêt à effectuer. Douche froide (4-1, 20'28"). Les Ducs sont à l'évidence animés de bien meilleures intentions qu'en première période, mais ils ouvrent le jeu, et sur un contre, un slap de Roland Fougère est astucieusement dévié par Xavier de Murcia : les Brûleurs reprennent leur quatre buts d'avance (5-1, 21'55").

On pense alors que le match va reprendre sur les bases du premier tiers. Erreur. Car les Dijonnais sont bien plus tranchants et la défense grenobloise fait preuve de beaucoup de largesses : Gachet et Fougère laissent trop d'espace entre eux, le diablotin Pazak n'en demande pas tant, s'infiltre et part en break pour fusiller le malheureux Fabrice Agnel (5-2, 25'19"). Moins de deux minutes plus tard, Amar fait une relance désastreuse... dans la crosse de Bussat qui s'en va battre Agnel avec facilité (5-3, 27'06"). Guennelon n'a alors d'autre choix que de faire machine arrière et de retirer son jeune gardien, dépité. Rolland est de retour, et comme par magie, les Brûleurs retrouvent leur hockey. Une belle combinaison de la deuxième ligne permet à Antonoff d'inscrire son doublé... sur l'engagement (6-3, 27'26") !

Une faute grossière de Romain Laugier met Grenoble en infériorité numérique. La sanction est immédiate : slap de Vavroch sous la transversale, Rolland est battu (6-4, 29'00"). Laugier peut revenir sur la glace vingt-et-une secondes plus tard : décidément ce n'était pas la soirée des jeunes ! Pôle Sud vient de connaître dix minutes de folie pure avec pas moins de six buts (!), du grand n'importe quoi en défense des deux côtés, et du "hourra hockey" comme on a peu l'habitude d'en voir à ce niveau de compétition. Toujours est-il que les Brûleurs n'ont plus que deux buts d'avance au score et montrent des signes de fébrilité à l'image de Roland Fougère qui prend un 2'+10' pour une charge dans le dos. Ils tiennent bon mais auraient pu ensuite sombrer corps et biens sur une double infériorité numérique : Bonnard est sanctionné pour un coup de coude peu évident puis le banc grenoblois se fait pénaliser pour un surnombre qui provoque la fureur de Guennelon. Les Brûleurs passent une minute très inconfortable à trois contre cinq mais tiennent le choc.

Cette phase de jeu regonfle le moral des locaux qui semblent retrouver un semblant de stabilité après la désorganisation totale du début de période. Guennelon revient à un schéma plus classique avec trois lignes. Agnel et Podlaha auraient pu donner un avantage plus conséquent avant la fin du tiers, mais ils négocient mal deux deux-contre-un. C'est donc sur ce score de 6-4 que les deux équipes rentrent au vestiaire, avec une grosse mise aux points en perspective dans les vestiaires grenoblois.

Avec deux buts de retard seulement, Dijon peut légitimement espérer revenir au score, surtout dans un match aussi fou. Mais les esprits visiblement un peu calmés, les Brûleurs de Loups repartent de l'avant. Avec aux commandes le buteur local, Josef Podlaha. Mister Jo fait le spectacle et met rapidement les Grenoblois à l'abri : une entrée de zone, un slap puissant repoussé par le gardien, le Tchèque fait le tour de la cage, récupère son propre rebond et met cette fois le palet au fond (7-4, 42'35"). Deux minutes plus tard, sur un simple engagement gagné par Forsell, opération nettoyage de lucarne, toujours signée Podlaha (8-4, 44'16"). Neckar n'y a vu que du feu, et cette fois, il quitte la partie pour de bon. Grégory Fougère s'illustre dès son retour sur la glace en arrêtant quelques dangereux lancers grenoblois.

Saarinen en prison pour deux minutes, la pression change de camp, et Dijon installe le jeu de puissance dans la zone grenobloise. Sur un slap de la bleue, Simon Bachelet se jette pour contrer le tir mais prend le palet en pleine face : sa visière explose sur l'impact et il doit quitter la rencontre le visage en sang. Passé cet incident impressionnant, la rencontre peut reprendre après un mini-surfaçage. Les Brûleurs tuent la pénalité et repartent de l'avant en inscrivant un neuvième but : Shchevelev centre pour le jeune Christophe Tartari, très à son aise hier soir au centre de la troisième ligne, dont la reprise fait mouche (9-4, 53'29"). Les Brûleurs de Loups auraient pu ajouter un dixième but sur une double supériorité numérique mais la défense dijonnaise tient cette fois le choc. Finalement, ce sont les Ducs qui clôturent le score en supériorité grâce à un slap placé de Tekel qui trompe Rolland (9-5, 58'23").

La rencontre face à Dijon s'annonçait fermée et défensive (comme à l'aller) et on a eu droit au contraire à une festival offensif (14 buts !) grandement facilité par des défenses très laxistes. À Dijon, Pazak a encore fait étalage de toute son efficacité, mais la défense a pris l'eau, dépassée en début de match par le rythme de la rencontre. Neckar a connu une très mauvaise soirée et on peut regretter que Fougère ne soit pas resté dans les cages après les trois premiers buts. Les Dijonais n'ont toutefois jamais fermé le jeu, ce qui est à mettre à leur crédit.

Du côté grenoblois, il faudra oublier très vite ces dix minutes cauchemardesques du début du deuxième tiers : un relâchement coupable certainement dû à l'ampleur au score, mais qui devra servir d'avertissement car cette équipe ne doit pas tomber dans la facilité. Le choix tactique de Guennelon de lancer son deuxième gardien et sa quatrième ligne aussi tôt peut aussi être contesté. Fabrice Agnel a joué dans les pires conditions derrière une défense complètement démobilisée alors qu'il restait quarante minutes de jeu à effectuer. Il aurait peut-être mieux fallu attendre le troisième tiers où le score aurait véritablement été acquis (facile à dire après coup, certes). Espérons tout de même que Fabrice Agnel pourra vite se refaire une confiance car il apparaît de plus en plus qu'une blessure de Rolland pourrait remettre en cause beaucoup d'acquis dans cette équipe.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (dans le Dauphiné Libéré et Le Bien Public) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "Ça n'aurait pas dû se passer ainsi. Le groupe a été égoïste lorsque j'ai lancé Agnel dans la cage et le quatrième bloc junior. C'était un test pour voir cette équipe dans d'autres conditions et ils m'ont déçu, même si je veux aussi retenir le premier et le troisième tiers, pas loin d'être parfaits. Dans les deux sens, je tirerai beaucoup d'enseignements de ce match."

Josef Podlaha (attaquant de Grenoble) : "À 4-0, on a cru le match gagné. Mais ils sont bien revenus dans la partie, et ça, c'est insupportable. Ça nous coûterait cher face à un adversaire d'un autre calibre. On les a sous-estimés au terme d'un deuxième tiers où on aurait pu perdre cette rencontre. C'est un avertissement, mais le positif, c'est qu'il survient aujourd'hui dans un match qu'on domine. Reste à ne pas le reproduire."

Daniel Maric (entraîneur de Dijon) : "Au moins, on a réagi. Mardi dernier en coupe de France, j'ai vu Villard ici même, ils ont mis trois shoots dans la partie. On aurait dit des cadets contre des seniors. Grenoble, c'est super fort, bien plus que l'an passé. Là-bas, lorsqu'il est 20h55 et que le boulot n'est pas fait, ils restent sur la glace jusqu'à 22h30 s'il le faut. Nous, on doit rendre la glace à 21 heures. Voilà la différence, ce sont des professionnels qui ont reçu des amateurs. Durant la semaine dernière, on n'a pu s'entraîner que trois fois. Non, vraiment, même si quelques détails restent à peaufiner, je n'ai rien à reprocher à mes joueurs."

František Neckar (gardien de Dijon) : "On est monté sur la glace la peur au ventre. J'ignore pourquoi, mais c'est ce que j'ai ressenti. On a été incapable de maîtriser le palet et de se faire une passe correcte. Durant tout le premier tiers, on les a regardé jouer. On n'a pas été dans le rythme. J'ai eu l'impression de recommencer une nouvelle saison. Personnellement, je n'avais pas joué depuis quinze jours et je l'ai lourdement ressenti. La plupart des Grenoblois ont tourné comme des avions avec l'équipe de France le week-end dernier, puis ils ont joué mardi passé. La meilleure chose à faire est d'oublier. Ce n'est pas catastrophique, cela peut arriver à tout le monde, il suffit de voir Mulhouse à Villard par exemple. Le remède est de travailler dur aux prochains entraînements et de retrouver le plaisir."

 

Grenoble - Dijon 9-5 (4-0, 2-4, 3-1)

Samedi 15 novembre à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 2123 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Benjamin Gremion et Gwilherm Margry.

Pénalités : Grenoble 24' (2', 18', 4'), Dijon 6' (2', 0', 4').

Évolution du score :

1-0 à 01'16" : Antonoff assisté de B. Bachelet

2-0 à 04'22" : Forsell assisté de Podlaha

3-0 à 06'35" : Meunier assisté de Amar et Podlaha

4-0 à 12'17" : Agnel assisté de Bonnard et Podlaha

4-1 à 20'28" : Pazak assisté de Tekel

5-1 à 21'55" : De Murcia assisté de Fougère

5-2 à 25'19" : Pazak assisté de Gillet

5-3 à 27'06" : Bussat

6-3 à 27'26" : Antonoff assisté de Meunier et Amar

6-4 à 29'00" : Vavroch (sup. num.)

7-4 à 42'35" : Podlaha assisté de Agnel

8-4 à 44'16" : Podlaha assisté de Forsell

9-4 à 53'29" : Tartari assisté de Shchevelev

9-5 à 58'23" : Tekel assisté de Pazak (sup. num.)

 

Grenoble

Gardiens : Patrick Rolland (remplacé par Fabrice Agnel de 20'00" à 27'06").

Défenseurs : Jean-François Bonnard (A) - Jesse Saarinen ; Simon Bachelet - Baptiste Amar ; Stéphane Gachet - Roland Fougère ; Timo Bayon - Martin Millerioux.

Attaquants : Benjamin Agnel (A) - Tero Forsell - Josef Podlaha ; Nicolas Antonoff - Laurent Meunier - Benoît Bachelet (C) ; Andrei Shchevelev - Christophe Tartari - Xavier De Murcia ; Cyril Papa - Romain Laugier.

Absents : Laurent Deschaume et Romain Bachelet (blessé).

Dijon

Gardiens : Frantisek Neckar (remplacé par Grégory Fougère de 06'35" à 09'44" et de 44'16" à 60'00").

Défenseurs : Marcus Abrahamsson - Joshua Allison ; Mathieu Bouché - Milan Tekel (A) ; Aymeric Gillet - Wilfried Molmy.

Attaquants : Thomas Bergamelli - Robert Vavroch - Jiri Cihlar ; Julien Tiphaigne (C) - Stephen Dugas (A) - Miroslav Pazak ; Aurélien Albano - Romain Gentilleau - Thomas Bussat ; Jean-Michel Bortino - Ludovic Duranceau.

 

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