États-Unis - Suisse (27 avril 2003)

 

Championnats du monde 2003, groupe B, deuxième journée.

Après leur défaite-surprise face au Danemark, les Américains sont déjà au pied du mur, et ce match prend dans le même temps une importance plus grande encore pour les Suisses, qui ne peuvent pas se permettre de se rater. Les États-Unis entrent sur la glace avec beaucoup d'agressivité, comme ils avaient terminé la veille, mais peu à peu leur emprise faiblit et les premiers espaces s'ouvrent. Une pénalité de Gruden permet ainsi au défenseur Mathias Seger de tromper Ryan Miller d'un tir précis. On ne le sait pas encore, mais ce sera le but décisif.

On pouvait être surpris du choix des gardiens, mais il se révèle finalement judicieux. À la vue du match amical contre la Finlande, où on avait accordé aux Américains le droit de faire jouer un tiers-temps à chacun de leurs gardiens, Ryan Miller avait été le seul à être blanchi alors que Rogles et Rhodes avaient encaissé deux buts chacun. C'est donc Miller que Lou Vairo avait titularisé hier, dans la continuité de l'an passé. Et sa faiblesse contre le Danemark ne change rien dans l'esprit du coach, qui le considère toujours comme le meilleur jeune gardien au monde. Il a donc réaligné Miller qui s'en est très bien sorti. Du côté suisse, Ralph Krueger a choisi d'opérer une tournante entre Lars Weibel et Marco Bührer, et cela a été instructif, puisque Bührer a été excellent et a obtenu un blanchissage inespéré.

La Suisse a ainsi semblé retrouver aujourd'hui la formule gagnante des premiers Mondiaux de l'ère Krueger, avec une défense imprenable capable de faire douter les meilleures équipes au monde... Enfin, ne nous emballons non plus, car ces Américains-là ne font décidément pas partie de cette catégorie. C'est en fin de compte la Suisse qui a développé un jeu simple et efficace, d'habitude l'apanage des Américains, alors que les États-Unis ont eu de gros problèmes de cohésion offensive.

Il y a néanmoins une différence notable avec le bloc défensif d'il y a quelques années, c'est que le jeu helvétique est aujourd'hui beaucoup plus physique. Le joueur-symbole de cette tendance radicalement nouvelle est Goran Bezina, qui avait un match de suspension à purger, ce qu'il a fait hier, et qui effectuait donc sa rentrée aujourd'hui. Il a utilisé le physique qu'on lui connaît, mais qui ne lui a malheureusement toujours pas permis d'aller plus haut que l'AHL, pour réaliser de grosses mises en échec qui ont laissé sans voix les Américains eux-mêmes.

Ceci dit, la Suisse n'a pas fait que défendre, elle a aussi eu des occasions, notamment en contre-attaque. Mais Adrian Wichser, dont l'entente avec son coéquipier à Lugano, Flavien Conne, a bien fonctionné, a raté la cage ouverte à la mi-match. Quant au but d'Aeschlimann à sept minutes de la fin, il a été annulé parce que Joe Corvo avait délogé sa cage de ses gonds juste auparavant. Tout cela n'est pas grave, car le but de Seger a suffi pour que les États-Unis soient battus pour la première fois depuis cinquante-deux ans en match officiel. En prenant une nouvelle dimension physique, la Suisse a réussi à mettre fin à ses traditionnelles difficultés contre les équipes nord-américaines.

Voilà une nouvelle "première" dont les Américains se seraient bien passés. Surtout que cela risque de ne pas être la dernière déconvenue. À moins d'une improbable victoire du Danemark sur les Russes ce soir, ou pourquoi pas d'un cataclysme planétaire, les États-Unis sont désormais condamnés à jouer la poule de relégation.

Élus meilleurs joueurs du match : Ryan Miller pour les États-Unis et Marco Bührer pour la Suisse.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaire d'après-match

Lou Vairo (entraîneur des États-Unis) : "Nous avons donné notre maximum, mais sans réussite. C'est toujours la même chose contre la Suisse, marquer est vraiment difficile. Non pas qu'ils soient des mages à l'attaque, mais un but leur a suffi cette fois. Je n'en veux pas à mes joueurs, eux au moins ont répondu à la convocation pour venir nous donner un coup de main. J'ai parlé longtemps avec eux, je ne veux pas que ça finisse comme à Zurich. Nous sommes ici pour représenter, et il faudra travailler jusqu'au dernier match."

Ralph Krueger (entraîneur de la Suisse) : "C'est une grande journée pour tout le hockey suisse, pas seulement pour moi. Nous avons dû faire face à beaucoup de pression ces deux dernières années. Nous étions en attente d'une grande victoire, et c'est la première depuis Saint-Pétersbourg. Notre discipline défensive et notre énergie physique ont pris le meilleur sur la volonté de rachat des Américains. Je n'avais jamais vu à l'œuvre une Suisse aussi déterminée sur le plan athlétique."

Goran Bezina (défenseur de la Suisse) : "En AHL, jusqu'à Noël, j'ai dû jouer dans un rôle qui n'était pas le mien, à l'avant. J'ai mieux compris les mouvements des attaquants et j'ai appris le fore-checking. De retour dans ma position naturelle, les choses sont allées vraiment mieux. J'ai accompli de bons progrès en phase offensive, je donne l'impulsion et j'essaie de construire et de ne pas seulement détruire le jeu. Même si ma mise en échec d'entrée a été applaudie, je pense pouvoir avoir une contribution encore meilleure sur l'équipe."

 

États-Unis - Suisse 0-1 (0-1, 0-0, 0-0)

Dimanche 27 avril 2003 à 15h00 à la Hakametsä Jäähalli de Tampere. 3887 spectateurs.

Arbitrage de Rob Matsuoka (CAN) assisté de Petr Blumel et Karol Popovic.

Pénalités : États-Unis 8' (2', 4', 2'), Suisse 12' (4', 4', 4').

Tirs : États-Unis 27 (7, 11, 9), Suisse 21 (11, 8, 2).

Engagements : États-Unis 36, Suisse 41.

Évolution du score :

0-1 à 11'17" : Seger assisté de Streit et Fischer (sup. num.)

 

États-Unis

Gardien : Ryan Miller (sorti de sa cage à 58'44").

Défenseurs : John Gruden - Jim Fahey ; Francis Bouillon - Brett Hauer ; Jordan Leopold - Joe Corvo ; Phil Housley - Mike Mottau.

Attaquants : Ted Drury - Matt Cullen - Kevin Miller ; Craig Johnson - Martin Reasoner - Niko Dimitrakos ; Kelly Fairchild - Chris Ferraro - Peter Ferraro ; Brad DeFauw - Adam Hall - John Pohl.

Remplaçant : Chris Rogles (G).

Suisse

Gardien : Marco Bührer.

Défenseurs : Mark Streit - Olivier Keller ; Severin Blindenbacher - Martin Steinegger ; Beat Forster - Mathias Seger ; Lukas Gerber - Goran Bezina.

Attaquants : Patrick Fischer - Luca Cereda - Marcel Jenni ; Patric Della Rossa - Martin Plüss - Patrik Bärtschi ; Adrian Wichser - Flavien Conne - Björn Christen ; Thierry Paterlini - Jean-Jacques Aeschlimann - Sandy Jeannin.

Remplaçant : Lars Weibel (G).

 

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