Brest - Rouen (4 octobre 2003)

 

Match comptant pour la quatrième journée du Super 16, poule ouest.

Quel festival ! La partition a véritablement été jouée à la perfection par les Albatros qui ont mené de main de maître ce match en faisant subir un authentique calvaire breton aux Rouennais qui repartent bredouilles et avec en prime des interrogations et une énorme claque à deux semaines de la Coupe Continentale... Plus qu'un coup de tonnerre, ce match est un signe fort pour la suite de la saison où il faudra vraiment compter sur les Brestois dans la course au titre. Les Albatros ont livré un match sérieux du début à la fin avec un réalisme à couper le souffle tant le taux de réussite a été proche de la perfection, le tout bien aidé par la défense et par un Figved irréprochable ce soir. À ce rythme, de belles soirées sont en perspective au Rïnkla...

Les locaux prennent l'ascendant

Alors que les locaux commençaient logiquement avec Julien Figved devant le temple breton, les premiers à se mettrent en évidence étaient dans les toutes premières secondes les Rouennais, soutenus par une vingtaine d'irréductibles supporters, par l'intermède de Vogin (00'32). Néanmoins, la lueur d'espoir fut de très courte durée puisque dans la foulée Broz calma les ardeurs normandes en récupérant à la bleue un palet mal dégagé par la défense rouennaise pour l'expédier sans attendre délicatement entre les jambes d'un Raymond masqué et un peu vexé pour le coup (1-0 à 01'32). Coup de froid sur le banc rouennais et coup de chaud dans les tribunes. Celles-ci étaient encore sous le choc du premier but brestois que Tikhonov (02'30) remettait ça sur un bon lancer, suivi de Bona en débordement (04'40) une première fois puis une deuxième fois en fugue arrêtée illicitement (07'13). Ce croc-en-jambe de Low pénalise les Rouennais qui sur l'infériorité subissent un deuxième revers sur un coup de génie une fois de plus initié par le magicien Broz pour Provencher, prenant pour le coup une belle revanche face à son ancien club qui n'avait pas daigné le réengager, qui conclut seul face à Raymond d'une subtile feinte (2-0 à 08'24).

Deux minutes plus tard, une pénalité brestoise permet aux visiteurs de stopper l'hémorragie et de recoller au score grâce à Benoît Pourtanel plein axe (2-1 à 09'55). Ce but a le don de réveiller les Rouennais, et c'est Karjalainen à plein gaz (13'26) ou encore Simon Lacroix (14'02) pour un lancer dans l'axe qui prendront sans succès les rênes de la contre-offensive normande. Pas plus de succès sur la contre attaque suivante pour Broz en tête-à-tête avec Raymond pour la déviation de ce dernier (14'15). Les Rouennais en supériorité oppressent bien les Brestois sans pouvoir tromper un Figved intraitable, même si Vogin sur un bon lancer depuis la gauche l'oblige à user du bouclier (17'15). Les Rouennais se créent beaucoup d'occasions mais quasiment toutes contrées par l'impressionnant Julien Figved en grande forme, à l'instar du trio Grossi-Broz-Provencher (19'15) qui malgré un splendide jeu à trois réussissant à décaler comme il faut Raymond, ne trouve pas la faille grande ouverte... Fin du premier opus de ce match en faveur de Bretons incroyablement réalistes qui avec 7 tirs contre 17 aux Rouennais, se retrouvent en tête à l'issue du premier virage...

Brest maintient son avance

Les Rouennais sont volontaires et se créent de nombreuses occasions, dont la première du deuxième tiers-temps par Carlsson qui dans l'axe ne trouvera pas le cadre brestois (21'09), à l'image de son coéquipier Vogin contraint de s'incliner devant la parade de Figved qui avorte la fugue solitaire du lutin rouennais (24'28). Même sentence quelques minutes plus tard alors que venant de derrière la cage, Figved met en échec Alain Vogin (26'47). Autant d'occasions vendangées par les visiteurs qui ne feront qu'accroître la douleur de la sanction finistérienne quand Mikel, après un astucieux décalage de Provencher, trouvera sur un bon lancer isolé le trou entre les deux jambières de Raymond pour aggraver la marque (3-1 à 27'14). De plus en plus fâchés et frustrés, les Normands réagissent de nouveau réagir dans la foulée par Pousset, contraignant Figved à une mitaine spectaculaire (27'38), ou par le duo Vogin-Simon Lacroix étrangement seul dans le slot brestois, sans que pour autant cela ne perturbe un Figved des grands soirs (28'49).

Les deux équipes se lancent alors dans un jeu de questions-réponses au plus grand bonheur d'un public chauffé à blanc, la main étant laissée à Rouen et à la "Suomi Connection" peu en évidence dans ce match mais qui pour le coup fait des frayeurs aux Brestois (31'01) et qui trouve comme réponse un départ en break de Grossi sur sa sortie de taule (31'58). Kantelinen, en promenade dans le slot breton (33'10), relance les débats sans pour autant déflorer de nouveau le tableau de marque, même si Loïc Sadoun (34'21), vraiment seul sur un démarrage, trouve dans la continuité le montant d'un Raymond peu à son affaire. Le duo Briand-Rozenthal y va également de sa combinaison habile devant Figved, mais celui-ci reste impérial et offre même comme réponse deux minutes d'infériorité numérique de folie (37'29) où il dégoûte un à un les attaquants rouennais, tous le nez abîmé à force de buter sur le roc norvégien d'origine...

Une dernière fois dans ce tiers, les Dragons tentent tant bien que mal de réduire le score sur une relance fulgurante de Carlsson qui trouve finalement Briand pour un lancer dévié par la transversale. "Quand Julien Figved n'est pas là; veuillez vous adresser à ses poteaux..." Tel est le répondeur que les Normands retiendront amèrement de ce tiers.

Les Dragons s'essoufflent et craquent

Si les deux premiers tiers ont déjà été animés et de toute beauté, le dernier est véritablement explosif. Pas le temps de souffler une fois de plus, car comme la coutume le veut dans ce match, on commence fort d'entrée, et là ce sont les Brestois qui prennent les devants en profitant d'une supériorité pour voir Borzik accroître la marque sur un tir imparable (4-1 à 41'07). Broz, déjà auteur de deux points dans ce match, a le vilain défaut de vouloir s'approcher de sa moyenne de quatre points par match. Seul au second poteau, le Tchèque bénéficie du décalage de Raymond sur une passe transversale et attend cordialement que le portier rouennais se replace pour exécuter une feinte dont il a le secret. Il patiente jusqu'à ce que le gardien canadien marche dans la feinte et trébuche par terre tout seul comme un grand pour glisser en douceur la rondelle au fond de la cage pour le but du K.O. par Ludek Broz (5-1 à 42'22). But du K.O. pour Raymond également qui n'en pourra plus et sera remplacé par Macrez...

Mais Brest est déchaîné et ne lâche pas le morceau comme ça. Bien au contraire puisque sur un gri-gri de Loïc Sadoun, Macrez est dans le vent et ne peut que constater tout heureux que la vitesse de l'aîné des Sadoun l'a empêché de concrétiser sa belle action (42'35). Difficile début pour Macrez qui doit encore subir les foudres de Broz à bout portant pour un lancer sur le plastron rouennais (43'10).

Sans nul doute humiliés, les Dragons réagissent, relèvent la tête et se remettent d'attaque, bien harangués par un Pajomkowski qui aura passé des soirées plus tranquilles sur son banc. Et en chef de file, c'est Maurice Rozenthal, pourtant peu en vue lors de ce match, qui réduit le score à trois unités de retard sur un contre victorieux (5-2 à 44'40). Profitant de ce but suivi d'une nouvelle phase de jeu de puissance, les visiteurs semblent alors se remettre en selle avec deux minutes de feu (49'15) sur la cage brestoise qui voient tantôt Figved réaliser l'irréalisable, tantôt les attaquants rouennais faire une fois de plus preuve de maladresse. Au contraire, c'est même Grossi, à la fin de ce sale quart d'heure, qui va chatouiller en breakaway Macrez, imité une minute plus tard par Janne Ijäs et Loïc Sadoun pour un palet qui finit dans la niche du jeune gardien rouennais (51'08).

Même si Macrez a réalisé une bonne entrée, il ne peut rien lorsque Pat' Bona inscrit sans aucun doute le but du match sur un rush rageur initié depuis son camp jusqu'au but adverse où il se permettra un dribble pour tromper le gardien de la citadelle inondée (6-2 à 51'43). Une fois de plus, Rouen réagit dans la foulée sur un lancer de Karjalainen qui offre un rebond idéal pour Vogin, mais comme un symbole, celui-ci loupe le but pourtant grand ouvert (53'13).

Les erreurs se payent cash dans l'antre brestoise, et comme à chaque match, les Albatros y vont de leur but en infériorité. Arcangeloni bénéficie d'un bon vol de palet de Bona, qui fait un excellent travail pour lui servir sur un plateau d'argent ce qui sera le dernier but du match (7-2 à 54'40).

Dépités, sans doute abattus et c'est compréhensible, les Rouennais n'en retrouvent pas plus leur adresse devant les cages, à l'image de Kantelinen impuissant devant un but qui lui souriait pourtant (57'17), tout comme il aurait pu sourire sur l'action suivante à Ijäs parti seul en désavantage numérique (57'40). Vogin, Briand et les autres ne profitent même pas de la dernière pénalité du match toujours avortée par un Figved (58'37) exceptionnel jusqu'au bout et qui confirme le brillant avenir qui lui est promis. Toujours est-il que les deux équipes en restent sur ce score lourd mais logique en faveur de locaux qui ont réalisé l'exploit d'humilier le champion en titre en réalisant un gros coup qui en appelle d'autres...

Compte-rendu signé William Boussard

 

Commentaires d'après-match

Julien Figved (gardien de Brest) : "Rouen n'était pas dans un bon jour, mais ceci n'amoindrit en rien notre performance parce que toute l'équipe à bien joué. Il nous restera à confirmer des la semaine prochaine. Je suis quand même heureux parce que c'était mon premier match contre Rouen et c'est toujours bien de commencer par une victoire."

Franck Pajonkowski (entraîneur de Rouen) : "La différence s'est faite au deuxième tiers où on a eu pas mal d'occasions et où on n'a pas été capable de marquer un but. Je pense que Brest a été plus opportuniste que nous, et ça s'est senti dans le résultats. Je crois que si on avait eu peut-être un peu plus de réussite, le score n'aurait pas été aussi sévère, même si Brest a bien joué. On peut les féliciter, notamment leur gardien de but. À nous la prochaine fois d'être un peu plus présents pour marquer des buts, et ça ira mieux..."

 

Brest - Rouen 7-2 (2-1, 1-0, 4-1)

Samedi 4 octobre 2003 à 20h00 au Rïnkla Stadium. 980 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Damien Bliek et Éric Bouguin.

Pénalités : Brest 18' (4', 6', 8'), Rouen 10' (2', 4', 4').

Évolution du score :

1-0 à 01'32" : Broz assisté de Provencher et Grossi

2-0 à 08'24" : Provencher assisté de Broz et Mikel (sup. num.)

2-1 à 09'55" : Pourtanel assisté de Lacroix (sup. num.)

3-1 à 27'14" : Mikel assisté de Provencher et Grossi (sup. num.)

4-1 à 41'07" : Borzik assisté d'Ijäs et Pulawski (sup. num.)

5-1 à 42'22" : Broz assisté de Bona et Kulonen

5-2 à 44'40" : Rozenthal assisté de Vogin et Pourtanel

6-2 à 51'43" : Bona assisté d'Arcangeloni et Maynard

7-2 à 54'40" : Arcangeloni assisté de Bona et Maynard (inf. num.)

 

Brest

Gardien : Julien Figved.

Défenseurs : Ivan Borzik - Tadeusz Pulawski ; Aleksandr Tsyplakov - Jan Mikel ; Bruno Maynard - Timo Kulonen.

Attaquants : Yven Sadoun - Janne Ijäs - Loïc Sadoun ; Dino Grossi (C) - Ludek Broz - Jimmy Provencher ; Patrick Bona - Stéphane Arcangeloni - Maksim Tikhonov.

Remplaçants : Gabriel Bounoure (G), Christian Élian, Jérôme Veret, Sébastien Oprandi, Thomas Gueguen. Absent : Sylvain Giet (adducteurs).

Rouen

Gardien : Éric Raymond puis Landry Macrez à 42'22".

Défenseurs : Daniel Carlsson - Nicolas Besch ; Benoît Pourtanel - Steven Low ; Nicolas Pousset - Veli-Pekka Hård.

Attaquants : Maurice Rozenthal - Arnaud Briand (C) - Pierre-Édouard Bellemare ; Simon Lacroix - Martin Lacroix - Alain Vogin ; Niko Kantelinen - Sami Karjalainen - Thibault Geffroy ; Gautier Lafrancesca.

Remplaçants : Simon Doreille, Damien Raux. Absent : Miikka Rousu (adducteurs).

 

Retour au Super 16