Berne - Genève-Servette (27 février 2003)

 

Quart de finale de LNA suisse 2002/03, troisième manche.

Il y a un mois, tous les clubs suisses s'étaient entendus pour ne pas recruter spécialement pour les play-offs des joueurs des équipes classées neuvième et dixième à l'issue de la saison régulière. Mais dès l'affaire Fribourg, les clubs se sont précipités sur les joueurs de Fribourg, pas encore déclassé de sa huitième place, et de Zoug, toujours officiellement onzième. Berne a voulu recruter pour sa part deux joueurs de Langnau, dont la saison s'est terminée puisqu'il a refusé les play-out. Mais ce club était alors dixième et la faille réglementaire pourrait ne pas s'appliquer...

Après s'être cassé la tête sur ce genre d'arguments ubuesques d'une Ligue nationale qui nage en plein délire, Berne a tout simplement décidé d'arrêter les frais. Les Ours n'aligneront ni Steve Hirschi, qui vient d'ailleurs de signer à Lugano pour la saison prochaine, ni Beat Gerber, qui s'entraînera avec Berne car il poursuivra sa carrière avec ce club, mais ne jouera pas pendant les play-offs. L'entraîneur bernois Kent Ruhnke a expliqué que tous ces transferts avant les play-offs étaient contraires à l'esprit du sport. Il n'est jamais trop tard pour devenir lucide...

De son côté, Genève a beaucoup réfléchi au sujet de ses trois Fribourgeois, se demandant s'il ne valait pas mieux revenir à la raison. Mais, avec un gardien inexpérimenté et une défense à effectif réduit, la tentation de profiter des prêts de Gianluca Mona et Philippe Marquis était trop forte (le troisième joueur concerné, Patrick Howald, avait préféré renoncer plutôt que de participer à la mascarade). Chris McSorley se défend en affirmant que Genève-Servette aurait joué le jeu si tout le monde avait fait de même - c'est-à-dire si Ambrì n'avait pas faut jouer Mike Gaul. C'est toujours la faute des autres...

C'est donc en déployant une banderole dénonçant le cirque qu'est devenue la LNA que les supporters de Berne ouvrent les hostilités. Mais s'il ne fait pas bon être à la Ligue en ce moment, il ne faut pas oublier que ses dirigeants sont élus par les clubs, lesquels portent une grande part de responsabilité dans ce capharnaüm à force de toujours chercher le moyen de détourner les gentleman agreements, si possible en en rendant responsable son voisin...

"Place au sport", clamaient néanmoins en chœur les dirigeants des deux équipes, qui ne désirent pas s'appesantir outre mesure sur la situation. Et en effet, maintenant que les incertitudes en coulisses se sont enfin aplanies, le hockey a pu reprendre la place centrale, puisqu'on a assisté à un vrai match de play-offs.

La défense geneveoise a non seulement récupéré Marquis, mais aussi Kessler revenu de blessure. Le sous-effectif n'est donc qu'un lointain souvenir, le verrou McSorley est à nouveau en place, et les deux étrangers ont retrouvé leur jeu, notamment un Jamie Heward souverain dans ses mises en échec comme dans ses relances. Gianluca Mona s'est mis progressivement en confiance. Bref, la tâche de Berne s'annonçait plus difficile que pour les premiers matches.

Les Ours avaient en effet eu à faire face à un autre adversaire, la grippe, qui avait plus ou moins frappé la moitié de l'équipe lundi dernier. Le virus n'a finalement enfiévré durablement qu'un seul joueur, mais pas le moindre, puisqu'il s'agit de l'attaquant suédois Patrik Juhlin. Son absence a eu des répercussions sur l'équipe car, privé de son compère, Sébastien Bordeleau n'a pas été aussi à son aise qu'à son habitude. Dans l'ensemble, c'est toute l'équipe bernoise qui a été trop peu incisive sur le but de Mona. De plus, elle ne connut pas de réussite avec des tirs sur les poteaux d'Ivankovic et Sarault.

On a donc retrouvé le visage connu du Genève-Servette façon McSorley, une équipe qui ferme le jeu et annihile complètement le hockey de l'adversaire. La tactique fonctionna pleinement car Berne sembla perdre son agressivité offensive et être complètement bridé, l'arbitrage laxiste facilitant la tâche des visiteurs qui étouffèrent dans l'œuf les attaques des Ours. Et tout se déroulait pour le mieux pour Genève puisque Marco Bührer, peu sollicité, avait fait une petite faute de concentration et laissé passer entre ses jambières un slap d'Igor Fedulov.

Mais, en début de troisième tiers-temps, Kévin Romy commettait une faute de jeunesse en concédant une pénalité évitable en zone offensive. Le redoutable duo Dubé-Rüthemann ne laissait pas passer l'occasion en jeu de puissance et obtenait l'égalisation. Ce but permit d'ouvrir le jeu, chaque équipe tentant de s'ouvrir le chemin du but pour tuer le match.

On joue alors la prolongation et Genève-Servette accentue la pression. Gian-Marco Crameri ne ménage sa peine pour récupérer le palet et en est récompensé sur une mauvaise passe de Dominic Meier en décochant immédiatement un tir du poignet victorieux. Ce quart de finale est donc complètement relancé. Maintenant que Genève a retrouvé son jeu défensif, Berne est loin d'être sorti de l'auberge et va devoir plus s'employer.

Quant à Gianluca Mona, il a bien réussi son entrée sous ses nouvelles (et temporaires) couleurs. Sa très belle prestation aura au moins le mérite de différer le retour de Reto Pavoni et d'éviter de jouer avec le feu. Le gardien vétéran, qui souffre d'une déchirure partielle des ligaments du genou, a en effet essayé de s'entraîner cette semaine avec une genouillère puis avec un attelle spéciale.

 

Commentaires d'après-match (dans La Tribune de Genève)

Gian-Marco Crameri (buteur décisif de Genève-Servette) : "Nous avons joué pour notre gardien. Ce qui n'avait pas suffisamment été le cas jusqu'à présent."

Gianluca Mona (gardien de Genève-Servette) : "Si je dispute les play-off avec Gottéron l'hiver prochain, je demanderai aussi une semaine de vacances auparavant. Apparemment, la méthode a du bon... Dès que je baisse mon masque, peu importe dans quelle équipe je suis. C'est un match de hockey et je fais ce que je peux. J'ai dû gérer mes forces, je n'étais pas au maximum. En découvrant les play-off, vous partez un peu dans l'inconnu. C'est excitant d'évoluer derrière cette défense, qui se bat constamment pour son gardien. Des gars comme Hauer et Heward sont impressionnants."

 

Berne - Genève-Servette 1-2 a.p. (0-1, 0-0, 1-0, 0-1)

Jeudi 27 février 2003 à 19h30 à l'Allmend de Berne. 12530 spectateurs.

Arbitrage de Reto Bertolotti assisté de Jürg Simmen et Adrian Sommer.

Pénalités : Berne 8' (2', 4', 2'), Genève-Servette 8' (6', 0', 2').

Tirs cadrés : Berne 35 (11, 11, 11, 2), Genève-Servette 26 (6, 6, 12, 2).

Évolution du score :

0-1 à 13'58" : Fedulov assisté de Howard et Kessler

1-1 à 43'05" : Dubé assisté de Rüthemann (inf. num.)

1-2 à 63'45" : Crameri

 

Berne

Gardien : Marco Bührer.

Défenseurs : Marc Leuenberger - David Jobin ; Martin Steinegger - John Miner ; Rolf Ziegler - Dominic Meier ; Sven Leuenberger - Philippe Furrer.

Attaquants : Ivo Rüthemann - Christian Dubé - Yves Sarault ; Vjeran Ivankovic - Sébastien Bordeleau - Lars Leuenberger ; Rolf Schrepfer - Thomas Weber - Sven Helfenstein ; Philippe Müller - Laurent Müller - Caryl Neuenschwander.

Remplaçant : Marc Eichmann (G). Absents : Patrik Juhlin (grippe), Alex Châtelain (épaule démise), Rikard Franzén (ligaments), Thomas Ziegler (suspendu).

Genève-Servette

Gardien : Gianluca Mona.

Défenseurs : Philippe Marquis - James Heward ; Robin Breitbach - Brett Hauer ; Dino Kessler - Nicolas Studer ; Wesley Snell.

Attaquants : Daniel Meier - Gian-Marco Crameri - Philippe Bozon ; Pascal Schaller - Igor Fedulov - Theo Wittmann ; Thomas Déruns - Kévin Romy - Michael Neininger ; Philippe Thalmann - Alain Reymond - Paul Savary ; Yvan Benoît.

Remplaçant : David Bochy (G). Absents : Pierre-Alain Ançay (doigt cassé), Reto Pavoni (blessé au genou).

 

 

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