Grenoble - Rouen (26 avril 2003)

 

Tournoi final junior élite - Deuxième journée.

Les deux vainqueurs de la veille se retrouvent face-à-face pour une finale avant la lettre. Rouen fait bien sûr figure d'épouvantail dans cette compétition mais les Brûleurs de Loups, qui se sont assurés de la suprématie du sud contre le Mont-Blanc, entendent bien jouer crânement leur chance jusqu'au bout avec l'objectif de remporter le titre. Rouen avait semble-t-il fait le plus dur en éliminant de leur route les Amiénois et une victoire ce soir leur assurerait le titre de champion. Reste une question en suspens auquel ce match devrait répondre : quelle différence y a-t-il entre la meilleure équipe du nord et la meilleure du sud ? À noter l'absence non négligeable côté rouennais d'Aram Kevorkian, touché la veille à la cheville face à Amiens dans un choc avec Texeira.

Les premières minutes de jeu sont plutôt rassurantes pour les Grenoblois. Même si Rouen domine, les Brûleurs de Loups ne font pas mauvaise figure à 5 contre 5, bien au contraire. Une première prison grenobloise (Laugier) allait permettre aux Rouennais de se montrer un peu plus pressants. Mais les Brûleurs de Loups, bien en place autour d'Agnel, n'étaient finalement pas trop inquiétés. Rudy Billieras se payait même le luxe d'une contre-attaque au terme des deux minutes mais l'attaquant grenoblois buttait sur Macrez. Le match s'animait et quelques secondes plus tard, c'était au tour d'Adrien Dufournet de se trouver dans la même position mais Agnel s'en sortait aussi bien que son vis-à-vis. Grenoble commençait à subir et une nouvelle pénalité (Tartari) n'arrangeait rien aux affaires dauphinoises. À force de plier on finit par rompre et c'est ce qui se produisit sur un beau mouvement de la première ligne rouennaise avec Tarlé à la conclusion d'un bon travail de Geffroy (1-0).

Les Normands déchaînés inscrivaient dans la foulée un deuxième but mais celui-ci était refusé par l'arbitre. La panique s'emparait des Grenoblois et Leconte se faisait pénaliser pour avoir perdu son sang-froid. Les Brûleurs de Loups tenaient bon cette fois-ci mais Laugier repartait en prison pour les deux dernières minutes du tiers. L'indiscipline grenobloise (quatre pénalités dans ce tiers !) finissait par se payer lorsque Thibault Geffroy passait en revue toute la défense iséroise pour inscrire le deuxième but rouennais. À 2-0, les affaires paraissaient bien mal engagées pour Grenoble et Jeff Bonnard crut bon de tenter un coup de poker : après avoir demandé un temps mort, il décidait de sortir Agnel pour les cinquante dernières secondes du tiers ! S'ensuivit une joyeuse pagaille avec des Dragons attirés par l'aubaine qui se présentait à eux et des Brûleurs de Loups s'acharnant à défendre leur cage vide. Le score en resta finalement là à la fin du tiers. Rouen avait le match en mains même si vu les circonstances (sept minutes en infériorité et une fin de tiers ubuesque), les Grenoblois ne s'en étaient pas si mal sortis.

Le début du deuxième tiers allait être particulièrement haché. Les débats s'intensifiaient sur le plan physique et M. Emery ne laissait rien passer, ce qui fit que pas moins de cinq pénalités (trois pour Grenoble, deux pour Rouen) allaient être distribuées lors des dix premières minutes de la période. Les phases de jeu à cinq contre cinq devenaient donc rarissimes mais aucune des deux équipes n'allait réussir à prendre l'ascendant en jeu de puissance. Une fois enfin à égalité numérique, Grenoble allait revenir dans le match. Un contre de la deuxième ligne grenobloise trouvait Sangiorgio à la conclusion. À 1-2, tout Grenoble (public compris) se remit à y croire alors que les Dragons étaient plongés dans le doute. Visiblement sonnés par la furia des Brûleurs de Loups, ils allaient connaître six minutes d'absence et laisser la maîtrise des opérations à leurs adversaires d'une redoutable efficacité. Deux minutes après son but, Sangiorgio rendait la politesse à Rudy Billieras qui égalisait à la surprise générale. Incapables de réagir, les Dragons étaient en train de perdre le match. Enselme en rajoutait une couche avec la complicité d'Eynaud : Grenoble passait devant au score pour la première fois du match (3-2) ! Rouen avait encaissé un très sévère 3-0 dans le deuxième tiers mais paraissait pourtant avoir les moyens de se tirer d'affaire dans le dernier vingt.

La réaction rouennaise ne se fait pas attendre lors de la troisième période : les attaquants rouennais, Geffroy, en tête, se ruent à l'assaut des cages d'Agnel. La défense grenobloise souffre et commet des fautes : Leconte, Laugier puis Rudy Billieras partent successivement en prison lors des premières minutes du tiers. Trois supériorités numériques (et même quelques secondes en double supériorité numérique) qui s'avèrent infructueuses car les Grenoblois gênent les attaquants rouennais avec une défense très agressive. Agnel, dans un style pourtant peu académique, fait face à tous les assauts avec brio. Il lui faut même un brin de réussite comme lorsque Dufournet croyait avoir marqué, mais le palet était resté sous le dos du gardien grenoblois. La zone grenobloise a tout de la citadelle imprenable et les Rouennais finissent par se décourager.

L'étau se desserre et les Brûleurs de Loups rééquilibrent les débats une fois revenus à égalité numérique. Rouen essaie de trouver la solution par des actions individuelles, mais les slaloms de Geffroy, Bellemare ou Dufournet sont systématiquement enrayés par un défenseur grenoblois. L'énervement gagne les rangs rouennais (Besch puis Lefebvre en prison) et les joueurs de Bonnard passent ainsi dix dernières minutes plus calmes que prévu. La sortie de Macrez en fin de match ne changera rien. Le rêve grenoblois devient alors réalité, l'exploit auquel personne ne voulait vraiment croire vient de se réaliser : Rouen a perdu son premier match cette saison, et par là-même beaucoup de ses illusions dans sa quête du titre de champion de France. De leur côté, les Brûleurs de Loups ont encore une marche à gravir avant de fêter un titre qui leur tend les bras. Et s'ils montrent la même volonté, le même collectif et la même abnégation que face à Rouen, ils devraient y arriver. Car ne nous y trompons pas : c'est bien avec les tripes que Grenoble a gagné ce match.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

 

Grenoble - Rouen 3-2 (0-2, 3-0, 0-0)

Samedi 26 avril à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 600 spectateurs.

Arbitrage de M. Emery.

Pénalités : Grenoble 28', Rouen 20'.

Évolution du score :

0-1 à 14'04" : Tarlé assisté de Geffroy

0-2 à 18'22" : Geffroy assisté de Bessard du Parc (sup. num.)

1-2 à 32'39" : Sangiorgio assisté de Laugier et R. Billieras

2-2 à 35'07" : R. Billieras assisté de Sangiorgio et Millerioux

2-3 à 37'15" : Enselme assisté de Eynaud

 

Grenoble

Gardien : Fabrice Agnel.

Défenseurs : Christophe Tartari - Boris Peyer ; Arieh Ghnassia - Martin Millerioux ; Kévin Grabit - Julien Leconte.

Attaquants : Julien Grignon - Cyril Papa - Romain Bachelet (C) ; Romain Laugier - Bastien Sangiorgio - Rudy Billieras ; Jonathan Eynaud - Kévin Enselme - Julien Pain ; Fabien Matheron - Maxence Repellin - Erwan Pain.

Remplaçant : Nicolas Aubry (G). Entraîneur : Jean-François Bonnard.

Rouen

Gardien : Landry Macrez.

Défenseurs : Damien Ribourg - Geoffroy Bessard du Parc ; Simon Doreille - Nicolas Besch ; Terry Prunier - Benoît Quessandier.

Attaquants : Pierre-Édouard Bellemare - Thibault Geffroy - Grégory Tarlé ; Alexandre Lefebvre - Adrien Dufournet - Gautier Lafrancesca ; Guillaume Ribourg - Damien Raux - Tristan Lemoine.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Geoffroy Augereau, Nicolas Buissière, Marc Pihan, Julien Guimard. Entraîneur : Alain Vogin.

 

 

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