Villard-de-Lans - Grenoble (15 octobre 2002)

 

Match comptant pour la sixième journée de la poule sud du Super 16.

Le retour du grand derby de l'Isère avait attiré la grande foule sur le plateau du Vercors. Il faut dire que le premier affrontement en championnat entre les deux voisins depuis une dizaine d'années (le dernier remontait à la saison 92-93) promettait beaucoup. Le match de pré-saison en avait déjà donné un avant goût (3-3 à Grenoble) et c'était bien la suprématie régionale qui était en jeu. Les Ours en pleine confiance étaient bien décidé à faire mordre la glace aux Brûleurs de Loups fragilisés par leur récente défaite contre Mulhouse. Et la réaction de ces derniers était un peu une énigme avant d'aborder la rencontre.

Les premières minutes ne furent pas très rassurantes pour les supporters grenoblois : les Ours paraissaient bien décidés à dicter leur loi dans leur antre et mettaient une grosse pression sur Rolland. Une première pénalité grenobloise ne fit qu'amplifier cette domination et le gardien des Brûleurs devait s'employer à plusieurs reprises pour préserver sa cage inviolée. Petit à petit les Brûleurs réussissaient à sortir de leur zone et inquiétaient Favarin. Il ne leur fallut d'ailleurs pas beaucoup de temps pour concrétiser : Podlaha déborde côté gauche et d'un tir tout aussi puissant que cadré entre les jambes de Lepers loge le palet dans la lucarne opposée de Favarin. Un chef d'œuvre du buteur grenoblois qui plaçait les Grenoblois idéalement dans la partie.

Villard était dès lors amené à faire le jeu et Grenoble procédait par contres meurtriers. Et dans ce premier tiers Villard était pour le moins fébrile : inefficace offensivement et peu sûr défensivement. Les Brûleurs de Loups auraient bien eu tort de ne pas en profiter d'autant que leur jeu rapide et collectif s'exprimait à merveille. Sur un mauvais dégagement de la défense villardienne, Deschaume récupérait le palet et trompait à nouveau Favarin surpris par la déviation malencontreuse de Lepers. Les Ours ne savaient pas trop comment réagir d'autant plus que trois minutes plus tard c'était au tour de Benoît Bachelet de profiter des hésitations de la défense villardienne pour signer le troisième but grenoblois. 0-3 après 13 minutes de jeu, le nombreux public villardien était sérieusement refroidi au contraire de la centaine de Grenoblois présents, euphoriques. Villard parvenait tout de même à stopper l'hémorragie et regagnait les vestiaires avec trois buts de déficit.

Peut-être trop confiants quant à l'issue de la rencontre, les Brûleurs de Loups reculaient d'un cran après la reprise. Et comme Villard était au contraire particulièrement remonté, on se doutait que la pression sur Rolland allait être terrible pendant vingt minutes. Et ce qui devait arriver arriva, alors qu'une pénalité était appelée en faveur de Villard, Franck Billieras concluait une action de Bourgey au nez et à la barbe d'une défense grenobloise un peu statique. A 3-1 et poussés par leur public, les Ours se remirent à croire en leur bonne étoile. Ils mettaient en difficulté les Brûleurs de Loups et les poussaient à la faute. Si les partenaires de Bachelet tenaient bon durant les deux premières infériorités concédées, ils ne purent rien sur la troisième. Un tir de Lepers difficilement détourné par Rolland permettait à Millar de profiter du rebond et de marquer dans une cage presque vide. Les Ours s'étaient complètement relancés en revenant à un but (2-3) ! Les Grenoblois avaient l'occasion de reprendre une avance plus confortable en supériorité mais se montraient (comme souvent) particulièrement inefficaces dans cette situation de jeu. C'est donc avec une grosse pression sur les épaules et une nouvelle infériorité numérique en cours que les Brûleurs regagnaient les vestiaires.

Après un premier tiers grenoblois et un deuxième villardien, quel allait être la tendance du troisième ? Villard avait l'avantage de débuter le tiers à 5 contre 4 mais Grenoble défendait bien et s'en sortait avec pugnacité. Bonnard et consorts défendaient bec et ongles leur territoire et cette fois sans commettre des fautes à répétition. Villard se montrait dangereux à plusieurs reprises mais butait sur un Rolland impérial. Au fur et à mesure que les minutes passaient, le tiers ressemblait à une mort subite qui crispait acteurs et spectateurs. Finalement la libération vint du côté des Grenoblois lorsque Josef Podlaha signait son deuxième but de la soirée à la suite d'un contre rondement mené avec Benjamin Agnel. Avec à peine plus de cinq minutes à jouer, Grenoble avait enfin obtenu la marge de sécurité qu'il lui fallait pour finir le match tranquillement, et par là même sérieusement freiné les velléités villardiennes. Villard tentait le tout pour le tout en faisant sortir Favarin mais sans succès, Bonnard étant même à deux doigts de marquer de loin dans la cage vide. Mais le score ne bougea pas et les Brûleurs de Loups sortaient vainqueurs d'un derby disputé dans un excellent état d'esprit.

Villard a joué avec cœur cette rencontre et sans un premier tiers-temps catastrophique, les Ours auraient pu prétendre à mieux. Il ne sera pas facile de gagner à Villard cette année et la performance des Brûleurs de Loups n'en est que plus appréciable. Ces derniers se rassurent immédiatement après leur défaite face à Mulhouse, une victoire qui fait du bien au moral avant le périple de la Continental Cup à Linz. Pour Villard, une double confrontation difficile contre Anglet se profile avec comme enjeu la troisième place de la poule.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après match :

Dennis Murphy (entraîneur de Villard) : "Pat Rolland a effectué des arrêts cruciaux ce soir. Il est vrai que nous avons mal débuté ce match même si nous avons bien réagi dans la seconde période. Un score de 3-3 n'aurait pas été volé à l'issue du deuxième tiers. Mais Grenoble, c'est Grenoble, et les Grenoblois ont su se servir de toute leur expérience et dans ce genre de situation ça ne traîne pas. On peut dire quand même que Grenoble n'a pas constamment dirigé le jeu et nous n'avons pas su saisir les bonnes opportunités qui s'offraient à nous."

Dimitri Fokine (entraîneur de Grenoble) : "On a un peu douté au deuxième tiers car les joueurs ont pensé qu'en menant 3-0 après vingt minutes le match était plié ou presque. Mais une rencontre dure trois tiers, pas un. Et Villard qui est une excellente équipe l'a prouvé. Du coup ça a donné une partie tendue mais je suis fier de mon équipe et de son comportement au troisième tiers. Maintenant nous disputons la coupe d'Europe en Autriche dès vendredi et si elle ne constitue pas un objectif prioritaire c'est une occasion importante d'acquérir de l'expérience. Et il est plus facile d'aborder cette Coupe Continentale avec une victoire dans ce derby. Quant à Podlaha, je ne veux pas retenir seulement sa performance. La ligne travaille pour lui et c'est un buteur qui a de grosses qualités. Mais je suis surtout satisfait de la ligne des "blancs" (De Murcia - Deschaume - Shchevelev) qui tourne bien."

 

Villard-de-Lans - Grenoble 2-4 (0-3, 2-0, 0-1)

Mardi 15 octobre 2002 à 20h00 à la patinoire de Villard-de-Lans. 1312 spectateurs.

Arbitrage de M. Mendlowitcz assisté de MM. Fontaine et Vericel.

Pénalités : Villard 6', Grenoble 12'.

Évolution du score :

0-1 à 04'52" : Podlaha assisté de S. Bachelet

0-2 à 10'39" : Deschaume

0-3 à 13'25" : B. Bachelet

1-3 à 23'59" : Billieras assisté de Bourgey

2-3 à 35'17" : Millar assisté de Lepers

2-4 à 54'17" : Podlaha assisté de Agnel

 

Villard-de-Lans

Gardien : Pascal Favarin.

Défenseurs : Christopher Lepers - Nicolas Favarin ; Jean-Marc Girard - Rémy Enselme ; Martin Roh - Mathieu Guidoux.

Attaquants : Rob Millar - Christophe Negro (C) - James Cruz ; Pierre Bourgey - Alexandre Goncalves - Franck Billieras ; Janne Sinkonnen - Kari-Pekka Kolu - David Pereira ; Pierre Carabalona, Yves Cruz.

Remplaçants : Nicolas Nogaretto (G), Damien Chalons, Julien Hitze. Absent : Rich Metro (blessé).

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Simon Bachelet - Stéphane Gachet ; Jean-François Bonnard - Jesse Saarinen ; Christian Elian - Roland Fougère.

Attaquants : Benjamin Agnel - Franck Guillemard - Josef Podlaha ; Arto Vuoti - Benoît Bachelet (C) - Nicolas Antonoff ; Andrei Shchevelev - Laurent Deschaume - Xavier De Murcia.

Remplaçants : Arnaud Goetz (G), Marc Billieras, Romain Bachelet, Cyril Papa.

 

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