Brest - Angers (16 octobre 2002)

 

Match comptant pour la sixième journée de la poule nord du Super 16.

On était inquiet après les deux dernières prestations des Albatros dans leur nid du Rïnkla, nous voilà plus que rassuré avec ce match rivalisant avec les plus grands films à suspense américains. Au final, on découvre un nouveau Brest capable de se surpasser dans les grandes occasions, et de résister à des écuries telles que Angers qui aura peut-être manqué de réalisme...

Ça commence en fanfare

Pour ce quatrième match à domicile cette saison, Jérôme Veret avait été préféré à Dusan Barica sur le deuxième bloc offensif brestois, en raison des performances de Barica jugées peu satisfaisante pour un joueur recruté pour ses talents de buteur (1 but en 9 matchs). D'autre part, on pouvait constater le rétablissement partiel de Jérôme Plumejeau, ce dernier étant présent sur le banc comme doublure de Dell'Olio.

Toujours est-il que pour ce match au sommet entre deux équipes jugées de valeur équivalente, il ne valait mieux pas arriver en retard, puisque d'entrée de jeu, tout juste après quelques raids énergiques et vifs des Brestois, Maksim Slysh s'en va dans le dos des défenseurs angevins, bien lents et lourds en ce début de tiers, pour affronter Burnet en face-à-face, malheureusement Slysh sera rattrapé in extremis par derrière. M. Barré pénalisera les Ducs pour cette 'balayette' d'un tir de pénalité que Slysh transforme lui-même joliment, du revers de la crosse, trompant du coup Christophe Burnet (1-0 à 1'07). Peu ou pas satisfaits de ce premier but, les Brestois assomment une deuxième fois les Angevins - qui ont bien du mal à rentrer dans le match - par l'intermédiaire d'Yven Sadoun qui reprend magistralement, d'un plongeon crosse en avant, un centre de Kysela. Burnet, une nouvelle fois, ne peut réagir, et récupère pour la deuxième fois en deux minutes le palet au fond de ces cages (2-0 à 2'33).

Les Brestois comme les Angevins ne baissent pas de rythme et continuent de banderilles frissonnantes en assauts mortels d'un but à l'autre, et c'est à la quatrième minute que l'on voit enfin les Ducs se créer une réelle occasion par l'intermédiaire de Koivu dont le bon slap rencontre finalement la mitaine de Dell'Olio. C'est peut-être le déclencheur pour Angers qui rentre enfin dans le match et parvient enfin, de manière timide certes, à contrer le jeu brestois. Sans doute vexés, vous vous accorderez à dire que ce n'est pas une façon de traiter des Ducs, les Angevins le font savoir et c'est Chris George qui se charge de le faire comprendre aux Albatros en ramenant Angers à 2-1 après une action confuse devant le but brestois (2-1 à 5'52).

Malgré cette réaction, rien ne peut arrêter des Brestois déchaînés dans ce premier tiers, et c'est, alors que Angers semblait ressortir, Potapov qui surgit, au niveau de la zone de remise en jeu, pour renvoyer le palet comme il était venu d'un tir croisé directement dans la lunette droite de Burnet qui reste sans réaction (3-1 à 6'43).

Après sept minutes d'une intensité folle, les deux équipes se calment quelque peu, les Ducs parvenant enfin à sortir la tête de l'eau et à calmer les ardeurs brestoises. Néanmoins, le jeu reste fluide allant d'un but à l'autre, les lancers fusent de part et d'autre, mais malgré de belles phases de jeu côté brestois ou encore de gros cafouillages devant le but des visiteurs, le score reste inchangé jusqu'à la pause, la faute à un Christophe Burnet bien en forme qui stoppe comme il faut les velléités bretonnes.

Les Brestois surprennent par le jeu et l'envie montrés dans ce tiers, rarement voire jamais vus depuis le début de la saison, et ce face à des Angevins un peu lourds et lents dans ce premier tiers. Les deux déplacements successifs en Picardie puis dans le Finistère en seulement quatre jours les mettent sans doute en difficulté face à la 'gnac' et à la vivacité bretonnes. Néanmoins les Ducs ne sont pas ridicules, loin de là, et participent également à la production de ce jeu fluide sans accrochage ni temps mort, puisque l'arbitre n'a eu qu'à sévir qu'à une seule reprise, et fait d'actions rapides et claires ou de tirs puissants mettant en avant les deux gardiens, pour le plus grand bonheur du public qui n'en revient toujours pas.

On prend les mêmes et on recommence...

... mais cette fois-ci on inverse. Une fois encore pas question de rester traîner à la cafétéria puisque les Angevins ont retrouvé leur légèreté. Les Brestois sont cueillis à froid tout de suite après le retour des vestiaires par l'inévitable George, qui intercepte une mauvaise passe dans l'axe de Kysela pour venir fusiller à bout portant Dell'Olio (3-2 à 20'55). Ce deuxième tiers repart comme le premier avec de nombreuses actions de part et d'autres, et sur une passe lumineuse de Tsyplakov depuis la zone brestoise, Yven Sadoun récupère la galette seul avec son frère face au dernier défenseur angevin, en l'occurrence Pourtanel, qui ne peut rien lorsque Yven transmet à son frère Loïc Sadoun qui, plein axe, aligne Burnet, envoyant la rondelle pleine lucarne (4-2 à 21'12).

La suite est plus à l'avantage des Ducs qui parviennent à imposer leur jeu petit à petit face à des Brestois essayant peut-être de conserver ce score, à leur désavantage puisque sur la première pénalité brestoise, Burnet sort et Angers se retrouve donc à 6 contre 4 pour faire sauter le verrou brestois qui finit par lâcher sur un lancer à mi-distance signé Tuominen (4-3 à 28'36).

Et l'espoir renaît pour Angers qui repart à l'attaque, se découvrant face aux contres brestois toujours aussi dangereux. Mais Angers maîtrise l'art du jeu de puissance à merveille, et sur la deuxième pénalité brestoise c'est Koivu, le blondinet Finlandais, homonyme de "l'autre", qui se charge finir l'excellent travail de l'équipe angevine devant le but de Dell'Olio (4-4 à 35'27). Une dernière pénalité brestoise dans ce tiers (la quatrième seulement) fera pâlir le public dans les dernières minutes en voyant le palet frôler les poteaux de la cage brestoise à plusieurs reprises, cage magnifiquement gardée en l'occurrence par Dell'Olio qui sauve littéralement son équipe d'un cinquième but qui aurait fait bien mal. Néanmoins le suspense est gardé pour un dernier tiers qui s'annonce du tonnerre...

Les locaux ont été beaucoup moins à leur aise dans cette deuxième période et c'est Angers qui a inversé la tendance en rétablissant un score de parité à l'entame du dernier tiers. Les visiteurs semblent s'être réveillés, sans doute avec l'aide de leur coach Derek Haas, et ont profité à merveille de leurs supériorités numériques. Le jeu n'a pas ralenti pour autant et continue sur son rythme à '200 à l'heure' où chaque action est une occasion sérieuse de but.

Le tiers de justice

Le dernier tiers décidera du vainqueur si vainqueur il doit y avoir. Le public est tendu et tout le monde sent la victoire si proche de la même manière que tout le monde redoute un but assassin des Angevins qui serait bien frustrant pour cette vaillante équipe brestoise.

Ce nouveau tiers-temps rien à voir avec les deux périodes précédentes, les équipes se craignent, sont méfiantes, hésitent à se découvrir, sachant trop bien qu'un contre pourrait être fatal. Et les premiers à se faire 'piéger' sont les Brestois qui se font peur sur un contre angevin à 3 contre 2 mené tambour battant par l'inusable et toujours présent Chris George, qui oblige Dell'Olio à sortir une nouvelle fois le grand jeu.

La délivrance arrive lorsque Jérôme Veret, enfin aligné sur la glace lors de ce match, réceptionne une passe de Slysh venant de derrière le but et vient poignarder Burnet à mi-distance dans l'angle gauche (5-4 à 48'54). La patinoire peut exploser après ce but de Jérôme Veret qui commençait à perdre patience sur le banc depuis plusieurs matches... Un signe ?

Sur l'action qui suit, Brest continue à pousser dans l'euphorie, mais Yven Sadoun retombe mal sur un contact. Il est évacué sur la civière mais reviendra finalement sur la glace cinq minutes plus tard. Quatre minutes plus tard, Kysela se lance comme à son habitude sur son côté droit pour déborder la défense d'Angers qui est toute heureuse de voir que Sébastien Oprandi ne fera rien devant le but grand ouvert après la passe de Kysela, manquant par la même occasion le break qui aurait mis pour de bon les Brestois à l'abri. Le tiers continue, tournant au fur et à mesure à l'avantage des visiteurs qui poussent de plus en plus fort face aux Brestois qui reculent de plus en plus.

A une minute de la fin, Burnet sort, et Haas demande un temps mort afin d'accrocher in extremis la prolongation. Il n'en sera rien, les Brestois acculés devant leur but tiennent remarquablement face à six Ducs. Ils déploient leur art de la supériorité numérique, mais c'est sans compter sur le talent de Dell'Olio qui - s'il n'avait pu le faire plus amplement face à Dijon ou Dunkerque - montre toutes ses qualités de déplacements et ce face aux assauts à bout portant des George, Koivu, Tuominen ou autres Jokinen. Le score reste à l'avantage des Brestois même si il s'en est fallu de peu à plusieurs reprises pour que Loic Sadoun, de son camp, marque un sixième but.

Après soixante minutes de stress et de suspense - conclues par Jérôme Veret qui offre la victoire finale à ses coéquipiers prouvant par la même occasion qu'il mérite largement une place de titulaire... - le public peut laisser éclater sa joie à l'instar des joueurs qui envahissent la glace dans l'euphorie générale avec l'annonce du passage en tête du groupe nord de Brest jusqu'alors seulement quatrième (en raison de la décision d'inverser le match Brest-Rouen, intervenue aujourd'hui). Les deux équipes se saluent entre gentlemen puisque seulement seize minutes de pénalités ont été distribuées. Kysela n'en finit plus de haranguer la foule allant d'un bout à l'autre de la patinoire, les deux équipes ayant droit à une standing ovation.

Un match chaud chaud chaud dont le bénéfice revient finalement aux Brestois qui ont bien résisté à la poussée terrible des Angevins sur la fin du tiers. Un Brest des grands soirs qui aura ravi un public venu assez nombreux pour un match en semaine, face à une grosse et belle équipe angevine qui aura eu du mal à rentrer dans le match après deux déplacements consécutifs loin de leurs terres. Les Albatros ont montré qu'ils étaient réellement capables de se hisser à un niveau rarement entrevu sur l'ensemble d'un match, afin de rivaliser et prendre la mesure d'un tel adversaire.

Au final, un match comme on aimerait en voir plus souvent, avec très peu d'arrêts de jeu, extrêmement peu de pénalités, et surtout une fluidité et une rapidité dans le jeu qui aura enchanté tous les connaisseurs présents ce mercredi soir. A noter enfin les prestations remarquables qui font, de George, Tuominen, Koivu et Burnet côté angevin et des frères Sadoun, de Jérôme Veret et de Dell'Olio côté brestois, les principaux animateurs de ce match.

Compte-rendu signé William Boussard

 

Commentaires d'après-match

Jérôme Veret (attaquant de Brest) : "Concernant mon but, ça fait toujours plaisir, en plus c'est le but de la victoire, contre mon ancien club, un club qui m'a viré donc ça ne peut que faire plaisir. Sinon, dans l'ensemble, on a fait un bon premier tiers, dans le deuxième tiers on s'est relâché croyant peut-être que c'était fini, et dans le dernier tiers on s'est accroché, on a fait ce qu'il fallait et on a gagné. Je crois que ce soir c'est une victoire avec le cœur."

Derek Haas (entraîneur d'Angers) : "Nous avons mal débuté le match, prendre un penalty d'entrée comme ça, je crois que c'est un peu rare et un peu sévère, on prend tout de suite après un deuxième but qui nous met un peu dans la 'merde'. On a pas très bien joué le premier tiers. Dès que l'on marquait pour revenir dans le match, Brest marquait tout de suite derrière et c'est ce qui nous a fait mal. Mais on est revenu à 4-4 et le dernier tiers a été équilibré, je pense, avec beaucoup d'occasions de chaque côté. Je pense que ce sont deux équipes qui se valent."

 

Brest - Angers 5-4 (3-1, 1-3, 1-0)

Mercredi 16 octobre 2002 à 20h00 au Rïnkla Stadium. 702 spectateurs.

Arbitrage de M. Barré assisté de MM. Baude et Juret.

Pénalités : Brest 8', Angers 8'.

Évolution du score :

1-0 à 01'07" : Slysh

2-0 à 02'33" : Y. Sadoun assisté de Kysela et L. Sadoun

2-1 à 03'52" : George assisté de Jokinen et Tuominen

3-1 à 06'43" : Potapov assisté d'Oprandi et Ijäs

3-2 à 20'55" : George

4-2 à 23'06" : L. Sadoun assisté de Y. Sadoun et Tsyplakov

4-3 à 28'36" : Tuominen assisté de Jokinen et George (sup. num.)

4-4 à 35'27" : Koivu assisté de George et Jokinen (sup. num.)

5-4 à 48'54" : Veret assisté de Slysh (inf. num.)

 

Brest

Gardien : Jean-Baptiste Dell'Olio.

Défenseurs : Timo Kulonen - Daniel Kysela ; Viktor Kastyuchonak - Viktor Tolstik ; Vladimir Tsyplakov - Tadeusz Pulawski.

Attaquants : Yven Sadoun - Christophe Niedziolka - Loïc Sadoun ; Viktor Sharyton - Jérôme Veret - Maksim Slysh ; Janne Ijäs - Sébastien Oprandi - Denis Potapov ; Dusan Barica.

Remplaçants : Jérôme Plumejeau (G), Stéphane Lacuisse, Sylvain Giet. Absents : Maksim Tikhonov (entorse du genou), Sami Wikström.

Coach : Sergueï Tukmachev.

Angers

Gardien : Christophe Burnet.

Défenseurs : Eerikki Koivu - Benoît Pourtanel ; Sébastien Rousselin - Matt Hennigar ; Francis Couturier - Mathieu Jestin.

Attaquants : Juho Jokinen - Chris George - Jani Tuominen ; Paulin Bordeleau - Julien Pihant - Pierre-Yves Albert ; François Ferrari - Rodolphe Bretault - Benjamin Mocquard ; Claude Devèze - Yann Vannienwenhove.

Remplaçant : Pierre Daniel (G).

Coach : Derek Haas.

 

 

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