Rouen - Amiens (20 septembre 2003)

 

Match comptant pour la deuxième journée du Super 16, poule ouest.

Dragons en rodage

Les joueurs normands ont craqué, regrettant, sans doute, de n'avoir pu afficher tout leur potentiel, notamment collectif, leur force principale et nouvelle. La faute à un amalgame encore simplement en élaboration si tôt en début de saison. Cela n'a pas pardonné face au challenger atavique et revanchard d'avril dernier encore - trop - bien présent dans nos mémoires jubilatoires. Un Amiens plus en condition aussi à moins d'une semaine de son tour de Coupe Continentale.

La défaite est aussi due à quelques détails hasardeux qui font basculer les matches empoignés. D'abord, Miikka Rousu - rechute ou encore convalescent (?) - a très vite cédé sa place au milieu du premier tiers à Gautier Lafrancesca (12'19). Pas de chance ensuite quand, dans un excès de zèle, l'arbitre remet Amiens, alors mené d'un but, sur les bons rails. Les Dragons sont déjà en infériorité après une faute où M. Benoist s'est fait abuser par un talent d'acteur gothique, et le zèbre siffle contre Éric Raymond pour une cage déplacée non intentionnelle, simplement causée par l'insuffisance de son ancrage dans la glace ! Pas de chance - le retour - quand, sur ce double désavantage numérique, c'est la crosse d'Arnaud Briand qui égalise pour Amiens (!) en déviant le palet dans son propre but (1-1 à 26'46). Pas de chance - la suite - quand moins de deux minutes plus tard, Simon Lacroix, sorti à l'instant de prison, part en échappée et, excentré à gauche, envoie fort la rondelle sur le poteau de Mindjimba semblant battu (28'17). Pas de chance - la fin - lorsque malencontreusement le patin de Veli-Pekka Hård se trouve sur la trajectoire du puck et permet à Mazzone au second poteau de lever le palet de très près, dans le haut des filets d'Éric Raymond, pour la seconde égalisation picarde de la partie (2-2 à 46'19).

Il ne faut pas mettre toute la responsabilité de la défaite sur la fatalité car les joueurs de Franck Pajonkowski ont fait preuve d'une grande fébrilité par moment. La plus grande démonstration de cet affolement a été dans la deuxième partie du premier tiers. Hasard ? Juste après la sortie de Miikka Rousu. Paradoxe ! Dans les minutes autour de l'ouverture du score - magistrale - de Maurice Rozenthal. En contre, d'un tir foudroyant à ras la glace, de loin le long de la balustrade à droite, logé à la base du poteau droit de Mindjimba impassible, le Dragon le plus vivement accueilli lors de la présentation de l'équipe au public de l'Île Lacroix a fait lever ses plus farouches détracteurs aux fessiers les plus lourds (1-0 à 13'10). Cependant, Mickaël Brodin (12'44) et François Rozenthal (12'54) auraient pu le faire avant pour Amiens sans un Éric Raymond des grands soirs. Juste après l'ouverture du score des Rouennais, ce sont encore les joueurs d'Antoine Richer qui se sont mis en évidence. Jonathan Zwikel (15'05), Arnaud Mazzone (15'35), Kevin Hecquefeuille (15'41) et un lancer masqué de Vincent Bachet dévié par Jonathan Zwikel en supériorité (17'44) ont donné le tournis à la défensive locale mais pas à un remarquable Éric Raymond.

Les blocs rouennais ont globalement subi, sans être outrageusement dominés, les packs adverses. La principale déception vient du premier alignement parfois naïf qui, à parité, malgré l'activité intarissable de Simon Lacroix et la bonne volonté de ses coéquipiers, s'est fait manger par le principal full d'en face. Il a surtout accordé trop volontiers une largesse inexcusable à Amiens, offrant sur un plateau le but, de raccroc certes mais gagnant, à Jonathan Zwikel (2-3 à 48'29). De même, en situation spéciale, la première escouade n'a pas été efficace. À l'image de Benoît Pourtanel, en jeu de puissance, manquant un contrôle à la ligne bleue laissant partir Anthony Mortas pour un breakaway sauvé in extremis par Éric Raymond (39'45). Ce premier bloc a pêché aussi par précipitation et manque de lucidité et de fraîcheur en fin de match, où Maurice Rozenthal ouvre le chemin du but pour Pierre-Édouard Bellemare, que "M. Le Neuf" feint de ne pas voir, en pleine enclave et dans les meilleures conditions pour reprendre de plein fouet le palet brûlant que la coqueluche de - presque - toute la foule rouennaise avait formidablement dépêtré. Voulant trop en faire, Maurice, poussant le bouchon un peu loin, ne cadrait même pas son lancer (55'34). Auparavant, le joueur providentiel, qui à lui seul vaudrait l'abonnement à la saison de hockey du RHE d'après les propos hasardeux de Guy Fournier, avait fait un sacré numéro en prenant le meilleur sur son vis-à-vis puis en envoyant illico vers la lucarne la rondelle finalement interceptée par la mitaine d'Antoine Mindjimba (53'24).

Depuis le troisième but d'Amiens, on cherchait un Éric Doucet, un Guillaume Besse, non pas par nostalgie d'un proche passé prestigieux puisqu'on aurait pu aussi invoquer un Dave Randall ou un Pat Daley, mais pour trouver un relais afin de transmettre la force qui aurait renversé la montagne picarde. Aussi par référence à la culture rouennaise. Celle de la motivation corps et âme, coûte que coûte, du don de soi, de l'altruisme, du "tous pour un et un pour tous" qui face à la difficulté transcende les Dragons sur la voie du succès... face à Amiens. Le message du fameux Derby n'est pas passé des anciens aux nouveaux membres du RHE avant cette rencontre. C'est aussi une des raisons de cet échec. En dépit des considérations techniques évoquées ci-dessus, nul doute que l'apprentissage des nouveaux Dragons s'est fait sur l'ouvrage. Car les partisans ont retrouvé ce soir l'ambiance, l'amertume de ces fameux matches. La chance qui passe, les erreurs d'arbitrage, la pression, la passion... Pas encore la fête.

Les spectateurs, certes très déçus, auront aimé la fougue et l'engagement, même sans suffisamment de constance, des coéquipiers d'Arnaud Briand. Au rang des satisfactions personnelles, on notera le talent d'Éric Raymond, sans doute le joueur du match chez les Normands. L'incroyable entrain offensif de Daniel Carlsson au premier tiers, sans conséquence pour sa défensive. La prise réussie de responsabilités de Nicolas Pousset et son exploit défensif face à Anthony Mortas (44'27). La sobriété de Nicolas Besch. La disponibilité d'Arnaud Briand. La force tranquille de Veli-Pekka Hård auteur d'un but d'une étonnante sobriété technique, aussi grande que son impact physique. Du coté des Amiénois, Vincent Bachet a survolé la rencontre. Tommi Hämäläinen a été excellent comme sur son duel face à Arnaud Briand (10'25). Jonathan Zwikel est sans doute l'homme du match du côté des Gothiques.

Dans vingt-sept jours, les Rouennais espèrent de nouveau accueillir - pour des raisons autant financières que sportives - l'équipe d'Antoine Richer sur l'Île Lacroix à l'occasion du deuxième tour de la Coupe Continentale. Cette fois, l'osmose rouennaise sera plus élaborée et renforcée avec l'arrivée - enfin - de l'arrière Steven Low. Le public aura d'ici-là appris à connaître le nouveau cru normand. Il aura aussi ses nouveaux repères dans une équipe plus convaincante et plus conquérante.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Commentaire d'après-match (dans Paris Normandie)

Franck Pajonkowski (entraîneur de Rouen) : "Ça doit être la première fois que l'on perd le match d'ouverture à domicile depuis que je suis à Rouen. On a joué moins physique qu'Amiens. On a fait un peu n'importe quoi, on ne s'est pas servi de notre force. À 2-1, on a manqué des occasions... Amiens aussi. Les joueurs se sont peut-être mis la pression. On s'est arrêté de patiner au contraire des Gothiques, qui ont continué soixante minutes."

 

Rouen - Amiens 2-4 (1-0, 1-1, 0-3)

Samedi 20 septembre 2003 à 20h30 sur l'Île Lacroix. 2700 spectateurs.

Arbitrage de Jean-Christophe Benoist assisté de Damien Bliek et Éric Bouguin.

Pénalités : Rouen 16' (6', 8', 2'), Amiens 26' (6', 10'+10', 0').

Tirs : Rouen 29 (9, 13, 7), Amiens 27 (12, 7, 8).

Occasions de buts : Rouen 15 (6, 4, 5), Amiens 15 (7, 5, 3).

Évolution du score :

1-0 à 13'10" : M. Rozenthal assisté de Bellemare et S. Lacroix

1-1 à 26'46" : Zwikel assisté de Bachet et F. Rozenthal (double sup. num.)

2-1 à 37'37" : Hård assisté de Karjalainen (sup. num.)

2-2 à 46'19" : Mazzone assisté de Hämäläinen (sup. num.)

2-3 à 48'29" : Zwikel assisté de F. Rozenthal et M. Brodin

2-4 à 59'09" : B. Chauvel assisté de Mindjimba (cage vide)

 

Rouen

Gardien : Éric Raymond.

Défenseurs : Benoît Pourtanel - Simon Lacroix ; Nicolas Pousset - Veli-Pekka Hård ; Daniel Carlsson - Nicolas Besch.

Attaquants : Maurice Rozenthal - Arnaud Briand (C) - Pierre-Édouard Bellemare ; Niko Kantelinen - Sami Karjalainen - Miikka Rousu puis Gautier Lafrancesca (12'19") ; Thibault Geffroy - Martin Lacroix - Alain Vogin.

Remplaçants : Landry Macrez (G), Simon Doreille, Benoît Quessandier, Adrien Dufournet et Damien Raux. Absent : Steven Low (non qualifié).

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba.

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Matthieu Jestin ; Arnaud Mazzone - Denis Perez ; Frédéric Brodin - Vincent Bachet.

Attaquants : Mickaël Brodin - Jonathan Zwikel - François Rozenthal ; Luc Chauvel - Laurent Gras - Brice Chauvel ; Richard Aimonetto - Anthony Mortas - Kevin Hecquefeuille puis Julien Lefranc (33ème).

Remplaçants : Stéphane Burnet (G), Élie Marcos et Simon Petit.

 

Retour au Super 16