Brest - Amiens (22 mars 2003)

 

Match comptant pour la quatorzième journée de la poule Magnus du Super 16.

Et oui, il y a des fins à tout... Et ce soir, c'était la fin de la saison 2002/2003 pour Brest. Seulement, pour la plupart, les vacances ont commencé bien avant ce match. Les crosses au placard, la fleur au fusil, telle était l'entame de match d'Albatros privés de tout enjeu et étouffés par des Gothiques. Ces patineurs hors pair, et qui plus est en pleine montée en puissance, s'imposaient donc de manière cinglante 2-8. Autant dire que le contraste fut saisissant le temps d'un tiers, un tiers de trop, un tiers assassin, un tiers qui laisse comme un goût d'inachevé dans les bouches brestoises malgré la brillante saison des Albatros. Maintenant, les casques et les patins sont vraiment rangés, les vacances vont commencer cette semaine pour la plupart. "See you next year... perhaps". C'est marrant, on s'y était attaché à ces Albatros-là. À l'année prochaine... pour quelques-uns au moins.

Un match plié dès le premier tiers

"Du jamais vu" ! Rares furent les fois où Brest allait jusqu'à prendre cinq buts en vingt minutes sur sa glace ! L'humiliation est dure que de se voir sorti du match après seulement un tiers. Les Albatros, plus coutumiers du fait en leur faveur ces dernières saisons, en ont pourtant fait l'amère expérience ce soir. Retour sur un premier tiers ravageur et fatal...

Pour ce déluge de feu, le premier à lancer les hostilités fut Mickaël Brodin, qui d'un tir à bout portant permettait à Gabriel Bounoure de montrer qu'il était là et bien là (02'14). Première et dernière alerte avant le tapis de bombes et l'arrivée du B52 picard avec en meneur de troupe le caporal Rozenthal, insaisissable et infatigable, pour une ouverture du score plutôt étrange en tête de slot, d'un tir vicieux qui trompe un Bounoure masqué (0-1 à 03'04). Mauvais départ, se dit-on alors, mais c'était sans réaliser la forme et l'envie des Amiénois contrastant cruellement avec les Brestois... Tellement en vacances, certains de ces Brestois, que Rozy se permet un doublé au bout de quatre minutes de jeu en enrhumant toute la défense brestoise, y compris le gardien sur un break ravageur en infériorité numérique (0-2 à 03'55).

Là, ça va un peu plus mal... d'autant plus que malgré un sursaut d'orgueil de la troisième ligne "bleue" par l'intermédiaire de Potapov (05'40), les Amiénois sonnent une troisième fois après un lancer de Gras (06'00) pour la mitaine de Bounoure. L'auteur de cette troisième attaque toujours dévastatrice ? Si ce n'est pas Rozenthal, c'est donc son compère Paillet qui fusille Gaby plein axe et à bout portant alors que Rozenthal, omniprésent jusque là, avait une fois de plus fait tout le travail le long de la bande (0-3 à 09'54).

Désormais, les mines s'allongent du côté brestois, le bon lancer dans l'axe de Potapov (10'49), encore lui, ne parvenant même plus à décrocher le moindre sourire. Pire encore, les combinaisons venues d'ailleurs entre Paillet et Rozenthal étouffent un peu plus encore les Brestois et obligent Giet à faire un passage à l'infirmerie suite à un slap de Rozenthal reçu dans la cheville (11'22). Le guerrier Giet est solide, mais il ne peut rien face à Mickaël Brodin cette fois-ci à l'affût d'un rebond devant la cage (0-4 à 12'14).

Ajoutez à cela un Mindjimba décidé à arrêter les rares incursions brestoises, un lancer dangereux de Kulmala originalement arrêté par Bounoure (15'30), deux tentatives de combinaisons entre les frères Sadoun avortées à chaque fois au moment de la dernière passe (18'10), et enfin un bon travail de Subr le long de la bande pour la reprise manqué de Potapov plein axe (19'15) et vous obtenez le cinquième but d'Amiens, contenu un temps pourtant tant bien que mal par les Brestois... L'auteur ? Mickaël Brodin, pour son doublé personnel, d'un slap limpide pleine lucarne (0-5 à 19'53). Dur, dur d'être Brestois ce soir ! Et c'est à l'issue de ce cinquième but que le tiers-calvaire s'achève donc enfin pour les Brestois tout chamboulés par cette correction amiénoise !

Ça va mieux, docteur...

On peut penser que la pause a été bénéfique puisque, d'entrée, Kastsiuchonak inquiète bien Mindjimba (21'40), suivi d'une somptueuse ouverture d'Ijäs plein axe pour le break de Loïc Sadoun qui manque néanmoins sa feinte devant Mindji' (23'30). Malgré, entre-temps, le café-crème de Mortas sur son défenseur avant d'être stoppé par Bounoure (22'41), Loïc Sadoun, mis en échec une première fois, se rattrape en ouvrant le score pour Brest depuis la droite (1-5 à 23'59). Bien aidé par les nombreuses prisons picardes, les Brestois semblent enfin sortir la tête de l'eau, preuve en étant la pagaille semée par Yven Sadoun sur le but adverse (25'50), la reprise manquée d'Ijäs (26'20), ou encore les lourds lancers d'Ijäs et Kysela que Mindjimba parvient à contrer (27'48).

Mais, comme en sanction des trop nombreuses supériorités échappées, c'est Amiens qui rajoute une unité à son compteur sur un de ses rares jeux de puissance en envoyant Luc Chauvel vaincre seul Gaby Bounoure suite à une percée axiale victorieuse dans la défense "bleue" (1-6 à 31'12). Un sixième but suivi d'une chaude alerte qui aurait pu se transformer en septième alors que, sur un cafouillage autour de Bounoure, le palet touchait le montant avant d'être gelé par ce dernier (32'40).

Sous la menace d'une rechute, Brest relève la tête par Tikhonov, dribblant habilement Mindjimba après avoir bénéficié d'une passe lumineuse et concrétisé au passage une supériorité numérique bretonne (2-6 à 34'32). Malheureusement, bien décidés à garder son avantage de cinq buts du premier tiers, les Amiénois poussent quand il le faut, redevenant cette machine à patiner dans tous les sens qui se met en marche sur commande. Malgré un bon slapshot de Wikström paradé par le 31 picard, Mickaël Brodin réalise le triplé, héritant d'un gros travail de Kulmala le long de la bande (2-7 à 36'11). Deux nouvelles pénalités amiénoises non exploitées plus tard, le match s'interrompt une seconde fois pour un deuxième tiers un peu plus équilibré voire légèrement dominé par des Brestois enfin présents dans la rencontre... mais sans doute bien trop tard, le match s'étant déjà joué bien plus tôt dans la soirée.

Piano piano pour Amiens

Tiers pour l'honneur, tiers pour faire "comme si...", toujours est-il que Brest n'y a plus rien à espérer ni à perdre, si ce n'est réduire un peu plus encore le score pour atténuer un peu l'humiliation. Si le premier tiers avait été rythmé par les buts picards, le dernier l'est par les pénalités principalement infligées aux Gothiques. Amiens gère, Brest fait de son mieux sans réelle conviction, et les seules actions à se mettre sous la dent sont donc de nouveaux missiles rozenthaliens depuis la bleue, toujours détournés par Bounoure (40'35), ou encore une jolie entrée de zone de Guilhem qui lance sur Mindji', offrant le rebond à Sharyton qui trouve la transversale (41'44). Une méconduite plus tard au feu follet Mickaël Brodin et les hostilités reprenneent par de bons slaps vicieux de Mazzone en tête de slot (44'05) ou de Wikström aux abords de la cage amiénoise (44'45).

Les pénalités rythmant littéralement cette fin de match, le jeu s'en retrouve donc haché avec une action chaude de Kulmala seul face à la cage grande ouverte (48'00) ou une incursion de Frédéric Brodin se trouvant à son tour des ailes à l'avant (54'00). Après un changement de gardien amiénois (Drif à la place de Mindjimba à 54'30) et une nouvelle salve de pénalités, entrecoupées d'un symbolique "Allez les Bleus" entonné par le public tout entier désormais solidaire mais aigri, le match s'achève tranquillement, juste après que Mazzone a enfoncé le couteau un peu plus profondément encore sur une action en deux temps (2-8 à 59'30).

Le gong retentit, les spectateurs s'en vont, après avoir salué les Albatros pour leur brillante saison, à l'issue de cette rencontre où les Brestois, sans mal jouer, ont perdu face à des Amiénois qui, en plus d'être survoltés, ont profité de l'absence brestoise lors du premier tiers. La lumière s'éteint sur le Rïnkla... Rendez-vous est pris dans six mois pour de nouvelles aventures qui s'annoncent palpitantes. Dommage seulement que cette si belle saison se finisse, déjà, sur ce score assez frustrant. C'est le jeu, Amiens fut le plus fort ce soir et s'en va donc rencontrer Mulhouse en demi-finale alors que Rouen rencontrera Grenoble dès mardi...

Les joueurs du match : 1 François Rozenthal, 2 Mickaël Brodin, 3 Benoît Paillet, 4 Arnaud Mazzone, 5 Loïc Sadoun.

Compte-rendu signé William Boussard

 

Commentaires d'après-match (sur albatrosbrest.com)

Loïc Sadoun (entraîneur de Brest) : "Je suis déçu de la prestation du premier tiers, il y en avait pas mal qui se croyait déjà en vacances. Même si on s'est bien rattrapé dans les deux autres tiers, ça n'a pas vraiment suffit. Je suis vraiment déçu, mais sans chercher d'excuses parce que nous n'en avons pas vis-à-vis du public, c'était assez compliqué de jouer ce genre de match sans enjeu. 5-0 en un tiers, c'est dur, ça fait mal, je l'ai encore en travers de la gorge. Mais tout simplement, on n'a pas été à notre niveau."

Laurent Gras (attaquant d'Amiens) : "Je crois qu'ils n'étaient plus trop motivés face à nous, sachant qu'ils ne pouvaient plus faire partie du carré final. Mais on ne savait pas trop comment l'aborder ce match... Ne sachant pas comment ils allaient le jouer, on l'a joué à fond, et c'est ce qui a fait la différence tout de suite, c'était réglé à la fin du premier tiers. On est déjà dans l'esprit des demi-finales, donc on reste à 100% quel que soit l'équipe parce qu'on doit se préparer pour mardi soir. Concernant les play-offs, on n'a pas de préférences particulières, mais d'après les résultats on devrait jouer Mulhouse. Ce n'est pas un mauvais tirage car c'est une équipe très défensive, qu'on est capable d'aller battre chez eux, et donc après ça sera à eux de venir au Coliseum."

 

Brest - Amiens 2-8 (0-5, 2-2, 0-1)

Samedi 22 mars 2003 à 20h00 à la patinoire Rïnkla Stadium. 1000 spectateurs.

Arbitrage de M. Mendlowicz assisté de MM. Leszko et Phelippe.

Pénalités : Brest 12' (2', 2', 8'), Amiens 50' (4', 10'+10', 6'+10'+10').

Évolution du score :

0-1 à 03'04" : Rozenthal assisté de Gras

0-2 à 03'55" : Rozenthal assisté de Mortas et Perez (inf. num.)

0-3 à 09'54" : Paillet assisté de Rozenthal (sup. num.)

0-4 à 12'14" : M. Brodin assisté de Marcos et Kulmala

0-5 à 19'53" : M. Brodin assisté de Perez et Marcos

1-5 à 23'59" : L. Sadoun assisté de Kysela et Y. Sadoun

1-6 à 31'12" : L. Chauvel assisté de Gras et Bergqvist (sup. num.)

2-6 à 34'32" : Tikhonov assisté de Kastsiuchonak (sup. num.)

2-7 à 36'11" : M. Brodin assisté de Kulmala

2-8 à 59'30" : Mazzone assisté de Mortas (sup. num.)

 

Brest

Gardien : Gabriel Bounoure.

Défenseurs : Tadeusz Pulawski - Daniel Kysela ; Aleksandr Tsyplakov - Viktor Katsiuchonak ; Pavel Tolstik - Sylvain Giet.

Attaquants : Loïc Sadoun - Janne Ijäs - Yven Sadoun ; Jérôme Veret - Maksim Tikhonov - Viktor Sharyton ; Denis Potapov - Sami Wikström - Bohuslav Subr.

Remplaçants : Florent Uguen (G), Gaël Guilhem, Stéphane Lacuisse. Absents : Maksim Slysh, Sébastien Oprandi, Timo Kulonen, Christophe Niedziolka (blessés).

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba puis Didier Drif à 54'30".

Défenseurs : Nicolas Rouxel - Vincent Bachet ; Frédéric Brodin - Frederik Bergqvist ; Arnaud Mazzone - Denis Perez.

Attaquants : François Rozenthal - Anthony Mortas - Benoît Paillet ; Brice Chauvel - Laurent Gras - Arto Kulmala ; Mickaël Brodin - Luc Chauvel - Julian Marcos.

Remplaçant : David Hennebert. Absent : Karl Dewolf.

 

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