Canada - Suisse (4 mai 2003)

 

Championnats du monde 2003, deuxième tour, groupe F.

La Suisse a vécu un après-midi anxieux en regardant le match Russie-Lettonie, mais elle a ensuite eu la confirmation que la trop courte victoire balte lui assurait en fin de compte sa qualification en quarts de finale. Même dans le pire des cas, celui d'une égalité à trois entre Russes, Lettons et Suisses, l'équipe helvétique devancerait son homologue balte au nombre de buts marqués dans les rencontres directes entre les membres de ce trio. Presque paradoxal car l'attaque n'est vraiment pas son point fort.

En tout cas, les Suisses sont du coup beaucoup plus détendus à l'heure d'affronter le Canada. La pression, c'est surtout la Lettonie qui la ressent, obligée de tabler sur un bon résultat helvétique, soit contre les Canadiens, soit contre les Suédois, pour garder une chance de qualification.

Il est par ailleurs rassurant de revoir Marcel Jenni sur la glace, alors qu'il n'avait pas pu s'entraîner ni jouer hier et que sa rentrée paraissait exclue. En raison d'un léger déplacement du bassin d'un centimètre et demi, il souffre en effet de problèmes de dos récurrents au niveau de la cinquième vertèbre, qui se manifeste surtout lorsqu'il reprend après une pause, comme cela a été le cas entre la fin du championnat suédois et son arrivée dans l'équipe suisse. Les douleurs se sont heureusement calmées, et il reprend sa place dans les lignes d'attaque.

Pour autant, Ralph Krueger ne fait pas revenir Goran Bezina en défense, où il avait pourtant déclaré que son imposant gabarit serait plus utile face au jeu physique des Canadiens. Il préfère laisser au deuxième joker Patrick Fischer, le défenseur de Zoug homonyme de l'attaquant de Davos, le soin de compléter les lignes arrières. En tout cas, quel que soit son poste, Bezina est vite devenu populaire, puisqu'il y a plus de damiers croates que de drapeaux suisses qui sont agités dans les tribunes des supporters de la Confédération !

Vexé par son match nul contre le Danemark, les Canadiens veulent prendre très rapidement le match à leur compte, en jouant à grande vitesse et en appuyant toutes les mises en échec. Mais ils se heurtent d'une part à une défense suisse très regroupée et très accrocheuse, et d'autre part à leur inefficacité offensive et au bon match du gardien Marco Bührer. La Suisse évite l'asphyxie et peut donc envisager ce qui serait le troisième match nul de son histoire contre le Canada. Elle se crée même quelques occasions en contre-attaque, mais Roberto Luongo remporte son face-à-face avec Cereda en début de deuxième période.

Ce n'est qu'après la mi-match que le Canada débloque enfin la marque sur une reprise parfaite d'Anson Carter en supériorité numérique. Ensuite, une séquence à quatre contre quatre permet au patinage de Martin Plüss de faire la différence, mais Mark Streit, servi dans l'enclave par le petit joueur de Kloten sur un 3 contre 1, manque le cadre.

Finalement, Marco Bührer commet sa seule petite erreur de la soirée dans le troisième tiers-temps. Le petit rebond qu'il lâche est pris par Shwan Horcoff, plus prompt que Streit, qui glisse le palet entre les jambières du gardien de Berne. La principale occasion suisse est encore une échappée de Cereda, lancé durant une supériorité numérique par une longue passe de Streit, mais le duel tourne encore à l'avantage de Luongo.

Le Canada contrôle désormais la partie, et se permet un 2 contre 0 en infériorité, sur lequel Bührer effectue un excellent double arrêt devant Horcoff suivi de Reinprecht. La Suisse a désormais beaucoup de mal à passer la ligne bleue face à des Canadiens très solides qui imposent leur jeu physique. Elle perd en outre trop de palets en zone neutre, ce qui donne lieu par exemple à un petit numéro de Kirk Maltby.

Le score en reste là, et la Suisse peut être malgré tout satisfait de sa très bonne tenue. Elle n'a désormais plus à craindre les équipes nord-américaines, et sa prestation est bien meilleure qu'hier contre la Lettonie, hormis ses récurrents problèmes offensifs. Parmi les joueurs les plus en évidence, on peut citer une nouvelle fois Beat Forster, mais aussi Martin Plüss et Flavien Conne. Ce dernier avait une bonne raison de se faire remarquer puisque l'entraîneur du Canada, Andy Murray, venait de l'inviter au camp des Los Angeles Kings en septembre prochain, où il pourrait retrouver son ancien coéquipier à Lugano, Cristobal Huet.

Marco Bührer est également le grand gagnant de la soirée, car ses chances de jouer les quarts de finale sont désormais supérieures à 90% selon Krueger. Seule une partie exceptionnelle de Weibel, qui sera titularisé contre la Suède, pourrait maintenant changer la donne. Quant à Roberto Luongo, il s'est aussi parfaitement acquitté de sa tâche et a obtenu un blanchissage pour sa deuxième titularisation.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match :

Andy Murray (entraîneur du Canada) : "Nous avons joué ce soir notre meilleur match ans ces championnats du monde, avec une grande force physique et beaucoup de discipline. Nous avons pris la Suisse au sérieux, d'autant que nous ne pouvions pas nous permettre d'autre faux-pas après le match nul contre le Danemark. Ils ont encore gagné notre respect ce soir. Les années précédentes, ils se seraient effondrés après avoir encaissé le deuxième but, alors qu'aujourd'hui ils ont répliqué au 2-0 avec leur meilleure présence du match."

Jean-Jacques Aeschlimann (attaquant de la Suisse) : "Notre système a encore bien fonctionné : nous avons concédé peu d'espaces et nous nous sommes de plus créé de bonnes occasions. Je dois dire que Luongo est très difficile à battre, ce ne sont pas la conviction ou la précision qui nous ont fait défaut. Les deux gardiens ont été vigilants. Nous sommes sur la bonne voie et nous avons notre mot à dire même contre les grands du Mondial."

 

Canada - Suisse 2-0 (0-0, 1-0, 1-0)

Dimanche 4 mai 2003 à 16h00 à l'Élysée Arena de Turku. 4634 spectateurs.

Arbitrage de Timo Favorin (FIN) assisté de Petr Blumel (TCH) et Valeri Goutsoulia (RUS).

Pénalités : Canada 12' (2', 4', 6'), Suisse 12' (2', 8', 2').

Tirs : Canada 34 (14, 12, 8), Suisse 23 (6, 10, 7).

Évolution du score :

1-0 à 32'16" : Carter assisté de Smyth (sup. num.)

2-0 à 46'29" : Horcoff assisté de Brewer

 

Canada

Gardien : Roberto Luongo.

Défenseurs : Eric Brewer - Steve Staios ; Jay Bouwmeester - Craig Rivet ; Cory Cross - Jamie Heward ; Mathieu Dandenault.

Attaquants : Anson Carter - Mike Comrie - Ryan Smyth ; Kirk Maltby - Steven Reinprecht - Shawn Horcoff ; Dany Heatley - Daniel Brière - Patrick Marleau ; Shane Doan - Kris Draper - Kyle Calder ; Krys Kolanos.

Remplaçant : Sean Burke (G).

Suisse

Gardien : Marco Bührer (sorti de sa cage à 59'14").

Défenseurs : Olivier Keller - Mark Streit ; Severin Blindenbacher - Martin Steinegger ; Patrick Fischer II - Lukas Gerber ; Beat Forster - Mathias Seger.

Attaquants : Adrian Wichser - Jean-Jacques Aeschlimann - Sandy Jeannin ; Patrick Fischer - Martin Plüss - Goran Bezina ; Thierry Paterlini - Flavien Conne - Valentin Wirz ; Patric Della Rossa - Luca Cereda - Marcel Jenni.

Remplaçant : Lars Weibel (G). Surnuméraires : Björn Christen, Patrik Bärtschi.

 

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