Amiens - Rouen (3 avril 2003)

 

Premier match de la finale de la coupe Magnus 2003.

Le lièvre et la tortue

Plus qu'un derby, plus qu'une finale... Une sentence ! La première audience, rythmée, a eu lieu avec son lot d'émotions, de moments sportifs et de rebondissements. Irrégulières, aucune des équipes n'a maîtrisé le jeu de l'adversaire, ni même le sien parfois. C'est la preuve d'une finale incertaine en plus d'être hors du commun.

Les Gothiques sont impressionnés par l'événement. Dans un tel contexte, ils ne pouvaient pas être surpris de l'engagement athlétique des Dragons soutenus par presque deux cents supporters. Les petits gabarits souffrent. Karl Dewolf est pris par le gradé d'astreinte, M. Durand. Les Normands volontaires ne mettront pas longtemps à exploiter le jeu de puissance. En moins de cinquante secondes, le reconverti Simon Lacroix perfore la défensive picarde et, parvenu dans l'enclave, le Québécois envoie la rondelle entre les lames d'un Mindjimba inattentif (0-1 à 3'00). Le camp des partisans rouennais jubile. Les Amiénois ont déjà les lames à coté de leurs patins. Si tôt dans la partie, nous aurions dû nous dire qu'il y avait "phoque sous banquise"... Amiens tarde un peu à se révolter avant de reprendre du poil sur la bête sur deux supériorités, malgré tout restées infructueuses. En fin de tiers, sur leur troisième jeu de puissance, Amiens prend un maximum de risques. Une tactique trop audacieuse bien lue chez Guillaume Besse qui intercepte le palet et poursuit une action parachevée dans les filets des locaux par Éric Doucet, à la parade (0-2 à 17'26).

Les joueurs de Franck Pajonkowski, ne voulant pas donner d'occasion élémentaire à leurs adversaires, se font plus disciplinés dans la deuxième période. Au début du vingt, à l'image de Pierre-Édouard Bellemare, préféré à Thibault Geffroy, servant Arnaud Briand pour une occasion en or décadrée, les Normands maintiennent leur pression, conservent la possession du palet et créent du jeu. Cependant, petit à petit, sans doute fatigués de leurs efforts du premier tiers, les Rouennais desserrent leur emprise et baissent leur garde. À la fin du tiers médian, en moins d'une minute, sur deux erreurs de placement des Normands déconcentrés, les Amiénois, opportunistes comme rarement, reviennent à la hauteur des Dragons. C'est Vincent Bachet qui réduit le score d'un lancer à ras la glace lors d'une attaque à cinq (1-2 à 37'34), avant de se faire passeur pour Kevin Hecquefeuille quelques secondes plus tard (2-2 à 38'20). Le ciel tombe sur la tête des coéquipiers d'Éric Doucet ! Jamais ils ne s'en remettront.

Au dernier retour sur la glace, le public rouge et noir, requinqué, encourage désormais bruyamment son équipe. Tous, joueurs et spectateurs, ont l'impression de disputer ou de regarder une mort subite de vingt minutes. Les deux équipes se livrent malgré l'enjeu. Les défenses s'arc-boutent et les gardiens brillent. Les Amiénois, en contres, profitent d'actions offensives rouennaises manquant de lucidité. Alors, comme souvent dans le cas de jeu serré, ce sont les jeux spécifiques qui décident du sort de la rencontre. Amiens est parfois l'équipe la plus clairvoyante dans cette fin de match. Et c'est elle qui fait sauter le verrou, en supériorité, par l'intermédiaire de "l'homme du match" Vincent Bachet (3-2 à 50'53). Les Dragons réagissent. Mais sans tranchant, ils ne parviennent pas à tromper dans ces dix dernières minutes une équipe d'Amiens forte d'un soutien inconditionnel. Dans les espaces laissés par des Dragons tout-terrain jouant très haut, Brice Chauvel, comme n'a pas su le faire un de ses coéquipiers avant lui, marque un ultime but scellant le sort de la première manche de cette finale 2003 (4-2 à 59'14).

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe) :

Antoine Richer (entraîneur d'Amiens) : "Ils se sont sans doute vus trop beaux quand ils ont mené 2-0. Mais ce ne sera pas la même équipe samedi. On n'a jamais gagné qu'un match à domicile, le plus dur reste à faire. On sait dans quelle ambiance on va jouer à Rouen, ce sera très chaud."

Guillaume Besse (attaquant de Rouen) : "Amiens est l'équipe que je déteste le plus. Je l'ai déjà dit et je persiste. Ça remonte à mon hockey mineur et c'est toujours vrai aujourd'hui : il y a là-bas des personnalités que je n'apprécie pas du tout. Ce qui m'a fait plaisir, c'est de voir les Amiénois parader après le match comme s'ils avaient gagné la Coupe. Pour nous, c'est un bon coup de pompe dans le cul. On ne va pas leur donner la Coupe Magnus comme ça. S'ils la prennent, ce sera au prix cher, nous battre à la maison n'est pas fait. À nous de prouver aux autres qu'ils ont raison de nous coller tous les ans l'étiquette de favoris. Ce n'est pas si difficile à supporter. Les attentes sont grandes, mais notre équipe est grande."

 

Amiens - Rouen 4-2 (0-2, 2-0, 2-0)

Jeudi 3 avril 2003 à 20h00 au Coliseum. 3200 spectateurs.

Arbitrage de M. Durand.

Pénalités : Amiens 14' (4', 6', 4'), Rouen 28' (10', 4', 4'+10').

Évolution du score :

0-1 à 03'00" : Lacroix assisté de Doucet (sup. num.)

0-2 à 17'26" : Doucet assisté de Besse (inf. num.)

1-2 à 37'34" : Bachet assisté de Mortas et F. Rozenthal (sup. num.)

2-2 à 38'20" : Hecquefeuille assisté de Bachet

3-2 à 50'53" : Bachet assisté de F. Rozenthal (sup. num.)

4-2 à 59'14" : B. Chauvel

 

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba.

Défenseurs : Frédéric Brodin - Vincent Bachet ; Frederik Bergqvist - Arnaud Mazzone ; Karl Dewolf - Denis Perez.

Attaquants : Kevin Hecquefeuille - Anthony Mortas - François Rozenthal ; Brice Chauvel - Laurent Gras - Luc Chauvel ; Arto Kulmala - Julian Marcos - Benoît Paillet ; Mickaël Brodin.

Remplaçants : Didier Drif (G), Nicolas Rouxel et David Hennebert.

Rouen

Gardien : Éric Raymond.

Défenseurs : Simon Doreille - Daniel Carlsson ; Allan Carriou - Nicolas Pousset ; Simon Lacroix - Nicolas Besch.

Attaquants : Guillaume Besse - David Saint-Pierre - Éric Doucet ; Jimmy Provencher - Sami Karjalainen - Pierre Allard ; Alain Vogin - Arnaud Briand - Pierre-Édouard Bellemare.

Remplaçants : Landry Macrez (G), Thibault Geffroy, Adrien Dufournet, Terry Prunier. Absent : Aram Kevorkian (blessé).

 

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